La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
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La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
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Il y a des adaptations que je préfère découvrir sans avoir lu le livre dont elles sont tirées. Cette fâcheuse habitude d’attendre d’un réalisateur qu’il copie-colle un roman sur un grand écran a pour inconvénient, parfois (rarement), de passer complètement à côté des choix formels du réalisateur.
Rarement, car si nombreux sont les réalisateurs qui se contentent de copier-coller, c’est à dire de réciter plus ou moins par cœur la trame d’un roman à l’aide d’une caméra et avec la complicité d’un producteur qui sait ce qu’il fait - c'est à dire d'oublier de faire du cinéma.
Parmi les raretés qui me viennent à l’esprit dans l’instant, il y aurait Lune froide, de Patrick Bouchitey (d’après Bukowski) ; Le festin nu, de David Cronenberg (d’après Burroughs) ; Série noire, de Alain Corneau (d’après Jim Thompson) ; Shining, de Kubrick (d’après Stephen King), ou encore Le deuxième souffle, de Jean-Pierre Melville (d’après José Giovanni).
Sans doute faudrait-il mieux distinguer le boulot de réalisateur de celui d’adaptateur.
Alfred Lot semble bien appartenir à la deuxième catégorie. Mais la distinction ne peut ici s’établir que si l’on a lu le roman de Franck Thilliez, évidemment. On peut ainsi dire que le roman est drôlement bien restitué et que la qualité du montage n’y est pas pour rien. Mais on cherche désespérément la marque personnelle du réalisateur dans cette adaptation. On ne la trouve pas, car le film est une pure transcription du roman à l’écran.
Etait-ce bien utile ?
Peut-être était-ce rentable...
A la vue de la bande annonce, j’ai redouté un échec cuisant dans la veine de La sirène rouge, adaptée du roman de Maurice G. Dantec. Du copié-collé exemplaire, avec une flopée d’effets spéciaux en prime, à la Luc Besson ou au 14 juillet.
Mais non, c’est supportable à ce niveau-là. Le film tient même plutôt bien la route dans l’ensemble, à l’exception d’une poignée de scènes ralenties qui font bâiller et d’une bande sonore téléphonée, impersonnelle au possible, à la sauce 36 quai des Orfèvres, avec ses synthétiseurs mielleux et ses gâchettes de flingues qui sonnent comme des pas d’éléphant dans une cuve en métal.
Le film reste digeste. Merci monsieur Thilliez.
Le point fort, à mon sens, se situe dans la distribution des rôles et les prestations qui en découlent. Le casting est presque irréprochable et contribue largement au fait que le film parvienne à captiver.
Mélanie Laurent et Eric Caravaca forment un tandem tout à fait consistant. Nathalie Richard n’est pas au meilleur de sa forme, mais s’en sort bien (il aurait fallu la secouer légèrement). La performance furtive de Jean-François Stévenin est remarquable et judicieuse. Celle de Fanny Cottençon, sans être étonnante, apporte une touche fantaisiste au film, comme un petit relief d’absurdité au beau milieu d’un univers nocturne, orageux et moite.
En conclusion, je dirais que si vous avez la flemme de lire le roman de Franck Thilliez, vous pouvez regarder le film d’Alfred Lot. Mais ce serait passer à côté de l’écriture de Thilliez qui, dans son registre, est tout à fait appréciable.
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Il y a des adaptations que je préfère découvrir sans avoir lu le livre dont elles sont tirées. Cette fâcheuse habitude d’attendre d’un réalisateur qu’il copie-colle un roman sur un grand écran a pour inconvénient, parfois (rarement), de passer complètement à côté des choix formels du réalisateur.
Rarement, car si nombreux sont les réalisateurs qui se contentent de copier-coller, c’est à dire de réciter plus ou moins par cœur la trame d’un roman à l’aide d’une caméra et avec la complicité d’un producteur qui sait ce qu’il fait - c'est à dire d'oublier de faire du cinéma.
