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Re: Aujourd'hui
Mon post n'avait rien à voir avec la réforme des retraites et correspondait à "aujourd'hui". C'est drôle qu'il ait été associé à ça. Drôle aussi que personne n'y rebondisse d'autant que j'avais ouvert une porte en évoquant les peurs. Je me pose des questions sur notre incapacité (gauchiste ?) à causer de ça sans bien sûr verser dans un truc nauséabond que je tiens par dessus tout à éviter.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Ce qui est troublant avec la burka, je trouve, en dehors de l’aspect politique, c’est ce que ça induit de rapport à la vue. A la fois c’est extrêmement visible (et toujours impressionnant - bien qu’à Marseille, je rejoins Gropl, on en voit très peu), et en même temps ça permet de se cacher. Comme Gropl j’ai pensé à tester le truc, un jour, pour voir (je suis beaucoup moins grande, ça devrait être faisable).
D’un point de vue purement féminin (humain), il est vrai que c’est certainement le plus souvent un asservissement – au sens où ce n’est pas choisi (asservissement à une religion dévoyée, à un homme), mais, en même temps, je ne peux m’empêcher de penser qu’une autre sorte d’asservissement existe dans nos sociétés occidentales, qui est celui du corps parfait, du corps perpétuellement jeune, du corps en permanence séduisant. Et donc, encore et toujours du corps dédié à un autre (qui devrait être comme ci et comme ça, dans l’unique but de plaire et d’être au top sur encore un autre marché, celui de l’amouuur). Ce sont des petites filles genre douze ans qui causent de régimes, dans un bus, d’autres plus grandes qui se font lisser leurs rides à même pas 30 ans, des mères qui offrent de nouveaux seins à leurs filles, etc.
Bon, ce n’est pas pour légitimer la burka, c’est juste pour évoquer le fait qu’il existe parfois des sommations inquiétantes, bien que plus insidieuses.
Ce qui fait peur, je crois, de façon primitive et pour en revenir à ce que tu évoques, Txoa, c’est le fait de ne pas voir le visage. Comme si c’était le visage qui attestait du caractère vivant de l’Autre, avec qui, alors, il serait possible de rentrer en relation. Le visage masqué fait peur car il interdit l’échange, comme avec un mort (ou un clown, ou un braqueur caché sous un masque). Ce qui fait peur aussi, dans le même ordre d’idée, c’est un visage figé, ou retrancher vers un ailleurs (comme dans les absences de certaines personnes épileptiques).
Dans un épisode de la 4ème dimension, un type est prisonnier tout seul sur une planète éloignée. Par compassion, un des gardiens qui passe le ravitailler lui amène une femme-robot. Je crois que s’il s’y attache comme à une vraie femme, bien qu’il sache que c’est un robot, c’est parce qu’elle a un visage (un robot sans visage, un robot en burka, ça n’aurait pas marché).
D’un autre côté, force est de constater que sur internet, la question du visage ne se pose pas (ou pas de façon préalable) ; c’est peut-être parce que tout passe, par convention et technique, par les mots (et que ce sont ces mots qui attestent dans ce cas, préalablement, de l’humain réel).
D’un point de vue purement féminin (humain), il est vrai que c’est certainement le plus souvent un asservissement – au sens où ce n’est pas choisi (asservissement à une religion dévoyée, à un homme), mais, en même temps, je ne peux m’empêcher de penser qu’une autre sorte d’asservissement existe dans nos sociétés occidentales, qui est celui du corps parfait, du corps perpétuellement jeune, du corps en permanence séduisant. Et donc, encore et toujours du corps dédié à un autre (qui devrait être comme ci et comme ça, dans l’unique but de plaire et d’être au top sur encore un autre marché, celui de l’amouuur). Ce sont des petites filles genre douze ans qui causent de régimes, dans un bus, d’autres plus grandes qui se font lisser leurs rides à même pas 30 ans, des mères qui offrent de nouveaux seins à leurs filles, etc.
Bon, ce n’est pas pour légitimer la burka, c’est juste pour évoquer le fait qu’il existe parfois des sommations inquiétantes, bien que plus insidieuses.
Ce qui fait peur, je crois, de façon primitive et pour en revenir à ce que tu évoques, Txoa, c’est le fait de ne pas voir le visage. Comme si c’était le visage qui attestait du caractère vivant de l’Autre, avec qui, alors, il serait possible de rentrer en relation. Le visage masqué fait peur car il interdit l’échange, comme avec un mort (ou un clown, ou un braqueur caché sous un masque). Ce qui fait peur aussi, dans le même ordre d’idée, c’est un visage figé, ou retrancher vers un ailleurs (comme dans les absences de certaines personnes épileptiques).
