Où trouver des polars à Tulle

L'existence de la librairie Préférences m'est revenue en tête à l'occasion d'un entretien avec son instigateur, dans le numéro 95 de la revue Le matricule des anges (juillet-août 2008, spécial J.P. Manchette). Il y a quelques années, la boutique se trouvait dans une autre rue, toute proche, plus confidentielle. La librairie se situe à présent face à la cathédrale de Tulle, sur la place. Elle est beaucoup plus vaste et plus riche encore.

Sa particularité, c'est qu'elle ne propose que des ouvrages choisis par le libraire. Il s'appelle Pierre Landry et vous accueille dans ses murs en vous offrant un café, un thé ou un verre de vin rouge. Avec mon amie, juste avant midi, nous avons opté pour le rouge.
En arrivant, je me suis demandé si une place serait accordée au roman noir dans ce lieu, et plus spécifiquement au polar. C'est bien le cas. Le rayon est étroit, par très haut ; il doit contenir tout au plus 180 ouvrages, parmi lesquels Manchette, Sallis, Crews, Izzo, Hammet, Crumley... ou encore tous les numéros disponibles de la revue Temps noir. Je suis reparti avec un recueil de nouvelles de Crumley.

Choisir les ouvrages qu'on présente ne signifie pas pour autant qu'on les a tous lus. Seulement, d'un auteur qu'on a particulièrement apprécié, nous allons logiquement passer à un autre, qui l'aura influencé, ou dont l'orientation sera proche. D'un auteur qu'on aura découvert, on dira qu'il est contemporain de tel autre, et un écho s'établira ; un principe de bouche à oreille, aussi, du libraire à sa clientèle, et inversement. Au final, c'est une circulation qui s'organise dans le lieu, d'un genre à un autre, d'une critique à une simple anecdote. Le résultat est une cohérence curieuse qui, de toute évidence, repose sur le sens et la nourriture de l'esprit.

Pas de têtes de gondoles dans cette librairie.
Juste la tête fort sympathique du libraire, et un moment passé à parler de littérature.

Tulle se trouve en Corrèze (19), près de Brive.

Détail non négligeable : la librairie est ouverte 12 heures par jour, et 365 jours par an (366 cette année).

Ne manque plus que les horaires de train et ton publi-reportage sera parfait...

Merdre une librairie sympa ouverte 12h/366 jours par an, y'a bien qu'en province que l'on voit cela... Salaud de paysans !

Brive ? comme c'est exotiiiiiiiiique...

Brive est assez triste comme ville, de mon point de vue.
Tulle un peu moins, si le soleil s'en mêle.
Les parages valent le détour, pour plein de raisons : les cascades de Gimel, les quais d'Argentat, le plateau de Millevaches, la plus grande tapisserie d'Aubusson qui siège à deux pas de la librairie Préférences. Et si tu passes dans les coins, tu me fais un signe, je ne suis pas très loin.

Je ne bouge malheureusement plus de la capitale, veillant heure après heure sur mes nombreux investissements... Ahahaha...

Mais j'aurai volontiers bu un coup avec toi après une ballade dans ce coin, que je connais un peu pour y avoir séjourner, il y a une bonne trentaine d'années.

Varg a écrit:y'a bien qu'en province que l'on voit cela... Salaud de paysans !

Brive ? comme c'est exotiiiiiiiiique...

Tout le mépris du parisien pour ce qui n'est pas parisien....
C'est affreux. On se dit qu'Internet, c'est le monde entier. Qu'un Japonais, qu'un Aborigène, qu'un Bantou, qu'un Irlandais même peuvent communiquer avec nous sur un pied d'égalité qu'on désire libre et fraternel.
Eh ben NON! Le libraire de la Creuse serait donc plus exotique qu'un épicier arabe ouvert la nuit ? qu'un bistrotier breton ? Hein ? Hein ?
Germanopratin, va !

Replay a écrit:(...) Le libraire de la Creuse...

De la Corrèze, miss, de la Corrèze.

la Corrèze, la Creuse, tout ça c'est si loin, hein....

Tiens, j'ai entendu parler récemment d'un petit festival de polar organisé en Creuse, annuel. Je vais me renseigner mieux à ce sujet. Je crois que c'est du côté d'Aubusson.

Aubusson... croissant noir de maisons sinistres surplombant un sombre cours d'eau.

Replay a écrit:Aubusson... croissant noir de maisons sinistres surplombant un sombre cours d'eau.

Il manque les corbeaux... Et l'homme au visage émacié, vêtu de hardes loqueteuses, flanqué d'un molosse couleur de ténèbres...

Ça fout les jetons...

Tulle ça me rappelle des chips moisies (de couleur verte).

Sinon, le libraire de L'Odeur du temps, à Marseille, il a dit ça (et j'ai pensé aux liens subliminaux Corrèze, Marseille et ailleurs en France, entre ces gens passionnés choisissant des livres):

"L'objectif auquel tout libraire doit tendre, c'est une librairie où chaque livre est relié aux autres par un fil fait de rencontres, de lectures, de spéculations, d'oppositions, d'erreurs, d'errements et de notes en bas de page."

Et aussi ça: "Dans ma pratique, conseiller consiste le plus souvent à détourner. Oui, je déconseille des livres, que le client a choisis après une prescription abusive, d'après les éloges de la critique pour un livre qui n'en mérite guère."
(Lu dans Le livre: que faire? - ouvrage collectif pas misérabiliste - La fabrique éditions)