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Dancing troisième rue (prolongation des vieilles)

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stalker
limbes
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Message par limbes Ven 20 Aoû - 17:06

Elles ont des prothèses à la hanche des maris morts. Certaines se souviennent des fils pendus. C’est une chambre floue une corde floue un corps flou un âge flou. Ça ne vaut pas possession. Ce qu’elles ont : des prothèses à la hanche des maris morts. Choses certaines incluses à titre perpétuel. Elles se pressent au soleil plombant dans la troisième rue jusqu’au dancing. La surface de cent-dix mètres carrés de plain-pied se réduit à mesure de leur prolifération. Elles dansent leurs corps deux à deux, presque immobiles, leurs mains tâchées à grosses veines sur des épaules frêles. Elles ont des rires d’hyènes, cachées chaque après-midi dans leur repaire. De bouche à oreille à bouches qui boivent des alcools verts prohibés, elles s’agglutinent et se collent sous une lumière jaune, sans hommes et sans fils morts plus de bijoux, au clou les bijoux. Le temps ne pourrit rien ils sont restés encadrés au-dessus des télévisions noires, dans les appartements caniculaires.

Le téléphone sonne tous les deux jours pour vérifier : eau bue - quantité nécessaire – volets et fenêtres - fermés – ventilateur - en marche – aérations précautions – je coche situation correcte / à surveiller / intervention d’urgence, embauchés par la mairie pour l’été en tant que semi - bénévoles nous sommes dix dans la pièce poussiéreuse, nous sommes dix et jeunes avec des cheveux droits sur les têtes et retombants sur le cou derrière et nos voix fortes et déterminées et nos seins renflés, nous aspirons au Bien et à l’Intérêt Général, allô Madame Agus, Madame Agus dit oui, Madame Agus dit oui bien sûr, Madame Agus dit eau OK- volets OK- ventilateur OK, elles connaissent tous les points à décliner, disposées, positives, et elles raccrochent et elles filent dans la troisième rue et elles copulent et elles se reproduisent. La mesure de leur nombre immesuré, elles en sourient, les atroces.

Au dancing se rajoutent des étages, un puis deux puis dix puis un building une tour les vitres teintées. Sans parler des caves. Elles surgissent dégorgées de la ville, les insectes fossiles, grouillantes et précises, pour rejoindre leur terrier inversé. Ils n’ont pas réussi à geler leur espèce. Ils croient devoir les prolonger, au-delà d’un certain stade – celui innocent, celui indolore. Ils ne les voient pas rire à gorge déployée derrière la porte neutre. Ils ne les voient pas ingérer leurs substances.
Ils sont jeunes les soignent les assignent elles sont vieilles elles boivent elles fument elles ont des prothèses à la hanche des maris morts.

Au dancing de la troisième rue personne ne les regarde le temps qu’il fait pas d’importance la boulangère pas d’importance, la ménagère a moins de cinquante ans elles en ont soixante-dix, quatre-vingt, quatre-vingt dix, cent, leurs corps maigres fripés disloqués, leurs corps vécus à lire entre les lignes d’elles entre elles et seulement, leurs corps érotiques et malades elles se plaisent elles se séduisent elles se touchent les creux les aspérités les sécheresses elles suintent elles se déversent de l’une à l’autre elles se réajustent, les appartements vides et loin les portraits en friche les affiches 4X3 de corps lisses et vides et loin leurs filles leurs petites-filles, elles corps présents à elles-mêmes dans le dancing de la troisième rue bientôt plus haut que la plus haute tour du monde jouisseuses à plus en pouvoir les vieilles et quand elles sortiront en bandes rides noires peurs du reste ils s’en ratatineront, de leur quoi de leur liberté. Zone vieillesse interdite cité forte espace pour tout le reste l’écume du rance le si singulièrement obscène et vivant tous les autres sont morts ils n’y peuvent rien il leur manque le cyanure et les distillations explosées, je bois de l’eau minérale je coche état d’urgence madame Agus s’enfonce dans son nirvana dingue elle s’arrache elle désire l’impossible, dancing troisième rue, chaque après-midi avant la révolution, dancing troisième rue, pas de vent, soleil de nuit et de jour, rues rases, bienvenue à elles les monstres, dancing troisième rue, rien d’exigé au minimum plus question d’eux pour passer la frontière, dancing troisième rue porte anodine silences et sexes suspects, leurs filles, les pauvres, pauvres, pauvres, pauvres petites filles, toutes lisses et blindées dans leur présent éternel, abandonnées.

