SN / Voyage au bout de la noire - Claude Mesplède et Jean-Jacques Schleret (1982)
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SN / Voyage au bout de la noire - Claude Mesplède et Jean-Jacques Schleret (1982)
Inventaire de 732 auteurs et de leurs œuvres publiés en séries Noire et Blème (Gallimard, NRF), suivi d’une filmographie complète. D’Edward Aarons à Fred Zackel, l’ouvrage répertorie pas moins de 1960 titres analysés, disséqués avec des renseignements inédits, des recoupements et des pseudonymes. Un précieux outil, édité non pas par Gallimard comme semble l’indiquer la couverture, mais par Futuropolis. Il est dédié à la mémoire de Marcel Duhamel, fondateur de la Série noire.
Première recherche, en guise d’exemple : Richard Matheson (1926), dont je viens de lire Les seins de glace (1955 – SN n°254), première édition ; petit bijou noir et jaune et blanc, doté de sa jaquette, un tantinet affectée par le temps et quelques manipulations et voyages.
Matheson se trouve à la page 269 de l’ouvrage. La fiche nous indique que l’auteur a écrit plus de 200 nouvelles et qu’il investit peu le registre du noir, lui préférant celui de la science fiction et du fantastique. Seront notamment remarqués dans ce genre : L’homme qui rétrécit et Je suis une légende (adapté en 2007 par Francis Lawrence).
Les seins de glace le seront également, en 1974, par Georges Lautner.
Matheson travaille aussi pour le cinéma, avec le réalisateur Roger Corman (La maison Usher, en 1960 ; Le puits et le pendule, en 1961 ; Contes de terreur, en 1962 ; Le corbeau, en 1963…). Il écrit le scénario du film Duel, réalisé par Steven Spielberg.
A la Série noire, Matheson écrivit aussi De la part des copains (SN n°595) et Jour de fureur (SN n°1404).
La filmographie établie par Jean-Jacques Schleret n’est pas moins enrichissante et répond de façon logique au travail de fourmi de Mesplède. De l’instant où tel auteur a décidé d’écrire une histoire, jusqu’à celui où une adaptation de cette histoire fut portée à l’écran, les deux fondus de noir nous disent tout, et chaque référence peut nous orienter vers une autre référence, qu’il s’agisse d’un livre, d’un film, d’un autre auteur, d’un réalisateur, de remake ou de rééditions.
stalker- Admin
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Localisation : un hameau paumé
Re: SN / Voyage au bout de la noire - Claude Mesplède et Jean-Jacques Schleret (1982)
Le texte d'introduction de la partie filmographie du livre est tout à fait instructif. Elle retrace l'histoire du roman et du film noirs, depuis ses débuts, n'économisant pas les références, ni les arguments critiques. Elle débute ainsi :
Les rapports entre le cinéma et le roman ont toujours été très étroits, et ce depuis la création du 7ème art. De nombreuses études ont été consacrées à ce sujet, notamment par Claude-Edmonde Magny qui, dans L'âge d'or du roman américain (éditions du Seuil, 1948), soulignait la triple parenté - psychologique, sociologique, esthétique - les unissant.
Les relations entre les deux arts sont plus évidentes encore dans le domaine du policier noir, comme le notait Pierre-François Lacome (Le roman noir, article publié dans ARTS, du 13 au 19-04-1955) : "...cette littérature d'action est évidemment cinématographique. Si la Série noire a été une source d'inspiration pour le cinéma, on peut dire que celui-ci le lui a bien rendu et qu'il est même à l'origine du genre. Tous les procédés d'écriture utilisés ici sont d'origine cinématographique et certains romans de la Série sont rédigés comme de véritables scénarios. C'est qu'on a affaire à une littérature véritablement phénoménologique se réduisant à la transcription inlassablement fidèle du geste de l'action, et dans laquelle la psychologie ne naît que de la description du comportement.
Faisant parler son héros, l'auteur d'Adieu ma jolie ne dit pas : J'étais soucieux et préoccupé. Il dit : "Je consultai ma montre et posai ma pipe sur un cendrier ; après quoi, je dus de nouveau regarder ma montre pour savoir l'heure qu'il était."
Ce genre d'exemple, puisé dans un classique du roman noir, se retrouve chez la plupart des auteurs actuels.
(...)
Les rapports entre le cinéma et le roman ont toujours été très étroits, et ce depuis la création du 7ème art. De nombreuses études ont été consacrées à ce sujet, notamment par Claude-Edmonde Magny qui, dans L'âge d'or du roman américain (éditions du Seuil, 1948), soulignait la triple parenté - psychologique, sociologique, esthétique - les unissant.
Les relations entre les deux arts sont plus évidentes encore dans le domaine du policier noir, comme le notait Pierre-François Lacome (Le roman noir, article publié dans ARTS, du 13 au 19-04-1955) : "...cette littérature d'action est évidemment cinématographique. Si la Série noire a été une source d'inspiration pour le cinéma, on peut dire que celui-ci le lui a bien rendu et qu'il est même à l'origine du genre. Tous les procédés d'écriture utilisés ici sont d'origine cinématographique et certains romans de la Série sont rédigés comme de véritables scénarios. C'est qu'on a affaire à une littérature véritablement phénoménologique se réduisant à la transcription inlassablement fidèle du geste de l'action, et dans laquelle la psychologie ne naît que de la description du comportement.
Faisant parler son héros, l'auteur d'Adieu ma jolie ne dit pas : J'étais soucieux et préoccupé. Il dit : "Je consultai ma montre et posai ma pipe sur un cendrier ; après quoi, je dus de nouveau regarder ma montre pour savoir l'heure qu'il était."
Ce genre d'exemple, puisé dans un classique du roman noir, se retrouve chez la plupart des auteurs actuels.
(...)
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: SN / Voyage au bout de la noire - Claude Mesplède et Jean-Jacques Schleret (1982)
Bon y'a pas à dire, il faut que je trouve ce truc là parce que maintenant, la bave dégouline très clairement sur tout ce que j'approche.
La citation de Lacome est parfaite également : c'est tout à fait vrai que l'esthétique, le découpage, le rythme/montage du film noir ont eu une très grande importance sur la construction des romans de même couleur.
La citation de Lacome est parfaite également : c'est tout à fait vrai que l'esthétique, le découpage, le rythme/montage du film noir ont eu une très grande importance sur la construction des romans de même couleur.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
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