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La route - John Hillcoat (2009)

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limbes
Ernest Kurtz
stalker
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Message par stalker Ven 3 Sep - 14:43

Il y a maintenant plus de dix ans que le monde a explosé. Personne ne sait ce qui s'est passé. Ceux qui ont survécu se souviennent d'un gigantesque éclair aveuglant, et puis plus rien. Plus d'énergie, plus de végétation, plus de nourriture... Les derniers survivants rôdent dans un monde dévasté et couvert de cendre qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut.

C'est dans ce décor d'apocalypse qu'un père et son fils errent en poussant devant eux un caddie rempli d'objets hétéroclites - le peu qu'ils ont pu sauver et qu'ils doivent protéger. Ils sont sur leurs gardes, le danger guette. L'humanité est retournée à la barbarie. Alors qu'ils suivent une ancienne autoroute menant vers l'ouest et l'océan, le père se souvient de sa femme et le jeune garçon découvre les restes de ce qui fut la civilisation.

Durant leur périple, ils vont faire des rencontres, dangereuses et fascinantes. Même si le père n'a plus ni but ni espoir, il s'efforce de rester debout pour celui qui est désormais son seul univers.


La route - John Hillcoat (2009) Affiche

Un élément essentiel se perd lorsqu’on envisage de porter un roman à l’écran : le style de l’auteur. On ne le retrouvera pas. Seuls subsisteront l’intrigue, les profils de personnages, peut-être la structure du récit, quelques lieux, quelques clés importantes, la chute de l’histoire (même s’il est fréquent qu’elle se transforme lors du passage à l’écran – Je suis une légende en est l’exemple). Mais nulle trace du grain écrit. Et si ce grain constitue l’essence même du roman initial, on peut se questionner sur l’intérêt d’une adaptation, si elle n'est pas réalisée à partir d'intentions spécifiques, comme ont pu le faire les frères Coen avec un autre roman de McCarthy : No country for old men (un remarquable exemple d'adaptation).

On me répondra, tout de même, il reste ce monde dévasté par une puissance inconnue ; ce père et ce fils qui vont de villes ravagées en routes déchirées, de ruines en champs de friches sous un ciel constamment gris, oui, bien sûr, ceci subsiste ; l’intérêt repose sur cette histoire, mais cette histoire, sans la plume de Cormac McCarthy, prend des airs de déjà vu : le dernier homme sur Terre – ici les tout derniers – une planète en ruine où plus un seul oiseau ne chante, où plus une seule plante ne pousse, où le soleil semble avoir capitulé définitivement. Désolation. Fin du règne humain. Mort imminente.

Nous connaissons cette histoire.

Et sans cette plume de l’auteur, il se trouve que rien n’étonne au cours du film. Rien. Nous savons déjà tout. Chaque séquence est prévisible, attendue. Chacune survient telle qu’on l’a déjà imaginée, redoutée. Chaque décor, idem, nous apparaît identique à ceux qu’on a non seulement déjà vu ailleurs, mais aussi projeté dans nos univers intimes. L’Histoire nous a déjà démontré que l’homme était un barbare, largement démontré. Un prédateur et un cannibale. Une proie, une victime, aussi. Les forts et les faibles ; les méchants et les gentils.

La mise en scène et les choix photographiques du réalisateur auraient pu compenser cette somme d’évidences, mais il n’en est rien. Les clichés se succèdent en terme de cadrages, de découpage des séquences, de plans larges ou serrés à tel ou tel moment. Aucune chair dans les personnages, mais seulement des portraits. Aucune surprise, aucun étonnement. Le film est une excroissance asséchée du roman (une sorte de mue ratée) ; une extension à l’évidence commerciale. Un produit vain.
Mais il est possible que la bande originale à elle seule soit en mesure de témoigner de cet échec et de cette accumulation de mauvais goûts et d’absence de choix formels. Prêtez l'oreille.

En matière de monde désolé et d’humanité qui vacille, je vous recommande Le temps du loup, de Haneke, et Stalker, de Tarkovski.
Quant à Viggo Mortensen, il est autrement saisissant (et autrement mieux dirigé, surtout) dans A history of violence et Les promesses de l’ombre, de Cronenberg.

