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36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004)

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Message par Varg Jeu 7 Aoû - 14:54

36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004) 36

Souvent évoqué par l'ami Stalker - l'oeil humide de plaisir ou de désespoir -, présenté à sa sortie comme le
renouveau de notre cinéma policier (n'était-il pas dit qu'il était le Heat français ? Ah ! ces journaleux... ) mais n'étant pas encore entré dans le panthéon filmique de notre bien-aimé Bazar, voici donc une très opportune fiche concernant 36, quai des Orfèvres durant laquelle je vais tenter de répondre à l'effroyable question : nanar coûteux, chierie intersidérale ou simplement mauvais film ? Ben oui, on n'a pas le choix...

Argument : (spoiler inside)
Un homme aux cheveux blancs (André Dussolier) très haut placé dans la hiérarchie policière de la capitale de la France doit quitter son poste. Pour le remplacer, deux commandants qui sont au coude à coude. Damned ! Même si l'homme aux cheveux blancs nous indique clairement sa préférence en enveloppant de sa bienveillance et à de nombreuses reprises le gentil (Daniel Auteuil), la haute fonction publique polardière de la France exige un combat au couteau pour départager les lauréats. Ce sera donc l'arrestation d'un gang particulièrement méchant (ouhlala, ils sont vraiment terribles, tatoués de partout, armes de guerre, grosses berlines allemandes, disant plein de gros mots aux flics, no future yeahhhhh !) qui permettra de faire la différence. Le gentil flic à pas mal de coups d'avance sur le méchant flic (Gégé Depardieu) et il arrive à "loger" la bande de voyoux mais au péril de son intégrité de gentil flic (mais personne ne le sait). Le méchant flic n'a plus qu'une solution, faire foirer le flag du gentil, ce qu'il réussit plutôt bien mais un flic gentil copain d'Auteuil meurt dans l'histoire et voilà notre Gégé avec l'IGS sur le dos et toute la brigade anti-gang du gentil qui demande sa peau.

Seulement, notre gros Gégé apprend qu'Auteuil n'est pas net (en fait il le savait par anticipation, c'est pour cela qu'il a fait foirer le coup sinon son geste est tout à fait crétin) et qu'il a couvert un meurtre en échange d'une information sur le gang des très méchants. Du coup, tadaaaa !, le gentil Auteuil est envoyé en taule et le méchant Depardieu obtient le poste. Bien vu Gégé, tu l'as screwé à mort le chouchou du Dirlo ! Dans le même temps, le nouveau Dirlo se débarrasse des trucs encombrants, dont la femme du gentil Auteuil avec qui on comprend qu'il fricota dans le temps - re-damned - l'est implacable le Depardieu. Sept ans plus tard, à sa sortie de prison pour bonne conduite (normal il est vraiment gentil) Auteuil ne pense plus qu'à jouer
Le fils du retour de la vengeance... à son ancien poteau...


La critique de l'époque est passée avec une pudeur de jeune fille sur la totale invraisemblance du récit alors qu'elle louait d'un autre côté son réalisme. C'est la première chose tout à fait énervante en ce qui concerne l'histoire narrée dans 36 quai des Orfèvres. Film sur la rivalité - mais j'y reviendrai par la suite - il est construit sur un effet d'optique psychologique, une espèce de tricherie que l'on rencontre très souvent dans le mauvais polar (livre) : le geste de Depardieu (faire foirer le flag) n'est justifiable et compréhensible que si le même Depardieu a déjà vu le début du film, c'est-à-dire s'il sait qu'Auteuil s'est fait avoir par son indic et que tout cela va se retourner contre lui. Autrement, c'est un suicide professionnel, ce qui est assez incompatible avec le portrait psy sommaire du commandant Klein.

Car le réalisateur et scénariste Olivier Marchal a tout fait pour ne surtout pas développer la psychologie de ses personnages, sans doute plus difficile à filmer que les grosses berlines bavaroises dont semble désormais équipée la police française (je sais maintenant où passent mes impôts). On ne souhaite pas embarrasser la ménagère favorite de TF1 - pour qui ce film a été fait, dimanche soir oblige - de détails psychologiques trop importants. Elle a déjà tellement à faire avec la coupe de cheveux d'Eva Longoria ou les aller-retours d'Amy Winehouse en détox qu'il ne faut pas lui gâcher sa fin de week-end. Dire que l'un est gentil, l'autre méchant et qu'ils sont rivaux semblent suffire à Marchal qui jamais ne montre les "effets" de cette rivalité, la violence qu'elle induit et présuppose. Auteuil comme Depardieu sont comme deux poissons froids sans aucune âme qui se la jouent à la samouraï, deux grands professionnels que les choses de la vie ne semblent pas toucher... Bon Dieu ! ce garçon n'a jamais lu Stendhal ? Dostoïevski ?

