La nuit nous appartient - James Gray (2007)
3 participants
Noir bazar :: Le bazar :: Films
Page 1 sur 1
La nuit nous appartient - James Gray (2007)
James Gray (Little Odessa, The Yards, Two lovers) est coutumier des cercles familiaux aux allures de ring où s’affrontent justiciers et malfrats. La nuit nous appartient confirme la règle en opposant un homme, responsable d’une importante boîte de nuit à New York, à son frère et à son père – flics.
Le trafic de drogue qui s’opère dans le lieu très fréquenté sera à l’origine de l’embrouille.
La fin fait soupirer et regarder le plafond ; elle est pleine de violons (synthétiques, bien entendu), de Kleenex et de scènes ralenties. Quel gâchis.
Cela dit, il fallait s’y attendre. Différentes séquences du film vous donnent les clés ; vous préviennent que ça va finir de cette façon. C’est tout vu. Mais tant pis, on continue, car le film n’est pas non plus dénué d’intérêt. On l’oubliera rapidement, certes, mais quelques passages retiennent l’attention et on regrette que certains plans n’aillent pas au bout de ce qu’ils promettent. Comme s’il avait fallu, au cours du montage, couper, tailler, ratiboiser la pellicule pour calibrer la durée à la demande de la production.
Dommage.
Le film manque de silences et de longueurs, mais de très peu parfois.
La façon d’investir les espaces, en particulier, est intéressante – assortie par moments d’une bande sonore assez bien étudiée. En revanche, le jeu d’acteurs est dénué de dynamique. Les comportements sont tout tracés, jusqu’à devenir incohérents, et nous indiquent beaucoup trop tôt vers où s’oriente le scénario. De ce point de vue-là, le film est complètement loupé.
Mais, si l’on prend la peine d’écouter attentivement ce que nous chuchote le cadreur dans sa manière de saisir les visages, et le temps qu’il accorde à certains, le film est réussi : c’est Dieu qui l’emportera, quoi qu’il arrive, et peu importe la quantité de têtes qu’il faudra faire tomber pour y parvenir. Dieu aime les châtiments.
A chaud, ce film m’évoque 36 quais des Orfèvres. Alors avis aux amateurs et, de même, aux détracteurs. Et si ce n’est pas Dieu qui l’emporte, quoi qu’il en soit c’est la justice, incarnée par des flics immanquablement plus humains que les truands – ces derniers n’ayant jamais l’ombre d’une occasion d’aligner trois phrases consécutives dans ce genre de film aux relents de légion d’honneur, en veux-tu en voilà.
.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: La nuit nous appartient - James Gray (2007)
Film sur la perte...
Classique absolu dans la forme, construit sur une des situations les plus archétypiques d'Hollywood, We own the night est un sépulcre...
Si tout est tant visible, devinable, c'est parce que Gray filme une tragédie et que le fatum est - c'est bien connu - gros du cul et gras du bide et qu'il ne tient pas caché derrière les tentures.
Bobby Green (Joaquin Phoenix) se dépouille un par un des oripeaux de cette vie qu'il avait rêvée, loin de la "fatalité" d'être flic (comme sans doute toutes les générations de Grusinsky depuis leur arrivée aux States) jusqu'au moment final où, retrouvant son nom et endossant l'uniforme, il consacre la fin de son échappée belle. Cette dernière scène suinte de cette douleur sourde qui, tout au long du film, a pris possession de lui, à chaque abandon. Elle aussi semble être un grand classique hollywoodien (la remise des diplômes, le héros premier de la classe) mais Gray la détourne de son sens habituel, parce qu'elle marque pour Bobby la perte de toute chose (sa liberté, son père, son frère qui ne travaillera pas avec lui sur le terrain, sa petite amie) et non le démarrage heureux d'une vie.
Dieu (?) est nulle part dans ce film, il n'y a que des hommes entre-eux, des hommes qui font des choix, pas toujours forcément réfléchis, pas toujours de bon cœur, mais qui jusqu'au bout les assument. Il y a la parentèle, indépassable horizon pour tous, même Buzhayev - père de substitution - aurait respecté celle de Bobby s'il l'avait connue. Et enfin la violence, impossible à contenir, qui aussi les rattrape tous.
Mise en scène intelligente de Gray qui alterne avec bonheur les phases de "calcification policière" de son héros avec des moments de bravoure accélérateurs de ces abandons (la visite du labo clandestin, la poursuite sous la pluie*, la traque finale dans les marais), donnant à We own the night un rythme que The Yards n'avait pas (je n'ai pas vu Little Odessa et Two Lovers vient juste de sortir aux ZétatZunis). Distribution impeccable (toujours un bonheur de voir jouer Robert Duvall).
