Sur mes lèvres - Jacques Audiard (2001)
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Sur mes lèvres - Jacques Audiard (2001)
Naturellement, on pense à Michel Audiard en découvrant l’œuvre de son fils. Naturellement, on cherche les marques d’un héritage au travers de ces films qui déboulent au compte-goutte et se font remarquer. Naturellement, peut-être, on remarque ce qui distingue les films dont le père a écrit les dialogues, de ceux que Jacques Audiard a réalisés. Cette approche sera faussée (naturellement) par le fait qu’un dialoguiste n’envisage pas un film comme le fait un réalisateur, mais, tout de même, on cherche.
Tandis que les films qui mettaient en scène les dialogues du père se tenaient à distance des individus au bénéfice de la scène, ceux que le fils réalise s’accrochent comme des tiques aux peaux et aux objets qui leur passent sous l’oculaire. Il ne s’agit pas d’une histoire d’héritage ou de divergence, mais bien d’époque, de perception et de représentation. D’un soin, d’un soucis, d’une exigence de la caméra à se concentrer sur des détails infimes, afin d’en traduire la chair, qu’il s’agisse de lèvres, d’yeux, de doigts ou des mailles d’un tricot de laine rose.
Carla Behm est sourde. Employée d’une agence immobilière, elle mène une vie médiocre et solitaire. Son employeur décide un jour de lui adjoindre un stagiaire, Paul Angeli, ancien repris de justice. Elle tombe vite sous l’emprise de son charme.
C’est une forme de cinéma qui envisage d’abolir, ou de réduire à un presque rien, la distance entre nos yeux et l’écran. Une façon de nous projeter directement contre lui, dans sa trame, ou de nous installer au premier plan, peut-être au bord du cylindre où se loge la lentille du zoom ; de ce mécanisme qui joue de la profondeur de champ ; du flou, du net, d’un va-et-vient organique incessant – de l’incertitude.
Cette incertitude omniprésente dans le film, dans les regards et dans les comportements. Cette hésitation, ces gestes qu’on effectue dans le noir presque total, en espérant y déceler un repère, une attache. On en trouve une, parfois, mais on y pose un doute avant d’y mettre la main. Et on y trouve souvent le feu.
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