Noir bazar
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Google Pixel 7 5G – Smartphone 6,3″ OLED FHD+ 8 Go + 128 Go
316 €
Voir le deal

La balade de l'escargot - Michel Baglin (2009)

Aller en bas

La balade de l'escargot - Michel Baglin (2009) Empty La balade de l'escargot - Michel Baglin (2009)

Message par edmond Gropl Mer 30 Juin - 14:04

Architecte rangé, Clément en vient lui aussi à se "déconnecter" et à se marginaliser à la suite de déboires conjugaux et surtout du viol de sa fille, recluse depuis dans son mutisme. Sans compter qu'une vieille affaire de corruption passive le poursuit sans qu'il en ait vraiment conscience.

Livré à une sorte d'errance au volant de son camping-car qui lui sert de coquille "d'escargot" , il s'enfonce de déambulations mélancoliques en balades punitives dans les quartiers interlopes de la ville. A la rencontre de la violence, mais aussi de personnages comme Floréal, Mamadou, Rachid, Sandrine, qui lui révèlent le peu de sens de sa propre histoire et la fragilité de ses défenses...

Remonte alors à la surface le scandale étouffé dans lequel sont impliqués des notables véreux, bien moins fréquentables que la pègre des quartiers. Renouant un à un les fils de l'écheveau, l'Escargot devra aussi descendre dans cet égout pour connaître la vérité, dans ces zones d'ombre où se cache la sourde misère du désespoir, mais aussi la tendresse et l'amour de ceux qui ont un jour perdu leur carapace et s'en bricolent comme ils peuvent de très précaires...


La balade de l'escargot - Michel Baglin (2009) Couv-Balade-copie-1

Lors d'une discussion avec Stalker sur l'avenir du polar, je crois avoir dit, entre deux verres de vin rouge d'Auvergne, "l'avenir du polar passera par Simenon".
Ce livre illustre cette fulgurance. (A laquelle Stalker répondit "ce serait dommage")

Ce livre met en scène la dérive de Clement Faure, un architecte au bout du rouleau, un homme qui se désocialise et qui va, au gré de mésaventures et de rencontres avec des marginaux de touts poils, trouver la vérité. (J'ai pensé aux "Mers du sud" de Montalban, un livre superbe ou un urbaniste (également au bout du rouleau) choisit d'aller vivre dans ses propres réalisations).
Bien que la ville ne soit pas nommée, ça se déroule à Toulouse.
Ce qui est tres réussi, c'est, par une suite de petits tableaux où l'atmosphère est vraiment bien rendue (à la Simenon, je trouve), la transformation des rapports entre le personnage central (un bourgeois en perdition) et les autres personnages (des marginaux, squatteurs, prostitués, SDF, égalements en perdition). On passe de l'hostilité à l'apprivoisement, sans qu'il y ait vraiment de concessions, tout cela sous les yeux d'une aubergiste maternelle qui tient un hotel-restaurant à l'ancienne, tels qu'on n'en trouve hélàs plus beaucoup dans les villes en proie aux rénovations urbaines. Ces scènes, dans l'auberge et sur son parking ( où le heros gare son camping car, devenu sa résidence) donnent, à mes yeux, beaucoup de charme à cette histoire, comme si cette auberge au bord du canal (avec ses mariniers Simenoniens) devenait l'oasis évidente de tous les assoiffés d'humanité.
(Vu que le livre évoque également des magouilles urbaines immobilières, l'évocation de cette auberge en bord de canal m'a fait penser à ceci: il semblerait que chaque fois que des urbanistes essaient de penser les rapports humains dans leurs pojets, créent des lieux de convivialité ou d'échange, j'ai l'impression qu'ils se trompent, les gens s'échappent!)
Très réussi également, la dérive du personnage central, l'escargot (qui déplace son Camping comme l'ecargot sa coquille) et sa volonté d'aller chercher les ennuis dans les quartiers chauds de la ville comme si c'était chez les marginaux, les exclus et tout ce qui régit ces lieux de prostitution et de traffics divers qu'il pourrait trouver un sens à sa vie. (on comprendra plus tard de quoi il s'agit, il y a une véritable histoire noire la dessous, elle apparaitra à mesure du récit)

Un petit bémol sur une ou deux facilités scénaristiques (des coincidences bienveillantes, mais c'est aussi ce qui m'ennuie un peu chez certains Simenon) mais je les ai vite oubliées tant j'ai été happé par la noire atmosphère du récit.

Michel Baglin anime une revue littéraire (passée du support papier au web). La revue
TEXTURE (cliquer)
edmond Gropl
edmond Gropl

Messages : 1434
Date d'inscription : 04/06/2008
Localisation : Marseille

http://monsite.orange.fr/edmond-gropl

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser