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The box - Richard Kelly (2009)

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Message par stalker Mer 21 Juil - 2:26

Norma et son époux mènent une vie paisible dans une petite ville des Etats-Unis jusqu'au jour où une mystérieuse boîte est déposée devant leur domicile. Quelques jours plus tard, se présente l'énigmatique Arlington Steward qui leur révèle qu'en appuyant sur le bouton rouge de la boîte, ils recevraient 1 000 000 $, mais cela entraînerait la mort d'un inconnu...

The box - Richard Kelly (2009) The+box

Tirée d’une nouvelle de Richard Matheson, cette histoire a déjà fait l’objet d’une adaptation dans la série La quatrième dimension. Et si nous devions parler de remake, il faudrait préciser auparavant, en le soulignant, qu’il tourne à la sauce Kelly.
En premier lieu, pour son univers visuel ; un subtil mélange de kitch et de high tech, sans cesse ; ce même mélange qui caractérise en grande partie son précédent et deuxième long métrage : Southland tales (2005). De la science fiction ici bas, j’ai envie de dire. Une dose d’irrationnel dans nos cerveaux convaincus que oui, que non : qu’un million de dollars pourrait être en mesure de nous sortir d’une situation tendue et de nous permettre de voir venir. Appuyons sur le bouton et nous verrons. D’autant que la boîte ne contient que du vide et que son bouton ne fonctionne que grâce à un vulgaire ressort.
Qu’est-ce qu’on risque ?
Un mort de plus ou de moins sur cette Terre.

– Vos maisons sont des boîtes. Vos voitures sont des boîtes qui roulent. Elles vous conduisent à votre travail, elles vous ramènent le soir, vous passez vos soirées à regarder une boîte qui vous ramollie l'esprit, tandis que votre corps, cette autre boîte, se flétrit inexorablement, puis meure. C'est le moment de le mettre dans sa dernière boîte et de le laisser se décomposer.
– C'est très déprimant de voir les choses de cette façon.
– Alors voyez-les autrement.


Kelly s’empare du synopsis et le tourne, à sa sauce.
Norma presse le bouton et tout bascule. Tout s’enchaîne. On pourrait dire que la Terre se met à trembler et que les immeubles s’effondrent, aspirés par des crevasses sans fond qui mènent tout droit en enfer. Et c’est un peu ce qui se passe, sauf que l’échelle du désastre est individuelle : il touchera un couple lambda, mais pas la planète entière.
Pas encore.

– Tout à l’heure, vous avez parlé du coefficient d’altruisme…
– Si les êtres humains ne veulent pas, ne peuvent pas sacrifier leurs désirs personnels dans l’intérêt général de l’espèce, vous n’avez aucun espoir de survie. Mes employeurs se verront alors dans l’obligation de précipiter votre extinction.


Que ce soit dans Donnie Darko, dans Southland Tales ou dans The box, Richard Kelly ne cesse de pousser l’humanité au bord d’un gouffre. Juste au bord. Ou, autre hypothèse, de la positionner face à elle-même : à son histoire, à son état et à son sort.
De percevoir et de montrer l’être humain tel un insecte dérisoire, turbulent et prétentieux. De préférence sous les astres énigmatiques et en le saisissant dans les situations les plus triviales qui soient. Un parasite sous les étoiles, soumis à des règles irréductibles qui le dépassent et savent le rappeler à l’ordre.
A l’ordre ?
Si tout avait un jour été en ordre, Kelly n’aurait peut-être réalisé aucun film.
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Message par stalker Dim 25 Juil - 4:49

Les commentaires du réalisateur nous parlent d'un tout autre film que The box.
En clair, Richard Kelly a pris ce film comme un prétexte pour glisser dans la trame de son film des éléments tout à fait intimes. Comme une histoire incrustée dans une histoire. Imperceptible. Insoupçonnable. Il n'est pas impossible que Lynch procède de la même façon depuis Eraserhead. Ils nous montrent des films, mais le film réel n'est pas distinct, car constitué de codes intimes : des lieux, des noms, des mots, des dates.
Impénétrables.
Nous voyons un film, mais le réalisateur en a tourné un autre, dans celui qu'on vient de voir.
C'est une certaine forme de totalité.
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Message par Ernest Kurtz Jeu 29 Juil - 13:10

