La pelouze - Marc Alfred Pellerin

" La pelouze, Nereis en langue savante, c'est un invertébré, une sorte de mille pattes si vous voulez, qui vit dans les vases littorales. On dit que la pelouze de la Baie des Saxons est une vraie gourmandise, réputée jusqu'à Marseille. Ceux qui la ramassent, c'est les pelouzards. Compétences requises pour pelouzer ? Juste ce qui faut dans la culotte pour gagner sa place dans la vase et la défendre ensuite contre ceux qui, comme ce Chtimi, vont se figurer que pour pelouzer, suffit de se pointer. "

Dans la Baie, on a le sens des valeurs et de l'honneur. D'habitude, personne ne s'aventure dans ce coin trop humide. Mais depuis que Madame et son mari ont débarqué pour monter des derricks, les ennuis commencent et on va sentir comme une odeur de poudre et de vase remuée.

Marc Alfred Pellerin n'est pas un auteur comme les autres. Sa passion, la nature, les Hommes, les ambiances. Adeptes des phrases courtes et épurées, des descriptions poignantes, simples, il aime donner à ses lecteurs une partie de lui-même.

Journaliste, fabricant de bicyclettes, voyageur, éleveur de sangliers, il se consacre aujourd'hui à l'écriture. A son rythme il écrit avec passion. Indépendant il ne subit pas la pression d'un système littéraire poussant les auteurs à produire pour ne pas être "oubliés". Non, lui refuse ce jeu.

Sur ces pages vous découvrirez les romans de Marc-Alfred Pellerin qui ont été publiés jusqu'à ce jour. Vous en trouverez certains en librairie, d'autres sont épuisés mais vous les trouverez dans les bonnes bibliothèques.

Marc-Alfred Pellerin s'est vu décerné le Prix Sang d'encre 2001 pour son roman N'oublie pas d'Avoir Peur paru à la Série Noire. Il s'est aussi vu décerné le Prix Culture et Bibliothèque pour tous 2005 pour Inokenti paru aux éditions Albin Michel.

J'ajoute à ce petit portrait glané sur le web qu'il est donc décédé au début de ce mois d'aout et que son premier polar, publié aux presses de la cité s'appelle "Salaud les copains".
Tout se déroule dans une baie imaginaire nommée Baie des Saxons ( à moins qu'elle existe mais je n'en ai trouvé nulle trace) qui doit se situer en Normandie. Là On retrouve quatre "Pelouzard", c'est à dire des ramasseurs de Pelouze. La Pelouze est un invertebré tres prisé comme appât par les pêcheurs. Les ramasseurs passent donc leur journées au rythme des marées, le dos courbé à gratter la vase. On imagine, enfin ceux qui comme moi ne connaissent pas que c'est un boulot pénible et qui ne doit pas rapporter bézef, un peu un boulot pour des exclus. Investissement: un seau, une binette et des bottes. L'auteur ne donne pas les prix de vente du Kilo de Pelouze mais laisse entendre que ça paie les tournées de calva.
La dessus, l'auteur greffe une intrigue policière secondaire mais plutôt rigolote.
Ce qui est passionnant et tellement réussi, c'est le portrait des quatres Pelouzards, des types dont on n'apprendra pas grand chose mais qui paraissent définitivement irrécupérables. Seul ce travail de "Pelouzard" les tient debout.
L'auteur a du bien étudier le terrain.
Autre argument, le style magnifique de l'auteur, truffé d'expressions normando-chti, confit de petit détails qui font mouche, bourré d'empathie pour des personnages qui n'en font aucunement preuve, un des meilleurs styliste du polar Français, a mon goût, enfin disons ce qui me parait indiscutable, un des meilleurs producteurs français de série noires.

A lire "la pente", aussi, situé en Normandie.

txoa a écrit:A lire "la pente", aussi, situé en Normandie.

Je vois que tu épouses vite la tendance actuelle. On chronique vite mais bien, dorénavant, sur le Bazar.

Je m'étonne encore que cet excellent auteur, dont au moins deux romans sont très ancrés dans le terroir ("la bourde" se passe peut-être aussi la bas, je ne me rappelle plus, c'est aussi une histoire rurale) ne soit pas au moins célébré comme auteur "régionnaliste" normand.