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Slumdog Millionaire - Danny Boyle (2009)

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Message par Athéna Mer 6 Mai - 15:43

Bonjour à tous, je suis nouvelle sur le forum, j'écris, je lis, je vois des polars. Mais pas que.

J'ai déjà commenté Slumdog sur un autre forum. Est-ce que quelqu'un l'a vu à Noir Bazar?

Slumdog Millionaire - Danny Boyle (2009) Affiche-Slumdog-Millionaire-2007-3

On ne présente plus ce film oscarisé mais je vous refais tout de même le pitch : Jamal, simple « porteur » de thé dans un central téléphonique participe au jeu « Qui veut devenir un millionnaire » et connait toutes les réponses. Le producteur de l’émission et les autorités indiennes le soupçonnent de tricher…

Ce commencement un brin tocard n’est qu’un prétexte à traiter de belle manière un sujet rarement (jamais ?) abordé par le cinéma occidental : L’Inde et sa vertigineuse évolution de ces 25 dernières années, à travers la vie de Jamal, Salim et Latika gamins des bidonvilles (slumdog).

« Slumdog Millionaire» est un film fort, original, à la réalisation musclée et efficace.

Mais « Slumdog », c’est aussi une histoire d’amour entre Jamal et Latika, gosses misérables, séparés par les épreuves mais qui se retrouvent toujours. Lien indéfectible dont on peine à croire. La dernière scène de retrouvailles, alors que dans cette Inde désormais moderne, la mafia règne toujours, que Jamal et Latika, s’ils ont maintenant accès à un certain confort matériel sont toujours les laissés pour compte de la société, est digne d’une comédie romantique bas de gamme.
Qu’est-ce que Danny Boyle veut nous enseigner par là ? Qu’on a beau être misérable, exploité, l’important c’est d’avoir l’amour ? Jamal, gosse attachant et opiniâtre des bidonvilles, foncièrement doux et gentil, méritait mieux que cette morale à deux sous qui dédouane tous les salauds du monde. Certes on est au pays de Gandhi, de la résistance pacifique, mais Jamal n’est pas un résistant au sens politique du terme, juste un pauvre diable qui se bat pour sa survie.

Ce côté Bollywood (assumé) empêche « Slumdog » d’accéder au statut de très grand film mais c’est une œuvre qui interroge et cela reste un excellent moment de cinéma.
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Message par novi Mer 6 Mai - 16:50

dans un central téléphonique

Un call-center autrement dit un centre d'appel ; je suppose ?

Merci pour cette chronique, je ne l'ai pas vu par flegme et manque de temps alors qu'il a alimenté pas mal de discusssions autour de moi et je devrais donc avoir l'air moins niais pour la prochaine...

D'autant que cet avis éclairé me semble résumer tout ce qui a provoqué en vérité ma fameuse flegme quant à ce qui aurait pu étre de rejoindre la salle la plus proche - un préssentiment de ce je viens de lire donc.
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Message par Athéna Mer 6 Mai - 17:08

Oui, c'est dommage que Danny Boyle est cédé à la facilité avce cette histoire d'amour un peu cheap parce qu'il avait un super sujet. Mais je crois que Slumdog est tiré d'un best-seller, peut-être a-t-il été tout simplement fidèle.
J'ai beaucoup aimé sa description de l' Inde, la réalisation qu'on lui a reproché pourtant (des images trop belles qui "mettent en valeur " la misère ? La misère est moins cruelle au soleil, c'est bien connu...), les personnages de Jamal et de son frère sorte de double-face claire et sombre.
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Message par novi Mer 6 Mai - 17:18

Mais je crois que Slumdog est tiré d'un best-seller, peut-être a-t-il été tout simplement fidèle.

Ou le contraire ; sic !...C'est fou le nombre de films inspirés de romans originaux et dont à l'arrivée résulte carrément autre chose ( Doberman par exemple, l'un des plus beau ratés jamais atteint ).