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Message par Ernest Kurtz Ven 3 Sep - 18:44

L'éternel problème des adaptations, d'un bouquin qui "bouffe" un film.
Personnellement, ayant lu La Route il doit y avoir 2 ans, j'attends encore de l'avoir "oubliée" pour m'attaquer à la version ciné. Cela dit, j'en attends quand même quelque chose, ayant vu deux films que John Hillcoat a réalisé antérieurement plutôt très bons : Ghosts... of the civil dead, un film de prison en Australie, avec Nic Cave, bien bien glauque; The proposition, un néo western australien, écrit par Nic cave, assez intéressant bien qu'un peu statique (et lorgnant parfois un peu du côté de chez Leone). Je pense que ces films pourraient un peu réévaluer ton opinion sur ce réalisateur.

Sinon, dans le genre film post apocalypse, il y a eu aussi dans les 70's un super petit film sorti en France sous le titre idiot d'Apocalypse 2024 (titre original A boy and his dog), tiré d'une nouvelle d'Harlan Elisson, petit film sans prétention assez sarcastique bien plus plaisant que moult machineries hollywoodiennes prétentieuses.

Quand à "Je suis une légende", si jamais c'est de la dernière adaptation dont tu parles (celle avec ce crétin de Will Smith), ce film est une honte conservatrice et carrément une insulte à Matheson !!!!
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Message par limbes Sam 4 Sep - 0:55

Ma théorie est que ce bouquin est spécifiquement inadaptable à la lettre, car il est en lui-même et bien que sous forme de mots, constitué de tous les résidus cinématographiques et les images qu’on a absorbés, sur les diverses possibilités de fin du monde. Il occupe déjà la place, en quelque sorte, en ce qu’il programme de « déjà-vu » dans nos têtes. Alors, à moins d’en faire carrément autre chose, éventuellement, sous forme de rupture ou de transposition (par exemple, ce sont les même personnages habités par l’extinction de l’humanité et la nécessité de survivre, mais le monde est celui d’aujourd’hui, ou encore jouer sur le mode plus décalé des images, jouer avec les clichés, les tordre, etc.) je ne vois pas vraiment l’intérêt de ce film, tel que tu le décris Stalker (mais je ne l’ai pas vu)
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Message par stalker Sam 4 Sep - 15:38

J'ai écrit ma critique sans me renseigner sur Hillcoat auparavant. Je vais jeter un oeil à son parcours. Je l'ai surtout écrite par rapport à l'écriture de McCarthy. Par choix. Il y a d'autres angles sous lesquels aborder ce film.
Ernest Kurtz a écrit:
Quand à "Je suis une légende", si jamais c'est de la dernière adaptation dont tu parles (celle avec ce crétin de Will Smith), ce film est une honte conservatrice et carrément une insulte à Matheson !!!!
C'est bien ce film, oui. Ce désastre.
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Message par Chewie Dim 5 Sep - 13:05

J'ai lu le bouquin (sans en connaître le contenu par avance) exactement deux jours avant d'aller le voir en salle.

Moi, ce qui m'a frappé, c'est la fidélité absolue de l'adaptation cinématographique. Fidélité de la narration, du rythme, de l'atmosphère, de l'esprit. Le film est angoissant là où le bouquin l'est, contemplatif quand le livre l'est, etc. Ce qui fait d'ailleurs que pas mal de gens ont regretté l'absence d'appropriation de l'oeuvre par le réalisateur (manque de "personnalité" ou "d'originalité").

C'est sans doute (à mes yeux) la critique la plus stupide qu'on puisse émettre concernant l'adaptation d'une oeuvre aussi singulière. De tous les films tirés de bouquins que j'ai vu de toute ma vie, La Route est le plus fidèle retranscripteur visuel de ce que j'ai ressenti et imaginé initialement à la lecture.

Il serait tout-à-fait malhonnête de dire à un spectateur ayant détesté le film de lire le livre en lui promettant de trouver autre chose que ce qu'il a vu à l'écran.

