L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
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L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
Ma démarche est lire un roman et d'accoler à cette lecture le visionnage du film qu'il a inspiré.
Lorsque j'ai vu L.A Confidential pour la première fois, bien avant la lecture du roman cet été, je l'avais aimé. Pas une oeuvre majeure certes mais un bon film noir à l'ambiance fifties très bien reconstituée grâce à un excellent travail sur les décors. Je n'ai pas été le seul à partager cet enthousiasme chez les amateurs de noir, je me souviens de discussions à son sujet sur un autre forum. Une adaptation d'Ellroy bien meilleure qu'une précédente réalisée dans les 80's avec James Woods et dont je ne me souviens plus du titre.
Et puis patatras !, j'ai lu le roman (chroniqué ici) avant de regarder le film une nouvelle fois. Trop de choses sont passées à la trappe. En vrac: psychologie des personnages (le plus grave à mon sens), des pans entiers de l'histoire qui donnent sens au roman, des personnages importants, le contexte socio-historique. Et puis, dans un souci de condensé, les scénaristes n'ont pas hésité à raconter un bout du roman avec des personnages de celui ci mais pas du tout impliqués dans ces scènes. Un cauchemar.
Reste le choix des acteurs et l'interprétation, la plus grande réussite du film. Russel Crowe, Guy Pearce, Kevin Spacey et Kim Basinger sont excellents et collent parfaitement aux personnages du roman (avec une mention spéciale à Russel Crowe, qui incarne à lui tout seul nombre de personnages Ellroyens).
Maintenant subsiste une question vertigineuse; quelle est la (ma) bonne vision de ce film, celle, neutre, d'avant la lecture du roman, ou celle, forcément comparative, d'après lecture ? Je tiens je n'y connais pas grand chose au cinéma quant à la forme.
Prochain essai: "Le sabbat dans Central Park" de William Hjortsberg et "Angel Heart" d'Alan Parker.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
L'adaptation dont tu parles doit être celle de Lune sanglante, intitulée COP au cinéma, réalisée par James B. Harris.
Je ne sais pas (je ne sais plus, à force... ou je préfère ne pas savoir, parfois) s'il y a une bonne façon et des mauvaises façons de percevoir une adaptation de roman à l'écran, mais celle dont tu fais part ci-dessus me semble courante : on cherche le roman à l'écran. On l'attend. On attend d'y retrouver ce qu'on a retenu de plus fort dans le récit écrit ; on attend de retrouver ce qui nous a marqué ou ce qui, "objectivement", constitue l'essentiel du roman. Je pense que c'est peine perdue et qu'il faut parvenir à distinguer une adaptation à but commercial d'une adaptation réalisée par des cinéastes qui se sont emparés du roman pour choisir d'en exploiter des aspects au détriment d'autres aspects.
Je n'ai pas lu le roman L.A Confidential, mais j'ai revu le film hier soir, suite à tes deux chroniques. Je n'ai donc pas attendu le roman à l'écran (est-ce un avantage ou une lacune de ne pas avoir lu le texte d'Ellroy auparavant ?). Le film me paraît assez bien réalisé, mais pas non plus exceptionnel. L'intérêt principal repose effectivement sur l'interprétation des acteurs et sur la mise en scène. Les décors également. Ce n'est pas un grand film, mais pas non plus une vulgaire adaptation où l'on renifle à tous les détours l'intention de tirer profit d'une oeuvre littéraire ; d'attirer les lecteurs convaincus dans la salle pour leur faire revivre l'aventure lue. On ne sent pas l'imposture, en somme.
Attendre le roman restitué à l'écran empêche d'apprécier le film, mais on en a parlé des dizaines de fois ici, et ailleurs. Restez-en aux romans si vous n'allez au cinéma que pour le retrouver en image. Premièrement, on ne peut pas le restituer tel quel (l'idée même est absurde), deuxièmement le cinéma reste un art à part entière, et c'est là que se trouve la difficulté.
Le cinéma n'a pas pour mission de reproduire (ou tenter de reproduire) des oeuvres littéraires. Ce sont deux registres, deux pratiques bien distinctes, deux formes d'expression, dotées chacune de possibilités propres, de vocabulaires propres.
Et pour réagir à une de tes remarques, Txoa, si la forme doit être au service du fond, elle ne doit pas pour autant se prostituer pour lui.
