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Lumière crue sur rectangle vert.

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Manuel
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Message par txoa Mer 21 Avr - 17:49

LUMIERE CRUE SUR RECTANGLE VERT



Seule l’odeur demeure agréable à mes narines. Menthol, camphre et liniments. Mes madeleines à moi. En mémoire les vestiaires dans la pinède et le terrain en terre, nos genoux écorchés, les maillots de Saint Etienne, ceux de l’Ajax. Piazza et ses rouflaquettes, Cruyff le génie arrogant, Rocheteau bien sûr... Les « pointus », nos ahans et les rires, le football comme un bonheur sans fin.
Seule l’odeur…
Le reste m’est devenu insupportable : les propos guerriers de l’entraîneur, du « coach » comme disent mes coéquipiers aux yeux morts, leurs discussions Béhème-Audi, leurs cagoles aux cheveux cendrés, leurs plaie-stéchonne. Même ce vestiaire dans lequel j’enfile mon short me semble d'un autre monde. Le président, un parvenu ayant réussi dans la boucherie industrielle, a voulu les mêmes qu’au Stade de France. Exit les bancs en bois et les néons criards. Place aux éclairages indirects et aux boxes individuels simili-teck. Ultime injure faite au football mais tellement représentative de ce qu’est devenu ce dernier; un sport collectif pratiqué par des individualistes. Chacun chez soi, même au vestiaire. On ne se frôle plus, on ne s'échange plus les fringues, on ne se prête plus nos serviettes, le club les fournit, on ne se lave plus ensemble, les douches aussi sont séparées. On ne chante plus, on éructe.

Je positionne mes protège-tibias, enfile mes chaussettes.
D’abord la gauche. Toujours. Puis la droite. Enfin une gorgée de…
Je ne suis pas Zidane. Je ne me suis vendu qu’une fois au supermarché local pour apposer mon autographe sur des barquettes de viande sous vide. J’ai juré que l’on ne m’y reprendrait plus. Ta mère la pub, Zizou.

