Etchison Dennis - California gothic (1996)
2 participants
Page 1 sur 1
Etchison Dennis - California gothic (1996)
« Je vis dans un film d'horreur. Sauf que cette horreur n'a rien à voir avec la nécrophilie, les messes noires ou les croix fichées à l'envers. Ni avec des vampires aquaphobes ou des zombies employés dans des champs de canne à sucre qui se jettent aveuglément du haut d'une falaise dès qu'un type avec un accent de concasseur le leur ordonne. Non, il s'agit de la vie réelle ! »
Une lettre signée d'une militante extrémiste qui a jadis péri par le feu, un crime accompagné de signes mystérieux, l'incendie d'un cimetière de voitures... et voici Dan et Evie Markham plongés dans une aventure où le réel et l'impossible, comme dans les films d'épouvante tant prisés de leur jeune fils Eddie, s'ingénient à faire monter leur angoisse, à transformer une journée californienne apparemment comme les autres en une spirale cauchemardesque.
Un jour, Gropl a parlé d’une peur élémentaire procurée par le simple mouvement d’une bâche plastique recouvrant un meuble dans une chambre (d’adolescent). J’attendais que cette scène survienne au cours de la lecture de ce roman d’Etchison. Elle est survenue, après bien d’autres, similaires, en provenance d’autres éléments anodins, parmi ceux qui nous entourent sans cesse, et qu’on ne regarde pas systématiquement – qu’on ne remarque pas.
La peur est potentielle à chaque instant ; elle peut être éveillée par un mouvement dans des branches, dans des choses accumulées au fond d’un garage, dans un salon qu’aucune lumière n’éclaire encore, mais où des formes naissent néanmoins – dans le regard d’une fille ou au contact de sa peau, si particulier, mais aucune peau n’est comparable à nulle autre, dit l’auteur ; chacune possède son propre grain.
Le point fort, à mon sens, dans ce roman, est le rapport établi entre la réalité et le cinéma. Rapport auquel se joint la substance même du roman (que Rivages intègre à sa collection Effroi). L’effroi logé entre réalité et cinéma. Le cinéma intervient par l’intermédiaire d’Eddie, jeune garçon passionné de cinéma de genre ; imbibé, je dirais – imprégné, voire habité. L’auteur, qui joue d’un bout à l’autre du roman sur l’alternance des points de vue (y compris au sein d’un même paragraphe) n’hésite pas à injecter dans son texte des extraits de scénarios, en utilisant tous les codes propres à cette écriture spécifique : un film ou des fragments de films s’insèrent dans le roman et se déroulent en parallèle du récit, ou dans son propre corps.
Eddie (caméra à l’épaule ou objectif grand angle incrusté au cerveau) semble ainsi à la fois vivre, et à la fois évoluer dans le fantasme permanent d’un film – de puiser dans le réel la matière d’une fiction héritée de ses maîtres, que sont entre autres Romero et Carpenter. Il reproduit le processus qu’Etchison utilise lui-même pour écrire son roman. La mise en abîme est déroutante, multiple, parfois confuse.
A terme, le récit apparaît comme une forme d’entité où tous les doutes sont permis, où tout s’avère possible, tant dans le cinéma que dans le roman et la réalité dont elle tire sa sève. La collision est éprouvante et l’écriture d’Etchison la rend à la fois limpide, par son écriture, et à la fois complexe, dans son intrigue. Il sollicite sans cesse la vigilance du lecteur à l’égard de ce qui l’entoure et joue sur les détails. Il joue de même sur un terrain particulièrement délicat, celui de la réalité ; celle où le cinéma et la littérature de genre ne sont rien d’autre que des excroissances de nos propres pulsions (contenues, tenues secrètes et à distance de ce qu’on vit, de ce qu’il faut vivre, de la façon dont on nous a recommandé de le vivre – pas autrement).
Mais les pulsions sont effectives, néanmoins.
Il y a deux façons de concevoir un zombie : le second degré et l’autre.
Une lettre signée d'une militante extrémiste qui a jadis péri par le feu, un crime accompagné de signes mystérieux, l'incendie d'un cimetière de voitures... et voici Dan et Evie Markham plongés dans une aventure où le réel et l'impossible, comme dans les films d'épouvante tant prisés de leur jeune fils Eddie, s'ingénient à faire monter leur angoisse, à transformer une journée californienne apparemment comme les autres en une spirale cauchemardesque.
