Oppel, Jean-Hugues - Ambernave (1995)
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Oppel, Jean-Hugues - Ambernave (1995)
Dans le port d'Ambernave, il y a des marins, ce qui en soi n'a rien d'étonnant... Il y a aussi Émile, l'ancien docker misanthrope, qui boîte et qui boit. Qui a trop lu Steinbeck. Qui cherche un homme sur les quais sans le savoir, au hasard de ses errances portuaires. Et le trouvera dans l'haleine glacée des brumes océanes, pour vivre enfin le livre à sa manière... Des petits chiens et des ombres.
Le prologue du roman dresse un décor, vaste ; une scène de théâtre ravagée. C’est ici que les hommes vivent, s’épuisent, s’abîment : sur les docks, cernés d’entrepôts désaffectés et de brume, du mauvais côté du Mail. Un prologue qui saisit par le poids des phrases, splendides et douloureuses, aux airs d’ouverture autant que de testament.
Dans le port d’Ambernave, il y a des marins qui meurent.
C’est ici que vit Emile, dit Patte-folle, que les flics connaissent bien ; l’ancien docker à prothèse qui survit d’une pension d’invalidité et, accessoirement, d’une prime obtenue grâce à un tuyau fourni à monsieur Wong, parrain des lieux. Emile erre sur les quais ; il en connaît l’histoire, les figurants et les ficelles. Il voit tout, il sait tout, et le répète parfois – ou le garde pour lui.
Le clochard boiteux vit dans une masure située au bout d’une impasse peu fréquentable, quelque part dans la zone où les colleurs d’affiches n’aiment pas qu’on les regarde ; où des bandes de voyous à couteaux s’en prennent à quiconque foule leur territoire ; où les voitures pie font des rondes et trouvent des macchabées démontés. C’est ici, quelque part dans les ruines industrielles, que se cache le Croque-mitaine ; tueur sanguinaire et géant insaisissable accompagné d’un petit chien planqué dans sa poche. On y touche, on est mort.
La rencontre d’Emile et du tueur aura lieu dans un entrepôt, une nuit, et la suite du roman nous invite à suivre cet étrange tandem au quotidien, dans le moindre détail, à coups de phrases tranchantes et savoureuses ; de mots qui prennent aux tripes et débusquent l’humanité là où on ne l’attend plus ; ensevelie qu’elle est sous les couches du capitalisme, de l’indifférence et de la misère.
Le monstre s’appellera Johé.
Lucide, critique et touchant. Ambernave a des allures de comédie tragique. On est pris dès les premières lignes et jusqu’à la fin dans le flux des mots. L’auteur les a aiguisés un à un, n’en a laissé aucun au hasard. Nous allons vivre au plus près d’un clochard et d’un monstre muet qui casse des corps. Le petit chien s’en fiche, il joue. Et au-dessus de la masure, des hordes de vautours guettent. Emile le sait et Johé l’ignore.
Le meilleur roman d’Oppel, m’avait-on dit. Je confirme, à ce jour.
Biographie de l'auteur
Le prologue du roman dresse un décor, vaste ; une scène de théâtre ravagée. C’est ici que les hommes vivent, s’épuisent, s’abîment : sur les docks, cernés d’entrepôts désaffectés et de brume, du mauvais côté du Mail. Un prologue qui saisit par le poids des phrases, splendides et douloureuses, aux airs d’ouverture autant que de testament.
Dans le port d’Ambernave, il y a des marins qui meurent.
C’est ici que vit Emile, dit Patte-folle, que les flics connaissent bien ; l’ancien docker à prothèse qui survit d’une pension d’invalidité et, accessoirement, d’une prime obtenue grâce à un tuyau fourni à monsieur Wong, parrain des lieux. Emile erre sur les quais ; il en connaît l’histoire, les figurants et les ficelles. Il voit tout, il sait tout, et le répète parfois – ou le garde pour lui.
Le clochard boiteux vit dans une masure située au bout d’une impasse peu fréquentable, quelque part dans la zone où les colleurs d’affiches n’aiment pas qu’on les regarde ; où des bandes de voyous à couteaux s’en prennent à quiconque foule leur territoire ; où les voitures pie font des rondes et trouvent des macchabées démontés. C’est ici, quelque part dans les ruines industrielles, que se cache le Croque-mitaine ; tueur sanguinaire et géant insaisissable accompagné d’un petit chien planqué dans sa poche. On y touche, on est mort.
La rencontre d’Emile et du tueur aura lieu dans un entrepôt, une nuit, et la suite du roman nous invite à suivre cet étrange tandem au quotidien, dans le moindre détail, à coups de phrases tranchantes et savoureuses ; de mots qui prennent aux tripes et débusquent l’humanité là où on ne l’attend plus ; ensevelie qu’elle est sous les couches du capitalisme, de l’indifférence et de la misère.
Le monstre s’appellera Johé.
Lucide, critique et touchant. Ambernave a des allures de comédie tragique. On est pris dès les premières lignes et jusqu’à la fin dans le flux des mots. L’auteur les a aiguisés un à un, n’en a laissé aucun au hasard. Nous allons vivre au plus près d’un clochard et d’un monstre muet qui casse des corps. Le petit chien s’en fiche, il joue. Et au-dessus de la masure, des hordes de vautours guettent. Emile le sait et Johé l’ignore.
Le meilleur roman d’Oppel, m’avait-on dit. Je confirme, à ce jour.
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