J’ai trente-cinq ans et me sens vieux, out, déconnecté. Je désirais une saison de plus, la dernière, celle qui m’aurait permis de goûter au frisson de l’élite. En quinze ans de professionnalisme, je n’ai été qu’un prolétaire du foot alternant deuxième division et National.
Les rares fois où ils évoquent mon nom, les journalistes sportifs, chez qui la vacuité d'imagination n'a d'égale que celle du vocabulaire, parlent d'un « joueur de devoir ». Lire: "un arrière latéral besogneux, à la technique approximative, hargneux et dur au mal, parfois méchant, ". A ma décharge, je n’ai jamais blessé personne. Mon registre footballistique est pauvre de ce qui fait vibrer les esthètes, dribbles, passements de jambes, et autres feintes diaboliques. Le physique et l’intimidation sont mes principaux atouts. J’en use et en abuse, d’autant que l’age n’arrange rien quant à mon manque de vélocité.
Mais cette saison a été exemplaire, j’ai joué tous les matchs, j’ai porté le brassard de capitaine, le public a scandé mon nom, j’ai conseillé les plus jeunes, je n’ai même pas pris de carton rouge, ce qui, pour moi, relève de l’exploit. j’ai mis tout ce que j’avais dans le ventre pour que l’équipe grimpe en L1 pour la première fois de son histoire. Et on l’a fait. Espérais-je, comme légitime retour des choses, un ultime contrat d’un an, sans, pour autant, revendiquer une place de titulaire. Je désirais goûter au frisson du Vélodrome, à l’ébullition de Geoffroy-Guichard, à la passion de Félix-Bollaert. Je voulais échanger mon maillot avec un champion du monde et pour tout ça, j’étais prêt à cirer le banc de touche, bien conscient de mes insuffisances techniques. Mais le commis-boucher a dit non. Il m’a fait comprendre, avec toutes les politesses dues à son rang de nouveau riche, que j’appartenais au passé et m’a proposé, eu égard aux services rendus au club et à la ville, un emploi de commercial dans son entreprise, secteur « surgelés ». Même pas un poste au sein du club, genre formation des jeunes ou responsable de l’école de foot. J’aurais réfléchi à la question, j’aurais sûrement accepté. Mais vendeur de bidoche…J’ai quitté son bureau sans un mot ni un regard pour ce porc couperosé, bien conscient que ma vie avait pris un tournant définitif. Il me restait un match à jouer, le dernier, celui pour lequel je me prépare au fond de ce vestiaire high-tech qui n’en est que plus lugubre.
Je n’entends rien,
Ne vois rien,
Ne dis rien.
Je me lève, adresse un clin d'œil à Alfano, le vieux kiné aussi gentil qu'anachronique. Pour lui aussi, les jours sont comptés. Je pense qu'il le sait. Ambiance crépusculaire.
Ce soir est celui de la consécration. Il n'y a rien à perdre, rien à gagner, c'est déjà fait, nous sommes en D1. Ce soir c'est la fête. Quel que soit le résultat, nous aurons droit au tour d'honneur, à une interview télévisée bombardée de chaussettes facétieuses (France 3 région, il ne faut rien exagérer), au champagne sur la tronche, au "atchik atchik atchik aï aï aï" oubliant les origines douteuses de ce braillement martial, au bain du président en chemise-cravate et à tout ce folklore de vestiaire qui fait fantasmer les chanteuses.
Les deux équipes sont en rang parallèle dans le couloir qui mène à la pelouse. Certains sautillent et les crampons en métal claquant sur le ciment émettent leur staccato caractéristique. J'observe plus avant sur la droite le gars que j'aurais au marquage. "A star is born" avait titré "L'Equipe" à son sujet après une série de matches éblouissants qui lui avait valu la signature d'un prés-contrat avec le Réal de mon cul, à moins qu'il ne s'agisse de la Juventus de mes deux. Pourtant, au match aller, il ne m'avait guère impressionner. J'avais fait ce que j'avais à faire. Un gros tacle en début de rencontre, embarquant sur mon passage les deux guiboles du gamin en oubliant le ballon. Puis je suis allé m'excuser en plantant mes yeux dans les siens, sourire aux lèvres. Lui se massait les chevilles et ses yeux reflétaient la douleur et l'incompréhension. Cela m'a coûté une bordée de sifflet de la part du public autochtone et l'index levé de l'arbitre soutenu par un regard sévère. Et m'a rapporté une paix royale le match durant, le môme se hâtant de balancer son ballon le plus loin possible chaque fois que j'étais dans son secteur et j'y étais souvent. Au coup de sifflet final, je suis allé le saluer mi-sincère mi-ironique mais je n'ai pu croiser son regard. Aujourd'hui ses yeux sont durs et son port de tête artificiellement altier. C'est effrayant de constater à quel point peut se transformer un minot en six mois. Combien d'agents à gourmette, de présidents suintant le matérialisme satisfait, d'intermédiaires foireux a-t-il rencontré pendant cette période ? Quelle somme d'argent lui a-t-on été promis à la signature du contrat définitif ? En dollars ou en Euros ? Quelle villa dans quelle garrigue inflammable a-t-on promis à ses parents pour qu'ils acceptent ainsi de voir s'expatrier leur rejeton ?
Je détourne la tête et me concentre sur le bout du couloir. Je piétine, esquisse quelques rotations du bassin histoire de ne pas me refroidir. Puis, sur un signe de l'arbitre, nous trottinons, pavloviens, en direction du vert cru de la pelouse inondée de lumière au sodium, projos dernier cri, bien entendu. Au franchissement des portes, la clameur monte, puissante et indivisible comme sortie d'une unique gorge monstrueuse et triviale. Toute l'équipe lève les bras en direction de la foule massée dans les travées. Notre goal, qui ne cache pas quelques ambitions politiques, réserve son salut de gladiateur pour les édiles en tribune officielle. On lui aura promis un poste d'adjoint chargé de la Jeunesse et des sports, il sait vers qui doivent se porter ses attentions.
Au début de ma carrière, l'entrée sur la pelouse était le moment que je préférais, l'impression de faire corps avec la ville, son public, minots, mémés, chômeurs, prolos, avec la gloire. Peu à peu, match après match, ce délice mégalomaniaque s'est mué en ressentiment envers cette populace ordurière, suiviste, ce creuset à fascistes. J'ai observé les trognes baveuses, les bras tendus, j'ai entendu les insanités sodomites, les cris de singe lorsqu'un joueur noir et accessoirement adverse, touchait le ballon et je ne parle même pas de l'ignorance crasse de cette humanité supportrice pour le spectacle auquel elle sacrifie hebdomadairement maigre salaire ou indemnité de chômage. Si toute cette énergie était vouée à une cause révolutionnaire…Nos dirigeants l'ont bien compris. "Du pain et des jeux". Pour l'un, ils ont inventé les supermarchés discount en périphérie des villes, pour l'autre, ils ont bâti des stades et ils y ont mis des cons en short dont je fais parti.
Je scrute le public avec l'acuité d'un laborantin l'œil à son microscope, profitant de ce tour d'honneur auto satisfait précédant une rencontre sans enjeu. J'isole quelques uns de ces supporters de l'environnement festif et les imagine grimaçants sur un tableau de Jérôme Bosch; lutin haineux au cheveu ras, diablotin lubrique au majeur érectile, succube servile…
Et moi au milieu, la rage au ventre.


