Eden Log - Franck Vestiel (2007)

Un homme, dont on découvre ensuite qu'il s'appelle Tolbiac, se réveille dans une grotte, ayant perdu la mémoire. Il cherche alors à remonter une série de niveaux sous-terrain en échappant à des poursuivants, tout en essayant de comprendre la raison de sa présence dans ce lieu géré par l'énigmatique organisation nommée Eden Log.



Au cours du film, j’ai questionné mes petites références personnelles pour tenter de rattacher l’univers d’Eden Log à un autre. J’ai d’abord songé à H.R Giger, peintre suisse, et donc à Alien (dont Giger a créé la créature pour le premier volet réalisé par Ridley Scott : Le huitième passager) ; assez proche des scènes de débarquement de l’équipe du vaisseau sur la planète contaminée. J’ai songé ensuite à Jeunet et Caro, pour les décors bricolés ; cet enfer souterrain en clair-obscur permanent, quasi incolore (Le bunker de la dernière rafale et les scènes dans des sous-sols, dans Delicatessen, où un type élève des grenouilles et des escargots pour s’en nourrir). L’armée des 12 singes, de Terry Gilliam, pour certaines scènes, également souterraines. Je me suis aussi dit que cette histoire aurait pu se dérouler sous le sol d’Eraserhead, de Lynch – sous les immeubles et dans les cerveaux, aussi.

Par avance, de vous serais fort reconnaissant de compléter cette petite liste, car il est probable que je me jette sur d’autres univers de ce genre, ou proches. Fredgev, Searclaw, je ne serais pas étonné que vous ayez ça en magasin.

Les décors sont exquis, mais je comprendrais qu’on me dise qu’ils sont à vomir. Au cours des quinze premières minutes, j’ai redouté qu’on en sorte, qu’on revienne à la surface. Mais non, ça perdure. On n’y revient pas. Le personnage principal (interprété par Clovis Cornillac) a beau remonter les niveaux un à par un, la lumière du jour est absente. La roche, la boue, les racines, les vestiges de structures en métal énigmatiques et les ingrédients survivants d’un vaste système informatique tissent la toile de cet enfer qu’il s’agit de comprendre avant de souhaiter en sortir (l’inverse ?).

Le scénario est signé Franck Vestiel et Pierre Bordage.
Minimal, dépouillé, je suis tenté de dire, mais la machine est néanmoins complexe, se réduisant à un schéma.
La bande originale a été composée par Seppuku Paradigm. Là encore, j’ai cherché des références similaires et j’ai obtenu une fusion curieuse, alliant Murcof et le duo allemand Troum. C’est obscur, voire underground, mais ça colle. C’est du beau travail, même si parfois on regrette qu’elle soit omniprésente. Des respirations auraient pu intervenir de temps en temps.

Tout ceci est visqueux à souhait et d’outre-tombe. Je le recommande.

Je viens de voir que Vestiel a auparavant travaillé avec Caro (et Olivier Marchal).
C'est son premier long métrage.

Aux petites références déjà citées, j'ajouterais Enki Bilal pour certains aspects : société moderne effondrée (ou en passe de l'être). Persistance des ruines.
Je suis en train de relire Le sommeil du monstre, par ailleurs. Et 32 décembre.

J'ai essayé de le regarder, mais ça sera pour une autre fois, mon débit est bien trop lent aujourd'hui. Je pu voir les trois premières minutes (après une demi-heure de chargement ^^), et ça m'a effectivement rappelé pas mal de trucs. Au cinéma, The Descent, qui est un très bon film d'horreur (anglais je crois, ils cartonnent pas mal dans ce genre là mes compatriotes en ce moment, avec des perles aussi comme 28 jours plus tard, et 28 semaines plus tard). Sinon littérairement, l'univers sous-terrain me rappelle un peu "Le Neuvième Cercle". Ça c'est une de mes références en matière d'univers post-apo.