Pour reprendre un exemple récent, si vous regardez No country for old men, des frères Coen pour attendre le roman de Cormac McCarthy, vous contribuez vous-mêmes au phénomène marchand, vous tombez dans le piège et vous passez à côté du travail remarquable des frangins. Il y a deux oeuvres distinctes, et non une oeuvre suivie d'une tentative de mise en image (à l'intention, peut-être, des individus qui ne lisent pas et se disent en allant voir le film : ça m'évitera de lire le livre.
Si en revanche vous regardez le film La chambre des morts, adapté du roman de Franck Thilliez, vous allez effectivement voir une exploitation commerciale du roman, car le film ne présente aucun intérêt, sinon de vous épargner la lecture du roman, à la rigueur (mais vous ne bénéficierez pas pour autant de la plume de Thilliez). Il y a plein d'exemples de ce type, d'où la tentation d'attendre les romans à l'écran. C'est un réflexe de consommateur, et non de spectateur.
Aujourd'hui, les droits d'un best-seller ont toutes les chances d'être achetés très tôt par des producteurs en vue d'une adaptation (exploitation). Le chiffre incite à produire encore plus de chiffre - mais y a-t-il intention de réaliser une oeuvre cinématographique pour autant (digne de ce nom, j'entends) ? C'est rarement le cas. Il y a néanmoins de très grands films qui ont été réalisés à partir de romans. Je dirais même qu'ils sont nombreux, mais de mauvais exemples viennent brouiller les pistes et les perceptions.
Parmi les réussites qui me viennent à l'esprit, je citerais :
Le doulos, réalisé par Jean-Pierre Melville, d'après le roman éponyme de Lesou.
Le grand sommeil, de Howard Hawks, d'après le roman de Chandler.
Shining, de Stanley Kubrick, d'après Stephen King.
Le deuxième souffle, de Melville, d'après José Giovanni.
Série noire, d'Alain Corneau, d'après Jim Thompson.
La pianiste, de Haneke, d'après Elfriede Jelinek.
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Je ne sais pas (je ne sais plus, à force... ou je préfère ne pas savoir, parfois) s'il y a une bonne façon et des mauvaises façons de percevoir une adaptation de roman à l'écran, mais celle dont tu fais part ci-dessus me semble courante : on cherche le roman à l'écran. On l'attend. On attend d'y retrouver ce qu'on a retenu de plus fort dans le récit écrit ; on attend de retrouver ce qui nous a marqué ou ce qui, "objectivement", constitue l'essentiel du roman. Je pense que c'est peine perdue et qu'il faut parvenir à distinguer une adaptation à but commercial d'une adaptation réalisée par des cinéastes qui se sont emparés du roman pour choisir d'en exploiter des aspects au détriment d'autres aspects.
Je n'ai pas lu le roman L.A Confidential, mais j'ai revu le film hier soir, suite à tes deux chroniques. Je n'ai donc pas attendu le roman à l'écran (est-ce un avantage ou une lacune de ne pas avoir lu le texte d'Ellroy auparavant ?). Le film me paraît assez bien réalisé, mais pas non plus exceptionnel. L'intérêt principal repose effectivement sur l'interprétation des acteurs et sur la mise en scène. Les décors également. Ce n'est pas un grand film, mais pas non plus une vulgaire adaptation où l'on renifle à tous les détours l'intention de tirer profit d'une oeuvre littéraire ; d'attirer les lecteurs convaincus dans la salle pour leur faire revivre l'aventure lue. On ne sent pas l'imposture, en somme.
Attendre le roman restitué à l'écran empêche d'apprécier le film, mais on en a parlé des dizaines de fois ici, et ailleurs. Restez-en aux romans si vous n'allez au cinéma que pour le retrouver en image. Premièrement, on ne peut pas le restituer tel quel (l'idée même est absurde), deuxièmement le cinéma reste un art à part entière, et c'est là que se trouve la difficulté.
Le cinéma n'a pas pour mission de reproduire (ou tenter de reproduire) des oeuvres littéraires. Ce sont deux registres, deux pratiques bien distinctes, deux formes d'expression, dotées chacune de possibilités propres, de vocabulaires propres.
Et pour réagir à une de tes remarques, Txoa, si la forme doit être au service du fond, elle ne doit pas pour autant se prostituer pour lui.
Pour reprendre un exemple récent, si vous regardez No country for old men, des frères Coen pour attendre le roman de Cormac McCarthy, vous contribuez vous-mêmes au phénomène marchand, vous tombez dans le piège et vous passez à côté du travail remarquable des frangins. Il y a deux oeuvres distinctes, et non une oeuvre suivie d'une tentative de mise en image (à l'intention, peut-être, des individus qui ne lisent pas et se disent en allant voir le film : ça m'évitera de lire le livre.