***

Long coup de sifflet, strident.
Les bras de l'arbitre moulinent et le ballon vit.

Première minute.

Le jeu est ailleurs, loin chez eux.
Je prends mon aile et surveille du coin de l'œil la vedette du soir.
Les milieux pressent conformément aux souhaits du "coach".
Dans le vestiaire, il a beuglé que nous devions montrer au public que nous jouons pour lui malgré l'absence d'enjeu. Stratégie démago.
Je n'ai rien à faire.

Troisième minute.
Long dégagement d'un défenseur d'en face.
Premier ballon facile, le long de la touche.
Je repique au centre sans être suivi,
fais jouer le gardien qui dégage au loin.

Quatrième minute.
Z'ont repris la balle.
Leur numéro 10 lance dans la profondeur mon adversaire.
Malgré sa rapidité, il est trop court.
Je récupère le cuir in extremis, lui adresse un clin d'œil moqueur.
je relance.
.
Onzième minute.
Il ne se passe pas grand chose dans ma zone,
j'en profite pour remonter le ballon sur mon aile.
Accélération pathétique et centre du même tonneau, derrière le but..
J'avais prévenu, je ne suis pas technique.
En me replaçant, je croise le regard de la starlette.
Il est narquois, l'enfoiré.
Je reprends ma place et je souffle.
Le hamster prisonnier de ma caboche redémarre sa course vaine dans sa roue.
Je gamberge sec, je ne suis plus le jeu.
Mon contrat se termine dans un mois. Qu'est ce que je vais foutre ? Je n'ai acheté ni bar-tabac ni magasin de sport, de toutes façons, ça ne marche plus les magasins de sport, merci l'enseigne blanche et bleue de supprimer ainsi un des débouchés traditionnels des retraités du sport. Et j'ai une pension alimentaire à casquer. Mais je ne vendrais pour rien au monde la viande sous cellophane de ce putain de boucher !

Dix huitième minute.
On a marqué.
Sur corner, notre stoppeur, le grand Camara.
Je l'aime bien, Camara,
il est comme moi, obsolète. Il a commencé en 1985, il a même goûté à la D1, deux saisons. Il a joué contre Giresse, Papin et même contre l'extraordinaire Enzo Francescoli. C'est une mémoire sur crampons, Camara, un brave mec, un chambreur qui, si tu sais l'écouter, te fait comprendre que tout cela n'est pas bien sérieux.
Lui aussi arrête, mais de son plein grés.
Il retourne en Guinée s'occuper d'un hôtel à Conakry.
Je vais le féliciter, sincère. Accolade.
Il me chuchote: "c'est la dernière".
Après je ne verrais plus Camara, plus jamais.

