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Le premier cercle - Laurent Tuel (2009)

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Le premier cercle - Laurent Tuel (2009) Empty Le premier cercle - Laurent Tuel (2009)

Message par stalker Jeu 29 Oct - 4:38

Les voitures de luxe, les poursuites, la Riviera, le soleil... c'est pour le décor. Pour Milo Malakian, ce qui compte, c'est son clan, sa famille, ses racines...
C'est pour lui "le Premier Cercle". Celui qu'on ne transgresse pas. Celui qui sécurise parce que chacun en connaît les règles. Là où l'on est sûr des siens. Ainsi, on limite les risques. On peut travailler sérieusement. Monter des opérations. Une surtout. Spectaculaire. Grandiose. Peut-être la dernière.
Après ce coup Milo compte arrêter, passer les rênes du clan à son héritier direct... le seul fils qui lui reste : Anton.
Mais Anton aspire à une autre vie. La relation secrète qu'il a avec Elodie (une infirmière de la région) lui a ouvert les yeux sur le monde violent et sans issue de son père. Il doit sortir de ce cercle...
Alors que le casse se met inexorablement en place, une lutte âpre, forcément violente, s'engage entre un père blessé et un fils qui refuse le poids d'un héritage trop lourd.


Le premier cercle - Laurent Tuel (2009) Le-premier-cercle_300

Pansonic en générique d’ouverture, on n’avait pas encore vu ça dans le polar français. Tangerine Dream, un peu plus tard, puis Vitalic, à plusieurs reprises dans cette bande originale. Chapeau pour ce choix.
Et le film tient plutôt la route, même si l'affiche est particulièrement moche. Il faut dire qu’après quatre épisodes de Braquo, on se contente de peu. Et on reste prudent. On se demande ce que nous réserve un réalisateur dont on n’a, jusque là, peu entendu parler. On redoute tout ce qui peut émaner de l’hexagone en matière de film policier. On guette les noms au générique (des fois qu’il s’agirait encore des potes d’un tel ou d’un tel qui passent à tour de rôle derrière la caméra ou signent un scénario ou incarnent un flic à moustache pour l'occasion). Mais non, tout va bien. Rien de suspect à l’horizon. Nous pouvons nous aventurer plus loin sans trop de risques, surtout avec Pansonic au générique – ce n’est pas demain la veille que Marchal y collera son oreille.

Un clin d’œil au Clan des siciliens ? Peut-être bien. Il y a le clan, le cercle familial sacré et ses valeurs, un flic collant et perspicace, le braquage d’un avion. Il y a d’autres petits coups, auparavant, du plus timide (le vol d’une Ferrari), au plus audacieux (l’avion), en passant par le casse d’une villa luxueuse.
Tout roule pour le clan Malakian, sauf qu’une ombre guette. Elle se présente sous la forme d’un fils qui déroge aux valeurs et s’éprend d’une jeune et belle infirmière avec qui il envisage de partir, abandonnant le clan, ses projets et surtout ses méthodes. Le flic collant n’arrange rien et s’acharne. La tension monte. C’est bien organisé, bien interprété et bien filmé. Pas un chef d’œuvre, mais un soulagement.

L’intrigue aurait mérité une once de piment supplémentaire, mais elle se tient. Peu surprenante, mais satisfaisante. On n’est pas cloisonné dans les coulisses d’un commissariat délabré, tuméfié, puant, assoiffé de budgets de l’Etat et peuplé de flics ripoux dirigés par des politiques véreux qui roulent en BM et se vendent les uns les autres, mais plutôt placés de l’autre côté : celui du mal, en somme. Celui des truands. Ce n’est pas forcément ce qu’on cherche, mais il est rassurant de constater que les truands ne sont pas une fois de plus considérés comme des bestioles en noires qui courent et tombent sous les balles, mais bien comme des êtres humains, pas faciles à attraper, ni faciles à comprendre. Les rôles tournent, et surtout les points de vue. Le schéma reprend son équilibre. Le loup coure toujours et ce n’est pas le cinéma qui l’arrêtera, alors autant parler du loup pour ce qu’il est, et non pour ce que la justice voudrait qu’il soit.

A voir juste après un Olivier Marchal, pour ne pas perdre espoir. Mais sans s’attendre pour autant à un chef d’œuvre. C’est simplement rassurant. Un peu. Mais on attend mieux encore. Peut-être avec le prochain film du même réalisateur.
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Le premier cercle - Laurent Tuel (2009) Empty Re: Le premier cercle - Laurent Tuel (2009)

Message par stalker Mar 10 Nov - 6:16

Pour l'occasion, je recolle un petit papier qui cause de la relation du polar à la musique, ici et maintenant, au début du XXIème siècle. L'occasion, c'est la présence d'une pièce de Pan Sonic dans le générique d'ouverture du film Le premier cercle.
Juste pour archive (Le coin polar, mars 2008).

