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Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994

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Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994 Empty Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994

Message par stalker Dim 19 Juil - 0:04

En arrivant dans une cité harcelée par les vieux démons de la peur et de la division, Œdipe a ouvert les portes et les cœurs. Il a naturellement été fait roi. Personne ne sait d'où il vient. Le sait-il lui-même ? Une enquête va révéler une vérité si effrayante qu'Œdipe, roi de Thèbes, est devenu, au fil des siècles, la mère de toutes les tragédies, celle qui porte en elle tous les modèles du roman noir.

Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994 Oedipe_roi

Les amateurs de polars adorent se réclamer de la poésie ou de la tragédie classique. C'est pour eux une manière réjouissante, provocatrice de revendiquer l'éternité de la littérature face à ceux qui ne voient dans le roman noir qu'un genre mineur voué à la disparition. J’ai voulu profiter de mon passage à la Série noire pour aller plus loin dans la provocation en publiant une nouvelle traduction de la plus noire des tragédies, celle qui raconte l'histoire de ce roi maudit qui est l'assassin de son père avant de devenir l'amant de sa mère et commandite une enquête qui le mènera à la découverte de sa propre culpabilité. Freud y puisa des trésors, tous les auteurs de la Série Noire aussi.
(notes de l’éditeur / traducteur en introduction du livre)

Je me demande bien ce qu’est devenu ce petit bouquin qu’un programme de collège m’avait prié d’acquérir… A l’époque, je n’en ai pas retenu grand-chose. Pour ainsi dire, rien. Plus tard, j’ai recroisé Œdipe dans l’œuvre de Freud et, par la suite, j’ai repris le bouquin à la bibliothèque, en quelque sorte pour illustrer Freud. J’avoue que ça m’a profondément ennuyé. Je suis revenu à Freud et je vais y rester.

Cette lecture de la traduction de Didier Lamaison, à l'époque directeur de la collection Série noire, ne m’a pas plus captivé que le texte lu au collège. Bien sûr, il est complètement remanié ou, disons ré-interprété, mais il respecte le mythe et ne le prive en aucun cas de son sens. Ne vous attendez pas à une transcription à l’intention des amateurs de polars. Il s’agit là d’une référence universelle et d’une provocation, et non d’une construction moderne inspirée d’une tragédie, comme a pu le faire, par exemple, Laurent Martin avec son roman L’ivresse des dieux.

La psychanalyse nous a appris à apprécier de plus en plus l’importance fondamentale du complexe d’Œdipe, et nous pouvons dire que ce qui sépare adversaires et partisans de la psychanalyse, c’est l’importance que ces derniers attachent à ce fait. (Freud)

*

Le roman est également disponible chez Folio policier, accompagné d'une traduction inédite de l’œuvre de Sophocle. Les deux textes sous la direction de Didier Lamaison.

Série noire n°2355
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Message par Varg Dim 19 Juil - 12:19

Le problème qui se pose avec le petit père Oedipe est que notre vision est totalement phagocytée par la prévalence de la boîteuse (hihi...) et manipulatrice lecture freudienne (dont Sigmund n'arrivera même pas à se dépétrer dans Totem et Tabou). Avant de relire Sophocle (parce que, comme tu le notes si bien, on reste trop souvent avec son expérience scolaire qui peut être déceptive) deux directions de lecture pour combattre l'unicité d'approche :

Celle de Robert Graves (Les Mythes grecs) qui revisite la totalité de la mythologie que nous connaissons et donc, bien évidemment, celle du boiteux et futur aveugle thébain. Où l'on apprend que le meurtre du vieil époux de la reine par le nouveau était une habitude périodicisée et fixée par les rites dans tout le monde méditerranéen. Le mariage "avec la mère" était l'union du vainqueur avec l'émanation de la Déesse véritable détentrice du pouvoir (car monde matriarcal). Graves se lit aussi bien que les Contes et légendes du monde grec de notre (mon ?) enfance mais donne accès à un système symbolique de l'univers méditerranéen incomparable, très éloignée de la pensée unique et fouchtra que nous en avons...

Celle de René Girard qui, lui, se contente de lire Sophocle pour faire "mentir Freud" (il lui suffit de constater que la violence meurtrière lors de la rencontre au carrefour provient bien ET uniquement du père, pas du fils) et faire avancer sa thèse du conflit mimétique entre le père (modèle) et le fils (sujet) où la mère (objet) n'a finalement aucune importance dans l'intensité et le résultat de la confrontation. Cette lecture doit être éparpillée sur les deux ouvrages anthropologiques de Girard La violence et le Sacré et Des choses cachées depuis la fondation du monde. Cela se lit aussi assez facilement.