Gray ne révolutionne peut-être rien parce que cette situation, nous l'avons déjà vue au cinéma (c'est celle de Michael Corleone dans The Godfather quand les circonstances et l'amour pour son père menacé de mort l'oblige à reprendre les rênes de la Famille). Mais son film me semble être de la belle ouvrage, à conseiller et défendre.
* Très bonne utilisation, à mon sens, des bruits "naturels" lors de ces deux épisodes, à la place ou par-dessus une musique très ténue (la respiration de Bobby lors de la visite du labo clandestin, les essuies-glaces de la voiture lors de la poursuite)
Classique absolu dans la forme, construit sur une des situations les plus archétypiques d'Hollywood, We own the night est un sépulcre...
Si tout est tant visible, devinable, c'est parce que Gray filme une tragédie et que le fatum est - c'est bien connu - gros du cul et gras du bide et qu'il ne tient pas caché derrière les tentures.
Bobby Green (Joaquin Phoenix) se dépouille un par un des oripeaux de cette vie qu'il avait rêvée, loin de la "fatalité" d'être flic (comme sans doute toutes les générations de Grusinsky depuis leur arrivée aux States) jusqu'au moment final où, retrouvant son nom et endossant l'uniforme, il consacre la fin de son échappée belle. Cette dernière scène suinte de cette douleur sourde qui, tout au long du film, a pris possession de lui, à chaque abandon. Elle aussi semble être un grand classique hollywoodien (la remise des diplômes, le héros premier de la classe) mais Gray la détourne de son sens habituel, parce qu'elle marque pour Bobby la perte de toute chose (sa liberté, son père, son frère qui ne travaillera pas avec lui sur le terrain, sa petite amie) et non le démarrage heureux d'une vie.
Dieu (?) est nulle part dans ce film, il n'y a que des hommes entre-eux, des hommes qui font des choix, pas toujours forcément réfléchis, pas toujours de bon cœur, mais qui jusqu'au bout les assument. Il y a la parentèle, indépassable horizon pour tous, même Buzhayev - père de substitution - aurait respecté celle de Bobby s'il l'avait connue. Et enfin la violence, impossible à contenir, qui aussi les rattrape tous.
Mise en scène intelligente de Gray qui alterne avec bonheur les phases de "calcification policière" de son héros avec des moments de bravoure accélérateurs de ces abandons (la visite du labo clandestin, la poursuite sous la pluie*, la traque finale dans les marais), donnant à We own the night un rythme que The Yards n'avait pas (je n'ai pas vu Little Odessa et Two Lovers vient juste de sortir aux ZétatZunis). Distribution impeccable (toujours un bonheur de voir jouer Robert Duvall).
Gray ne révolutionne peut-être rien parce que cette situation, nous l'avons déjà vue au cinéma (c'est celle de Michael Corleone dans The Godfather quand les circonstances et l'amour pour son père menacé de mort l'oblige à reprendre les rênes de la Famille). Mais son film me semble être de la belle ouvrage, à conseiller et défendre.
* Très bonne utilisation, à mon sens, des bruits "naturels" lors de ces deux épisodes, à la place ou par-dessus une musique très ténue (la respiration de Bobby lors de la visite du labo clandestin, les essuies-glaces de la voiture lors de la poursuite)
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: La nuit nous appartient - James Gray (2007)
Dans "the yards", il y a un terreau fertile. Les mafias s'occupent de l'appel d'offre de la rénovation du metro New-Yorkais, c'est moins glamour que les boites de nuit mais c'est tres inspirant pour James gray qui nous donne quelques superbes plans sur le metro, dont les premieres images. Il y a un fond politique. Dans "la nuit nous appartient", j'ai trouvé qu'on restait en surface et qu'en plus il prenait des élements de ses precedents films pour en faire un nouveau, un recyclage inutile. Il manque une surprise scénaristique, quelque chose qui pourrait déstabiliser.
Mais il reste le plaisir esthétique, la subtilité des plans, les tronches incroyables des second roles, c'est le haut du panier.
Mais il reste le plaisir esthétique, la subtilité des plans, les tronches incroyables des second roles, c'est le haut du panier.
Sujets similaires
» Two lovers - James Gray (2008)
» 30 jours de nuit - David Slade (2007)
» Brown, Fredric - La nuit du Jabberwock (1951 - Rivages 2007)
» La nuit des tounesols (la Noche de los girasoles) - J. Sanchez Cabezudo (2007)
» 30 jours de nuit - David Slade (2007)
» Brown, Fredric - La nuit du Jabberwock (1951 - Rivages 2007)
» La nuit des tounesols (la Noche de los girasoles) - J. Sanchez Cabezudo (2007)
Noir bazar :: Le bazar :: Films
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|