Les seins de glace - Richard Matheson (1955)
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Les seins de glace - Richard Matheson (1955)
J’étais venu en Californie pour me reposer, pour écrire un roman, pour profiter du soleil…
Et quelques semaines plus tard, j’étais poursuivi par un homme en voiture. Un homme décidé à me tuer. Il ne me connaissait même pas, mais il voulait ma peau parce qu’il obéissait à des ordres.
Moi, je n’avais rien d’un champion. Quand on me tape dessus, ça me fait mal. Mais je ne pouvais pas me dérober. Sans moi, qui protègerait Peggy ?
Peggy, c’est sur une plage que David va la rencontrer. La voir, tout d’abord. La regarder longtemps avant d’oser l’aborder. Peggy, craintive, méfiante, fragile, troublante. Qui cache quelque chose, mais à qui notre narrateur va s’accrocher.
Peggy le mènera à Jim, riche avocat et ancienne connaissance de David. Puis Audrey, officiellement mariée à Jim. Puis Steig, chauffeur et homme de main de l’avocat – une armoire à glace allemande dressée pour tuer. Steig ne fait qu’obéir aux ordres, aveuglément. Il ne pense pas.
Mais avant d’en arriver à la spectaculaire course poursuite nocturne de ce roman, il y aura bien des étapes à franchir. Une succession de défis pour David, fou de Peggy.
Peggy est la beauté et la douceur incarnées. Une fée qui se déplace et fait tomber des hommes. A moins que ce ne soit l’inverse, puisque aucun homme n’est parvenu à la toucher jusqu’à ce jour. C’est un mystère et c’est là le nœud de l’intrigue. Peggy, c’est elle la Série noire. Reste à comprendre pourquoi.
Matheson nous raconte cette histoire sans tenter de nous séduire avec ses phrases, mais bien de nous faire succomber au charme de Peggy. Il nous envoûte en la suivant, en la révélant peu à peu, en traquant ses failles et ses angles obscurs. Il y parvient. Il nous livre Peggy avec ses tripes, et les pages se tournent sans qu’on s’en aperçoive. Son écriture est semblable aux paroles qu’un confident nous livrerait si l’on était seul avec lui dans une pièce aux murs épais, capables de nous préserver des oreilles indiscrètes. Il nous parle à nous et s’adresse même à nous par moments, comme pour nous demander notre avis ; s’assurer qu’on le suit et qu’il ne déraille pas.
C’est une histoire d’amour, et Matheson nous explique jusqu’où peut nous mener cette folie qui repose en nous, à la façon d’une petite graine sèche, et qu’un être peut parvenir à briser pour la faire germer, puis ramper comme la tige d’une plante épineuse, à notre insu, sans qu’on s’en rende même compte. C’est un jeu pervers et il l’organise avec subtilité, progressivement, en nous entraînant dans son jeu et en retournant contre nous-même cette perversité. Car on se retrouve pris au piège avec l’auteur lui-même.
Qui finira par écrire son roman.
Celui de Richard Matheson n’a pas du tout l’air d’avoir passé le demi-siècle. Il est moderne.
C’est de la noirceur issue de l’esprit humain. C’est la plus redoutable.
Série noire n°254
Et quelques semaines plus tard, j’étais poursuivi par un homme en voiture. Un homme décidé à me tuer. Il ne me connaissait même pas, mais il voulait ma peau parce qu’il obéissait à des ordres.
Moi, je n’avais rien d’un champion. Quand on me tape dessus, ça me fait mal. Mais je ne pouvais pas me dérober. Sans moi, qui protègerait Peggy ?
Peggy, c’est sur une plage que David va la rencontrer. La voir, tout d’abord. La regarder longtemps avant d’oser l’aborder. Peggy, craintive, méfiante, fragile, troublante. Qui cache quelque chose, mais à qui notre narrateur va s’accrocher.
Peggy le mènera à Jim, riche avocat et ancienne connaissance de David. Puis Audrey, officiellement mariée à Jim. Puis Steig, chauffeur et homme de main de l’avocat – une armoire à glace allemande dressée pour tuer. Steig ne fait qu’obéir aux ordres, aveuglément. Il ne pense pas.
Mais avant d’en arriver à la spectaculaire course poursuite nocturne de ce roman, il y aura bien des étapes à franchir. Une succession de défis pour David, fou de Peggy.
Peggy est la beauté et la douceur incarnées. Une fée qui se déplace et fait tomber des hommes. A moins que ce ne soit l’inverse, puisque aucun homme n’est parvenu à la toucher jusqu’à ce jour. C’est un mystère et c’est là le nœud de l’intrigue. Peggy, c’est elle la Série noire. Reste à comprendre pourquoi.
Matheson nous raconte cette histoire sans tenter de nous séduire avec ses phrases, mais bien de nous faire succomber au charme de Peggy. Il nous envoûte en la suivant, en la révélant peu à peu, en traquant ses failles et ses angles obscurs. Il y parvient. Il nous livre Peggy avec ses tripes, et les pages se tournent sans qu’on s’en aperçoive. Son écriture est semblable aux paroles qu’un confident nous livrerait si l’on était seul avec lui dans une pièce aux murs épais, capables de nous préserver des oreilles indiscrètes. Il nous parle à nous et s’adresse même à nous par moments, comme pour nous demander notre avis ; s’assurer qu’on le suit et qu’il ne déraille pas.
C’est une histoire d’amour, et Matheson nous explique jusqu’où peut nous mener cette folie qui repose en nous, à la façon d’une petite graine sèche, et qu’un être peut parvenir à briser pour la faire germer, puis ramper comme la tige d’une plante épineuse, à notre insu, sans qu’on s’en rende même compte. C’est un jeu pervers et il l’organise avec subtilité, progressivement, en nous entraînant dans son jeu et en retournant contre nous-même cette perversité. Car on se retrouve pris au piège avec l’auteur lui-même.
Qui finira par écrire son roman.
Celui de Richard Matheson n’a pas du tout l’air d’avoir passé le demi-siècle. Il est moderne.
C’est de la noirceur issue de l’esprit humain. C’est la plus redoutable.
Série noire n°254
Dernière édition par stalker le Ven 17 Juil - 1:18, édité 1 fois
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Les seins de glace - Richard Matheson (1955)
Adapté au cinéma avec Brasseur, Delon et Darc dans les principaux rôles.
André Toutou- Messages : 88
Date d'inscription : 17/05/2009
Re: Les seins de glace - Richard Matheson (1955)
Exact, réalisé en 1974 par Georges Lautner. Je suis en train de voir si je peux me le procurer.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Les seins de glace - Richard Matheson (1955)
Oui, Mlle Darc y est habillée par Guy Laroche...
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Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
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