Au dancing de la troisième rue elles crèvent pas
Au dancing de la troisième rue les lumières sont jaunes elles se reniflent elles se désarticulent
Au dancing de la troisième rue
Joie et pendus, les princes charmants.
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Message par stalker Dim 24 Oct - 17:19

Il est peut-être bien naturel que pas mal de personnes semblent avoir lu ce texte depuis que tu l'as posté ici,
et qu'aucune n'ait souhaité écrire de commentaire juste après.
Je me dis ça.
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Message par txoa Dim 24 Oct - 19:29

Exactement, et c'est souvent le cas des textes de Limbes. Souvent scotché par le style mais ils (les textes) me laissent sans voix. Au sens propre.
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Message par Manuel Lun 25 Oct - 11:29

Si je n'ai pas réagi, c'est que je ne connais pas du tout le sujet.
Du point de vue de l'écriture, c'est superbe. Que puis-je dire de plus ?
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Message par txoa Mar 26 Oct - 21:06

Oui le style est superbe mais, j'ose, il y a un côté "too much", comme si le style que tu t'imposais, Limbes, bouffait le propos. Pourquoi éviter les ponctuations ? Qu'est ce que ça apporte ?
Je vais essayer un truc. Si ça t'est insupportable, dis le moi et j'effacerais;


Elles ont des prothèses à la hanche, des maris morts. Certaines se souviennent des fils pendus. C’est une chambre floue, une corde floue, un corps flou,un âge flou. Ce qu’elles ont : des prothèses à la hanche, des maris morts. Elles se pressent au soleil plombant dans la troisième rue jusqu’au dancing. La surface de cent-dix mètres carrés de plain-pied se réduit à mesure de leur prolifération. Elles dansent leurs corps deux à deux, presque immobiles, leurs mains tâchées à grosses veines sur des épaules frêles. Elles ont des rires de hyènes, cachées chaque après-midi dans leur repaire. De bouche à oreille à bouches qui boivent des alcools verts prohibés, elles s’agglutinent et se collent sous une lumière jaune, sans hommes et sans fils morts, plus de bijoux, au clou les bijoux. Le temps ne pourrit rien ils sont restés encadrés au-dessus des télévisions dans les appartements caniculaires.

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Au dancing se rajoutent des étages, un puis deux puis dix puis un building une tour les vitres teintées. Sans parler des caves. Elles surgissent dégorgées de la ville, les insectes fossiles, grouillantes et précises, pour rejoindre leur terrier inversé. Ils n’ont pas réussi à geler leur espèce. Ils croient devoir les prolonger, au-delà d’un certain stade – celui innocent, celui indolore. Ils ne les voient pas rire à gorge déployée derrière la porte neutre. Ils ne les voient pas ingérer leurs substances.
Ils sont jeunes, les soignent, les assignent elles sont vieilles, elles boivent, elles fument, elles ont des prothèses à la hanche, des maris morts.

Au dancing de la troisième rue personne ne les regarde. le temps qu’il fait , pas d’importance la boulangère, pas d’importance, la ménagère a moins de cinquante ans elles en ont soixante-dix, quatre-vingt, quatre-vingt dix, cent, leurs corps maigres fripés disloqués, leurs corps vécus à lire entre les lignes, leurs corps érotiques et malades, elles se plaisent, elles se séduisent, elles se touchent les creux, les aspérités, les sécheresses, elles suintent, elles se déversent de l’une à l’autre elles se réajustent, les appartements vides et loin les portraits en friche les affiches 4X3 de corps lisses et vides et loin leurs filles, leurs petites-filles, dans le dancing de la troisième rue, bientôt plus haut que la plus haute tour du monde ,jouisseuses à plus en pouvoir, les vieilles, et quand elles sortiront en bandes, rides noires et peurs du reste, ils s’en ratatineront, de leur liberté. Zone vieillesse interdite, cité forte, espace pour tout le reste, l’écume du rance, le si singulièrement obscène et vivant tous les autres sont morts ils n’y peuvent rien il leur manque le cyanure et les distillations explosées, je bois de l’eau minérale je coche état d’urgence madame Agus s’enfonce dans son nirvana dingue, elle s’arrache, elle désire l’impossible, dancing troisième rue, chaque après-midi avant la révolution, dancing troisième rue, pas de vent, soleil de nuit et de jour, rues rases, bienvenue à elles les monstres, dancing troisième rue, rien d’exigé au minimum plus question d’eux pour passer la frontière, dancing troisième rue porte anodine silences et sexes suspects, leurs filles, les pauvres, pauvres, pauvres, pauvres petites filles, toutes lisses et blindées dans leur présent éternel, abandonnées.