Tiens, je me permets de recopier ci-dessous mon bref avis émis sur un autre forum à propos de ce film
Une première heure plutôt bien fichue dans la genre énigmatique, une ambiance seventies plutôt agréable, des acteurs qui tiennent la route (mention spéciale à Frank Langella) et puis, au final, une explication (à chacun de faire son hypothèse: mystique et/ou extra terrestre ?) qui ne tient pas ses promesses. Perso, je penche pour le côté mystique (déjà dans "Southland Tales"...), avec la métaphore de la boite/pomme de l'arbre de la connaissance de la bible (plus que limite misogyne, d'ailleurs). Je me demande si R. Kelly va pas finir prêcheur ?
PS: Il paraît qu'il tourne un remake de "Point limite zéro"; pas sûr que cela m'enthousiasme
J'avais écrit ça en février, aujourd'hui en juillet je maintiens. Je dirais même qu'avec le recul, il ne me reste plus du film qu'un sentiment de prêchi-prêcha néo-mystico-new age... et misogyne, je persiste et signe!
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Message par stalker Sam 31 Juil - 4:35

Je pense que les films de Kelly sont un tantinet plus complexes que ça (plus complexes que les arguments que tu emploies pour en parler, je veux dire).

Les trois qu'il a réalisés à ce jour me paraissent dotés de strates et de tiroirs, de codes et d'espaces ouverts "entre les lignes". C'est l'intention de Kelly : offrir différents niveaux de lecture aux spectateurs. Qui veut bien creuser creuse. Southland tales doit bien nécessiter dix projections pour qu'on commence à en saisir la teneur. Donnie Darko, c'est un casse-tête planqué derrière une trame relativement simple. Et The box me paraît être une création masquée, encore, un peu comme n'importe quel individu ici bas : juste des apparences, mais doté de souterrains.
A prendre ou à laisser, bien entendu.

Mais j'ai tout de même la nette impression que les propos des personnages de Kelly restituent bien notre époque.
Misogynie, dis-tu, mais regarde autour de toi et tu constateras juste une chose, toute simple, toute bête : le monde n'est pas tel que tu le voudrais. Il est autrement. Je crois que Kelly réalise des films pour rendre le monde tel qu'il est. Il ne ment à personne. Il n'envisage pas d'améliorer le monde en passant à l'action, mais juste d'en témoigner.


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Message par Chewie Sam 31 Juil - 12:10

Donnie Darko, c'est un casse-tête planqué derrière une trame relativement simple.

Pour moi, je crois que j'aime avant tout ce film parce que je n'ai toujours pas saisi ce que le réalisateur avait voulu dire. C'est la grande classe : produire une oeuvre non lénifiante qui résiste pourtant à toute analyse primaire.
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Message par Ernest Kurtz Sam 31 Juil - 12:28

