Felletin - Journée du livre

Ce sera le 14 août, ce qui laisse du temps à ceux qui habitent loin et qui ne sauront pas quoi faire ce jour-là.
Felletin, c'est en Creuse. Tout près d'Aubusson.
Apparemment, il y aura pas mal d'auteurs, mais ce n'est pas spécifique au polar. Loin de là, même.
Je n'ai pas encore le programme, mais je devrais dédicacer aux côtés d'Antonin Varenne dans cette salle des fêtes du trou du cul du monde.
Je mettrai des précisions ici quand j'en aurai. Pour archives.

C'est vendredi, de 9h à 18h.
Vu le délai dont vous disposiez pour vous organiser, je suppose que tous les membres de Noir Bazar vont s'y retrouver, hein, n'est-ce pas ?
Sinon, ben je ramènerai peut-être une photo ou deux.
En plus d'Antonin Varenne, Franck Bouysse se joint à nous. Tout ceci augure donc une journée causette.

Il faisait chaud à Felletin. Dehors et dedans. On a passé autant de temps sur la terrasse d'un troquet du bourg que sur le salon, qu'on a quitté vers 16h étant donné la température écrasante.
Un accueil très chaleureux. Les auteurs aux petits soins : cafés-croissants à volonté, bâton de pèlerin en cadeau, dîner chronométré, vin de table transparent, et une hôtesse attitrée sur la journée. Avec Antonin, on était les deux seuls auteurs de polars du salon. On a aussi partagé la même hôtesse, qui s'appelait Yvonne.
Juste à côté de nous : Miss Limousin. Eh oui, elle a écrit un livre intitulé Miss et sourde ! (le point d'exclamation fait partie du titre). Nul n'est parfait. Grâce à elle, on devrait passer sur France 3 ce soir (flous au premier plan ou flous à l'arrière-plan).
Forte tendance terroir dans l'ensemble. Il fallait s'y attendre.
Il n'y avait rien à photographier.
Les auteurs les plus cités par les lecteurs avec qui on a discuté sont : Vargas, Indridason, Connelly, Coben et Larsson.

stalker a écrit:Avec Antonin, on était les deux seuls auteurs de polars du salon. On a aussi partagé la même hôtesse, qui s'appelait Yvonne.

Bon, je vais éviter le commentaire salace ici...

stalker a écrit:Juste à côté de nous : Miss Limousin. Eh oui, elle a écrit un livre intitulé Miss et sourde ! (le point d'exclamation fait partie du titre). Nul n'est parfait. Grâce à elle, on devrait passer sur France 3 ce soir (flous au premier plan ou flous à l'arrière-plan).

Bon, je vais éviter le commentaire salace ici...

stalker a écrit:Les auteurs les plus cités par les lecteurs avec qui on a discuté sont : Vargas, Indridason, Connelly, Coben et Larsson.

Que du best-sellers. Triste...

Que du best-seller, ouaip.
Et ce n'est pas propre à Felletin, ni à la région d'ailleurs. Mais on le sait. Les médias tendent des perches et les gens s'y jettent. Fouiller par soi-même, c'est à dire ne pas se fier aux médias (ou s'y fier uniquement pour chercher autre chose que ce qu'ils médiatisent) est denrée rare chez le lecteur commun. Ce que je dis se base sur une dizaine de dialogues aujourd'hui, mais il arrive qu'un ovni sorte d'une bouche, parfois. C'est rare, mais ça arrive.