Dans un épisode de la 4ème dimension, un type est prisonnier tout seul sur une planète éloignée. Par compassion, un des gardiens qui passe le ravitailler lui amène une femme-robot. Je crois que s’il s’y attache comme à une vraie femme, bien qu’il sache que c’est un robot, c’est parce qu’elle a un visage (un robot sans visage, un robot en burka, ça n’aurait pas marché).
D’un autre côté, force est de constater que sur internet, la question du visage ne se pose pas (ou pas de façon préalable) ; c’est peut-être parce que tout passe, par convention et technique, par les mots (et que ce sont ces mots qui attestent dans ce cas, préalablement, de l’humain réel).
Dernière édition par limbes le Ven 22 Oct - 21:25, édité 1 fois
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
(Sinon, aujourd'hui, dans les amas de déchets, j'ai vu des bouquins - ça m'ennuie qu'on les jette, quand même, au lieu de les donner. J'ai piqué un Stephen King et laissé Chateaubriand à son triste sort)
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Je suis d'accord avec toi, Limbes, ces gamines de douze ans le string qui dépassent du jean taille basse, ces mêmes gamines fringuées comme leurs mères le souhaiteraient pour elles et le font par procuration, celles là sont l'autre face de la même médaille.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Une question d’aujourd’hui un peu intime, sur l’écriture (votre propre façon de l’envisager) :
Est-ce que la question s’est déjà posée pour vous du « droit à » pouvoir le faire, même rien que pour soi ? Chewie parlait ailleurs du temps pris, du temps volé, il y a ça, d’abord, bien sûr, et c’est énorme, mais, plus encore, comment s’autoriser à ça ? Je veux dire, j’entends souvent plein d’auteurs dire, j’écris depuis toujours, j’écris comme je respire, comme si ça légitimait qqch. Et si ce n’est pas le cas ? Je ne sais pas, j’ai l’impression pour mon propre compte, et même si tout le monde s’en fout, car c’est bien là le propre du truc, que rien ne nous oblige, personne ne nous attend, personne ne nous demande rien, il y a suffisamment de mots et de livres partout, j’ai l’impression d’une instance à l’intérieur de moi qui dit : non, toi, vraiment, ma pauvre fille, laisse tomber. Du coup, écrire, c’est comme désobéir, passer outre, transgresser (mais toujours cette idée que c’est minable et que je ne devrais pas)
Est-ce que vous avez ce genre de tribunaux intérieurs ? Comment les dépasser ? Faut-il les dépasser ? Comment faites-vous avec ça ? C’est d’ailleurs pour cette raison que pour ma part, dans mes amis, mes proches, etc, personne ne sait que je tente d’écrire. Ce serait comme raconter ma vie sexuelle, presque, ou comme une mise à nu pathétique. Et même ici, je ne le fais qu’incidemment, comme ça, en passant, comme si ça n’avait pas la moindre importance. Je me sens honteuse, en fait. Un état d’être inexpiable et pourtant, intimement nécessaire (une mise en forme nécessaire). Je serais curieuse de savoir comment c’est pour vous, et si, de ce point de vue, ça change quelque chose de s’inscrire dans une démarche de publication, couronnée ou non de succès.