stalker a écrit:Je pense que les films de Kelly sont un tantinet plus complexes que ça (plus complexes que les arguments que tu emploies pour en parler, je veux dire).
Possible. Je n'ai pas vraiment cherché à argumenter, juste donné un ressenti. Peut-être devrais-je revoir Southland tales et The box, mais j'ai l'a priori que la complexité dont tu parles est un peu artificielle.
stalker a écrit:Les trois qu'il a réalisés à ce jour me paraissent dotés de strates et de tiroirs, de codes et d'espaces ouverts "entre les lignes". C'est l'intention de Kelly : offrir différents niveaux de lecture aux spectateurs. Qui veut bien creuser creuse. Southland tales doit bien nécessiter dix projections pour qu'on commence à en saisir la teneur. Donnie Darko, c'est un casse-tête planqué derrière une trame relativement simple. Et The box me paraît être une création masquée, encore, un peu comme n'importe quel individu ici bas : juste des apparences, mais doté de souterrains.
A prendre ou à laisser, bien entendu.
Donnie Darko est dans ma PàV, j'en causerai une fois vu.
stalker a écrit:Mais j'ai tout de même la nette impression que les propos des personnages de Kelly restituent bien notre époque.
Misogynie, dis-tu, mais regarde autour de toi et tu constateras juste une chose, toute simple, toute bête : le monde n'est pas tel que tu le voudrais. Il est autrement. Je crois que Kelly réalise des films pour rendre le monde tel qu'il est. Il ne ment à personne. Il n'envisage pas d'améliorer le monde en passant à l'action, mais juste d'en témoigner.
Bon, au vrai, je ne veux pas dire que Kelly est un de ces nullos qui emcombrent Hollywood, ça OK. N'empêche, les deux films de lui que j'ai vus m'ont laissés une impression de factice, de complexité artificielle et religiosité chrétienne sauce new age. Et je ne suis pas sûr que tu ne projettes pas sur ses films plus de toi-même que ne s'y trouvent les intentions de Kelly. Mais bon, OK, comme dit, je reviendrai sur ce fil lorsque j'aurai vu D Darko et essayé de revoir les deux autres. Avec plus d'arguments, peut-être.
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Message par Misty Jeu 19 Aoû - 18:55

Le système des commentaires audio sur les DVD a totalement révolutionné la perception que l'on peut avoir de certains films et, conséquemment, la critique cinéma elle-même. Subitement, on se trouve confronté à une véritable génétique audio-visuelle, un peu comme lorsque les manuscrits successifs d'une oeuvre littéraire permettent aux chercheurs de comprendre comment tel écrivain a construit tel roman. Et c'est clair que concernant Kelly, l'étonnement est sidéral : l'auteur nous parle de tout autre chose que ce qui est vu (et/ou montré), une matière secrète qui constitue pourtant la chair même de son oeuvre, le fondement de son inspiration. On trouve un écartèlement similaire chez les Farrelly - il faut écouter au moins une fois leur commentaire de L'Amour extra-large ou de Deux en un pour mesurer à quel point la surface visuelle de la comédie dissimule une cascade de strates en abyme menant d'ailleurs souvent (les Farrelly, Kelly, Lynch, etc.) à l'épanchement autobiographique, par ailleurs savamment gommé mais malgré tout potentiellement présent (Perec appelait cela les "échafaudages" : on construit, on structure puis on enlève tout et ça tient tout seul)...
Second point : ne pas confondre le cadre et le tableau. The Box et a fortiori Southland tales sont deux films portraiturant très ironiquement la condition humaine à l'instant lambda de leur fabrication, une sorte de hic et nunc, ici et maintenant, des figurations mentales de la race humaine au XXIème siècle. Ils ressemblent en cela au cinéma de Shyamalan, Incassable par exemple, qui faisait état des projections fantasmatiques de toute une génération, celle des comics et des super-héros. Kelly et Shyamalan fonctionnent exactement de la même manière, mais avec deux styles différents, pour ne pas dire opposés : le premier puise son énergie dans la post-modernité éclatée et néo-kitsch, alors que le second installe sa réflexion sur les bases d'une formalité méditative et hiératique. Cependant, dans les deux cas, nous avons affaire à des sortes de moralistes jaugeant leurs contemporains à l'aune des mythologies collectives. Kelly n'est en aucun cas un "prêcheur" (pas plus que Shymalan un "mystique") ; ce sont simplement des artistes qui veulent confronter le spectateur aux formes exacerbées de la modernité.
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Message par stalker Jeu 19 Aoû - 19:25

Colonel Kurtz, je te présente Misty.
Misty, Colonel Kurtz.

Je vais vérifier s'il y a de l'aspirine et du sparadrap dans le Bazar.
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Message par Ernest Kurtz Ven 20 Aoû - 9:25

Hum... je veux bien admettre que Richard Kelly ait DES INTENTIONS (des "échafaudages"), mais personnellement, je n'ai rien perçu de ces intentions dans les images de son film. Je veux bien reconnaître être un peu con (ou disons imperméable à son cinéma ?) si tu parviens à étayer ton point de vue par des exemples concrets: tel plan ou telle séquence signifie en fait que, etc...