Autre constat : pas mal de gens annoncent d'emblée qu'ils n'aiment pas le polar. Et vu qu'on est des emmerdeurs, on leur demandent pourquoi, et surtout quelles expériences fâcheuses ont bien pu les pousser à en arriver là. Certains passent leur chemin, mais d'autres vont nous dire que les histoires d'enquêtes, de policiers et de victimes, ça les lasse un peu au bout d'un moment.
Je pense que beaucoup de lecteurs ont goûté au polar, mais pensent en avoir fait le tour après avoir lu 6 ou 7 bouquins des années 60 / 70, voire plus anciens. Les polars à Papa, les bonnes vieilles intrigues policières, les détectives paumées, quelques classiques. Simenon, Dard, Le Masque et la Série noire sont passés par-là. C'est ça, ou bien on a directement affaire à des best-sellers, effectivement. Mais, dans l'écrasante majorité des cas, les nuances sont rares. Mais on est surtout là pour rencontrer des gens et parler avec eux. Alors on en parle. Certains repartent avec nos bouquins, et d'autres non. On n'a pas la prétention de révolutionner le genre, ni d'être en mesure de perturber les convictions des gens qu'on croise, mais on n'est ni des Simenon, ni des Coben. C'est juste des petits cailloux dans un mur. Même si Antonin parvient à présent à y coller des belles caillasses, tout de même.

C'était à 9km d'Aubusson. Et ça n'a vraiment rien à voir avec les Nuits Noires, cela dit.

Je crois que l'effet télévision est pire encore que les quelques livres qu'ils ont pu lire,. Regarde une semaine dans un programme télé et compte le nombre d'émissions (le grandes affaires criminels, les grands procès, etc.), séries, téléfilms qui tournent autour de ces thèmes, d'autant plus à présent avec la TNT.

C'est tout bonnement effrayant en termes de sollicitation. Et bien moins fatiguant que lire un livre...

Varg a écrit:Je crois que l'effet télévision est pire encore que les quelques livres qu'ils ont pu lire,. Regarde une semaine dans un programme télé et compte le nombre d'émissions (le grandes affaires criminels, les grands procès, etc.), séries, téléfilms qui tournent autour de ces thèmes, d'autant plus à présent avec la TNT.

C'est tout bonnement effrayant en termes de sollicitation. Et bien moins fatiguant que lire un livre...

Oui, c'est effrayant. Je sais pas ce que ça represente en pourcentage mais ça doit approcher voir dépasser les 50%. La télé devient une sorte d'objet de diffusion massive de séries, de documentaires, de films essentiellement sur la police et la justice, sur le rapport des gens à la justice et à la police.
Il y a également un phénomène bizarre: les séries sont diffusées n'importe comment, certaines s'arrêtent sans prévenir, les rediffusions sont permanentes. Il faut se rendre compte que la chaine TMC diffuse depuis plusieurs années, les mêmes épisodes de L.A. Dragnet, c'est les mêmes, ils sont passés cinquante fois sans interruptions. je me demande comment les programmateurs peuvent justifier cela?

Les séries amerlocaines de l'année qui passent sur TF1 sont diffusées dans le désordre et pas intégralement (certaines seraient jugées trop dures/violentes pour le public français).

Pour la (re)diffusion des mêmes épisodes, ils n'appellent pas la multi-diffusion afin que chacun puisse voir – au bout de 50 ans – l'intégrale d'un show ?

Il n'a pas été question de télévision dans les dialogues avec les personnes dont je parle plus haut. Et rarement question avec des lecteurs côtoyés à d'autres occasions. Leur choix de lire ceci ou cela semble émaner d'ailleurs. Je dirais de la presse en général, ou bien de l'attraction créée par les têtes de gondoles et les conseils de responsables de rayon qui n'y connaissent rien et misent sur des évidences marchandes.

Hier, une dame d'environ 65 ans a papoté avec nous, avant de nous prendre chacun un livre. Parmi les détails de sa vie qu'elle n'a pas manqué de nous déballer, elle a indiqué qu'elle possédait une bibliothèque qui prenait tout un mur. Et que, étant donné qu'elle ne regardait pas la télévision, elle passait ses soirées à lire depuis pas mal d'années. Dont des polars, mais pas seulement.