Après, on peut débattre du rôle d'un réalisateur et de la necessité éventuelle d'apposer sa patte ou son style, mais si j'étais écrivain je me battrais pour qu'un réalisateur montre autant de respect pour ce que j'ai écrit que ne l'a fait Hillcoat.

Pour sa direction d'acteur, je n'ai rien remarqué de particulier, mes compétences en la matière sont trop limités pour avoir senti quelque chose d'inachevé ou de factice...?
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Message par txoa Lun 6 Sep - 0:05

Le film n'échappe pas à ce que j'avais craint lorsque j'avais pris connaissance de son adaptation, à savoir, l'insistance du genre SF/survivor dans son decorum et son horreur au détriment de ce qu'est le bouquin, son essence (la fin du monde n'est qu'un prétexte à édifier un contexte particulier comme le polar n'était qu'un prétexte au propos de No Country), sa portée psychanalytique. Toutefois c'était impossible à retranscrire et je trouve l'adaptation honnête à défaut d'être réussie. Le réalisateur n'a pas insisté sur le Gore et le cannibalisme mais comment faire pour transcrire au delà du déroulement de l'histoire la beauté des dialogues entre père et fils ? Comment démonter que ce gamin se libère qu'une fois son père mort ?
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Message par stalker Lun 6 Sep - 13:43

Une fois de plus, c'est un débat sur le fond et la forme.
Sur le cinéma aussi (la forme filmique, comme on parle aussi de forme littéraire, mais cette question passe par dessus la tête de beaucoup de monde ; il faut que j'arrête d'en parler, même, ça ne sert à rien).
Et la première question à se poser pourrait être : ce film était-il bien nécessaire ?
Entre autres questions qui touchent effectivement à la qualité de la mise en scène, de la direction d'acteurs, du côté impersonnel de ce film, du traitement de l'image, etc.
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Message par Manuel Lun 6 Sep - 23:00

Ernest Kurtz a écrit:

Quand à "Je suis une légende", si jamais c'est de la dernière adaptation dont tu parles (celle avec ce crétin de Will Smith), ce film est une honte conservatrice et carrément une insulte à Matheson !!!!
Je ne dirais pas ça. Ce qui m'a dérouté, c'est que c'est un film de vampires, et point. Tout l'aspect "dernier homme sur la terre" est évacué en dix minutes, alors que c'était l'aspect qui m'intéressait plus.
Pour l'adaptation de Matheson, je vous recommande "Le survivant", de Richard Fleischer, avec Charlton Heston, qui date des années 70.
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Message par limbes Mer 8 Sep - 1:41

Pour répondre à Chewie, pour moi l'infidélité est quasiment un critère. Je ne vois pas l'intérêt, la nécessité donc, d'un décalque ( si tant est qu'il soit possible, mais là ça a l'air d'être le cas). C'est pour ça que je n'aime pas le mot "adaptation". A quoi ça sert, d'essayer de faire pareil, en images? Je vois ça plutôt comme un renoncement (enfin, en tout cas, ce n'est pas ce que je recherche, quand je vais voir un film issu d'un bouquin)
(à titre de comparaison, dans la traduction, il me semble que la fidélité a plus de sens, même si ce n'est pas aussi simple, j'imagine)
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Message par Ernest Kurtz Mer 8 Sep - 13:41