Vingt et unième minute.
La starlette appelle la sphère de sa course de gazelle.
Il la reçoit
et la réceptionne d'un beau contrôle orienté.
Il n'a même pas ralenti l'allure.
Ses belles jambes sculptées se délient avec fluidité
et lui donnent l'impression de ne pas toucher le sol.
Il vient vers moi,
sûr de sa technique.
Minute de vérité.
Je sors les hachoirs et
plonge pieds en avant,
droit devant,
plus d'échappatoire,
huit fois seize millimètres d'acier à chaque bout.
Faut qu'il sente ma présence,
le ballon n'a plus d'importance
et tant pis si l'arbitre sort la biscotte.
Mes arpions se plantent dans la pelouse.
Lui est au dessus de moi,
tellement haut,
tellement aérien…
Il est passé.
Une odeur de terre et d'herbe crue m'emboucane les muqueuses,
à moins que ce ne soit le goût du dépit.
Je me retourne juste pour voir le zigue repiquer vers le but.
Il shoote.
Le cuir vient s'écraser sur la barre avant de sortir des limites.
Lui se prend la tête à deux mains,
théâtral,
et se dirige vers moi,
larve rampante.
Il me tend la main pour me relever, beau joueur, mais au moment où je l'attrape,
il la retire et érige un majeur tendu sous mon blaire, un sourire mauvais aux lèvres.
Je me relève péniblement.
La rage. Au cœur. Au ventre. Jusqu’au bout des crampons.

Les minutes passent et je ne me calme pas. Tout s'embrouille, se mélange, mon avenir incertain, ce minot moqueur, sorte de concentré de tout ce que j’exècre dans ce sport voire dans cette époque.
Je ne suis pas lucide, le sang bout à l’intérieur de ce corps bientôt au placard. Je me fous du résultat, de la montée en Ligue 1, qu’ils aillent tous se faire empailler et moi avec ! La rage !

Vingt-sixième minute.

Ils sont au corner.
Avant la frappe, j'accroche le maillot de leur immense libéro l'empêchant de sauter et de placer sa tête.
Il me balance son coude sur la pommette.
L'arbitre intervient et sort le carton jaune pour l'autre con.
Qui remue la tête: "moi ?".
Je lui dis d'aller se faire enculer, me tiens le nez et crache par terre.
En retour, je prends aussi la biscotte.
Idiot.

Trente septième minute.
Tout est calme. Les deux équipes se contentent de passe à dix dés qu’elles ont le ballon. Faut dire qu’une rencontre entre protagonistes qui n’ont rien à gagner ne génèrent que rarement un spectacle engagé et engageant. On ne peut pas parler d’arrangement, non, un match arrangé, c’est autre chose, c’est se mettre d’accord a priori sur le résultat final, c’est RFA-Autriche en 1982. Je me souviens de ce match de coupe du monde. Pour la première fois, j’avais ressenti du dégoût pour ce sport auquel était voué ma vie d’adolescent aux rêves plein la tête et aux posters plein la chambre. Ce trouble s’était mué en véritable rage contre la RFA après le fameux France- Allemagne de Séville. Les allemands étaient tous des S.S et moi un résistant, membre des F.T.P. La destinée de la photo de Karl Heinz Rummenigge en pleine action avait trouvé une issus prématurée passant d’un ornement mural au fond souillé de la poubelle familiale.
Ces souvenirs éclairent un moment ce présent tendu et incertain me replongeant dans l’age des possibles et des rêves de gloire internationale. Je souris comme un benêt, le ràvi de la crèche. Mais bientôt tremblent les gradins d'une sourde rumeur qui me ramène à la réalité et la réalité, c'est ce match maudit contre un adversaire fantoche. La gazelle approche, balle au pied, elle a échappé au milieu. Je suis dans l'axe du terrain, après moi il ne reste que le gardien. Je sais quoi faire. Je connais la portée de mon geste mais je m'en balance. L'action avant la réflexion, avant "l'esprit sportif" et toutes ces conneries sur la "Grande Famille du Football". Plutôt que d'attendre mon adversaire, je m'élance à sa rencontre d’une course rappelant celle d'un Panzer à l’assaut de la Pologne. Lui, le nez sur le ballon, ne sent pas le danger. A un mètre de ce qui deviendra le point d'impact, je m'élance les deux pieds en avant sur sa jambe d'appui, à hauteur du genou. Le choc est terrible. Je sens sous mes semelles résister son articulation puis soudain céder en un bruit sec, un bruit de branche cassée. Sa guibole doit à ce moment dessiner un arc de cercle contraint, une courbe à l'inverse de ce qu'elle devrait être. En morceaux le bel ordonnancement anatomique fémur-ménisque-rotule. Place au chaos corporel et bienvenue à la douleur !