Misty a écrit:The Box et a fortiori Southland tales sont deux films portraiturant très ironiquement la condition humaine
Elle est où, dans quoi, l'ironie ?

Misty a écrit:ce sont simplement des artistes qui veulent confronter le spectateur aux formes exacerbées de la modernité.
??? Rien vu de out cela non plus (et bien vu, je n'aime pas non plus le cinéma de Shymalan !). Quelles formes de modernité ?!? Je n'ai rien vu dans sa mise en scène ou dans sa narration de fondamentalement "moderne".

Misty a écrit:nous avons affaire à des sortes de moralistes jaugeant leurs contemporains à l'aune des mythologies collectives
OK, c'est quoi le "message", la morale de Kelly ?!?!?!
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Message par stalker Ven 20 Aoû - 13:37

Si je puis me permettre de réagir à une chose, avant que Misty ne le fasse...
Les intentions du réalisateur me semblent un point fondamental. C'est le cas de celles de l'artiste, dans le domaine des arts plastiques, ou de l'auteur dans l'écriture. L'image du cadre et du tableau me semble adéquate pour définir cette question délicate. Délicate, parce que généralement, le spectateur ne veut rien savoir des intentions et se contente de ce qu'il voit de façon immédiate. En d'autres termes, si on lui demande de gratter plus loin, plus profond, de lire entre les lignes, c'est à dire de faire un effort (de travailler), il rechigne.
J'ai souvent constaté ce comportement dans les arts plastiques. Tout doit être immédiat pour le spectateur lambda, sinon il tourne les talons. Inutile de lui suggérer de fouiller un peu, de se renseigner sur le travail de l'artiste, sur son parcours, son cheminement (dont l'oeuvre sous nos yeux n'est qu'un résultant, un fragment, la pièce d'un puzzle), d'ouvrir un catalogue ou même de lire le contenu d'un cartel fixé sous l'oeuvre (exemple fréquent).

Pour le cinéma, c'est la même chose. Pour la littérature itou. Généralement, le lecteur se contente de la trame globale, mais les intentions de l'auteur, glissées dans la forme même de son écriture, dans la construction de son récit (ou déconstruction), voire dans son usage de la ponctuation, entre autres intentions, échappent complètement au lecteur qui n'attend généralement que le nom du coupable à la fin, ou d'être secoué émotionnellement par la globalité du récit (c'est à dire diverti, et point barre).
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Message par limbes Ven 20 Aoû - 16:28

La question des intentions est effectivement très délicate, car on peut aussi considérer que si elles ne sont pas détectables, ou plutôt, manifestées dans l’œuvre elle-même (sans une notice d’utilisation de l’artiste), eh bien, elles ont échoué (mais ça peut être tout à fait volontaire, ces différences de degrés de lecture, j’imagine, notamment pour ce qui concerne les éléments cachés autobiographiques qui n’ont pas forcément vocation à être perçus).

Ce que je veux dire, c’est que parfois le discours autour vaut presque plus œuvre que l’œuvre elle-même. Je ne sais pas dans quelle mesure ça ne marque pas aussi une sorte de volonté (quand ce discours émane de l’artiste) de réduire la capacité du récepteur à créer ses propres critères de jugement, en se fiant à ce qu’il voit ou lit ou entend, notamment sur le plan formel. Car il me semble que c’est bien la forme justement, qui va nous conduire à chercher ou à interpréter (pas ce qu’en dira l’auteur, ou alors, après, dans un second temps).
Il arrive que les propos de l’auteur ouvrent de nouvelles perspectives d’interprétation, mais il arrive aussi qu’il y ait un décalage funeste.

Alors après, on en revient aux limites de l’interprétation : en a-t-elle, doit-elle en avoir, peut-on tout penser (y a-t-il une sorte d’éthique du récepteur, notamment lorsqu’il critique ?)

