Rapt - Lucas Belvaux (2009)
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Rapt - Lucas Belvaux (2009)
Vêtu d’un costume sur mesure impeccable, rasé de près, l’homme, agile, descend et monte d’imposants escaliers qui le mènent de son bureau à l’hôtel particulier où il habite, et où habitent également une femme parfaite, et deux filles dans le prolongement. Ceux qui le croisent l’appellent Président. Une voiture avec chauffeur. Sur des meubles cossus, on trouve des verres et une bouteille d’alcool cher dont on se sert parfois. Côté off, un studio parfaitement décoré pour ses jolies maîtresses, ou une table sur laquelle s’empilent des jetons et des cartes, à la fin de certaines parties des chèques valant très chers sont parfois signés.
Le film commence comme ça, au plus près de la fluidité de cet homme riche et puissant, agile, libre pas seulement grâce à cette puissance et cette richesse dont on suppose déjà qu’elles peuvent être une forme d’enfermement, mais parce qu’il cultive dans sa vie même des compartiments étanches, secrets.
Puis, le
L’agilité de l’homme est réduite physiquement à néant puisqu’il est emprisonné ; son corps est restreint, mutilé, anémié, il se recouvre de poils comme un animal. C’est le corps de l’homme que les ravisseurs emprisonnent, et, à l’extérieur, c’est sa vie à tiroir qu’on examine, qu’on déballe, qu’on exhibe, pour mieux la trouver insupportable, non-conforme, inadmissible, à tel point que lorsqu’il est libéré, il devient un reclus au dehors, privé de ses secrets qui fondaient pour partie se condition d’homme libre.
Le film est sobre, dégraissé comme le corps d’Yvan Attal (et son jeu d’ailleurs, magnifique). Par sa forme, il dégage, il fait ressortir, il montre au grand jour, dans toute leur crudité et leur complexité, les rapports humains tissés autour de cet homme, à partir de l’évènement perturbateur qu’est le rapt. Bien sûr, il y a la cupidité et l’avidité des hommes d’affaires qui l’entourent et qui convoitent sa place, l’instrumentalisation de leur dégoût pour cet homme qui n’était pas ce qu’il paraissait, mais peut-être aussi leur envie non pas pour le pouvoir ou l’argent, mais pour ce qu’il s’octroyait en sus avec ses autres vies. De la même façon, le film montre de façon complexe les rapports amoureux, la façon dont les différentes souffrances se mettent en place, l’impossibilité des êtres à reconnaître et à comprendre celle de l’autre, la difficulté à aimer l’autre sans vouloir l’enfermer dans une cage. Je crois que la complexité tient en partie au fait qu’il refuse toute empathie facile au spectateur envers n’importe lequel des personnages, et qu’il nous force à travailler de façon sous-jacente et personnelle sur un positionnement par rapport aux questions qu’il soulève.
Sur un plan plus polardeux, je l’ai trouvé particulièrement intéressant sur la question du qu’est-ce qu’il se passe en cas d’enlèvement avec demande de rançon : les différentes stratégies possibles, le prix de l’humain, etc. ; et la scène où les flics suivent la rançon pour essayer de choper les ravisseurs, avec un passage en hélico, est particulièrement réussie, aussi peut-être par ce qu’elle contient de graines métaphoriques sur la vie et la liberté.
Le film commence comme ça, au plus près de la fluidité de cet homme riche et puissant, agile, libre pas seulement grâce à cette puissance et cette richesse dont on suppose déjà qu’elles peuvent être une forme d’enfermement, mais parce qu’il cultive dans sa vie même des compartiments étanches, secrets.
Puis, le
L’agilité de l’homme est réduite physiquement à néant puisqu’il est emprisonné ; son corps est restreint, mutilé, anémié, il se recouvre de poils comme un animal. C’est le corps de l’homme que les ravisseurs emprisonnent, et, à l’extérieur, c’est sa vie à tiroir qu’on examine, qu’on déballe, qu’on exhibe, pour mieux la trouver insupportable, non-conforme, inadmissible, à tel point que lorsqu’il est libéré, il devient un reclus au dehors, privé de ses secrets qui fondaient pour partie se condition d’homme libre.
Le film est sobre, dégraissé comme le corps d’Yvan Attal (et son jeu d’ailleurs, magnifique). Par sa forme, il dégage, il fait ressortir, il montre au grand jour, dans toute leur crudité et leur complexité, les rapports humains tissés autour de cet homme, à partir de l’évènement perturbateur qu’est le rapt. Bien sûr, il y a la cupidité et l’avidité des hommes d’affaires qui l’entourent et qui convoitent sa place, l’instrumentalisation de leur dégoût pour cet homme qui n’était pas ce qu’il paraissait, mais peut-être aussi leur envie non pas pour le pouvoir ou l’argent, mais pour ce qu’il s’octroyait en sus avec ses autres vies. De la même façon, le film montre de façon complexe les rapports amoureux, la façon dont les différentes souffrances se mettent en place, l’impossibilité des êtres à reconnaître et à comprendre celle de l’autre, la difficulté à aimer l’autre sans vouloir l’enfermer dans une cage. Je crois que la complexité tient en partie au fait qu’il refuse toute empathie facile au spectateur envers n’importe lequel des personnages, et qu’il nous force à travailler de façon sous-jacente et personnelle sur un positionnement par rapport aux questions qu’il soulève.
Sur un plan plus polardeux, je l’ai trouvé particulièrement intéressant sur la question du qu’est-ce qu’il se passe en cas d’enlèvement avec demande de rançon : les différentes stratégies possibles, le prix de l’humain, etc. ; et la scène où les flics suivent la rançon pour essayer de choper les ravisseurs, avec un passage en hélico, est particulièrement réussie, aussi peut-être par ce qu’elle contient de graines métaphoriques sur la vie et la liberté.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Rapt - Lucas Belvaux (2009)
Je me souviens de l'enlèvement du Baron Empain, j'avais treize ans. Je me souviens du discours ambiant qui disait que en tant que très riche homme d'affaire (et tenant du capital), il avait mérité ce qu'il avait enduré. C'était oublié un peu vite que cet enlèvement était purement crapuleux et nullement politique. Et puis un jour j'ai vu une interview de cet homme. Il disait qu'avant il correspondait pleinement à l'image que l'on se faisait de lui, argent facile, cocotiers et belles femmes. Et puis il y eut ce grand bouleversement dans sa vie, meurtri dans son âme et dans sa chair. Et en est ressorti un homme touchant, profond, dans l'introspection.
Que déduire de ça ?
Que déduire de ça ?
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Rapt - Lucas Belvaux (2009)
Quelqu'un ici à t'il vu "Les Edukators", ou un truc du genre. Film allemand sur le même thème. Pas un grand film, mais un film Édifiant.
Searclaw- Messages : 312
Date d'inscription : 04/08/2009
Localisation : Terre
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Rapt - Lucas Belvaux (2009)
Les Edukateurs. J'ai retrouvé (merci wikipedia) Je l'avais vu sur Arte il y'a quelques années. Ça se tente. Je vais pas dire que je le conseille, mais presque....
Searclaw- Messages : 312
Date d'inscription : 04/08/2009
Localisation : Terre
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