La misère est moins cruelle au soleil, c'est bien connu...),

Sans la mettre en valeur pour autant, force est de reconnaitre qu'un hiver à Acapulco laisse plus de chance de survie qu'un trottoir de Moscou à la même saison, d'où sans doute le concept du tropical tramp...
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Message par Varg Ven 8 Mai - 10:24

Alors je vous refais le pitch : Jamal, un enfant musulman de cinq ans, qui a vu sa mère tuée par des activistes hindous, n'a depuis cessé de fuir pour survivre. Chaque fois que ce grand naïf s'est posé, chaque fois qu'il a fait confiance, il a été trahi et à dû de nouveau fuir. Jusque sur le plateau de cette émission de télévision où il joue pour gagner vingt millions de roupies et où il est trahi par le présentateur, lui aussi pouilleux devenu millionnaire et qui le livre en plus aux flics pour tricherie. Et ceux-ci font ce que tous les autres ont toujours fait à Jamal : ils le battent, ils le torturent, ils le menacent...

Le paradoxe du film se situe là, et là également je le pense, la lecture la plus intéressante de ce que Boyle a voulu dire. Le monde de Jamal est rempli de gens ignobles, méchants, violents, égoïstes. Seul exception dans cet océan de méchanceté (Latika et) l'inspecteur de police, qui finit par croire le jeune homme après l'avoir fait battre et torturé, par voir un peu qui il est vraiment car il n'y a qu'à lui que Jamal le montre, en retraçant sa pitoyable existence. Même de cela d'ailleurs nous ne sommes pas sûrs car Jamal peut tout à fait lui (et nous) avoir menti sur sa belle histoire.

C'est cependant grâce à la méchanceté de ces gens que le jeune homme a pu progresser dans le jeu télévisé puisque chaque réponse qu'il connait est lié à un trauma et une trahison dans sa vie. Et ces 90 millions de téléspectateurs qui communient avec lui le soir de la dernière question, qui vont en faire un héros, un dieu vivant tel que le Spectacle (le Sacré) seul peut les fabriquer, eh bien ce sont eux qui l'ont toujours battu et humilié. Croyant célébrer la juste récompense du mérite – le pouilleux qui devient Roi – tel que le Sacré (le Spectacle) l'organise, ils ne célèbrent en fait que leur bassesse et leur ignominie mais sans jamais la voir. Ensuite, selon que vous préférez Debord ou Girard vous avez le choix de l'interprétation. La vérité de cette Inde qui se transforme à toute vitesse (mais là n'est pas le propos) se trouve comme chez nous dans le lynchage et la sacralisation de la victime sacrificielle (Girard) ou dans le renversement du monde («Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux», Debord)

Slumdog organise donc la déconstruction de cet intense moment de communion humaine qu'est la victoire de Jamal au jeu « Qui veut gagner des millions ? » mais le spectateur occidental – comme les foules regroupées autour des écrans de télévision dans le film – ne retient de cela («où le mensonger s'est menti à lui-même», Debord) que cette success-story et cette love-story dégoulinante (Girard dit que pour que le sacrifice ait une valeur apaisante, il faut que son mécanisme reste totalement invisible aux yeux de ceux qui le pratiquent).


D'un point de vue cinématographique, le film frappe par son aspect clinquant, stylisé et bordélique. Il y a de l'excès dans chaque plan mais cet excès (saturation des couleurs, prise de vue désaxée, jeu permanent sur les diagonales, etc.) à un sens, en premier celui de ne pas se cacher derrière le planplan assez stérile du cinéma mondialisé. La paresse stéréotypée des plans de l'émission télévisée (décor sombre, cadrage banal et connu, bande son inexistante) ou dans le commissariat devient presqu'un refuge pour l'oeil et l'oreille. Car il faut associer à cet excès visuel, que le montage vitaminé mais intelligent exacerbe, un excès sonore. Mais Boyle tente beaucoup, c'est tout à fait vertigineux, et c'est plutôt réjouissant.
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Message par novi Ven 8 Mai - 11:12

Mais enfin Varg, avec une telle ciselure dans tes chroniques...tu ne trouveras jamais le moindre job de journaleux millionnaire à la télévision, même le plus petit des fanzines doit te lire en buvant la lie de sa honte comme du petit lait aigre.
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Message par Varg Ven 8 Mai - 11:25

novi a écrit:Mais enfin Varg, avec une telle ciselure dans tes chroniques...tu ne trouveras jamais le moindre job de journaleux millionnaire à la télévision, même le plus petit des fanzines doit te lire en buvant la lie de sa honte comme du petit lait aigre.