Ces trois premières minutes m'ont donné beaucoup à dire, c'est bien tourné et ça accroche. La suite pour bientôt, en tout cas, ça m'a donné envie.

Je l'ai vu mais, hélas, en anglais et le sens m'a tout à fait échappé. Reste une impression de claustrophobie, pathologie dont je suis atteint avec modération (je me soigne en faisant un peu de spéléo). L'impression finale n'est pas très agréable. A revoir sûrement...

J'ai croisé ce soir un lien intitulé Eden Log : explications.
Mais j'ai été traumatisé il y a quelques années par les explications fournies au sujet de Mulholland drive sur la version DVD française, alors je ne l'ai pas suivi. Ou comment démystifier une création qui relève de la mécanique inconsciente (individuelle et collective) et des symboles.

Claustrophobie, ça rime bien avec Eden Log.

Visiblement, pas mal d'amateurs de SF n'y trouvent pas leur compte. Le film est encensé ici et détruit là. Mais si toute la SF nous offrait des atmosphères pareilles, je ne serais certainement pas sur ce forum. Je vais le mettre dans mon top 10 de l'année, tiens.

Mais si toute la SF nous offrait des atmosphères pareilles, je ne serais certainement pas sur ce forum.

Tu dis ça parce que personne a su te conseiller les bons.... Je veux dire les vraiment bons, ceux qui sont si bien écrits que t'en tombes par terre, et que t'as plus de vie sociale sur trois semaines tellement t'es accro.

Des noms !!

Herbert avec Dune. C'est tellement bien écrit que ça rivalise avec n'importe quel écrivain "classique". Scott-Card, avec La stratégie Ender. Un livre fabuleux, énorme, intelligent et humain. Phillip K. Dick, mais ça si vous avez pas au moins tenté, je ne peux déjà plus rien pour vous....

Je viens de me procurer 28 semaines plus tard. Je regarde ça dans quelques temps et j'en ferai sûrement un commentaire ici.

J'ai lu une petite poignée de K Dick. Celui qui reste, tout le temps, après des années, c'est Substance mort.
D'ailleurs, j'ai l'adaptation, de Richard Linklater, dans une pile de DVD. Intitulée A scanner darkly. C'est un trip pictural assez étonnant, qui incarne un trip littéraire complètement déjanté. Il faut que je me le programme, pour une nuit bizarre.

Searclaw a écrit:Herbert avec Dune. C'est tellement bien écrit que ça rivalise avec n'importe quel écrivain "classique". Scott-Card, avec La stratégie Ender. Un livre fabuleux, énorme, intelligent et humain. Phillip K. Dick, mais ça si vous avez pas au moins tenté, je ne peux déjà plus rien pour vous....

Oui, alors c'est vraiment que je suis réfractaire au genre; j'ai testé Dune et K.Dick et ça ne passe pas. Je suppose que mon esprit ne laisse pas assez de place à la crédulité, trop rigide peut être... Un roman de SF néanmoins m'a transporté: "Demain les chiens", j'ai oublié le nom de l'auteur.

Clifford Donald Simak, me souffle Google.
Je ne sais plus à quelle occasion j'ai entendu parler de ce roman, avec insistance.

Dans mes lectures marquantes de SF, j'ajouterais William Gibson (pape du cyberpunk, dit-on). Je crois que je suis venu à la littérature noire peu de temps après, avec Dantec en particulier. Je me demande ce que je fais ici à vous parler de SF, alors que le petit Jesus braille depuis 2009 ans, mais peu importe. Dans les parages, il y a eu aussi J.G. Ballard. Mais mes références en la matière tournent un peu en boucle, alors je vais aller parler d'autre chose dans une autre rubrique...

Pas lu, "Demain les Chiens" faudra que je teste. Je comprends que Herbert soit difficile (en français, c'est aussi nettement moins bien), mais il en vaut le coup, ce bougre.