Tous ces bouquins en poche, chez Pluriels je crois.
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Message par limbes Ven 14 Aoû - 3:34

Pour une variation parmi d’autres, mais récente sur le (les) thème(s) de la pièce de Sophocle, il y a Kafka sur le rivage, de Murakami.
Du coup je l’ai lue, la pièce. C’est bizarre de lire quelque chose qu’on croit connaître, et pour le coup, c’est assez fascinant (comme remonter à une des sources). La lecture qu’en fait René Girard et que tu évoques, Varg, est passionnante mais je ne peux m’empêcher de penser qu’il ne se contente pas de lire la pièce comme tu le dis, mais bien qu’il l’utilise dans le sens qui lui convient pour illustrer sa théorie, un peu comme Freud finalement. Disons qu’il me semble qu’il a besoin d’un Œdipe innocent, pour en faire un bouc émissaire sacrificiel. Dans la fameuse scène du carrefour, je vois une violence au minimum partagée, certes c’est Œdipe qui est repoussé au départ par celui qui est son vrai père, mais sa réaction est tout à fait brutale, et lorsqu’il reçoit des coups de fouet du père, il répond par une violence qu’on peut penser démesurée puisqu’il le tue, avec le guide.
Moi ce qui m’a fascinée, c’est cette espèce d’alternative lugubre inhérente à la condition humaine : soit vivre en ne voulant rien savoir (à cet égard le personnage de Jocaste, la mère est redoutablement intéressant), soit vouloir à tout prix savoir mais au risque de ne plus pouvoir vivre (avec en plus, la question sans fin du : que savoir ? où ça s’arrête, y a –t-il une vérité originelle qu’il suffirait de recouvrer, ou est-ce une succession de métaphores à réagencer , ou encore seulement savoir qu’on ne sait pas grand-chose, voire rien?...)
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Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994 Empty Re: Œdipe roi (traduction de Didier Lamaison) - 1994

Message par Varg Ven 14 Aoû - 8:04

Je ne crois pas que Girard a besoin d'un Œdipe innocent, parce qu'il ne l'est pas ou bien il l'est autant que Laïos.

Ce n'est pas dans la scène du carrefour que l'Œdipe sacrificiel prend naissance, c'est dans la suite de l'histoire, et de façon assez conforme avec ce que pensait avoir dégagé Graves des pratiques autour du Roi sacré : en l'occurence et suivant cette approche du mythe, c'est Laïos qui est ici la victime sacrificielle.

Ce qu'illustre chez Girard la scène du carrefour, c'est la rivalité mimétique et la montée instantanée de violence qu'elle génère, dès lors qu'elle n'a pour enjeu que le prestige (elle n'a toujours en jeu que le prestige, c'est-à-dire la prévalence de son être sur l'autre), c'est-à-dire sans objet pour médiatiser la confrontation.

Tu vois une violence partagée et je la vois aussi, et Girard la voit également, parce que l'exposé de la rivalité mimétique qu'il fait de tout temps rend indécidable, dans le cercle de la rivalité mais aussi pour un observateur extérieur, l'objet / commencement de celle-ci. Le premier geste violent semble bien être du côté du père mais il y a néanmoins un côté indécidable, circulaire et exponentiel de la violence (et cela, nous en avons tous fait l'expérience « c'est toi qui a commencé... Non, c'est pas vrai, c'est toi... Non c'est toi... ad lib. ») avec une absence de point fixe qui rend, aux yeux de Girard et aux miens, la thèse freudienne artificielle et partisane (parce qu'elle décide justement, et arbitrairement).

Au pire dirait Girard (de l'histoire du carrefour) : rien ne permet de décider entre une violence initiale du père et une violence initiale du fils MAIS AUSSI, la violence circulaire entre le père et le fils n'a pas pour objet la mère.

Ce n'est pas non plus dans cette lecture d'Œdipe que Girard malmène le plus la thèse freudienne mais dans celle de Totem et Tabou où les mères sont absentes (comme dans la scène du carrefour) et où ne restent en présence que le père terrible et ses fils. Et là, il se contente de laisser parler Sigmund.
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