Est-ce que la question s’est déjà posée pour vous du « droit à » pouvoir le faire, même rien que pour soi ? Chewie parlait ailleurs du temps pris, du temps volé, il y a ça, d’abord, bien sûr, et c’est énorme, mais, plus encore, comment s’autoriser à ça ? Je veux dire, j’entends souvent plein d’auteurs dire, j’écris depuis toujours, j’écris comme je respire, comme si ça légitimait qqch. Et si ce n’est pas le cas ? Je ne sais pas, j’ai l’impression pour mon propre compte, et même si tout le monde s’en fout, car c’est bien là le propre du truc, que rien ne nous oblige, personne ne nous attend, personne ne nous demande rien, il y a suffisamment de mots et de livres partout, j’ai l’impression d’une instance à l’intérieur de moi qui dit : non, toi, vraiment, ma pauvre fille, laisse tomber. Du coup, écrire, c’est comme désobéir, passer outre, transgresser (mais toujours cette idée que c’est minable et que je ne devrais pas)
Est-ce que vous avez ce genre de tribunaux intérieurs ? Comment les dépasser ? Faut-il les dépasser ? Comment faites-vous avec ça ? C’est d’ailleurs pour cette raison que pour ma part, dans mes amis, mes proches, etc, personne ne sait que je tente d’écrire. Ce serait comme raconter ma vie sexuelle, presque, ou comme une mise à nu pathétique. Et même ici, je ne le fais qu’incidemment, comme ça, en passant, comme si ça n’avait pas la moindre importance. Je me sens honteuse, en fait. Un état d’être inexpiable et pourtant, intimement nécessaire (une mise en forme nécessaire). Je serais curieuse de savoir comment c’est pour vous, et si, de ce point de vue, ça change quelque chose de s’inscrire dans une démarche de publication, couronnée ou non de succès.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Aujourd'hui
Je te rejoindrai dans tes questionnements, pour ma part, en ce qui concerne la musique. Là, j'ai ce problème de "mise a nu". Je peux jouer pendant des heures seul, mais suis totalement incapable devant quelqu'un. (en groupe, ca me pose pas de problème).
Pour l'ecriture, je n'ai pas de reserve, ca s'apparente à "parler", tout ce que j'ecris je peux le raconter, et que comme je suis plutot bavard.
Selon les circonstances, la démarche de publication ajoute de la tension nerveuse, peut-être pas dans l'acte d'ecrire, peut-être dans la peur d'être mal compris ou jugé, je sais pas. En fait, ca rationnalise les choses, on ecrit dans un processus logique, ca peut faciliter l'ecriture (il y a un objectif) comme la paralyser.
Pour l'ecriture, je n'ai pas de reserve, ca s'apparente à "parler", tout ce que j'ecris je peux le raconter, et que comme je suis plutot bavard.
Selon les circonstances, la démarche de publication ajoute de la tension nerveuse, peut-être pas dans l'acte d'ecrire, peut-être dans la peur d'être mal compris ou jugé, je sais pas. En fait, ca rationnalise les choses, on ecrit dans un processus logique, ca peut faciliter l'ecriture (il y a un objectif) comme la paralyser.
Re: Aujourd'hui
N'est ce pas lié à la nature de ce qu'on écrit ? Si on est dans une écriture très fictionnelle (même si une part de soi demeure dans tous les écrits, fut ce dans la fiction mais mis à distance par elle), on est peut être plus à l'aise pour le montrer que si on est dans une écriture plus introspective, plus intime.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
il y a suffisamment de mots et de livres partout, j’ai l’impression d’une instance à l’intérieur de moi qui dit : non, toi, vraiment, ma pauvre fille, laisse tomber.
J'ai ressenti ça aussi à une époque. Je pense que c'est une réaction parfaitement saine et normale chez qui est un minimum amoureux de la littérature. Il faut une bulle d'égocentrisme énorme pour se dire que nous aussi, on a peut-être notre mot à dire, nos pages à écrire. Cette bulle, il ne faut pas la nier, ni la contrecarrer, il faut l'entretenir jusqu'à ce qu'elle nous éclate à la figure, comme une bulle de chewing-gum. Une fois qu'on a l'air bien idiot avec notre chewing-gum collé aux lèvres, on peut passer du stade d'apprenti écrivain à écrivain débutant.
Mais, en ce qui me concerne, il n'était pas question de transgression, mais plutôt d'apprendre à dompter son orgueil, pour n'en utiliser que la partie fertile, la partie propice à produire un écrit. je dirais qu'il faut beaucoup d'orgueil pour se lancer dans un projet d'écriture, et beaucoup d'humilité pour le mener à bien.
C’est d’ailleurs pour cette raison que pour ma part, dans mes amis, mes proches, etc, personne ne sait que je tente d’écrire
Je pense que c'est avant tout une question de sagesse. Si tu dis que tu écrits et que tu n'as jamais été publié, j'ai remarqué pour ma part deux types de comportement récurrents :
- la commisération des gens très proches qui vous aiment bien, style "le pauvre, il va tomber de haut, tout ce temps perdu pour rien", qui est souvent très proche de la pitié (et c'est assez bizarre de constater que vous faîtes pitié à des très proches...),
- le mépris vaguement envieux des gens moins proches, style "c'est ça, ouais, quel mythomane ce type, comme il se la joue".