Un jour, Gropl a parlé d’une peur élémentaire procurée par le simple mouvement d’une bâche plastique recouvrant un meuble dans une chambre (d’adolescent). J’attendais que cette scène survienne au cours de la lecture de ce roman d’Etchison. Elle est survenue, après bien d’autres, similaires, en provenance d’autres éléments anodins, parmi ceux qui nous entourent sans cesse, et qu’on ne regarde pas systématiquement – qu’on ne remarque pas.
La peur est potentielle à chaque instant ; elle peut être éveillée par un mouvement dans des branches, dans des choses accumulées au fond d’un garage, dans un salon qu’aucune lumière n’éclaire encore, mais où des formes naissent néanmoins – dans le regard d’une fille ou au contact de sa peau, si particulier, mais aucune peau n’est comparable à nulle autre, dit l’auteur ; chacune possède son propre grain.
Le point fort, à mon sens, dans ce roman, est le rapport établi entre la réalité et le cinéma. Rapport auquel se joint la substance même du roman (que Rivages intègre à sa collection Effroi). L’effroi logé entre réalité et cinéma. Le cinéma intervient par l’intermédiaire d’Eddie, jeune garçon passionné de cinéma de genre ; imbibé, je dirais – imprégné, voire habité. L’auteur, qui joue d’un bout à l’autre du roman sur l’alternance des points de vue (y compris au sein d’un même paragraphe) n’hésite pas à injecter dans son texte des extraits de scénarios, en utilisant tous les codes propres à cette écriture spécifique : un film ou des fragments de films s’insèrent dans le roman et se déroulent en parallèle du récit, ou dans son propre corps.
Eddie (caméra à l’épaule ou objectif grand angle incrusté au cerveau) semble ainsi à la fois vivre, et à la fois évoluer dans le fantasme permanent d’un film – de puiser dans le réel la matière d’une fiction héritée de ses maîtres, que sont entre autres Romero et Carpenter. Il reproduit le processus qu’Etchison utilise lui-même pour écrire son roman. La mise en abîme est déroutante, multiple, parfois confuse.
A terme, le récit apparaît comme une forme d’entité où tous les doutes sont permis, où tout s’avère possible, tant dans le cinéma que dans le roman et la réalité dont elle tire sa sève. La collision est éprouvante et l’écriture d’Etchison la rend à la fois limpide, par son écriture, et à la fois complexe, dans son intrigue. Il sollicite sans cesse la vigilance du lecteur à l’égard de ce qui l’entoure et joue sur les détails. Il joue de même sur un terrain particulièrement délicat, celui de la réalité ; celle où le cinéma et la littérature de genre ne sont rien d’autre que des excroissances de nos propres pulsions (contenues, tenues secrètes et à distance de ce qu’on vit, de ce qu’il faut vivre, de la façon dont on nous a recommandé de le vivre – pas autrement).
Mais les pulsions sont effectives, néanmoins.
Il y a deux façons de concevoir un zombie : le second degré et l’autre.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Etchison Dennis - California gothic (1996)
A ma tres relative connaissance, il y a eu que deux titres dans la collection rivages Effroi. Le second est aussi un Dennis Etchinson, encore plus centré sur le cinéma d'horreur.
Re: Etchison Dennis - California gothic (1996)
Le démon de l'ombre. Si je tombe dessus, je le lirai.
Collection dirigée par Thierry Marignac. Au moins cinq autres livres sont sortis dans cette collection, dont un Matheson.
California gothic a été réédité ensuite, chez Denoël.
Collection dirigée par Thierry Marignac. Au moins cinq autres livres sont sortis dans cette collection, dont un Matheson.
California gothic a été réédité ensuite, chez Denoël.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Sujets similaires
» Lehane, Dennis - Un dernier verre avant la guerre (1994 - Rivages 2001)
» Description d'une casse auto par Dennis Etchinson.
» Shutter Island - Christian De Metter / Dennis Lehane (2008)
» Lehane, Dennis - Mystic River (2001 - Rivages 2002)
» Description d'une casse auto par Dennis Etchinson.
» Shutter Island - Christian De Metter / Dennis Lehane (2008)
» Lehane, Dennis - Mystic River (2001 - Rivages 2002)
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|