Padgett, Abigail - Petite Tortue (1995 - Rivages 2006)

par edmond Gropl Sam 27 Sep - 14:07

Il a les cheveux noirs et la peau brune. Acito, dont le prénom signifie «petite tortue», est un bébé de huit mois d'origine maya. Il a survécu de justesse à un empoisonnement. Les analyses révèlent que l'agent toxique est une plante tropicale aussi rare que mortelle. Pour le docteur andrew lamarche, il ne peut s'agir d'un accident. Ce qui semble mettre hors de cause la famille dans laquelle l'enfant était gardé, mais jette le soupçon sur sa mère, une chanteuse nommée chac : elle venait de rendre visite à son fils avant qu'il ne tombe malade.

Chargée d'effectuer l'enquête préliminaire pour le compte du service de protection de l'enfance de san diego, bo bradley va rencontrer chac à tijuana, mais c'est une route semée d'enbûches qui l'attend, jusqu'à la vérité.

Dans cette cinquième enquête de bo bradley, on retrouve le ton familier d'abigail padgett, mélange d'humour acerbe et d'empathie pour des êtres aux prises avec des situations tragiques. L'oeuvre de padgett a été saluée pour son originalité dans le monde du roman noir féminin.

Cinquième aventure de Bo Bradley, l'héroïne Borderline d'Abigail Padgett. Elle souffre de psychose maniaco dépressive et ne peut concevoir le bonheur sans son psy, le docteur Eve Broussard, une drôle de thérapeute qui vit dans le desert et qui est spécialisée dans le traitement des personnes ayant vu des extra terrestres.

Il s'agit pour Bo Bradley, assistante sociale à l'aide à l'enfance à San Diego, dans cet opus, d'enquêter sur l'empoisonnement d'un bébé d'origine Maya (le bébé, Acito (petite tortue) survivra). Il s'agira aussi pour elle de ne pas péter un cable, car à chaque situation nouvelle, la chimie altérée de son cerveau lui joue des tours. Voila toute la spécificité de ce personnage unique du roman noir, elle ne contrôle pas sa vie mais doit contrôler celle des autres. Sa maladie lui donne un avantage, si elle semble incapable de gerer ses propres contradictions, elle se révèle extraordinairement douée lorsque au cours de l'enquête et au détour d'un buisson surgit un psychopathe, un dérangé mental ( et il faut croire qu'il en erre beaucoup en Californie)là, elle sait leur parler et faire autre chose que leur passer les menottes ou leur envoyer des guili-guilis avec un taser. Ca donne lieu à d'extraordinares pages où se révèle le talent d'Abigail Padgett, par ailleurs Avocate spécialisée dans la défense des malades mentaux.

Une autre qualité du roman, c'est la sincérité absolue du propos. A travers les enquêtes, la problèmatique du face à face Californiene Nantie, boboïssime /immigrés de l'amérique latine traversant le desert à pied est traitée sans aucune démagogie, sans que l'on puisse trouver quelque chose à redire ( du moins, sans que je puisse..)

Dernière chose, ce roman respecte tout à fait le cahier des charges polar, suspens, fausses pistes et dénouement.

Je ne suis pas trop interessé par le débat féminin/masculin dans la littérature noire, mais il me semble que le travail d'A. Padgett est incontournable pour tout discours sur le sujet.