Je ne veux pas m'avancer, mais je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui lisent et ne regardent pas (ou très peu) la télévision. Ce sont deux mondes assez différents. Tout comme il existe aussi des personnes qui estiment que, une fois qu'elles ont vu l'adaptation ciné de Pars vite et reviens tard (c'est un exemple), estiment avoir lu le roman de Vargas.

stalker a écrit:Je ne veux pas m'avancer, mais je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui lisent et ne regardent pas (ou très peu) la télévision. Ce sont deux mondes assez différents.

Ce n'est pourtant pas ce que rapporte les enquêtes d'utilisation de l'outil. Il y a peu de personnes qui, possédant un téléviseur, ne le regarde pas (quant à savoir s'ils lisent à la place, c'est encore une autre histoire).

Ce que je voulais dire ci-dessus, c'est que le goût des gens s'est adapté à l'esthétique (enfin, façon de parler) télé, que cela soit en termes de lecture ou de cinéma. Leurs goûts et leurs exigences sont descendus au ras de ces narrations linéaires bouclées en 42 minutes, avec champ/contre-champ en cas de dialogue, avec du gros plan à tire-larigot, mal cadré, mal joué souvent, terriblement mal doublées quand tout ceci vient de l'étranger. Et ils veulent retrouver cela dans les livres qu'ils lisent... Et ils rejettent les produits télévisuels de qualité (je pense à OZ et à The Wire* (qui est je le rappelle la plus formidable série télévisée jamais produite) parce que s'écartant trop de l'utilisation ordinaire de l'outil télévisuel qu'ils ont assimilée...

stalker a écrit:Tout comme il existe aussi des personnes qui estiment que, une fois qu'elles ont vu l'adaptation ciné de Pars vite et reviens tard (c'est un exemple), estiment avoir lu le roman de Vargas.

Il y a pire, il y a ceux qui, lisant Leo Malet, trouveront ça mauvais par rapport à la série avec Guy Marchand (qui n'est pas le pire, enfin, pas tout à fait).

* Entendu sur Arte Metropolis (regardé exprès puisqu'il y passait) Lehane parler de l'écriture et de sa collaboration, notamment à certains épisodes de The Wire :
« Je ne comprends toujours pas pourquoi un écrivain est aussi peu payé par rapport à un scénariste »
« Quand j'écris un livre, je fais tout : les fondations, les murs, le toit, la plomberie, l'électricité, les aménagements extérieurs et intérieurs. Quand j'écris pour une série, cela équivaut à donner un coup de peinture »

Varg a écrit:
Il y a pire, il y a ceux qui, lisant Leo Malet, trouveront ça mauvais par rapport à la série avec Guy Marchand (qui n'est pas le pire, enfin, pas tout à fait).

Ah oui, il y a aussi cette possibilité-là.
Je ne saurais pas quoi répondre à une personne qui me ferait ce genre de commentaire. J'aurais peut-être du mal à rester courtois, en fait.

Ce qui est sur, c'est qu'avant la télé, le roman policier était un objet de consommation massive.

edmond Gropl a écrit:Ce qui est sur, c'est qu'avant la télé, le roman policier était un objet de consommation massive.

Il l'est encore plus aujourd'hui puisqu'il assure une bonne partie du CA de la plupart des éditeurs.
Mais il a peut-être aussi changé de nature ?

Varg a écrit:

edmond Gropl a écrit:Ce qui est sur, c'est qu'avant la télé, le roman policier était un objet de consommation massive.

Il l'est encore plus aujourd'hui puisqu'il assure une bonne partie du CA de la plupart des éditeurs.
Mais il a peut-être aussi changé de nature ?

Non, il l'est beaucoup moins, (mais peut-être tout autant en pourcentage de CA). Il y a quelques locomotives qui marchent fort mais cela n'a rien avoir avec les tirages d'antan, les San Antonio, les fleuves noirs, les SAS, les séries noires, les OSS 117 etc.. C'était une industrie. Chaque marché de France avait son bouquiniste ou l'on pouvait échanger ses polars .