A mes yeux, fidélité ou infidélité n'est pas essentielle. C'est plus, pour moi, quelque chose ayant à voir avec l'inspiration et l'appropriation: "telle œuvre de tel artiste m'inspire; je vais en faire quelque chose qui m'est propre" (en gros). Concernant La Route (le film), qu'il soit proche ou éloigné du livre n'a pas d'importance; la question est: est-ce -en soi- un bon film ?
Et concernant l'éternelle question de la comparaison entre le film que s'est fait le lecteur et le film qui a pu effectivement en être tiré par un réalisateur, pour moi, le problème provient du lecteur (et de sa mémoire). Jamais un réalisateur ne parviendra à faire un film aussi beau que celui que vous vous êtes projeté dans la tête durant votre lecture ! Perso, quelques expériences en la matière ont fait que je me méfies de moi-même: exemples, j'ai vu Millénium 1 peu de temps après la lecture du roman et j'ai passé mon temps à attendre les scènes du livre, à inconsciemment les comparer à ma lecture, à tel point que tout jugement sur le film m'a été finalement impossible, ayant passé mon temps non pas à regarder un film mais à faire une re-lecture. Autre cas: Blade Runner, trahison de Dick pour moi à sa sortie, chef d'œuvre cinématographique après une re-vision/révision (avec la mémoire un peu plus débarrassée du roman) 15 ans plus tard. Donc pour La route (le film), j'attends encore quelques mois...
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Message par Chewie Mer 8 Sep - 13:52

Pour répondre à Chewie, pour moi l'infidélité est quasiment un critère.

Je fais semblant de ne pas voir l'appel insistant du pied que cette phrase révèle sous un air faussement anodin pour dire que oui, forcément, c'est pour ça que j'écrivais d'ailleurs : "on peut débattre du rôle d'un réalisateur et de la necessité éventuelle d'apposer sa patte ou son style", le fameux débat sur le rôle et le devoir de l'artiste.

Je pense qu'on peut quand même différencier le travail de création cinématographique, et le travail d'adaptation cinématographique. Ce sont deux exercices différents à mon sens.

Si on prend Tim Burton et David Lynch par exemple. Deux réalisateurs entiers, inventifs et singuliers, dont la patte est immédiatement reconaissable. Leur oeuvre de création est indiscutable, qu'on aime ou pas leur production. Par contre, que ce soit avec Dune de Lynch ou Planet of the Apes de Burton, leur travail d'adaptation est assez médiocre, ces deux films souffrant notamment d'apports trop personnels, trop singuliers dont la greffe est rejetée en quelque sorte par le support de l'oeuvre original.

On pourrait aussi évoquer The Lord of the Rings de Jackson. Même si l'adaptation a rencontré un grand succès commercial et public, Jackson, qui vient du gore et du fantastique, a sacrément déteint sur son adaptation : ses orcs et gobelins tiennent franchement du zombie, son Armée des Morts ressemble à une vague de cancrelats fluos radioactifs et l'Oeil de Sauron, cette admirable métaphore de la présence du Mal en chacun de nous, est vu comme un phare breton. Le tout est joyeusement enrobé dans un pompiérisme guerrier et grandiloquent qui est totalement étranger à l'oeuvre de Tolkien qui prenait le temps de publier des textes de chansons, de poème et torchait ses scènes de bataille en quelques lignes...


Dernière édition par Chewie le Mer 8 Sep - 19:44, édité 1 fois
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Message par stalker Mer 8 Sep - 17:04

Ce débat et celui sur Tarantino me donnent envie de me recoucher et de lire une aventure des Bidochon.
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Message par txoa Mer 8 Sep - 20:42

Une question sur la route le roman comme sur la route le film: Le rôle du père et de la mère ?
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Message par stalker Mer 8 Sep - 22:32

La question est fondamentale, et on la retrouve dans tous les romans de McCarthy, sans cesse, tournée de différentes façons (de ceux que j'ai lus, en tout cas, pour le moment). Mais même si elle est posée dans le film (c'est la moindre des choses, puisque c'est la sève du roman de l'auteur qui a dépouillé toute la planète pour ne souligner plus que ça), il n'en demeure pas moins raté sur le plan formel. Mais j'arrête de parler de forme, puisque c'est vain, visiblement. Nous vivons une sale époque qui nous pousse à tout confondre et à ne plus être en mesure d'appeler un chat un chat.

Txoa, je te recommande vivement L'obscurité du dehors, du même McCarthy. Vraiment.
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Message par limbes Jeu 9 Sep - 3:03

Chewie a écrit:
Je fais semblant de ne pas voir l'appel insistant du pied que cette phrase révèle sous un air faussement anodin pour dire que oui, forcément, c'est pour ça que j'écrivais d'ailleurs : "on peut débattre du rôle d'un réalisateur et de la necessité éventuelle d'apposer sa patte ou son style", le fameux débat sur le rôle et le devoir de l'artiste.