Le problème est que le film n'est que cette confrontation rivale estropiée. Les seconds rôles sont des
moignons, des trognons inconsistants : l'épouse d'Auteuil (Valeria Golino) est là pour augmenter le pathos et le chantage à la compassion ; l'épouse de Depardieu (Anne Consigny) pour accentuer encore plus le côté chanmé du Gégé ("regarde Momone, même sa femme elle le trouve méchant !"). Dussolier, avec sa bonne tête sympa, fait office de chœur antique au rabais, marqueur du gentil au début, puis répétant inlassablement "que puis-je (pouvais-je) y faire ?"... Seul le rôle tenu par Catherine Marchal a une vraie consistance.

Sept ans plus tard, par une astuce scénaristique aussi grosse que celle ayant permis de mettre Auteuil en cabane, la vengeance de ce dernier est accomplie mais il a jusqu'au bout gardé les mains propres. Honneur et défense de la police, hummmm, que du lourd.

Ajoutons une bande son inaudible (mais cela tombe bien, les dialogues sont médiocres) parasitée par une des BO les plus abjectes rencontrées ces dernières années, quelques moments totalement grotesques (ah, la révolte des flics en grand uniforme dans la cour de la Préf... honneur de la police vous dis-je...), une photo plutôt soignée... Il n'en fallait pas plus pour qu'Ollioude en annonce le remake.

Alors, nanar coûteux, chierie intersidérale ou simplement mauvais film ? Les trois mon capitaine.
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Message par stalker Jeu 7 Aoû - 16:02

Tu m'ôtes certains mots de la bouche, Varg.
Ce film manquait dans le Bazar pour qu'on continue d'y appuyer des arguments.

La référence à Heat m'avait laissé penser que la traversée de l'Atlantique par certaines réalisations américaines causait de gros dégâts, ou posait comme un filtre. Voilà tout ce que nous en avons retenu ? Tout ce que nous avons trouvé le moyen d'en tirer ?

Je ne suis pas certain que l'attente du public y soit pour quelque chose. Ce n'est pas la seule raison. Je crois que cette attente est avant tout conditionnée par les décideurs ; ceux qui choisissent de miser sur tel ou tel réalisateur - ou plutôt tel ou tel produit marchand à faire réaliser (adapter, souvent). Le public, il prend ce qu'on lui donne, et, la plupart du temps, il en pense ce qu'on lui suggère fortement d'en penser.
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Message par Replay Jeu 7 Aoû - 18:46

Je ne vais pas faire avancer le débat, mais j'ai regardé le film à la télé.
Quel intérêt ? Qui trouve ça bien ? C'est du sous polar pour amateurs d'effets polars, de couleurs polars (ces teintes entre le noir et blanc, blanc bleu gris), ces clichés à la puissance 17, ces dialogues en bleu blanc gris, ces personnages archétypiques. C'est aussi comique et attendu qu'un western spaghetti. Tout est à sa place dans ce navet. N'importe quelle série est aussi bien. J'aime encore mieux PJ, tiens.
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36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004) Empty Re: 36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004)

Message par Varg Jeu 7 Aoû - 20:50

Alors voilà quelques chiffres qui font... froid dans le dos.

• En salle, près de deux millions d'entrées sur les 6 premiers mois d'exploitation
• En diffusion sur Canal+, comme meilleur film du mois (ahahaha, c'est bon de rire), chiffres non communiqués,
• En diffusion sur TF1, la tévé des cerveaux disponibles pour les bulles de Coca, plus de 8 383 000 spectateurs, soit 35 % de PDM et encore, le service n'est pas compris...
• Google ne veut rien me dire sur la vente et location DVD. Google, you bastard !

