Cloverfield - Matt Reeves (2008)
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Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Cloverfield est qualifié de film « catastrophe ». On peut en déduire que nous ne sommes plus ici dans le domaine du fantastique, ni celui de l’horreur ou de l’épouvante. Catastrophe semble signifier un rapport immédiat au réel ; une proximité que n’entretiennent pas les genres suscités qui touchent davantage au domaine de l’irrationnel, que ce soit par le biais de l’invraisemblable ou, dans le meilleur des cas, de la métaphore.
Mais « catastrophe » n’implique pas moins l’usage de la métaphore, sinon la projection de phénomènes appartenant au domaine du possible, via le cinéma, c’est à dire création d’une fiction qui peut intégrer le registre épouvantable, au sens invraisemblable, aussi bien que celui d’un fantastique tel que l’envisageait Lovecraft, c’est à dire prenant le soin de ne pas donner forme à l’origine de l’épouvante, et demeurant sans cesse sur un fil rouge, tendu à l’extrême, où tout est possible – où la source de l’horreur prendra autant de formes qu’il y a de lecteurs (ou de spectateurs) pour l’imaginer.
Cloverfield n’appartient pas à ce registre, puisque la catastrophe est figurée, et elle est monstrueuse. Monstrueuse au même titre que Alien, par exemple. H.P. Lovecraft y trouverait sans doute à redire. Il remarquerait que le fait de donner une forme à l’horreur diminue considérablement l’impact de cette horreur sur les esprits et l’expulse par ce fait du domaine du possible. Il admettrait aussi, peut-être, que la dimension métaphorique de l’œuvre en question peut ne pas s’en trouver affectée.
Et c’est bien le cas de Cloverfield.
Initialement, le projet aurait dû prendre la forme d’une série télévisée. Son échec le changea en projet cinématographique. Le producteur, J.J. Abrams, a également produit Armageddon et Mission : impossible 3. Entre autres.
Quant à l’origine de Cloverfield, elle repose sur un phénomène sonore encore inexpliqué, enregistré à plusieurs reprises, au cours de l’été 1997, par le National Oceanic and Atmospheric Administration. Une ultra-basse fréquence localisée autour de 50° S 100° W (côte sud-ouest de l’Amérique du Sud), qu’aucune espèce d’animal aquatique connue n’est en mesure de produire.
Le son n’a plus été entendu depuis 1997.
Autre élément, non moins étonnant, le point d’origine de cette fréquence sonore est relativement proche de la ville fictive de R’lyeh imaginée par H. P. Lovecraft. Dans sa nouvelle L’Appel de Cthulhu, Lovecraft avait situé R’lyeh à 47°9′S 126°43′W dans l’Océan Pacifique sud. Dans la mythologie lovecraftienne, le grand ancien Cthulhu était enfermé dans cette cité mythique.
L'origine du son est également proche du point Némo (48°50′S 123°20′W ), c'est-à-dire le point de l'océan le plus éloigné de toute terre émergée ; soit un lieu très peu fréquenté par l'Homme (pôle maritime d'inaccessibilité).
N’y a-t-il pas ici matière à inspirer un film catastrophe ?
Cloverfield, dès les premières secondes, nous évoque le Projet Blair Witch. Un individu va se déplacer tout le long du film avec un caméscope vidéo et interpréter ce qui se passe, tout en le filmant, dans la mesure du possible. Cette vidéo amateur constituera l'unique corps visuel du film, jusqu'à la fin.
Ce narrateur de fortune n’est donc ni metteur en scène, ni chef opérateur ; ce n’est qu’un figurant accidentel, plutôt naïf, un tantinet simple d’esprit, qui, initialement, ne devait même pas tenir cette caméra.
Initialement, c’est une soirée organisée en l’honneur de Rob qui va quitter les USA pour partir au Japon. La scène se passe à l’ étage X d’un immeuble situé à Manhattan. Tous les amis de Rob sont présents, il y a à boire, à manger, de la musique, des lumières appropriées, des gens qui se connaissent, et d’autres qui ne se connaissent pas vraiment, mais se rencontrent. Chaque figurant de cette soirée est invité à dire son petit mot devant la caméra, à l’attention de l’heureux étudiant en partance pour le Japon.