Tout est fini.

Un silence étrange et pesant s'est abattu dans l'arène. Seule la gazelle hurle son mal et ses cris, portés par la brise printanière, déchirent la nuit électrique, envahissent les travées de béton, s’élèvent jusqu’à la cime des pylône. Mais il est écrit, ce soir, que nulle amertume ne doit altérer le meilleur des desserts. Alors un murmure inexorable et obscène recouvre peu à peu les cris de l’ex future gloire du football. Dix-mille gorges scandent mon nom, glorifiant un criminel.
Les cons!

Je n'ai nul besoin de regarder l'arbitre qui doit tendre son carton couleur sang avec un air horrifié. Je me débarrasse de mon maillot et le jette au sol avant d’être avalé par le couloir des vestiaires.

Je n'ai plus rien à faire ici.
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Message par Manuel Mer 21 Avr - 21:12

Ben, pas mal. Peut-être un petit peu long, mais j'ai accroché au style et au thème.

J'en profite pour lancer un débat : les sports collectifs se prêtent-ils à la fiction ? Il m'arrive d'en douter. La boxe ou le cyclisme ont inspiré des textes nombreux et parfois admirables : Jack London, ou Antoine Blondin. Mais les sports collectifs, je ne vois pas. Moi-même, j'avais tenté le coup avec le base-ball, voici quelques années, mais j'avais choisi l'angle du fantastique. C'est drôle, mais le foot ou le rugby ont du mal à rentrer dans des fictions.
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Message par Chewie Mer 21 Avr - 23:20

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Le dernier Match de John Grisham est une petite pépite émouvante et inattendue de la part de cet auteur de thriller contemporain. C'est à la fois un hommage au football amateur qui fait battre le coeur de centaines de petites villes américaines et à ses valeurs doublée d'une vision douce-amère sur les rebus de l'american way of life, rejetés dans l'ornière du biggest show on earth.
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Message par stalker Jeu 22 Avr - 1:20

Un dégoût profond se dégage de ton texte, Txoa. Mais ton écriture est loin d'être expéditive pour autant, ou trop brute. Et certains termes techniques n'entravent pas la lecture. L'action coule vraiment bien, on est dedans. Et ça ne donne pas envie de devenir supporter.
Les retours à la ligne dans la deuxième partie (les phrases rompues) sont judicieux. Habile façon de jouer avec le temps et le souffle.
Bien vu.
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Message par txoa Jeu 22 Avr - 2:11

Je te remercie. C'était un peu l'idée, comment marquer les ruptures du jeu, sa scansion, l'enchainement rapide des gestes, l'essoufflement... J'avais trouvé ça, des phrases rompues...
Chewie, le bouquin de Grisham dont tu causes, il parle de foot (le soccer) ou de foot ricain comme l'évoque le casque de la couverture ?
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Message par Chewie Jeu 22 Avr - 9:53

txoa a écrit:(...)le bouquin de Grisham dont tu causes, il parle de foot (le soccer) ou de foot ricain (...)?

Il parle de football bien sûr, et non de soccer (ceci dit d'un point de vue nord-américain). C'était pour rebondir sur l'interrogation de Manuel qui se demandait "si les sports collectifs se prêtaient à la fiction", et cet exemple m'est venu aussitôt en tête.

D'ailleurs je pense que ça soulève une autre question : celui de la place du sport en France, et son discrédit auprès des intellectuels dont font partie les écrivains, car le bouquin de Grisham n'a rien d'exceptionnel aux USA pas rexemple, où le sport est reconnu comme un moyen de promotion social comme un autre. D'ailleurs, les anciens sportifs sont fréquents dans le roman noir américain, des boxeurs chez Ellroy, des footballeurs chez Charles Williams, etc.