Parmi les raretés qui me viennent à l’esprit dans l’instant, il y aurait Lune froide, de Patrick Bouchitey (d’après Bukowski) ; Le festin nu, de David Cronenberg (d’après Burroughs) ; Série noire, de Alain Corneau (d’après Jim Thompson) ; Shining, de Kubrick (d’après Stephen King), ou encore Le deuxième souffle, de Jean-Pierre Melville (d’après José Giovanni).
Sans doute faudrait-il mieux distinguer le boulot de réalisateur de celui d’adaptateur.
Alfred Lot semble bien appartenir à la deuxième catégorie. Mais la distinction ne peut ici s’établir que si l’on a lu le roman de Franck Thilliez, évidemment. On peut ainsi dire que le roman est drôlement bien restitué et que la qualité du montage n’y est pas pour rien. Mais on cherche désespérément la marque personnelle du réalisateur dans cette adaptation. On ne la trouve pas, car le film est une pure transcription du roman à l’écran.
Etait-ce bien utile ?
Peut-être était-ce rentable...
A la vue de la bande annonce, j’ai redouté un échec cuisant dans la veine de La sirène rouge, adaptée du roman de Maurice G. Dantec. Du copié-collé exemplaire, avec une flopée d’effets spéciaux en prime, à la Luc Besson ou au 14 juillet.
Mais non, c’est supportable à ce niveau-là. Le film tient même plutôt bien la route dans l’ensemble, à l’exception d’une poignée de scènes ralenties qui font bâiller et d’une bande sonore téléphonée, impersonnelle au possible, à la sauce 36 quai des Orfèvres, avec ses synthétiseurs mielleux et ses gâchettes de flingues qui sonnent comme des pas d’éléphant dans une cuve en métal.
Le film reste digeste. Merci monsieur Thilliez.
Le point fort, à mon sens, se situe dans la distribution des rôles et les prestations qui en découlent. Le casting est presque irréprochable et contribue largement au fait que le film parvienne à captiver.
Mélanie Laurent et Eric Caravaca forment un tandem tout à fait consistant. Nathalie Richard n’est pas au meilleur de sa forme, mais s’en sort bien (il aurait fallu la secouer légèrement). La performance furtive de Jean-François Stévenin est remarquable et judicieuse. Celle de Fanny Cottençon, sans être étonnante, apporte une touche fantaisiste au film, comme un petit relief d’absurdité au beau milieu d’un univers nocturne, orageux et moite.
En conclusion, je dirais que si vous avez la flemme de lire le roman de Franck Thilliez, vous pouvez regarder le film d’Alfred Lot. Mais ce serait passer à côté de l’écriture de Thilliez qui, dans son registre, est tout à fait appréciable.
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Dernière édition par stalker le Lun 30 Juin - 3:47, édité 1 fois
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Je n'aime pas l'écriture de Thilliez!
J'ai essayé deux ou trois de ses romans, dont celui ci: le début me fait toujours penser à quelqu'un d'autre et je tique sur les clichés, les lourdeurs, etc (enfin, sur ce qui pour moi en sont).
Déjà, le genre serial killer, bof bof, mais là.... je trouve ça lourd, lourd, lourd...
Alors, le film, ça ne me tente pas trop.
J'ai essayé deux ou trois de ses romans, dont celui ci: le début me fait toujours penser à quelqu'un d'autre et je tique sur les clichés, les lourdeurs, etc (enfin, sur ce qui pour moi en sont).
Déjà, le genre serial killer, bof bof, mais là.... je trouve ça lourd, lourd, lourd...
Alors, le film, ça ne me tente pas trop.
Replay- Messages : 528
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : Bretagne
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Replay a écrit:Je n'aime pas l'écriture de Thilliez!
J'ai essayé deux ou trois de ses romans, dont celui ci: le début me fait toujours penser à quelqu'un d'autre et je tique sur les clichés, les lourdeurs, etc (enfin, sur ce qui pour moi en sont).