On danse un peu, on picole beaucoup, on se lance des répliques, on retourne le passé, des fantômes apparaissent, des garçons, des filles ; on rit, mais on est aussi au bord de pleurer. C’est un grand appartement et il est peuplé d’individus qui semblent tous bénéficier d’une situation solide (ou en voie de l’être) au sein de la société américaine. Nous ne nous inquiétons pas pour leur sort, et le début du film nous inciterait même plutôt à nous soucier de la consistance des valeurs sur lesquelles repose cet ensemble complexe de relations qui s’entremêlent ici : s’entraperçoivent, s’effleurent tout juste, se télescopent violemment – s’ignorent.
Pourtant, des signes d’affect pointent leur nez peu à peu. Des histoires d’amour semblent parvenues à naître dans cette nasse sociale qui, au départ, nous apparaissait pourtant si froide, ou seulement stéréotypée ; convenue, frigide.
Une histoire d’amour en particulier, mais il se trouve qu’elle a foiré par le passé et que le présent n’envisage pas d’améliorer les choses. On en est là lorsque tout bascule.
Et ce n’est pas simplement cette soirée qui bascule. C’est les buildings qui chatouillent le ciel, puis toutes les certitudes qu’on avait rangées dedans, comme des croyances dans des esprits malléables ou des paroles divines dans des pages.
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stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Elle a encore toute sa tête, mais elle se tire, on dirait...
(Ce Cloverfield m'intrigue)
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Ce film a quelque chose de vraiment effrayant.
Je te le recommande, Limbes.
C'est différent de Phenomenes, mais je pense qu'il est nourri avant tout au sens, et non simplement au champ spectaculaire.
Le tout, c'est de ne pas le découvrir lors d'une soirée entre potes. Sinon, c'est fichu.
Je te le recommande, Limbes.
C'est différent de Phenomenes, mais je pense qu'il est nourri avant tout au sens, et non simplement au champ spectaculaire.
Le tout, c'est de ne pas le découvrir lors d'une soirée entre potes. Sinon, c'est fichu.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Bien vu, la photo me fait penser à ces personnes agées qui quittent leur maison de retraites et vont se perdre dans les bois. On parle d'Alzheimer mais on pourrait aborder cela comme un "phénomène".limbes a écrit:
Elle a encore toute sa tête, mais elle se tire, on dirait...
Re: Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Je l'ai vu hier. Ce que dit Stalker est juste, figurer l'horreur diminue l'impact de celle ci. De plus, la créature a un aspect grand-guignolesque post-alien d'un effet douteux. Dans le projet Blair Witch, l'horreur ne figurait jamais, il m'a laissé, du coup, une impression de malaise que ne procure pas Cloverfield. Autre aspect négatif, les personnages nous laissent de marbre, ils sont beaux, riches, lisses même dans l'horreur. La seule qui présentait quelque intérêt à mes yeux meurt rapidos, dommage.
On ne peut s'empêcher de voir dans ce film une métaphore post-11 septembre, les certitudes vacillent à l'instar des buildings mais je n'arrive pas à déterminer de qui la bestiole est la métaphore.
Cloverfield m'apparait dispensable et je suggère dans un genre proche de regarder cet excellent film coréen, "the host".
On ne peut s'empêcher de voir dans ce film une métaphore post-11 septembre, les certitudes vacillent à l'instar des buildings mais je n'arrive pas à déterminer de qui la bestiole est la métaphore.
Cloverfield m'apparait dispensable et je suggère dans un genre proche de regarder cet excellent film coréen, "the host".
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Cloverfield - Matt Reeves (2008)
Vu.