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Message par limbes Mer 27 Oct - 15:33

txoa a écrit: il y a un côté "too much", comme si le style que tu t'imposais, Limbes, bouffait le propos. Pourquoi éviter les ponctuations ? Qu'est ce que ça apporte ?

Merci , Txoa, pour ta remarque sur la ponctuation. Du coup, ça m’a fait réfléchir (non pas que je n’avais pas réfléchi avant, la première phrase par ex, je l’ai essayée avec un et au milieu, une virgule, un point, un point-virgule, mais globalement c’est quand même un texte très peu « pensé »). Ce qui m’embête, c’est qu’au départ, je n’avais pas l’intention d’illustrer un propos, mais plutôt de susciter une image ou des images (la principale, celle de vieilles convergeant en un endroit clos) et une ou des sensations (de vitesse et d’étouffement-agglomération, d’énergie , un truc comme ça). Alors, l’absence de ponctuation est liée pour moi, ici, à ça (à un rythme particulier, sans trop de respiration).

Mais ça donne quelque chose d’assez lourd, effectivement, sans doute pénible à lire (ta deuxième version me semble c’est vrai plus légère). Et ce qui est marrant, c’est que je n’ai pas l’impression de m’être imposé quelque chose, mais bien plutôt que ça c’est imposé à moi de cette façon-là.

En même temps, tu soulèves pour moi un truc très important, et je dois reconnaître que mes tentatives en la matière sont plutôt chaotiques, c’est cette question précise de la ponctuation. Je pense si je suis honnête que je la vois souvent comme un carcan, comme disons « à naturellement disposer dans un texte selon des conventions établies une fois pour toutes ». Alors j’ai tendance à vouloir la rendre moins évidente, aussi parce que ça peut introduire des étrangetés, mais peut-être surtout parce que potentiellement, dans les assemblages de mots qu’on peut faire ensuite, à la lecture, ça permet différents sens, peut-être une liberté plus grande, je ne sais pas. Et il y a aussi la question de la représentation physique et formelle sur la page, ce que ça induit. Mais là où tu as raison, c’est que ça ne devrait pas virer à un simple exercice formel, et si on ne comprend ou on ne ressent rien à rien, au final, c’est que ce n’est tout simplement pas réussi.

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Message par limbes Mer 27 Oct - 16:27

(Sur la première phrase en particulier, je voulais juste dire que l'absence de virgule, dans mon esprit, permettait de mettre exactement au même niveau ces deux types de "possession" (les prothèses et les maris), un peu comme quand les conversations glissent d'un truc à un autre, tout étant sur un même plan indistinct. C'était comme une idée d'accumulation vaine et un peu pathétique. Mais c'est une parenthèse... Et on pourrait aussi penser que les maris morts sont accrochés aux hanches, ou qu'ils sont eux même des prothèses invisibles, ce qu'il n'est pas possible d'imaginer s'il y a une petite virgule, qui obture les images - mais j'aime quand même les petites virgules )
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Message par stalker Mer 27 Oct - 17:30

