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L'ange de la vengeance - Abel Ferrara (1981)

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Message par Varg Sam 25 Juil - 11:45

L'ange de la vengeance - Abel Ferrara (1981) Ms4510


Thana, une jeune fille muette travaillant dans un atelier de couture, est violée sur son chemin de retour par un homme qui lui promet qu'il la retrouvera. Traumatisée, elle rejoint son appartement qu'un autre homme est en train de cambrioler. Déçu de ne pas trouver d'argent mais excité par le mutisme de la jeune fille et son air dépenaillé, il la viole également. Profitant de son moment d'abandon, Thana le tue.

Le rape and revenge est un sous-genre cinématographique qui eut ses heures de gloire dans le courant des années 70-80, en même temps que toute cette vague de films de vigilante où le citoyen lambda entendait se substituer à la justice officielle pour faire régner l'ordre (et/ou se venger). On trouve bien sûr trace de cette séquence « viol et vengeance » dans le polar : le Poussière tu seras de Sam Millar que je chroniquais l'autre jour sur Le Vent Sombre en est un récent exemple et le très médiocre Le guerrier solitaire de Mankell – même si la vengeance est le fait du frère – en est un également.

Car on admet, du moins au cinéma, que la vengeance peut-être le fait de proches, la plupart du temps la famille. C'est le cas dans le film plus ou moins fondateur du genre qui n'est autre que... La Source d'Ingmar Bergman qui date de 1960. Tiré d'une légende suédoise, l'histoire raconte le viol et le meurtre d'une jeune adolescente par trois bergers qui sont ensuite recueillis par la famille de leur victime à laquelle ils proposent d'acheter les habits de la jeune fille. Comprenant que celle-ci a été tué par ces hommes, le père se rend dans leur abri et tue tous les mâles. Le corps supplicié de la jeune fille est enfin retrouvé. Le père promet à Dieu de construire à cet endroit une église en pardon de son offense sanguinaire de vengeance. Là où reposait la tête de la jeune fille jaillit alors une source.

Il fallut attendre une douzaine d'années pour que Wes Craven, en faisant le remake de La source, ou plutôt en adaptant à sa sauce la légende initiale, lance le sous-genre dont nous parlons actuellement. Intitulé La dernière maison sur la gauche, le film reprend le thème de deux jeunes filles insouciantes qui s'apprêtent à faire la fête et tombent sur une bande de sadiques dégénérés qui vont les humilier et les torturer avant de les tuer. Un des pères se vengera de façon aussi sadique dans la fameuse dernière maison sur la gauche.

Le thème s'affine, enfin c'est une façon de parler, avec Thriller - En grym film de Bo Arne Vibenius, sorti en 1974, l'un des seuls films suédois à avoir été interdit dans le Royaume nordique et qui montre la vengeance cette fois prise en charge par la victime elle-même. Celle-ci est devenue muette suite à un viol lorsqu'elle était enfant. Désormais jolie paysanne vivant un peu en marge, elle est séduite par un marlou qui la viole et la drogue avant de la contraindre à se prostituer. Lacérant le visage de son premier client avec ses ongles, elle est punie par le mac (séquence d'énucléation en direct particulièrement éprouvante). Désormais borgne, elle attire encore plus les clients. Pendant ses journées de repos, elle commence à organiser sa vengeance, qui ne visera que les gens ayant abusé d'elle ou qui tentent de l'empêcher de l'accomplir (les clients, le mac, les hommes de main, des policiers).

Thriller sera une source d'inspiration pour au moins trois films du genre vengeance qui feront date : I spit on your grave (Oeil pour oeil) de Meir Zarchi en 1978 (mais qui emprunte aussi beaucoup aux Chiens de paille de Peckinpah et au Delivrance de Boorman), Ms. 45 (L'Ange de la vengeance) de Ferrara dont nous allons reparler et enfin Kill Bill.

Le genre continuera, bon an, mal an à produire quelques surgeons. Sudden Impact de Clint Eastwood en 1983 en fait partie, tout comme Irréversible de Gaspard Noé vingt ans plus tard.


Revenons donc à L'ange de la vengeance, mutation d'une femme qui, blessée au plus profond d'elle-même, devient une prédatrice implacable. Le New York que nous montre dès le départ Ferrara est un monde d'hommes machistes et obsédés où les femmes ne sont que des proies. Les quatre amies qui marchent dans la rue au début du film sont sifflées, importunées, sollicitées sexuellement et Ferrara ne nous montrera les hommes que sous cet aspect, ou celui de la violence quotidienne qu'ils font subir à leur compagne : le mac noir dans la rue qui cogne, l'homme du couple s'engueulant à la soirée qui ment. Une seule semble affronter cette pression sexuelle violente, Laurie (Darlene Stuto), qui leur tient tête. Les autres – comme on leur a toujours appris – font profil bas.

Les viols, le meurtre et surtout la nécessité de se débarrasser du cadavre vont profondément modifier la personnalité de Thana(tos), un peu comme ce sera le cas des quatre femmes dépeceuses dans le formidable roman de Kirino Natsuo Out. Le premier meurtre "gratuit", celui de l'homme qui la poursuit pour lui rendre le sac qu'elle vient de déposer et qui contient un morceau de son second violeur, lui fait prendre conscience de la relative facilité avec laquelle il est possible de se débarrasser de n'importe lequel de ces messieurs. Car, contrairement aux films précédents, sa vengeance ne va pas seulement chercher à atteindre ses bourreaux directs mais plutôt tous les bourreaux potentiels de toutes les femmes. Thana a trouvé sa mission et ce n'est pas un hasard si elle se termine alors que la jeune femme est déguisée en (mante) religieuse pour la fête d'Halloween. Une religieuse un peu particulière bien sûr puisque cette femme traumatisée qui tient le sexe en horreur se transforme la nuit en un pur symbole sexuel capable d'attirer vers elle les prédateurs qu'elle souhaite éliminer, devenant ainsi – Eros et Thanatos – l'absolu fantasme d'hommes dont elle refuse pourtant ordinairement et consciemment d'être le fantasme.

Film féministe cet Ange de la Vengeance ? Oui, si l'on en croit l'excellente scène finale et le seul mot que la mutique Thana prononcera. Mais film religieux également, sur la nature du Mal, et qui va bien au delà des traditionnels métrages de rape and revenge. Zoë Tamerlis/Lund est parfaite dans ce rôle muet exigeant. Un des très bons films d'Abel Ferrara.
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Message par stalker Sam 25 Juil - 15:22

Parmi ses bons films, lesquels citerais-tu ?
Voilà un cycle qu'on pourrait entreprendre sur le forum : Abel Ferrara.
A voir et à revoir, à mon sens : The addiction (1995) et Bad lieutenant (1992 - dont Werner Herzog s'est emparé tout récemment).
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Message par Varg Sam 25 Juil - 15:48

Oui, The Addiction, The king of New York, New Rose Hotel et aussi The funeral seraient dans le lot.

En ce qui concerne un nouveau cycle, mieux vaut contenir nos ambitions...
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Message par dandy Mar 28 Juil - 23:49

Vous qui avez l'air de bien appréciez et connaitre le cinéma d'Abel Ferrara, es-ce que New-york 2 h du matin est bien? J'ai vu Bad Lieutenant et il est excellent, superbe Harvey Keitel, je pense qu'il a l'air d'un bon réalisateur abel Ferrara.
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Message par Varg Mer 29 Juil - 9:16

Fear City est un cran en dessous pour moi...

Mais il est intéressant de voir ce que Ferrara a réussi à faire jouer à Melanie Griffith... On en reparlera si le cycle voit le jour...
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