Déjà, le genre serial killer, bof bof, mais là.... je trouve ça lourd, lourd, lourd...
Alors, le film, ça ne me tente pas trop.
Moi itou..
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Je n'ai pas lu le roman de Thilliez pour cause de francophobie galopante (mais je me soigne, enfin j'essaie...) mais j'ai vu le film qui ne m'a plus emballé que cela.
J'ai plutôt apprécié toute la mise en place des personnages, à peu près jusqu'a la visite du zoo par Lucie. Ensuite tout le reste - soit presque les deux tiers à courir - m'a semblé profondément convenu et ressassé, pour avoir sans doute trop lu/trop vu de thématiques voisines. Pourtant le croisement des trajectoires des deux chômeurs et du meurtrier me semblait porteur d'espérances avant que le film ne s'enfonce puis sombre dans le pathos. Je n'ai pas été impressionné non plus par la distribution, à l'exception de Laurent...
Par contre, je ne suis pas trop d'accord avec ton affirmation :
J'ai plutôt apprécié toute la mise en place des personnages, à peu près jusqu'a la visite du zoo par Lucie. Ensuite tout le reste - soit presque les deux tiers à courir - m'a semblé profondément convenu et ressassé, pour avoir sans doute trop lu/trop vu de thématiques voisines. Pourtant le croisement des trajectoires des deux chômeurs et du meurtrier me semblait porteur d'espérances avant que le film ne s'enfonce puis sombre dans le pathos. Je n'ai pas été impressionné non plus par la distribution, à l'exception de Laurent...
Par contre, je ne suis pas trop d'accord avec ton affirmation :
mais je pense que l'on pourrait ouvrir un topic dédié à l'adaptation des œuvres littéraires au cinéma. Je n'attends surtout pas cela d'un réalisateur pour la simple et bonne raison que j'ai déjà, à la lecture, créé ce monde, cette représentation et ces personnages et qu'il sera alors difficile à un adaptateur (ou réalisateur) de rivaliser avec cette construction (en ne s'écartant pas de la trame initiale ou en ne la réinventant pas...). Et que, donc, ce que j'attends d'un film, c'est une lecture des mêmes matériaux qui me surprendrait une nouvelle fois... Sinon, à quoi bon ?stalker a écrit:Cette fâcheuse habitude d’attendre d’un réalisateur qu’il copie-colle un roman sur un grand écran a pour inconvénient, parfois (rarement), de passer complètement à côté des choix formels du réalisateur.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Lorsque j'écris ce que tu as cité de ma critique, Varg, je m'efforce de considérer un schéma très global ; une tentative de synthèse de tout ce que j'ai pu entendre, lire, constater de cette attente du spectateur lorsqu'il va au cinéma pour voir un roman adapté.
Souvent, très souvent, on aime ou on n'aime pas un film parce qu'il restitue ou ne restitue pas le roman initial. Parmi les critères d'appréciation, celui-ci est très important. Quand je ne connaissais rien au cinéma, je me suis souvent retrouvé dans ce cas de figure. Je suis parfois passé à côté de grands films, tout simplement parce que j'attendais de retrouver le roman trait pour trait à l'écran.
Je suis d'accord avec toi lorsque tu dis : ...ce que j'attends d'un film, c'est une lecture des mêmes matériaux qui me surprendrait une nouvelle fois... Sinon, à quoi bon ?
Dans ce sens-là, le réalisateur a été en mesure de s'accaparer l'oeuvre initiale pour en faire une oeuvre "nouvelle" qui ne cesse pas de tenir compte de celle dont elle s'inspire ; mais pas une simple réplique à l'écran, ou excroissance à but commercial. Ce cas de figure est extrêmement fréquent et fausse tout. Je me demande si en plus de "réalisateur" et "adaptateur", on ne pourrait pas ajouter une troisième catégorie : cinéaste.
Mais ça va compliquer les choses...