Le pire, c'est de voir les gens gênés attendre de placer le fatidique : "et tu as été publié ?" (avec plus ou moins de méchanceté d'ailleurs). Autrement dit, sans éditeur, pas d'écrivain.
- la commisération des gens très proches qui vous aiment bien, style "le pauvre, il va tomber de haut, tout ce temps perdu pour rien", qui est souvent très proche de la pitié (et c'est assez bizarre de constater que vous faîtes pitié à des très proches...),
- le mépris vaguement envieux des gens moins proches, style "c'est ça, ouais, quel mythomane ce type, comme il se la joue".
Le pire, c'est de voir les gens gênés attendre de placer le fatidique : "et tu as été publié ?" (avec plus ou moins de méchanceté d'ailleurs). Autrement dit, sans éditeur, pas d'écrivain.
Chewie- Messages : 240
Date d'inscription : 13/01/2010
Re: Aujourd'hui
Bonjour,
si je comprends bien votre propos, Limbes, vous vous posez à la fois la question du "pourquoi écrire?" et "à quoi bon écrire?"
Certains savent qu'ils seront chirurgiens, pilotes, peintres ou pianistes, et, adultes ce besoin d'opérer, de voler, de créer ou d'interpréter est devenu indissociable de leur existence. Ils s'engouffrent dans ces passions, et la vie est toute entière dedans, le reste n'est qu'accessoire...
D'autres passent un brevet de pilote, font du théatre amateur, prennent des cours de peinture et réservent leur temps libre pour ces activités.
D'un coté, on est sur le "temps de vie" de l'autre on est sur le "temps de loisir"...
Je ne vois pas pourquoi l'écriture serait différente. Certains ont un besoin irrésistible de créer, et ils ont trouvé l'écrit comme outil... D'autres moins passionnés, aiment écrire, tenir un journal, mais n'y bruleront pas leur vie... "le prix à payer est moins lourd"
Shakespeare se posait-il ces questions? Dumas? Frédéric Dard? il fallait écrire pour faire bouillir la marmite...
"A quoi bon?" est aussi une question que je me pose quand je passe à la FNAC devant ces piles de bouquins...
Il y a tellement de livres que nous considérons comme moyens pour un livre qui nous plait et il faudrait en rajouter? d'un autre coté on peut se dire "s'il a été publié en écrivant ça, pourquoi pas moi"...
Le roman doit être confronté au lecteur, c'est lui qui juge... Mais:
arriver à finir un travail d'écriture c'est déjà une réussite, en soi
accepter de le faire relire et le corriger c'est aussi une réussite, sur soi
Le reste viendra après...
Mine de rien, je pense que Farenheit 451 de Bradburry est un bouquin qui parle de ça
Après tout il y a aussi le journal intime, qui est une écriture sans lecteur, sans commerce... Un cahier à noircir et à ranger dans une malle, pour des générations futures...
si je comprends bien votre propos, Limbes, vous vous posez à la fois la question du "pourquoi écrire?" et "à quoi bon écrire?"
Certains savent qu'ils seront chirurgiens, pilotes, peintres ou pianistes, et, adultes ce besoin d'opérer, de voler, de créer ou d'interpréter est devenu indissociable de leur existence. Ils s'engouffrent dans ces passions, et la vie est toute entière dedans, le reste n'est qu'accessoire...
D'autres passent un brevet de pilote, font du théatre amateur, prennent des cours de peinture et réservent leur temps libre pour ces activités.
D'un coté, on est sur le "temps de vie" de l'autre on est sur le "temps de loisir"...
Je ne vois pas pourquoi l'écriture serait différente. Certains ont un besoin irrésistible de créer, et ils ont trouvé l'écrit comme outil... D'autres moins passionnés, aiment écrire, tenir un journal, mais n'y bruleront pas leur vie... "le prix à payer est moins lourd"
Shakespeare se posait-il ces questions? Dumas? Frédéric Dard? il fallait écrire pour faire bouillir la marmite...
"A quoi bon?" est aussi une question que je me pose quand je passe à la FNAC devant ces piles de bouquins...
Il y a tellement de livres que nous considérons comme moyens pour un livre qui nous plait et il faudrait en rajouter? d'un autre coté on peut se dire "s'il a été publié en écrivant ça, pourquoi pas moi"...
Le roman doit être confronté au lecteur, c'est lui qui juge... Mais:
arriver à finir un travail d'écriture c'est déjà une réussite, en soi
accepter de le faire relire et le corriger c'est aussi une réussite, sur soi
Le reste viendra après...