Quelques commentaires à présent direct du ouèbe :
"Le meilleur polar français de ces dernières années..." (Braveheart, le blog d'Olivier)
"Un excellent polar, remarquablement interprété ! Pour son 2eme film en tant que realisateur Olivier Marchal est vraiment impressionnant ! Le film parait qui plus est trés realiste... A voir absolument !" (Redapples, sur le site Cinefil
"Olivier Marshal réalise le plus grand film policier français à ce jour." (MengI sur le même site que ci-dessus).

MengI a sans doute commencé sa carrière de cinéphile avec la reprise hardboiled de l'Inspecteur Gadget et son univers référentiel est, du coup, limité. La lecture des témoignages sur allociné est également tout à fait éloquente. Il y a un motherfu**** de public pour cela, qui se délecte déjà du prochain projet de Marchal, une reprise d'un des plus grands navets de la décennie 90. Je ne peux pas dire le nom, c'est trop drôle...

replay a écrit:J'aime encore mieux PJ
Oui mais tu aimes aussi Millenium alors je ne sais pas si... Non Replay, pas frapper, pas frapper... Aïe... Aïe...
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36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004) Empty Re: 36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004)

Message par Replay Ven 8 Aoû - 2:17

PJ est une série qui se mérite. C'est comme La petite maison dans la prairie, il ne faut pas avoir loupé le début. J'entends d'ici les ricanements de Varg-le-cruel. Je trouve presque invariablement mauvais ces polars très typés, le flic ou l'ex-flic qui a perdu un copain en mission, qui boit, aura beaucoup de mal à rencontrer l'amour et se fera laminer par sa hiérarchie pourrie, le tout dans un commissariat tellement décati qu'on se demande si c'est bien humain de faire vivre des policiers dans des locaux qui dégoûteraient les plus démunis des squatters. Les hommes y ont tous une peau malsaine et les murs suintent de deux siècles au moins de sueur des gardés à vue, rien ne s'évapore. Chez eux, ce n'est pas mieux, ils boivent l'argent des meubles, ils ont des femmes pas gentilles et même pas un canari qui les préviendra si l'assassin est planqué dans la salle de bains. Totale déprime.
Le dernier film noir récent que j'ai apprécié au cinéma est "Les promesses de l'ombre, de Cronenberg".
Qu'on trouve des qualités à "36 quai des orfèvres" me rend songeuse, ces chiffres m'étonnent. Pour moi, aussitôt regardé, aussitôt oublié.
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Message par Varg Ven 8 Aoû - 9:47

Je te taquinais bien entendu...
Replay a écrit:PJ est une série qui se mérite. C'est comme La petite maison dans la prairie, il ne faut pas avoir loupé le début. J'entends d'ici les ricanements de Varg-le-cruel.
Je n'en doute pas et je ne vais pas cacher que je suis un dévoreur de séries parfois à la limite de la débilité - moi ET les séries que je regarde. Je n'en dis pas plus afin de conserver mon aura de Varg-le-Cruel ;-) -, ce qui fait soupirer de désespoir mon entourage (comment peut-on aimer Docteur Who et René Char ? Coupling et Wittgenstein ? Cold Case et Mankell* ?) .

Je ne jette donc jamais la pierre aux personnes qui regardent ces séries et qui les apprécient. Ou cela me gêne bien sûr, c'est quand elles ne regardent que cela et transforme cette expérience en horizon indépassable (ce qui n'est pas ton cas naturellement).

Replay a écrit:Le dernier film noir récent que j'ai apprécié au cinéma est "Les promesses de l'ombre, de Cronenberg".
C'est un film magnifique. Tu nous en fait un compte-rendu ?

* Là je plaisante bien sûr. Je déteste Mankell...
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36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004) Empty Re: 36, quai des Orfèvres - Olivier Marchal (2004)

Message par Replay Ven 8 Aoû - 20:17

Je ne sais pas faire de compte rendu de cinéma: je me contente de regarder les films, mais à part parler de l'histoire, de l'intrigue, je n'ai pas de regard critique dessus. Je connais peu les metteurs en scène, leur vie, leur travail, j'ignore tout du parcours des acteurs, je ne connais rien à la technique, au vocabulaire même du cinéma. J'y vais assez peu, habitant à la campagne, et je ne vais voir que les films dont je suis quasiment certaine qu'ils ne me décevront pas. Les films, je les vois surtout à la télé (le téléchargement pirate, c'est MAL).
Je vous lis donc avec intérêt, et j'emprunte les dvd "série noire" à la médiathèque...
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