Moi pas comprendre... Tu as dû forcer sur la feuille de laurier ma chère Sibylle.
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Message par novi Ven 8 Mai - 11:56

C'est probablement la mauvaise influence de Debord qui est cause de cette futile incompréhension...personnellement j'applaudis ta chronique ! Mais dans le cadre de la société du spectacle, elles reste invendable ; pire même, totalement hermétique à des esprits formatés par les best-sellers d'aujourd'hui.
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Message par Varg Ven 8 Mai - 23:54

Stalker, je crois que tu dois voir ce film...
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Message par stalker Sam 9 Mai - 0:02

Je note.
Puis vos deux chroniques sont engageantes.
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Message par stalker Dim 10 Mai - 5:01

novi a écrit:...personnellement j'applaudis ta chronique ! Mais dans le cadre de la société du spectacle, elles reste invendable (...)
Ben oui, forcément, Varg va passer pour un intello ras-du-ciboulot qui se torture les neurones, et même pire : qui réfléchit (hérésie). Pourtant sa critique me paraît répondre aux questions qu'on se pose à la fin du film, et bien avant la fin, puisque le découpage du film le permet. Il l'impose, même.

Faut-il avoir lu Debord pour capter le rapport du sacré au spectacle ? Je connais quelqu'un qui voulait m'emprunter La société du spectacle en croyant que le recueil pouvait nourrir sa compréhension du monde du spectacle (il est intermittent). J'ai connu une personne qui ne regardait jamais la télévision, car la foi lui suffisait (ou lui recommandait de ne pas le faire ?). J'en connais plusieurs que Dieu fait marrer et qui ne manquent pas un seul match de la coupe du monde quand elle a lieu.

Je pense que le rapport peut ne pas être saisi, tout simplement parce qu'un monde sépare les deux éléments que tu confrontes, Varg ; pourtant je pense que ce film propose un ring sur lequel les deux s'affrontent, effectivement. Et le jeu est ambiguë. Il est aussi tendu que le suspens en scène sur le plateau télévisé, en fin de compte. C'est un vaste piège et on l'a déjà vu quelque part.

Je trouve que l'idée du film va jusqu'au bout en cueillant le personnage de Jamal dans la plus basse caste, pour l'élever ensuite vers la plus élevée. J'entends par là, de la misère vers la richesse, et non de l'ignorance vers la connaissance, naturellement. Et l'histoire ne se déroule pas en Europe, mais en Inde, probablement afin d'étirer la distance qui sépare initialement ces castes, et pour semer encore davantage d'embuches sur le parcours de notre héros. A moins qu'il ne s'agisse d'accentuer le piège en jouant précisément avec notre perception occidentale et moderne du principe des castes (terme inadmissible, étant donné qu'on a tous un colonialiste au fond de soi - c'est culturel - et qu'on est avant tout les sujets privilégiés d'un régime démocratique qui prône la liberté, l'égalité et la fraternité).

Seulement, quelque chose ne tourne pas rond dans le résultat : Jamal se balance éperdument du fric.
Et le pré-générique de fin le souligne. Il va au bout dans sa forme, dans son aspect vidéo-clip kitch, à nos yeux ; dans son détachement et son ironie. Jamal a obtenu ce qu'il souhaitait par dessus tout : partir avec cette fille. A aucun moment il ne fait allusion à sa fortune et à ce qu'il pourrait en faire. Ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est la voix de Latika dans le combiné téléphonique, en direct sur le plateau télévisé. Mais 90 millions de téléspectateurs n'y voient que du feu, puisque Latika ignore la réponse à la question posée : quel est le nom du troisième mousquetaire ?