Mine de rien, je pense que Farenheit 451 de Bradburry est un bouquin qui parle de ça
Après tout il y a aussi le journal intime, qui est une écriture sans lecteur, sans commerce... Un cahier à noircir et à ranger dans une malle, pour des générations futures...
dark horse- Messages : 26
Date d'inscription : 29/11/2009
Age : 54
Localisation : villeurbanne
Re: Aujourd'hui
Cela n'est pas toujours possible. Pour ma part, j'ai grandi dans un appartement et dans une famille de 4 enfants. Il était impossible de faire quoi que ce soit en cachette. Si je lisais, ils le savaient tous. Et si j'écrivais, aussi. C'était difficile, car ils ne comprenaient absolument pas ma démarche. Ils préféraient les jeux télévisés, et ils avaient peut-être raison.limbes a écrit:
C’est d’ailleurs pour cette raison que pour ma part, dans mes amis, mes proches, etc, personne ne sait que je tente d’écrire.
Re: Aujourd'hui
Je pense qu'il y a une certaine forme de désobéissance, comme tu dis, Limbes, dans le fait d'écrire ; en tout cas dans le fait de considérer l'écriture comme un acte, et non comme un simple loisir (la nuance est de taille). Il n'existe aucun dispositif extérieur qui encourage le fait d'écrire. L'acte (le choix de cette forme) vient de nous-mêmes. Souvent comme une nécessité.
La question de la légitimité se pose, à mon avis, mais à différents niveaux. Toi, tu poses un doute sur ta propre légitimité, mais on peut aussi la poser à l'échelle du marché du livre. Et, entre les deux, se trouvent d'autres degrés. Et il n'existe aucun cerveau, aucun juge suprême apte à dire : tel ouvrage est légitime, tel autre est fondamental, tel autre est une sombre merde à pilonner sans délai, etc.
Après, je pense qu'il y a le regard des autres. Pas ceux qui ignorent à quoi ça sert, tout ce temps passé et toutes ces lignes que tu produits sur un écran ; pas ceux qui ne comprennent pas et se détournent, parce qu'ils ne savent pas poser les bonnes questions (et préfèrent rester dans l'ignorance), parce qu'ils estiment qu'il y a d'autres choses plus importantes dans la vie (comme s'il s'agissait d'établir une hiérarchie des choses importantes ; de la plus essentielle - au nom de quoi et de qui ? - à la plus insignifiante) ; parce qu'ils ne lisent pas ; parce qu'ils ont autre chose à raconter au moment où toi tu fais une infime allusion à ton écriture, etc.)
Le regard des autres, c'est celui de ceux qui lisent, qui aiment ça, et qui écrivent aussi, ou sont exclusivement lecteurs, qui ont ça dans les tripes. Qui sont en mesure d'être à l'écoute de ce que tu as à dire. Leur regard est déterminant quand on doute de soi, de sa légitimité à écrire, ou de la qualité d'un récit, de son articulation, de son sens. Et si je devais parler de ma propre expérience dans le domaine de l'écriture, je dirais que sans le regard des autres, je n'aurais pas progressé d'un iota, ou beaucoup plus lentement, et différemment.
stalker- Admin
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Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Aujourd'hui, à la manif de la place de la République, le tube numéro un : "Last night a DJ saved my life".
Re: Aujourd'hui
Allez hop, on change d'heure.
Il y a la silhouette d'une chouette effraie sur le fil de ma ligne téléphonique, à l'instant même. Elle tourne la tête de temps en temps. Elle va peut-être se faire le mulot que j'ai débusqué aujourd'hui en ratissant des feuilles mortes dans le jardin. Je vais regarder un épisode ou deux de Lost et revenir à Robin Cook (J'étais Dora Suarez). J'ai eu en tête un air de The white stripes pendant toute la journée. La chouette est toujours là. Il y a des airs qui reviennent instantanément, dès qu'on les sollicite, et d'autres non. La mémoire est incroyable. Il y a aussi des bouts de films, ou plutôt le sentiment d'un film global, comme une trace qu'il aurait laissé dans l'esprit, qui reviennent dans des gestes quotidiens. Des films marquants reliés à des gestes complètement anodins, mais qu'on reproduit tous les jours, ou presque.
