Description évocatrice Timothy Harris - Un p'tit tramway dans la tête

Il n'était que huit heures et demie, mais il faisait déjà chaud, avec un vent si fort que j'étais obligé de me cramponner au volant pour que ma voiture n'aille pas faire un tour sur la voie d'à côté. à la radio, les informations ne parlaient que d'arbres tombés sur des lignes à haute tension, et les communiqués météo à l'adresse des bateaux de plaisance se succédaient à intervalles réguliers. Les premiers Santa Ana de la saison s'étaient levés pendant la nuit.
Partout ailleurs, mauvais temps, ça veut dire blizzard, inondation ou sécheresse meurtrière. Mauvais temps à Los Angeles, c'est quand la purée de pois, qui a plané tout l'été sur la ville, se dissipe pour découvrir un ciel d'un bleu aveuglant. C'est le premier avertissement; on sait que quelque chose ne va pas, parce qu'on y voit clair. Le mercure s'envole jusqu'à quarante degrés, et l'air se dessèche tellement qu'on entendrait presque craquer sa peau. Ajoutez à tout ça un vent brûlant qui souffle à cent à l'heure pendant des jours d'affilée, vous avez un Santa Ana.

Timothy Harris - Un p'tit tramway dans la tête Série Noire, page 8.