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Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933)

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Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933) Empty Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933)

Message par Varg Dim 12 Oct - 15:38

Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933) Gdiggers

Comme le film de gangsters, la comédie musicale est fille de la Grande Dépression. Je parle bien sûr de celle où certains banquiers et spéculateurs ruinés eurent la décence de se jeter par la fenêtre sans l'assistance d'un système de freinage de leur chute. Pas celle dans laquelle nous pataugeons à présent, où leurs successeurs se contenteront de regarder - confortablement installés sur la misère du monde - leurs valets politiques nous faire les poches jusqu'au dernier centime...

Destiné à remonter le moral de populations durement touchées par la Crise, le musical obéit au départ à des règles assez simples : chansons, fanfreluches, jolies filles court vêtues et happy ending obligatoires. L'action se passe la plupart du temps dans un théâtre afin que le prétexte du chant et de la danse ne soit pas trop absurde. Il faudra attendre le début des années 1950 pour voir enfin musique et danse servir l'action et l'évolution des personnages avec de vrais auteurs comme le couple Kelly & Donnen et son Singing in the rain (1952) ou Minnelli et son sublime The Band Wagon (1953), à mon sens le film le plus parfait de l'histoire du cinéma.

Si je vous parle aujourd'hui de Gold Diggers of 1933, c'est parce qu'il est à la fois d'actualité et qu'il montre aussi que ce genre, léger par définition, pouvait également refléter les préoccupations d'une société voir en porter la critique. Gold Diggers of 33 est un film sans illusions sur l'Amérique et il le doit à trois numéros musicaux qui continuent de sonner très modernes à nos oreilles.

L'histoire de ces chercheuses d'or est simple : trois comédiennes au chômage et sans le sou tentent de mettre la main sur des grossiums pour éviter de mourir de faim. Cette partie du film, très enlevée et très drôle bien qu'attendue, est réalisée par le grand Melvin LeRoy (à qui l'on devait, en 1931, Little Caesar considéré comme le prototype du film de gangsters et en 1932 I Am a Fugitive from a Chain Gang l'un des films les plus poignants sur la condition carcérale). Quatre grands numéros musicaux viennent se greffer sur cette intrigue, tous réalisés par Busby Berkeley, qui travaillait en totale indépendance du réalisateur principal. Busby Berkeley inventa la comédie musicale première époque, d'abord parce qu'il comprit que le cinéma permettait de montrer ce que l'oeil ne pouvait voir (c'est à lui par exemple que l'on doit ces prises de vue aériennes des girls formant des motifs géométriques) ensuite parce qu'il avait du talent et qu'il aimait profondément le spectacle spectaculaire. Par exemple ici, le numéro The Shadow Waltz met en scène une cinquantaine de femmes jouant du violon dans le noir, les instruments et les archets étant équipés de néons. Enfin, parce les numéros qu'il mettait au point pouvaient être moins légers que d'apparence...

Le film ouvre sur une scène de théâtre où des girls, entraînées par Fay (Ginger Rogers) chante les louanges de l'argent facile, dans un décor de dollars gigantesques (We're in the Money).

Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933) Gold01

Traduction approximative des lyrics : On ramasse un fric fou, On va le prêter, on va le dépenser, On ramasse un fric fou le soleil brille partout, La crise peut aller se rhabiller, Aujourd'hui il n'y a plus personne à la soupe populaire, On récolte un fric fou, On va le prêter, on va le dépenser, Et hop là !. Cette chanson optimiste et insouciante est interrompue nette par le principe de réalité, à savoir des huissiers venant saisir tout ce qu'ils peuvent pour cause d'impayés, y compris le moindre morceau de costume des girls.

Gold Diggers of 33 - Mervyn LeRoy et Busby Berkeley (1933) Gold02

Voilà, le rêve est passé pour tous et toutes. Chômage et précarité vont suivre. Le contraste entre la gaieté du départ et la violence (relative) de la saisie est tout à fait saisissant.

Le deuxième numéro intéressant est Pettin' in the Park qui propose un réjouissant aperçu de la "guerre des sexes" où Berkeley joue constamment avec les limites. Un bébé incarné par un acteur de petite taille et dont ont dû s'inspirer les auteurs de Who Framed Roger Rabbit pour le personnage de Baby Herman sert de fil rouge entre des tableaux à l'érotisme certain et qui seraient sans doute tombés sous le coup du Code de censure (Code Hays) adopté un an plus tard par les studios.

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Après leur strip-tease interrompu par le bébé farceur, les girls retrouvent leurs amoureux vêtues de robes métalliques infranchissables - ah ! ces femmes qui s'offrent mais ne se donnent pas - sauf à être muni d'un ouvre-boite, ce qu'avait bien entendu anticipé le bébé...

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Le dernier numéro qui conclut le film est intitulé Remember My Forgotten Man et il illustre un problème récurrent chez les Amerlocains : l'absence de considération pour les anciens soldats, qui donna lieu à de très nombreux films et livres, après chacun des conflits menés par les Etats-Unis. L'occasion pour Berkeley de montrer également la réalité de la crise dans cet abandon des vétérans qui forment les files d'attente à la soupe populaire et sont rudoyés par la police, sauf quand des plus déclassés qu'eux, ici Joan Blondell jouant le rôle d'une prostituée, prennent leur défense.

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Un des grands atouts de ce numéro est que Blondell chantait fort mal (ce qui était le cas de pas mal d'actrices qui furent doublées lorsqu'elles jouaient dans des musicals) et que Berkeley préféra finalement lui faire déclamer son texte, retrouvant en cela des accents très berlinois. La marche du dernier plan rappelle celle des vétérans de 1932 sur la capitale fédérale qui inspira Berkeley. A noter que Puttin' in the Park devait conclure le film mais que les producteurs, en premier Zanuck, furent tellement bluffés par Remember My Forgotten Man qu'ils décidèrent de le mettre en conclusion, colorant ainsi de pessimisme social une oeuvre atypique.

Voilà, un petit peu de bonheur dans ce monde de voleurs...
Varg
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