J’aurais tendance à dire que oui, que tout peut être dit ou pensé, mais je n’en suis pas sûre (car c’est un peu contradictoire avec ce que je tente de dire juste au-dessus). Peut-être parce que je pense, au fond, qu’il n’y a pas un sens ultime à trouver, une sorte de sous-couche de base qui expliquerait tout (et qui serait selon comment on l’appelle, l’intention de l’auteur, le sens, sa vie, etc) ; qu’il suffirait juste de retourner aux origines comme au paradis perdu ou au traumatisme originel. Je pense que des choses sont à un moment donné jetées en pâture, avec une certaine volonté (l’intention de l’auteur), mais que celle-ci ne peut tout englober, tout contrôler. Il y a ce qui échappe à l’auteur et qui peut être multiple, il y a aussi ce qui échappe au récepteur et tout ça n’est pas limitable, en réalité. Pour moi cela procède d’une forme de recréation sans fin. Et on peut ne pas partager a priori une façon d’interpréter, et, pour autant, finir par s’y intéresser.

Comme il y a des genèses d'oeuvres d'art, il serait intéressant de voir comment, dans le temps, se construit un regard critique sur une oeuvre (y a -t-il une immédiateté du regard critique, change-t-on d'avis ou d'appréciation, en quoi est-on influencé par d'autres regards, etc. - ce serait intéressant, des chroniques généalogiques).

Donc ce serait à la fois comme si il y avait un réel de l’œuvre (une forme, des images, des mots) duquel partir, mais qu’ensuite, selon là où on est, selon où on en est de notre cheminement, tout est imaginable, interprétable, susceptible de faire sens. Je ne souhaite pas vraiment qu’il y ait une police de l’interprétation, mais peut-être est-elle déjà à l’œuvre ( je dévie un peu, mais je pense à l’ordre moral, en matière d’art, qui semble-t-il fait un retour en force)

Bon , ce sont plutôt des interrogations que des réponses (en réalité je ne suis sûre de rien, et je n'ai même pas vu le film dont vous parlez)
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Message par Ernest Kurtz Ven 20 Aoû - 18:26

stalker a écrit: En d'autres termes, si on lui demande de gratter plus loin, plus profond, de lire entre les lignes, c'est à dire de faire un effort (de travailler), il rechigne.
Il y a la-dedans une idée qui me tient assez à cœur: l'appréciation de l'art nécessite un apprentissage (au minimum, pour apprécier un livre, il faut -littéralement- apprendre à lire... -smiley hilare-). Je me souviens ainsi avoir un jour vu un "Bleu" de Klein et avoir été au bord de me demander si ce n'était pas un foutage de gueule. A quelques temps de là, j'ai entendu quelqu'un parler du bonheur qu'il ressentait à la vision d'un "Bleu" de Klein, expliquer, avec sincérité, d'une certaine façon, en quoi il s'agissait de grand art. J'ai complètement adhéré à ces "explications" (et me suis sentis à la limite con). Ceci dit, ce n'est pas pour autant que je suis devenu sensible à l'œuvre de Klein, mais j'admets a minima le statut d'art. Même chose un jour avec une émission sur Arte décortiquant "La Chambre" de Van Gogh qui m'a laissé entrevoir en quoi c'était une grande œuvre. Tout ça pour dire que je ne crois pas en l'art "immanent" et suis d'accord avec l'idée de "travail".
De là, rebond avec le début de ce que dit limbes: la compréhension des intentions (même après explications de l'artiste) ne vaut pas systématiquement appréciation.
limbes a écrit:Je pense que des choses sont à un moment donné jetées en pâture, avec une certaine volonté (l’intention de l’auteur), mais que celle-ci ne peut tout englober, tout contrôler. Il y a ce qui échappe à l’auteur et qui peut être multiple, il y a aussi ce qui échappe au récepteur et tout ça n’est pas limitable, en réalité. Pour moi cela procède d’une forme de recréation sans fin. Et on peut ne pas partager a priori une façon d’interpréter, et, pour autant, finir par s’y intéresser.
Accord total avec ça, évidemment. Mais ce n'est pas contradictoire avec ce qui a précédé.
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