J'attendais que tu répondes à Txoa pour dire ce que je pensais de ses remarques (et se sa proposition, que je trouve assez juste). Je pense que certains de tes textes se prêtent à ces "expériences" de ponctuation, et d'autres pas, ou moins. Mais l'exemple des prothèses et des maris s'y prête, bien qu'il existe peut-être d'autres choses à essayer pour rendre l'idée que tu souhaites (et qui fonctionne dans ton texte, sans virgule). Utiliser ce principe dans toutes tes phrases, en revanche, peut atténuer son impact dans des passages qui s'y prêtent vraiment.
Quant à ce que tu dis des accumulations vaines et un peu pathétiques dans les conversations, là il ne s'agit pas de conversation en l'occurrence. Et bien que tu n'aimes pas trop intégrer de dialogues à tes textes (de cadratins en particulier), je crois que le principe s'y prête beaucoup mieux. On pourrait ressentir beaucoup plus efficacement cet effet d'accumulation, de grand n'importe quoi, de flux déconstruit, de propos "siamois", liés les uns aux autres sans articulation, de gens qui se coupent la parole, qui parlent dans l'urgence, de peur que l'autre ou les autres ne leur reprennent aussi la parole, de peur qu'un moi-je ne vienne trancher ta réplique et s'en emparer pour venir dégueuler sa vie (et nier la tienne, du même coup, puisque la sienne est nécessairement plus intéressante que la tienne), etc.
Tu gagnerais à cibler les passages de tes textes qui méritent le plus ce travail de ponctuation, plutôt que de les accorder à l'ensemble.
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Message par limbes Mer 27 Oct - 18:40

Stalker: Utiliser ce principe dans toutes tes phrases, en revanche, peut atténuer son impact dans des passages qui s'y prêtent vraiment.

Là- dessus, je suis d’accord. Il ne s’agit pas d’une recette à employer quoi qu’il arrive. Et si je le fais, c’est sans doute maladroitement, à mon insu. Mais en l’occurrence, et même si, c’est vrai, s’ il y a sans doute des tas de façons, c’est celle qui m’a paru le plus adéquate (mais je n’abolis pas toute ponctuation, quand même, si ?)

Quant à ce que tu dis des accumulations vaines et un peu pathétiques dans les conversations, là il ne s'agit pas de conversation en l'occurrence.

Là, par contre, je suis moins d'accord avec toi. Car il s’agit bien de conversations (de ce que les vieilles disent dans leur conversations) , même si je ne les isole pas en tant que telles (c’est la façon dont elles compilent leurs avoirs, dans certaines discussions, qui fait que je le décris ainsi). Je ne vois pas pourquoi les conversations – au sens de ce que les gens disent d’eux et des autres – devraient nécessairement se couler dans des dialogues identifiés.


Et bien que tu n'aimes pas trop intégrer de dialogues à tes textes (de cadratins en particulier), je crois que le principe s'y prête beaucoup mieux. On pourrait ressentir beaucoup plus efficacement cet effet d'accumulation, de grand n'importe quoi, de flux déconstruit, de propos "siamois", liés les uns aux autres sans articulation, de gens qui se coupent la parole, qui parlent dans l'urgence, de peur que l'autre ou les autres ne leur reprennent aussi la parole, de peur qu'un moi-je ne vienne trancher ta réplique et s'en emparer pour venir dégueuler sa vie (et nier la tienne, du même coup, puisque la sienne est nécessairement plus intéressante que la tienne), etc.


Mais là précisément, dans ce texte, je ne visais pas du tout à ça (c'était juste cette première phrase). Mais pour d'autres, je pense que tu as raison, le dialogue peut être un terrain très féroce pour décrire ce que tu dis. Et je ne l'ai encore pas exploré


Tu gagnerais à cibler les passages de tes textes qui méritent le plus ce travail de ponctuation, plutôt que de les accorder à l'ensemble.


Oui, c'est vrai, c'est pourtant un peu ce que j'essaye de faire, mais si ça ne se voit pas c'est que c'est loupé, je vais y réfléchir très sérieusement au lieu de m'emballer dans des trucs informes.

Merci beaucoup, en tout cas.