Et, outre les tortures nécessairement infligées aux neurones, c'est une belle histoire.
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Message par stalker Dim 10 Mai - 5:23

Pour revenir au pré-générique de fin, je trouve qu'il a les airs d'un bras d'honneur (allez, d'un pied de nez). On y voit tantôt Latika et Jamal danser avec la foule (exactement comme Michael Jackson avec ses zombies, dans Thriller), tantôt seuls. Précisément seuls au monde. Précisément sur un quai de gare.
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Message par stalker Dim 10 Mai - 5:29

La faute d'orthographe à "millionaire" sur l'affiche a tout son sens aussi.
Mais je pense que la moindre séquence, le moindre détail (y compris les questions posées dans le jeu télévisé), a du sens dans ce film. La question de la misère, telle qu'on la perçoit depuis notre fauteuil douillet de spectateur, est un subtil moyen de révéler nos misères. Peut-être bien.
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Message par txoa Dim 10 Mai - 18:13

De la part de quelqu'un à la culture limitée et à l'intelligence moyenne, mais ouvert, je ne peux être qu'admiratif de la chronique de Varg. Ce n'est pas de la confiture, genre moins on en a, plus on l'étale. Il s'agit d'une analyse avec laquelle on peut (ou non) être d'accord, mais pour ça, il faudrait que je voie le film, ce qui n'est pas gagné, étant très sceptique quant au cinoche bling bling et vite daté de Danny Boyle.
En tous cas, ça change de la projection bétasse ou du "les égouts et la douleur". Merci Varg.
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Message par Varg Dim 10 Mai - 21:29

Cela reste très bling bling mais cet excès est sympathique quand même (c'est à dire que quand tu as douze trucs à lire dans chaque plan cela représente beaucoup de fatigue)...

Je pense néanmoins que ça te parlera beaucoup aussi...
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Message par novi Dim 10 Mai - 21:51

Sur ce fil, l'on a déja trois chroniques qui abordent ce film avec chacune leur sensibilité dans l'approche - je trouve que pour un lecteur anonyme qui passerait par là ; c'est Bysance de pouvoir assembler, comparer ces avis tous bien étayés - Je dis donc bravo...
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Message par Athéna Lun 11 Mai - 10:44

J'ai ressenti le pré-générique comme un clin d'oeil, plutôt symapthique, à Bollywood. Histoire de dire qu'on ne se prend pas trop au sérieux...

Oui, le fric n'intéresse pas Jamal, tout ce qui compte pour lui c'est Latika. Effacer la misère, les humiliations, l'exploitation, du moment qu'on a l'Amour ! Jamal manque tout de même trop de révolte !
Le personnage de Salim, qui décide de se ranger du côté des forts et y perdra son âme, est tout aussi intéressant. Sa fin, moment très fort, dans la baignoire remplie de billets est un mélange osé, à la fois clinquante et poignante, mais toujours avec ce message un peu niais, l'argent ne fait pas le bonheur !
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Message par Varg Lun 11 Mai - 11:53

stalker a écrit:Faut-il avoir lu Debord pour capter le rapport du sacré au spectacle ? Je connais quelqu'un qui voulait m'emprunter La société du spectacle en croyant que le recueil pouvait nourrir sa compréhension du monde du spectacle (il est intermittent). J'ai connu une personne qui ne regardait jamais la télévision, car la foi lui suffisait (ou lui recommandait de ne pas le faire ?). J'en connais plusieurs que Dieu fait marrer et qui ne manquent pas un seul match de la coupe du monde quand elle a lieu.

Je pense que le rapport peut ne pas être saisi, tout simplement parce qu'un monde sépare les deux éléments que tu confrontes, Varg ; pourtant je pense que ce film propose un ring sur lequel les deux s'affrontent, effectivement. Et le jeu est ambiguë. Il est aussi tendu que le suspens en scène sur le plateau télévisé, en fin de compte. C'est un vaste piège et on l'a déjà vu quelque part.
Je n'opposais pas le Sacré (Girard) et le Spectacle (Debord), je me contentais de souligner que l'un et l'autre pouvaient permettre de comprendre les enjeux derrière le mélodrame que nous propose Boyle. Il est donc préférable d'avoir lu l'un ou l'autre voire les deux. En fait, à mon sens, la lecture sacrificielle est bien plus pertinente.

stalker a écrit:Je trouve que l'idée du film va jusqu'au bout en cueillant le personnage de Jamal dans la plus basse caste, pour l'élever ensuite vers la plus élevée. J'entends par là, de la misère vers la richesse, et non de l'ignorance vers la connaissance, naturellement. Et l'histoire ne se déroule pas en Europe, mais en Inde, probablement afin d'étirer la distance qui sépare initialement ces castes, et pour semer encore davantage d'embuches sur le parcours de notre héros. A moins qu'il ne s'agisse d'accentuer le piège en jouant précisément avec notre perception occidentale et moderne du principe des castes (terme inadmissible, étant donné qu'on a tous un colonialiste au fond de soi - c'est culturel - et qu'on est avant tout les sujets privilégiés d'un régime démocratique qui prône la liberté, l'égalité et la fraternité).