Bon.
Je ne faisais que donner mon avis, en fait, par rapport à ce que tu disais (je ne cherchais pas le faussement anodin ou je ne sais quoi)
Et oui, ce n'est pas vraiment un critère (le mot est mal choisi) car ça peut être carrément merdique au final, c'est juste que je préfère qu'ils en fassent quelque chose d'autre
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Message par Ernest Kurtz Jeu 9 Sep - 10:01

stalker a écrit:Mais j'arrête de parler de forme, puisque c'est vain, visiblement. Nous vivons une sale époque qui nous pousse à tout confondre et à ne plus être en mesure d'appeler un chat un chat.
Que d'amertume !!

stalker a écrit:Txoa, je te recommande vivement L'obscurité du dehors, du même McCarthy. Vraiment.
Pas lu, mais je note. J'y ajoute (peut-être pas si loin que ça de La route) le très bon Un enfant de Dieu.
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Message par edmond Gropl Jeu 9 Sep - 11:18

Je n'ai jamais lu l'auteur mais le "no country..." des frères Coen m'a semblé être une tres bonne adaptation, enfin on sentait la patte d'un ecrivain derrière.
Je me demandais dans quelle catégorie il entrait, enfin son degré de trahison du livre.
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Message par Chewie Jeu 9 Sep - 13:45

La rentrée, c'est dur pour tout le monde visiblement.

Limbes, c'était juste une vanne pourrave sur l'infidélité (dans le sens relation extra-conjugale...).

Stalker
, faut pas s'agacer pour si peu. Ta conception intellectualisée de l'art s'oppose à ma vision plus primitive de cette discipline, ce qui fait que tu trouves du génie dans la recherche formelle de Tarantino là où je ne vois qu'une surenchère, voire une overdose, de la même forme au détriment du fond.

Un type qui colle une tête de poupée cramée au chalumeau sur un baril de lessive en disant que c'est une métaphore de la société mercantile post-industrielle, tu vas (peut-être) trouver sa démarche formelle intéressante, moi je n'y vois qu'un branleur qui a bien de la chance que ses conneries soient financées par la DRAC. C'est un peu pareil pour Tarantino. Pendant 10 ans, les producteurs lui ont signé des chèques en blanc pour tourner n"importe quoi sur la base du seul succès de Pulp Fiction. Et il a effectivement tourné n'importe quoi.
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Message par stalker Jeu 9 Sep - 15:15

Chewie a écrit:
Stalker[/b], faut pas s'agacer pour si peu. Ta conception intellectualisée de l'art s'oppose à ma vision plus primitive de cette discipline, ce qui fait que tu trouves du génie dans la recherche formelle de Tarantino là où je ne vois qu'une surenchère, voire une overdose, de la même forme au détriment du fond.
Je n'ai pas parlé de génie.
Tu emploies ce mot comme l'ignare emploie celui d'intello lorsqu'un sujet lui demande des efforts de compréhension. Il préfère dénigrer, c'est plus commode que d'avouer ses lacunes et son ignorance.

Ce n'est pas de l'amertume, Colonel Kurtz, mais un constat.
En persistant à attendre d'un film qu'il restitue un livre, vous passez à côté du film, des choix formels du réalisateur, ou de l'absence de choix formels, précisément. La route et No country for old men sont deux exemples remarquables. Le premier est une tentative de copié-collé (par définition échouée), une exploitation commerciale ; et le second un travail d'adaptation qui procède de choix faits par des réalisateurs qui maîtrisent le registre qu'ils investissent : le cinéma (le septième art – mais oh pardon, je parle encore d'art...).

Un enfant de Dieu, c'est une perle. C'est par ce roman que je suis tombé dans McCarthy.
On en parle ici
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Message par Chewie Jeu 9 Sep - 17:52

c'est plus commode que d'avouer ses lacunes et son ignorance

Si écrire que ma vision de l'art est "plus primitive" que la tienne, ce n'est pas avouer mes lacunes et mon ignorance en matière d'art et d'histoire de l'art, je ne sais pas ce qu'il te faut... Enfin, bon.