Sinon, bravo pour ton texte. Mon père est un ancien footeux amateur acharné, une véritable encyclopédie du foot des années 60 et 70 (il a vu les Verts jouer en coupe d'Europe à Geoffroy-Guichard à la grande époque) et j'ai fait 10 ans de foot dans son sillage, nourri par cet amour du foot à l'ancienne et, à part aller voir la "Berri" avec lui de temps à autre en L2, j'ai complètement laissé tomber ce sport devenu une maison de passe à ciel ouvert.
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Message par edmond Gropl Jeu 22 Avr - 11:54

Plusieurs polars sont parus sur le foot recemment par ici:
- "Pastis à l'Om" de Ray Grassi (pseudo collectif paru chez Payot, je l'ai lu, pas mal, enfin on reste loin de D. Peace et de Txoa (dont j'aime bien la nouvelle qui me semble-t-il pourait être publiée avec bonheur dans les canards sportifs)
- Quelques un chez l'ecailler-du-sud, j'en ai lu un sur les transferts de joueurs nigerians, j'ai plus le titre en tête, bof, d'autres sont sortis.
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Message par Ernest Kurtz Mar 27 Avr - 12:01

J'ai beaucoup beaucoup aimé ce texte. Au point que j'aurais aimé que la seconde partie dure encore. Je partage pas mal les quelques réflexions du protagoniste sur le foot des années 2000. Perso, je voyais volontiers un genre C Ronaldo dans le rôle de la jeune future star. Bref, j'ai adhéré, mais...
Deux ou trois réflexions histoire de pinailler:
- ton type 35 ans, ce qui est vieux pour le foot, mais jeune en soi. Je trouve donc un poil trop réactionnaire compte tenu de son âge qu'il dise/écrive "plaie-stéchonne" (ok pour le jeu de mot, mais bon...). En fait, cela m'a fait penser au mauvais côté du Canard Enchaîné.
- le silence qui s'abat sur l'arène au moment où il casse la patte du jeune ne me semble pas réaliste. Pas souvenir de vrai silence dans un stade. En tout cas, un peu trop spectaculaire à mon goût.
- A mes yeux, le foot que tu décris est celui de la 2ème partie des années 2000 (c'est comme ça que je l'ai ressenti). Disons entre 2005 et aujourd'hui. Or, ton type a 35 ans, donc serait alors né entre 1970 et 1975. Donc, limite pour Piazza et l'épopée stéphanoise (ton personnage pourrait avoir eu 5 ou 6 ans), et pire pour Cruyff et l'Ajax ? (Cruyff était à Barcelone depuis 73). Je pense que ses héros devraient plutôt être des joueurs de la fin 70 (des anglais ?) ou du début des années 80, genre marqué par la coupe du monde 78 ou celle de 82 ou l'épopée bastiaise. Bon, pas sûr à 100% de tout ça, mais c'est histoire de te saouler un peu.

Super nouvelle en tout cas pour un vieil amateur de foot comme moi. Bravo !!!
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Message par txoa Lun 3 Mai - 21:17

C'est un peu vrai sur un certain anachronisme. J'ai mis mes premiers souvenirs d'amateur de foot (j'avais 10 ans lors de l'épopée stéphanoise mais je me souviens de beaucoup de choses, du match par bribes, du fait que j'avais mis le couvert en cherchant des assiettes vertes, de la fébrilité du père).
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Message par Ernest Kurtz Lun 3 Mai - 21:49

Moi, de Saint-Étienne en Coupe d'Europe, les deux souvenirs qui m'ont marqués, c'est un match retour à Eindhoven avec, dans mon souvenir, un Curkovic qui aurait pu tout arrêter pendant encore 100 ans et le but de Bathenay en quarts contre Liverpool où j'ai vraiment alors cru qu'ils passeraient...
la nostalgie, camarade...
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Message par txoa Sam 8 Mai - 1:46

Voui mais il y avait un certain Keegan. Ca a été le début de la fin pour Sainté.
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Message par stalker Jeu 1 Juil - 3:32

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Message par txoa Jeu 1 Juil - 19:56

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