Il y a la silhouette d'une chouette effraie sur le fil de ma ligne téléphonique, à l'instant même. Elle tourne la tête de temps en temps. Elle va peut-être se faire le mulot que j'ai débusqué aujourd'hui en ratissant des feuilles mortes dans le jardin. Je vais regarder un épisode ou deux de Lost et revenir à Robin Cook (J'étais Dora Suarez). J'ai eu en tête un air de The white stripes pendant toute la journée. La chouette est toujours là. Il y a des airs qui reviennent instantanément, dès qu'on les sollicite, et d'autres non. La mémoire est incroyable. Il y a aussi des bouts de films, ou plutôt le sentiment d'un film global, comme une trace qu'il aurait laissé dans l'esprit, qui reviennent dans des gestes quotidiens. Des films marquants reliés à des gestes complètement anodins, mais qu'on reproduit tous les jours, ou presque.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Des films, des livres et des musiques nous habitent. Ils nous hantent, ils nous forgent. Je me dis ça, même si ce n'est sans doute pas un scoop. J'aime simplement le dire encore, m'en convaincre. Une omelette aux champignons, bien copieuse, n'est pas moins nourrissante qu'un roman dont le sentiment navigue encore en nous des années après l'avoir lu. Il est certainement plus nourrissant encore, à moins qu'on passe son temps à le nier ; à ne pas le ressentir ; à se dire que ce n'est qu'un bon souvenir et point barre. Que ce n'était qu'un moment et qu'il n'en subsiste que de la mémoire, et non de la chair.
Pensées du soir.
C'est le jour des morts. Bonne fête les morts.
Pensées du soir.
C'est le jour des morts. Bonne fête les morts.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Mes enfants et plein d'autres de mon entourage sont allés pécho des bonbons dans le voisinage tandis que je maugréais "on n'est pas des américains". Un vieux monsieur leur a dit qu'il n'avait pas le coeur à la fête, il a perdu sa femme ces jours ci. Il leur a donné des biscuits.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Aujourd'hui, en me baladant sur le Net, je suis tombé sur plusieurs articles et interviews disant que Maureen (Moe) Tucker soutiendrait le Tea Party. Cela semble plus qu'une rumeur (mais bon, Internet...). En tout cas, si c'est vrai, ça fiche un coup !!
Re: Aujourd'hui
C'est quoi le Tea party ? Les ultra cons ?
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Je trouve ce passage très intéressant :
La doctrine des tea parties apparait être particulièrement difficile à appréhender pour les étrangers. Chaque pays semble interpréter l'émergence des teas parties en fonction de ses préoccupations nationales.
Le tea party est ainsi interprété aussi bien comme un parti anti-islam au Pakistan, un parti de la peur du déclin américain en Allemagne, un parti du patriotisme économique en Chine, un parti de partisans de théories du complot, de réactionnaires et d'anti-élites en France.
Mais si je me mets à appliquer ce schéma à d'autres modes de perception et à d'autres échelles, ce sera incompréhensible (ou inadmissible), certainement parce qu'on a le nez dans le guidon (bleu blanc rouge).
Quoi qu'il en soit, j'ignorais l'existence de ce salon de thé jusqu'à aujourd'hui.
Merci Colonel Kurtz, je vais m'endormir moins con.
La doctrine des tea parties apparait être particulièrement difficile à appréhender pour les étrangers. Chaque pays semble interpréter l'émergence des teas parties en fonction de ses préoccupations nationales.
Le tea party est ainsi interprété aussi bien comme un parti anti-islam au Pakistan, un parti de la peur du déclin américain en Allemagne, un parti du patriotisme économique en Chine, un parti de partisans de théories du complot, de réactionnaires et d'anti-élites en France.
Mais si je me mets à appliquer ce schéma à d'autres modes de perception et à d'autres échelles, ce sera incompréhensible (ou inadmissible), certainement parce qu'on a le nez dans le guidon (bleu blanc rouge).
Quoi qu'il en soit, j'ignorais l'existence de ce salon de thé jusqu'à aujourd'hui.
Merci Colonel Kurtz, je vais m'endormir moins con.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Aujourd'hui
Un autre article, qui va un peu plus loin dans l'analyse, derrière ce lien. A remarquer tout un passage sur une écrivaine, Ayn Rand, inconnue en France, dont les bouquins, si on en croit l'article, semblent correspondre aux idées des "intellos" du Tea Party. Comme quoi il faut toujours se méfier des écrivains... (smiley faisant un clin d'œil ironique)
Re: Aujourd'hui
Pendant plus d'un an, les médias français, tous obamaniaques à 95%, ont essayé de cacher ou de passer sous silence ce mouvement qui contredit leur propagande selon laquelle Obama serait l'incarnation du Progrès absolu...