Le cinéma, c'est s'asseoir dans un fauteuil pour regarder un spectacle. C'est un pur produit de la société de consommation de masse du divertissement, du loisir. Que certains réalisateurs veuillent dépasser ce cadre purement récréatif pour nous proposer le spectale de la misère humaine, de la bêtise humaine, de l'absurdité humaine ou de la violence humaine, que d'autres veuillent s'amuser avec les codes, les références, le travail de la caméra, la palette graphique, c'est très bien tout ça mais ça relève d'une conception intellectualisée et esthétisante du cinéma qui n'est pas obligatoire dans ce format d'expression. On peut faire du cinéma juste pour le fun, ou juste pour raconter une histoire et faire ressentir au spectateur des émotions par le prisme de cette seule histoire.

La meilleure recherche formelle pour moi, c'est quand elle est invisible, qu'elle marie parfaitement le fond et la forme et qu'elle a la courtoisie de ne pas le faire remarquer à grands renforts de "ouais, t'as vu comme je maîtrise bien toutes les références du cinéma populaire".

Le premier est une tentative de copié-collé (par définition échouée), une exploitation commerciale

La Route, c'est tout sauf un film commercial. Ce film est remarquable par sa sobriété. Sobriété dans les scènes d'action qui ne prennent pas plus de place que dans le roman (un exploit en ce qui concerne une adaptation de roman), sobriété dans la mise en scène et les effets spéciaux où les décors naturels restent majoritaires, sobriété dans le jeu d'acteur là où l'on aurait pu verser dans la pathos et le larmoyant à mort. La sobriété et le commercial ne font pas bon ménage au cinéma. On peut accuser ce film d'être trop appliqué, trop impersonnel, pourquoi pas, mais commercial, certainement pas, en tout cas pas plus que le livre dont il est tiré (et que les lecteurs ont acheté, on ne leur a pas donné gratuitement).
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Message par Ernest Kurtz Jeu 9 Sep - 19:15

stalker a écrit:En persistant à attendre d'un film qu'il restitue un livre,
Qui a dit qu'il attendait cela ?
Narcissiquement, je me cite:
Ernest Kurtz a écrit:A mes yeux, fidélité ou infidélité n'est pas essentielle.
Sous-entendu fidélité au roman, évidemment. Rien à foutre qu'un film restitue ou pas le roman. Quand je vois un film, je vois un film, je ne cherche à pas retrouver un bouquin (d'où mes efforts désespérés pour laisser le temps me faire oublier le livre quand je vais voir une adaptation).
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Message par txoa Jeu 9 Sep - 20:56

En fait, Stalker, en toute honnêteté, je ne comprends pas ce que tu dis, ou alors je ne suis pas calé en cinoche, sur le plan technique et formel.
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Message par stalker Jeu 9 Sep - 22:48

Pas grave, on en parlera cet hiver au coin d'un feu.
On regardera un chef d'oeuvre et une daube, à la suite.

Ernest Kurtz a écrit:
stalker a écrit:En persistant à attendre d'un film qu'il restitue un livre,
Qui a dit qu'il attendait cela ?
Si ce n'est pas toi, c'est quelqu'un d'autre, et il est plusieurs.
Mais comme dit Chewie, il ne faut pas s'agacer pour "si peu". Alors j'arrête de m'agacer. Nul n'a tort et personne n'a raison non plus. C'est comme ça. Les chats aboient et les corbeaux miaulent, c'est bien connu. Les moutons, je ne sais plus.
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Message par limbes Ven 10 Sep - 9:51

Chewie a écrit:La rentrée, c'est dur pour tout le monde visiblement.

Limbes, c'était juste une vanne pourrave sur l'infidélité (dans le sens relation extra-conjugale...).


Oh là là, quelle pomme, je suis vraiment à la masse (mais c'est la rentrée, ouais, plutôt dure)
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La route - John Hillcoat (2009) Empty Re: La route - John Hillcoat (2009)

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