Et vous, tous, quel rapport avez-vous à la ponctuation?
(Je me dis que ce que démontre cette discussion, c'est que c'est très important, peut-être autant que les mots et leurs agencements)

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Message par txoa Mer 27 Oct - 20:04

Moi, contrairement à toi, elle me libère souvent. Le king de la virgule. C'est une invention géniale, la virgule; ça coupe, ça induit, ça enlève des mots (et de la lourdeur). En même temps, je suis admiratif de Mc Carthy et de ses dialogues sans tirets.
Les points et les virgules, à bon escient, amènent du rythme aussi, comme des silences dans la musique.
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Message par stalker Mer 27 Oct - 20:07

Je parlais plus globalement de tes textes, Limbes, sauf effectivement pour l'insertion de répliques des vieilles dans celui-ci, mais on ne sait (sent) pas toujours si ce sont les personnages qui disent, ou si c'est toi, l'auteur-narrateur, qui parle à leur place, les active comme des marionnettes (ou les torture pour les faire parler, car il y a de ça aussi dans certains de tes textes).

La ponctuation est une question qui me paraît fondamentale dans un texte. On a déjà dû en parler, ici et là. Quand j'aborde ce sujet, ou que je critique un texte pour sa ponctuation, ce n'est pas pour viser une forme classique, respectueuse de règles depuis toujours respectées, mais bien pour donner sens au texte, dans une syntaxe, un rythme. La ponctuation classique nous chantonne des vieux airs, comme du Piaf ou du Clément. C'est exactement comme dans les autres disciplines : la ponctuation se déplace en littérature ; en tout cas elle le demande ; des phrases le demandent, l'exigent. Des phrases peuvent souffrir d'une négligence sur ce point. Le point virgule continue de questionner des auteurs (sur le clavier, si cette touche ne comportait pas le point final, elle serait poussiéreuse). Le point, c'est la même chose. Et des ponctuations se raréfient, aussi, comme le point d'exclamation ou d'interrogation même, et les points de suspension. Je pense que si on envisage d'écrire aujourd'hui un texte en connexion immédiate avec l'époque et tout ce qui la caractérise, on ne peut pas négliger la ponctuation, ou même l'appliquer comme on l'a toujours appliquée (proprement, correctement et point barre), car elle contribue à la dynamique d'un texte, de son sens. En fonction des choix de ponctuation, les mêmes mots peuvent changer de sens d'une phrase à l'autre, ou résonner différemment parce qu'ils sont liés à d'autres, ou isolés. Ils s'impactent autrement (pour reprendre un terme cher à Fred). Et tes textes, Limbes, investissent complètement ce champ de ponctuation.
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Message par Ernest Kurtz Jeu 28 Oct - 9:27

Très importante effectivement, la ponctuation. D'accord avec stalker. J'ai presque envie de dire qu'elle constitue quelque chose comme la fondation du style. Imaginons que l'on remplace des points chez Ellroy ou Peace par des virgules (adieu la brutalité du style !) ou que l'on fasse l'inverse chez Proust ? La ponctuation, c'est un peu comme la mise en scène ciné: plan-séquence ou montage cut ? Gros plan ou plan d'ensemble ? Contre-plongée ou pas ? Travelling ou plan fixe ?
Perso, je suis un adepte -qui s'oblige à se maîtriser- de l'hypocrite point-virgule; il marque une fin de phrase, mais pas vraiment, sans pourtant être la continuation de la phrase; j'aime bien ce côté "entre deux".
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Message par edmond Gropl Ven 29 Oct - 10:17

Pour moi, la ponctuation n'est pas le problème de ce texte.
Le problème (enfin mon problème) serait de forme générale, d'équilibre entre quelque chose de narratif et quelque chose de poétique. j'ai l'impression que ces deux aspects s'affrontent, l'un plombant l'autre. Je crois que l'aspect poétique devrait l'emporter, un moyen serait peut-être de se débarasser de toute contrainte de forme.
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Message par limbes Ven 29 Oct - 12:57

Gropl je crois que c'est non seulement le problème de ce texte, mais mon problème en général quand j'essaye d'écrire, une sorte d'affrontement permanent et irrésolu entre ce que tu dis
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Message par edmond Gropl Ven 29 Oct - 13:43

Je qualifie cette caracteristique de problème (qui pour moi, en effet, apparait dans tous tes textes de fictions, mais pas lorsque tu vas commenter (un livre, un film, autre chose) où là c'est remarquablement limpide (ou limbide)).
Aussi de problème dans le cadre d'une fiction "polardeuse".
Mais dans d'autres cadres, littérature généale, théâtre, poésie, textes lus ou chantés , tracts, journal intime, correspondance (les choix sont vastes) le problème est peut être la solution..
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