J'avoue qu'après ce jour, le 25 novembre 2008 qui a été pour moi une journée de galère urbaine, de cauchemar administratif (vous savez, quand votre situation échappe à tout protocole, que vous ne rentrez pas dans les cases et que vous devez TOUT justifier), j'avoue donc que rien ne vaut, pour reprendre espoir, qu'un bon film de fin du monde. C'est pour ça que je ne dirais pas de mal de CLOVEFIELD que j'ai d'ailleurs déjà oublié, bien que je ne me sois pas non plus ennuyé.
Petites remarques:
- Deux plans lourdement insistants sur deux logos publicitaires ( Nokia/sephora), curieux cette publicité, bon sang, tout New York est en train de crever et on fait de la pub pour un telephone portable (tout les reseaux sont morts, l'idée étant peut-être dans certaines situations de mort imminente, c'est pas inutile d'avoir un bon portable, une histoire de dernières volontés, de derniers mots prononcès dans un Nokia, je sais pas.) et pour une boutique de parfum, encore que ^se parfumer avant d'affronter des monstres qu'ont peu imaginer puants..
- Le monstre principal est de type humanoide tandis que les petits monstres sont de type arachnéens, ce qui implique une comunauté d'espece assez interessante.
- Un bon rappel, en cas de situation ou on ne sait rien du danger et de la forme qu'il a, c'est peut être une bonne idée de suivre les animaux, par exemple les rats, se fier à leur instinct. C'est peut-être plus fiable que de suivre les forces de l'ordre.
Je me demande si "Holocaust Cannibal" est pas le premier film à utiliser ce truc de la camera in situ.
Dans le même genre, j'avais quand même préferé REC ( plus flippant, plus curieux puis j'en ai marre de ces personnages standarts américains, les espagnols sont quand même plus rigolo) et surtout, THE DESCENT (le même truc de la caméra) mais là ça se passe sous terre et les plans Spéléologiques sont vraiment réussi (et il y a des implications)
"Phénomènes" me semble quand même beaucoup plus interessant.
Mais je ne me suis pas ennuyé.
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J'avoue qu'après ce jour, le 25 novembre 2008 qui a été pour moi une journée de galère urbaine, de cauchemar administratif (vous savez, quand votre situation échappe à tout protocole, que vous ne rentrez pas dans les cases et que vous devez TOUT justifier), j'avoue donc que rien ne vaut, pour reprendre espoir, qu'un bon film de fin du monde. C'est pour ça que je ne dirais pas de mal de CLOVEFIELD que j'ai d'ailleurs déjà oublié, bien que je ne me sois pas non plus ennuyé.
Petites remarques:
- Deux plans lourdement insistants sur deux logos publicitaires ( Nokia/sephora), curieux cette publicité, bon sang, tout New York est en train de crever et on fait de la pub pour un telephone portable (tout les reseaux sont morts, l'idée étant peut-être dans certaines situations de mort imminente, c'est pas inutile d'avoir un bon portable, une histoire de dernières volontés, de derniers mots prononcès dans un Nokia, je sais pas.) et pour une boutique de parfum, encore que ^se parfumer avant d'affronter des monstres qu'ont peu imaginer puants..
- Le monstre principal est de type humanoide tandis que les petits monstres sont de type arachnéens, ce qui implique une comunauté d'espece assez interessante.
- Un bon rappel, en cas de situation ou on ne sait rien du danger et de la forme qu'il a, c'est peut être une bonne idée de suivre les animaux, par exemple les rats, se fier à leur instinct. C'est peut-être plus fiable que de suivre les forces de l'ordre.
Je me demande si "Holocaust Cannibal" est pas le premier film à utiliser ce truc de la camera in situ.
Dans le même genre, j'avais quand même préferé REC ( plus flippant, plus curieux puis j'en ai marre de ces personnages standarts américains, les espagnols sont quand même plus rigolo) et surtout, THE DESCENT (le même truc de la caméra) mais là ça se passe sous terre et les plans Spéléologiques sont vraiment réussi (et il y a des implications)
"Phénomènes" me semble quand même beaucoup plus interessant.
Mais je ne me suis pas ennuyé.
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