Si en revanche vous regardez le film La chambre des morts, adapté du roman de Franck Thilliez, vous allez effectivement voir une exploitation commerciale du roman, car le film ne présente aucun intérêt, sinon de vous épargner la lecture du roman, à la rigueur (mais vous ne bénéficierez pas pour autant de la plume de Thilliez). Il y a plein d'exemples de ce type, d'où la tentation d'attendre les romans à l'écran. C'est un réflexe de consommateur, et non de spectateur.
Aujourd'hui, les droits d'un best-seller ont toutes les chances d'être achetés très tôt par des producteurs en vue d'une adaptation (exploitation). Le chiffre incite à produire encore plus de chiffre - mais y a-t-il intention de réaliser une oeuvre cinématographique pour autant (digne de ce nom, j'entends) ? C'est rarement le cas. Il y a néanmoins de très grands films qui ont été réalisés à partir de romans. Je dirais même qu'ils sont nombreux, mais de mauvais exemples viennent brouiller les pistes et les perceptions.
Parmi les réussites qui me viennent à l'esprit, je citerais :
Le doulos, réalisé par Jean-Pierre Melville, d'après le roman éponyme de Lesou.
Le grand sommeil, de Howard Hawks, d'après le roman de Chandler.
Shining, de Stanley Kubrick, d'après Stephen King.
Le deuxième souffle, de Melville, d'après José Giovanni.
Série noire, d'Alain Corneau, d'après Jim Thompson.
La pianiste, de Haneke, d'après Elfriede Jelinek.
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stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
stalker a écrit:
Pour reprendre un exemple récent, si vous regardez No country for old men, ...... ça m'évitera de lire le livre.
C'est exactement ce que j'ai ressenti. J'ai pensé que je ne trouverai pas autre chose en lisant le livre, qui ne soit dans le film.
Comme réussite, j'ai de la tendresse pour: "requiem for a dream" adaptation d'Hubert Selby.
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
Ben OK, Stalker, c'est ta réponse à la question que je pose. Alors quoi ? En regarder ou lire un en sacrifiant l'autre ? Peut être. Je pense que l'adaptation est aussi liée à la qualité du bouquin. Quand c'est un chef d'oeuvre ou au moins un grand livre, l'adaptation va de toutes façons être comparée.
Du coup, pas de oui ni de non ou de réponse toute faite à ma question. Je suis ravi d'avoir pu apprécier le film propre et je suis ravi d'avoir lu ce grand roman. Et tant pis pour ma vision du film a posteriori.
Essaie la lecture du roman, Stalker, maintenant, si tu veux je te le prête, tiens...
Du coup, pas de oui ni de non ou de réponse toute faite à ma question. Je suis ravi d'avoir pu apprécier le film propre et je suis ravi d'avoir lu ce grand roman. Et tant pis pour ma vision du film a posteriori.
Essaie la lecture du roman, Stalker, maintenant, si tu veux je te le prête, tiens...
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
Et une des plus belles réussites est de Tavernier avec Coup de Torchon, ce qui tend à prouver que chercher à coller au roman n'est pas un gage de réussite pour les scénaristes. Mieux, ça permet au réalisateur de se libérer du carcan du roman.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
C'est ce que j'essaye de dire, peut-être différemment.
Et je n'ai toujours pas vu ce Coup de torchon...
Initialement, je pensais que c'était l'adaptation d'une autre Série noire, intitulée Coup de torchon, la numéro 183, de William P. McGivern.
Et je n'ai toujours pas vu ce Coup de torchon...
Initialement, je pensais que c'était l'adaptation d'une autre Série noire, intitulée Coup de torchon, la numéro 183, de William P. McGivern.
Dernière édition par stalker le Mar 21 Sep - 23:17, édité 1 fois
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
Nan, 1275 âmes de Thompson.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
Oui, je sais, mais j'ai trouvé curieux que ce titre soit repris.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: L.A Confidential - Curtis Hanson (1997)
j'avoue humblement que "la chambre des morts" m'a donné envie de lire Frank Thilliez et que j'ai pris autant de plaisir à lire "1275 ames" qu'à voir "coup de torchon": transposer le sud profonds des USA en Afrique coloniale française nous rapproche de cette histoire, en plus la plupart des répliques ou tirades "cultes" sont tirées in extenso du roman...
dark horse- Messages : 26
Date d'inscription : 29/11/2009
Age : 54
Localisation : villeurbanne
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