Une grande majorité des spectateurs occidentaux de ce film sont totalement ignorants du système indien des castes donc je ne suis pas sûr qu'on aurait pris le risque de faire reposer une partie de la signification du film sur ce point.

stalker a écrit:Seulement, quelque chose ne tourne pas rond dans le résultat : Jamal se balance éperdument du fric.
Et le pré-générique de fin le souligne. Il va au bout dans sa forme, dans son aspect vidéo-clip kitch, à nos yeux ; dans son détachement et son ironie. Jamal a obtenu ce qu'il souhaitait par dessus tout : partir avec cette fille. A aucun moment il ne fait allusion à sa fortune et à ce qu'il pourrait en faire. Ce n'est pas l'essentiel. L'essentiel, c'est la voix de Latika dans le combiné téléphonique, en direct sur le plateau télévisé. Mais 90 millions de téléspectateurs n'y voient que du feu, puisque Latika ignore la réponse à la question posée : quel est le nom du troisième mousquetaire ?

Et, outre les tortures nécessairement infligées aux neurones, c'est une belle histoire.

Sincèrement, l'histoire d'amour est totalement inutile sauf à donner aux spectateurs ce qu'ils sont venus chercher, soit que l'ordre règne dans le Monde et que les gentils sont récompensés in fine (alors que le film nous a montré tout le contraire durant 90 minutes et que le réel nous enseigne que les gentils sont toujours les dindons de la farce). Supprimez mentalement Latika, le mélo tient debout quand même parce que ce qu'à obtenu Jamal avec sa victoire, c'est de cesser de fuir (ce que son frère a obtenu aussi, mais d'une autre façon, étrangement mimétique d'ailleurs !)...

Un critique avait évoqué le double fond du film qui ressemble tout à fait à ce qu'avait diagnostiqué Girard dans sa lecture de Shakespeare (Shakespeare : les feux de l'envie - Grasset, 1990).
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Message par stalker Lun 11 Mai - 16:32

Si tu le dis...
Mais je n'ai pas assimilé le film avec les mêmes notions que toi, ni sous le même angle. Double-fond, dis-tu ; je dirais plutôt sens multiples, avec un fil central indéfectible et des nuées de paramètres qui gravitent autour, qu'on s'approprie, ou pas, en fonction de soi-même, de ce qu'on sait, de ce qu'on ignore, de ce qu'on apprend en découvrant le film.
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Message par Varg Lun 11 Mai - 18:35

La notion de double fond me semblait très pertinente parce qu'elle présuppose, contrairement aux sens multiples qui sont liés au point de vue du spectateur (et de ces capacités à...) une volonté délibérée de l'auteur de dissimuler un sens sous un autre, comme un procédé d'illusionniste (ce qui rejoint du coup parfaitement la notion de vrai et de mensonger de Debord). Le sens visible présente une totale cohérence, et le sens niché dans le double fond aussi mais sans qu'il y ait une quelconque interférence entre les deux.
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Message par stalker Lun 11 Mai - 20:12

Disons qu'à la sortie du film, et même encore, il me semble tellement dense que le double-fond ma paraît insuffisant pour le décrire, mais c'est le cas, bien sûr. C'est un film à revoir, c'est certain.
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Message par Varg Lun 11 Mai - 20:17

stalker a écrit:le double-fond ma paraît insuffisant pour le décrire...
Note que dans chaque "fond" peut se déployer des "sens multiples". C'est bonnard la philosophie pour cela...
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Message par stalker Lun 11 Mai - 20:19

Voire même des fonds multiples à double-sens.
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Message par Varg Lun 11 Mai - 20:21

Je ne te le fais pas dire....
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