Souvent, très souvent, on aime ou on n'aime pas un film parce qu'il restitue ou ne restitue pas le roman initial. Parmi les critères d'appréciation, celui-ci est très important. Quand je ne connaissais rien au cinéma, je me suis souvent retrouvé dans ce cas de figure. Je suis parfois passé à côté de grands films, tout simplement parce que j'attendais de retrouver le roman trait pour trait à l'écran.
Je suis d'accord avec toi lorsque tu dis : ...ce que j'attends d'un film, c'est une lecture des mêmes matériaux qui me surprendrait une nouvelle fois... Sinon, à quoi bon ?
Dans ce sens-là, le réalisateur a été en mesure de s'accaparer l'oeuvre initiale pour en faire une oeuvre "nouvelle" qui ne cesse pas de tenir compte de celle dont elle s'inspire ; mais pas une simple réplique à l'écran, ou excroissance à but commercial. Ce cas de figure est extrêmement fréquent et fausse tout. Je me demande si en plus de "réalisateur" et "adaptateur", on ne pourrait pas ajouter une troisième catégorie : cinéaste.
Mais ça va compliquer les choses...
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Je suis tout à fait d'accord avec toi, notamment au vu des exemples que tu cites dans ton message d'ouverture (Cronenberg, Corneau ou Kubrick...)stalker a écrit: Je me demande si en plus de "réalisateur" et "adaptateur", on ne pourrait pas ajouter une troisième catégorie : cinéaste.
Et puis ? Ne sommes-nous pas là pour ça ? ;-)stalker a écrit:Mais ça va compliquer les choses...
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
La chambre des morts: Je ne conseille pas ce film, je ne le trouve pas mieux que n'importe quel téléfilm thriller en fin de soirée sur une chaîne de la TNT. Je n'ai pas essayé le livre dont il est tiré, c'est peut-être une adaptation pas terrible ?
Hurlu- Messages : 20
Date d'inscription : 18/06/2008
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Au contraire, Hurlu, je pense que c'est une bonne adaptation, dans le sens où le film restitue le roman. Mais il vaut mieux lire le roman. C'est un très bon thriller. Evidemment, on y retrouve pas mal de clichés et de lourdeurs, comme l'indique Replay, ainsi que tous les codes propres au genre. Personnellement, l'écriture de Thilliez ne me déplaît pas, à condition de la situer dans son contexte : celui du thriller.
Une discussion très argumentée au sujet de La chambre des morts est lisible sur le forum Le coin polar :
http://lecoinpolar.aceboard.fr/257585-3848-2625-0-Franck-Thilliez-chambre-morts.htm
Une discussion très argumentée au sujet de La chambre des morts est lisible sur le forum Le coin polar :
http://lecoinpolar.aceboard.fr/257585-3848-2625-0-Franck-Thilliez-chambre-morts.htm
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Merci pour le lien vers une discussion qui soulève de débordantes (par rapport au thème initial) et passionnantes questions via quelques vivifiantes imprécations. ;-)
La face cachée de Stalker :-) a écrit:
C'est parce que vous êtes des punks qui demandent à un pianiste de produire un solo de batterie. Vous n'en faites qu'à votre tête. Vous êtes vissés comme des stèles, incapables de modifier vos points de vue pour voir un peu à quoi ressemble le paysage sous un autre angle.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: La chambre des morts - Alfred Lot (2007)
Argh, Varg, quelle exhumation !
Ce jour-là, j'ai dû me demander ce que donneraient les Clash en reprenant Debussy, ou bien Francis Cabrel en interprétant Marilyn Manson, ou encore Arvo Pärt adaptant Abba. Je me souviens avoir lu Bukowski juste avant Thilliez, à cette époque.
Ce jour-là, j'ai dû me demander ce que donneraient les Clash en reprenant Debussy, ou bien Francis Cabrel en interprétant Marilyn Manson, ou encore Arvo Pärt adaptant Abba. Je me souviens avoir lu Bukowski juste avant Thilliez, à cette époque.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
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