Le Choix des Armes - Alain Corneau (1981)
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Le Choix des Armes - Alain Corneau (1981)
Un vieux caïd rangé des chignoleuses et reconverti en gentleman-farmer voit sa vie bouleversée par l'irruption d'un chien fou évadé de prison qui va l'entraîner malgré lui vers l'abîme. Choc des générations, synthèse entre série noire classique et drame social contemporain, le cinquième film de Corneau alterne les scènes d'action et les affrontements psychologiques servis par un casting prestigieux.
Ultra-moderne en 1981, Le Choix des armes accuse aujourd'hui son âge : ce qui frappe d'emblée, ce sont les vingt-neuf années qui se sont écoulées depuis sa réalisation, aussi bien dans les tenues vestimentaires, la musique à la radio, les modèles de voitures, la faiblesse du trafic routier que les visages des acteurs : Depardieu y est encore un "jeune" tandis qu'Anconina et Lanvin qui occupent des rôles secondaires sont tous juste des adultes...
Le spectateur de 2010 est également surpris par la réalisation qui peut lui sembler assez molle pour un polar. Les quelques scènes d'actions y sont brusques, sans complaisance pour la violence, et parfois maladroites. On y voit un peu trop que les coups de poing ne portent pas vraiment, que le sang est du ketchup et l'amateurisme de l'assaut final des troupes de Police laisse pantois.
Une fois percé l'écran de fumée de la mode et de l'air du temps, le spectateur se laisse assez facilement immerger dans l'histoire. Le scénario (co-signé par Grisolia, l'auteur de Flic ou voyou) ne brille pas par une originalité absolue, ni par des rebondissements iconoclastes.
La trame qui se tisse peu à peu est celle d'une tragédie à l'ancienne, inéluctable et implacable. Le conflit de génération de l'intrigue est parfaitement illustré par le choix des acteurs et l'opposition de style Montand/Depardieu. On dit que ce dernier a hésité à endosser le rôle de Mickey le dingue, souhaitant alors tourner la page des personnages loulous ou marginaux de ces débuts, mais il se révèle excellent dans ce rôle de petite frappe insoumise à l'intelligence limitée qu'une découverte tardif de sa fille ne sauvera pas.
Le Choix des armes, c'est le film de la fracture. Bien avant les discours creux de Chirac en 1995, Corneau trimballe longuement sa caméra visionnaire dans la Cité des 4000 de La Courneuve et nous fait découvrir la fracture sociale qui éclatera au grand jour dix ans plus tard. Carcéralisme urbain, opposition ville/campagne, conflit de génération chez les voyous et au sein de la Police : tous les thèmes sont là, simplement évoqués, simplement montrés, à travers un film extrêmement peu bavard, sans grandiloquence ni militantisme. Dans une scène qui semble anodine, l'on voit Galabru et Lanvin discuter devant un poste de TV aux commentaires parfaitement audibles sur la guerre au Liban, et on comprend que Corneau évoque déjà (de façon inconsciente ?) et vingt-cinq ans avant que l'idée ne germe chez les plus pessimistes que la situation sociale pourrait nous mener à l'impasse.
Le Choix des armes tient aussi du western, de par l'omniprésence de la musique, des paysages, de la sobriété du discours, de la tension psychologique des duels, du thème de la vengeance et forme une oeuvre forte et prenante qui vient éclairer radicalement une étape cruciale de l'évolution de la société française.
Ultra-moderne en 1981, Le Choix des armes accuse aujourd'hui son âge : ce qui frappe d'emblée, ce sont les vingt-neuf années qui se sont écoulées depuis sa réalisation, aussi bien dans les tenues vestimentaires, la musique à la radio, les modèles de voitures, la faiblesse du trafic routier que les visages des acteurs : Depardieu y est encore un "jeune" tandis qu'Anconina et Lanvin qui occupent des rôles secondaires sont tous juste des adultes...
Le spectateur de 2010 est également surpris par la réalisation qui peut lui sembler assez molle pour un polar. Les quelques scènes d'actions y sont brusques, sans complaisance pour la violence, et parfois maladroites. On y voit un peu trop que les coups de poing ne portent pas vraiment, que le sang est du ketchup et l'amateurisme de l'assaut final des troupes de Police laisse pantois.
Une fois percé l'écran de fumée de la mode et de l'air du temps, le spectateur se laisse assez facilement immerger dans l'histoire. Le scénario (co-signé par Grisolia, l'auteur de Flic ou voyou) ne brille pas par une originalité absolue, ni par des rebondissements iconoclastes.
La trame qui se tisse peu à peu est celle d'une tragédie à l'ancienne, inéluctable et implacable. Le conflit de génération de l'intrigue est parfaitement illustré par le choix des acteurs et l'opposition de style Montand/Depardieu. On dit que ce dernier a hésité à endosser le rôle de Mickey le dingue, souhaitant alors tourner la page des personnages loulous ou marginaux de ces débuts, mais il se révèle excellent dans ce rôle de petite frappe insoumise à l'intelligence limitée qu'une découverte tardif de sa fille ne sauvera pas.
Le Choix des armes, c'est le film de la fracture. Bien avant les discours creux de Chirac en 1995, Corneau trimballe longuement sa caméra visionnaire dans la Cité des 4000 de La Courneuve et nous fait découvrir la fracture sociale qui éclatera au grand jour dix ans plus tard. Carcéralisme urbain, opposition ville/campagne, conflit de génération chez les voyous et au sein de la Police : tous les thèmes sont là, simplement évoqués, simplement montrés, à travers un film extrêmement peu bavard, sans grandiloquence ni militantisme. Dans une scène qui semble anodine, l'on voit Galabru et Lanvin discuter devant un poste de TV aux commentaires parfaitement audibles sur la guerre au Liban, et on comprend que Corneau évoque déjà (de façon inconsciente ?) et vingt-cinq ans avant que l'idée ne germe chez les plus pessimistes que la situation sociale pourrait nous mener à l'impasse.
Le Choix des armes tient aussi du western, de par l'omniprésence de la musique, des paysages, de la sobriété du discours, de la tension psychologique des duels, du thème de la vengeance et forme une oeuvre forte et prenante qui vient éclairer radicalement une étape cruciale de l'évolution de la société française.
Chewie- Messages : 240
Date d'inscription : 13/01/2010
Re: Le Choix des Armes - Alain Corneau (1981)
On n'avait pas encore chroniqué un seul film de Corneau sur le forum...
Thanx Chewie.
J'ai bien envie de me faire Série noire.
Thanx Chewie.
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stalker- Admin
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Date d'inscription : 03/06/2008
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