Aujourd'hui, à l'heure d'une déroute électorale possible, on nous parle du bouit des lèvres "d'extrême-droite", "d'ultra-conservateurs", de "populistes", tout ces termes étant faits (comme le souligne très bien l'article Wiki) pour transposer ce mouvement dans un échiquier politique autre qu'américain (et ici à la française très caricatural), où en vérité, il ne peut être représenté.
Les slogans des TP sont clairs :
"Keep the White House out of my house"
"Born free, taxed to death"
"No marxism, no socialism, no Obamaism"
"The constitution is not a toy"
etc.
Les TPP forment un mouvement citoyen et populaire qui entendent renouer avec les fondations (libérales) de la constitution américaine. C'est un sujet que nous avons déjà évoqué d'une certaine manière dans l'article sur les Chroniques de JP Manchette.
Son équivalent français, s'il fallait vraiment lui en trouver un, n'aurait rien à voir avec l'extrême-droite puisqu'il s'agirait d'un mouvement populaire et citoyen entendant renouer avec l'esprit et les valeurs de 1789... On serait plus proche de Ségolène Royal ou d'Olivier Besancenot que de JM Le Pen...
Une fois de plus, les journalistes français font de la désinformation, certains par inculture politique et incapacité d'analyser la politique autre que selon le schéma français, et d'autres de façon tout-à-fait volontaire.
Aujourd'hui, à l'heure d'une déroute électorale possible, on nous parle du bouit des lèvres "d'extrême-droite", "d'ultra-conservateurs", de "populistes", tout ces termes étant faits (comme le souligne très bien l'article Wiki) pour transposer ce mouvement dans un échiquier politique autre qu'américain (et ici à la française très caricatural), où en vérité, il ne peut être représenté.
Les slogans des TP sont clairs :
"Keep the White House out of my house"
"Born free, taxed to death"
"No marxism, no socialism, no Obamaism"
"The constitution is not a toy"
etc.
Les TPP forment un mouvement citoyen et populaire qui entendent renouer avec les fondations (libérales) de la constitution américaine. C'est un sujet que nous avons déjà évoqué d'une certaine manière dans l'article sur les Chroniques de JP Manchette.
Son équivalent français, s'il fallait vraiment lui en trouver un, n'aurait rien à voir avec l'extrême-droite puisqu'il s'agirait d'un mouvement populaire et citoyen entendant renouer avec l'esprit et les valeurs de 1789... On serait plus proche de Ségolène Royal ou d'Olivier Besancenot que de JM Le Pen...
Une fois de plus, les journalistes français font de la désinformation, certains par inculture politique et incapacité d'analyser la politique autre que selon le schéma français, et d'autres de façon tout-à-fait volontaire.
Chewie- Messages : 240
Date d'inscription : 13/01/2010
Re: Aujourd'hui
Assez d'accord avec Chewie pour dire, pour autant que j'en sache, que ça a l'air d'être quelque chose d'assez hétéroclite difficile à ramener à quelque chose de comparable en France. Le rapprochement consistant à dire que la meilleure comparaison serait avec 1789 et que derrière, cela a à voir avec le retour à des principes fondateurs, me paraît assez pertinent, au moins sur la forme (parce que sur le fond...). N'empêche que la nébuleuse Tea Party semble attirer, entre autres, tout un tas de ces mouvements néo-religieux remis le vent en poupe sous Bush et que j'ai entendu certaines citations à propos de Darwin ou de la masturbation pas piquées des vers...
Re: Aujourd'hui
Non, Chewie; OK pour dire qu'il est compliqué de comprendre la politique US au travers du prisme de la politique française, n'empêche que c'est ce tu fais avec tes parallèles drôles, le facteur, l'illuminée du Bocage.
Le tea Party est fortement connoté religieusement (fondamentalisme protestant) avec ce que ça implique d'énormités qu'on ne voit guère que dans des sectes (créationnisme, soutien aux attaques criminelles contre les cliniques pratiquant l'avortement), ose des parallèles d'une connerie sans nom, Obama égale marxisme égale Hitler (vu sur des pancartes), appelle celui ci de son deuxième prénom (Hussein), avec là derrière une perfidie raciste en lien avec l'islamophobie actuelle des USA.
Je ne me faisais aucune illusion sur Obama mais j'étais tellement content qu'on soit débarrassé de ce criminel de Bush et de sa clique (Wolfowitz en tête)...