Oui, je sais, j'insiste, mais la musique de mon père, ça va un moment.

>

Tout récemment, un certain Peter Wüthrich, un plasticien résidant à Bern, m’expliquait sur un ton rêveur que les paroles de Smoke on the water, de Deep Purple, avaient été inspirées par les vapeurs se dégageant du lac Léman, de nuit (1970-1971 – pour l’écriture du morceau, car les vapeurs se dégagent toujours du lac suisse).
J’y repensais aujourd’hui en découvrant différents articles sur le web, liés au polar. Deux en particulier. L’un relatant une soirée prochaine qui se déroulera à l’Alcazar de Marseille, le 29 mars prochain, initiée par l’Ecailler du Sud ; l’autre lié à la collection Polar Rock, créée par Serguei Dounovetz, chez Mare Nostrum.
J’y repensais en découvrant les références données par les personnes qui sont à l’origine de ces initiatives. Deep Purple, Led Zeppelin, The Ramones, Sex Pistols, NOFX, New-York Dolls, les Doors, pour ne citer que les plus emblématiques de l’époque et du genre dont il est question.
Le polar semble donc, aux dires des instigateurs et des journalistes, se délier des ambiances jazzy pour gagner en décibels. Notons d’ailleurs qu’il est précisé plus loin que des projets risquent fort d’en venir à la mouvance gothique, dans le futur – on peut alors songer, rêveurs, à des polars qui impliqueraient Bauhaus ou Sisters of mercy (un bond de dix années vient ici d’être accompli, ce qui nous amène aux années 80).

Si je fais personnellement le point, je dirais que juste avant les vapeurs du lac, je fumais encore dans le ventre de ma mère, ce qui ne m’empêcha pas de remuer ma tignasse longue comme ça sur le morceau légendaire en question, environ 15 ans plus tard, ainsi que sur Stairway to heaven, mais en frottant plutôt qu’en remuant.
J’étais donc, pour en revenir au polar, environ haut comme ça lorsque Jean-Patrick Manchette (et non Jean-Pierre, comme il est dit dans un des articles lus) écrivait Nada, Fatale ou encore (un peu plus haut que ça j’étais) l’ébauche de La princesse du sang, qu’il n’acheva pas.
Juste pour situer…

A l’occasion d’un dossier consacré au devenir du polar, dans le numéro 2 de la revue Le magazine des livres (édité par Robert Lafont), en février-mars 2007, Frédéric H. Fajardie est cité. Il dit que « le polar du futur devra être ultraviolent, avec de l’humour, le tout sur fond social. »
(dans ce dossier aussi, d’ailleurs, Manchette s’appelle Jean-Pierre…).
En confrontant tout ça, je me questionne. Je me dis, en ce mois de mars 2008, par temps gris, froid et pluvieux, que ce « polar du futur » va nous brandir des formations musicales des années 90, au mieux. Au pire, il en sera toujours aux années 70-80, mais aura au moins découvert Kraftwerk, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire ou New Order.
Puisque le polar du présent nous cause de Led Zeppelin, des Doors et de Deep Purple…

Ça n’empêche pas de les apprécier, n’est-ce pas. Mais on souffle malgré tout les quarante bougies. Quarante bougies pour un genre littéraire sensé refléter son époque, ça commence à faire… Surtout à une époque où tout se transforme si rapidement et dont un philosophe (belge, bien vivant et lucide) dit qu’elle change à chaque seconde à notre insu et qu’il intitule « L’ère du vide ».

C’est quand, le futur ?
Je pose cette question comme ça, car après les Deep Purple et les Ramones, il y en a encore une sacrée flopée que le polar devra découvrir et à qui il faudra bien consacrer des collections et des conférences argumentées. Et on frôlera peut-être le présent, ici et maintenant, en direct, connecté aux moyens de l’époque et à ses proues encore discrètes – mais le futur ?
En lisant ces articles, j’ai trouvé que le polar avait pris des rides. Et c’est regrettable. D’autant que des thrillers qui se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires, dont certains issus de l’hexagone, ont moins de retard en matière musicale. Ne me dites pas que c’est la littérature de Papa, je vous en prie.

Fajardie, contemporain de Jean-Pierre, a dit « ultraviolent ».
Alors j’espère qu’un polar digne de cette « putain » d’époque en cours va finir par nous causer de Pan Sonic, de Merzbow ou de Murcof, avant que je crève. Nom de Dieu…

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