Le tea Party est fortement connoté religieusement (fondamentalisme protestant) avec ce que ça implique d'énormités qu'on ne voit guère que dans des sectes (créationnisme, soutien aux attaques criminelles contre les cliniques pratiquant l'avortement), ose des parallèles d'une connerie sans nom, Obama égale marxisme égale Hitler (vu sur des pancartes), appelle celui ci de son deuxième prénom (Hussein), avec là derrière une perfidie raciste en lien avec l'islamophobie actuelle des USA.
Je ne me faisais aucune illusion sur Obama mais j'étais tellement content qu'on soit débarrassé de ce criminel de Bush et de sa clique (Wolfowitz en tête)...
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Aujourd'hui
Txoa : évidemment que les TPP sont connotés religieusement. La liberté de culte aux USA est un article fondateur de la Constitution américaine. La croyance religieuse est une liberté individuelle aux Etats-Unis (en France on dirait c'est un "Droit", donc c'est sacré). Un retour "aux sources de la fondation de la Nation américaine" implique incidemment un retour du fait religieux, parce que oui, aux USA, cela fait partie de la liberté individuelle de chaque citoyen de renier Darwin, d'être contre l'avortement ou de dire que les dinosaures n'ont jamais existé.
Quand au parallèle que j'établissais, Ernest a très bien compris que j'évoquais la forme du mouvement, et non le fond. Quand je parlais de S.Royal, c'était pour la forme citoyenne et populaire, et Besancenot, pour le côté révolutionnaire adolescent attardé, qui est un peu notre héritage à tous de 1789 quand on a 14 ans (et puis après ça passe... normalement...).
Bien sûr, la France étant fondamentalement de gauche, et les USA fondamentalement de droite, un retour aux sources dans chaque pays ne ferait que les éloigner, et bien sûr que Royal et Besancenot n'ont rien à faire dans les TPP, mais ce n'est pas ce que je disais non plus. ce que je disais, c'est qu'il faut replacer les choses dans leur contexte plutôt que de nous sortir de "l'extrême-droite" qui ne veut rien dire.
Aux USA, l'extrême-droite, c'est le Ku KLux Klan, les suprémacistes blancs, les milices nationalistes révolutionnaires. On est loin des TPP pour l'instant.
C'est pourquoi, Ernest, il n'y a rien de si surprenant à voir une artiste américaine, même issue de l'underground culturel, vouloir renouer avec des valeurs fondamentalement américaines et que les américains ne considèrent ni de droite, ni de gauche, mais simplement "américaines".
Quand au parallèle que j'établissais, Ernest a très bien compris que j'évoquais la forme du mouvement, et non le fond. Quand je parlais de S.Royal, c'était pour la forme citoyenne et populaire, et Besancenot, pour le côté révolutionnaire adolescent attardé, qui est un peu notre héritage à tous de 1789 quand on a 14 ans (et puis après ça passe... normalement...).
Bien sûr, la France étant fondamentalement de gauche, et les USA fondamentalement de droite, un retour aux sources dans chaque pays ne ferait que les éloigner, et bien sûr que Royal et Besancenot n'ont rien à faire dans les TPP, mais ce n'est pas ce que je disais non plus. ce que je disais, c'est qu'il faut replacer les choses dans leur contexte plutôt que de nous sortir de "l'extrême-droite" qui ne veut rien dire.
Aux USA, l'extrême-droite, c'est le Ku KLux Klan, les suprémacistes blancs, les milices nationalistes révolutionnaires. On est loin des TPP pour l'instant.
C'est pourquoi, Ernest, il n'y a rien de si surprenant à voir une artiste américaine, même issue de l'underground culturel, vouloir renouer avec des valeurs fondamentalement américaines et que les américains ne considèrent ni de droite, ni de gauche, mais simplement "américaines".
Chewie- Messages : 240
Date d'inscription : 13/01/2010
Re: Aujourd'hui
Ernest Kurtz a écrit:Un autre article, qui va un peu plus loin dans l'analyse, derrière ce lien. A remarquer tout un passage sur une écrivaine, Ayn Rand, inconnue en France, dont les bouquins, si on en croit l'article, semblent correspondre aux idées des "intellos" du Tea Party. Comme quoi il faut toujours se méfier des écrivains... (smiley faisant un clin d'œil ironique)
C'est de celle-là dont tu parles ?
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ayn_Rand
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