Ma boîte à outils : 3 ouvrages utiles à l'auteur débutant

Ce livre a sauvé l'auteur qui était en moi et j'en saurais gré à tout jamais à Stephen King de l'avoir écrit. Je l'ai lu quatre ou cinq fois et à chaque lecture, ce fut le même choc, la même révélation, la même joie partagée avec cet auteur génial, ce dernier grand monstre de la littérature populaire contemporaine.

Cela fait plusieurs années que je ne l'ai pas ouvert et pourtant des passages me restent en tête, comme lorsqu'il évoque sa pré-adolescence et ses débuts d'auteur de nouvelles fantastiques : il a planté un clou de charpentier dans un chevron et y empile les lettres de refus des magazines auxquels il propose ses histoires. Après un certain temps, l'épaisseur des refus empilés est telle que le clou ne suffit plus et il doit en planter un autre. Une telle persévérance chez un type qui n'a même pas quinze ans reste une leçon majeure pour tout auteur en herbe qui se lamente sur l'échec de son premier roman.

Certains ont regretté l'aspect trop autobiographique du projet et le manque de "techniques", de recettes d'écriture. En ce qui me concerne, c'est là toute la force du récit : c'est avant tout une témoignage de premier plan, d'une sincérité et d'une simplicité exemplaires. Stephen King dit au lecteur : voici mon enfance, mon adolescence, voilà comment je suis devenu écrivain et ce par quoi j'ai du passer pour y arriver.

C'est d'ailleurs la partie "atelier d'écriture" qui m'a semblé la plus dispensable dans ce livre. Les meilleurs conseils du king of horror se trouvent disséminés partout dans Ecriture, et bien qu'élémentaires, ils sont imparables : soyez un bourreau de travail, ne laisser personne vous dire ce que vous devez écrire mais acceptez toutes les critiques des professionnels, écrivez sur ce que vous connaissez et écrivez le livre que vous auriez aimé lire en tant que lecteur, le livre "qui vous manque".

C'est disponible au Livre de Poche pour quelques euros et c'est la meilleure motivation qui soit pour vos journées de cafard littéraire, quand vous vous demanderez à quoi bon tirer un trait sur votre vie sociale et à quoi servent ces centaines d'heures perdues devant votre clavier pour un roman qui ne verra sans doute jamais le jour ailleurs que dans votre bureau.

Merci, Maître.

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Cet ouvrage publié chez Victoires Editions est un outil pédagogique destiné aux journalistes (au sein d'une collection Métier Journaliste qui regroupe des titres comme Réussir sa Une, Guide du correspondant local ou l'Abrégé des règles typographiques).

Même si le journaliste et l'auteur de fiction n'ont ni les mêmes contraintes, ni les mêmes objectifs, cet ouvrage de vulgarisation technique sera d'une grande aide pour quiconque souhaite se lancer dans l'écriture d'un roman noir se passant en France et comportant un ou plusieurs personnages de policiers.

Articulé de façon logique en sept grandes parties (les règles et les intervenants dans l'enquête judiciaire, découverte de la Police et de la Gendarmerie, les outils juridiques, les outils techniques, les différents modes d'enquêtes, les temps fort de l'enquête et les différentes sortes d'enquêtes), l'ouvrage – écrit par deux capitaine de Police – s'adresse dans un style très abordable à des gens qui doivent parler d'enquêtes et de criminalité sans avoir de notions juridiques, et s'applique donc parfaitement à l'auteur de fiction.

Le grand plus de l'ouvrage, ce sont plusieurs passages « romancés » où les auteurs présentent de façon vivante des cas typiques d'enquête et de procédure qui permettent à la fois de présenter la démarche, mais aussi le jargon et l'esprit des enquêteurs. De quoi agrémenter votre récit de quelques détails professionnels sans pour autant verser dans la millième scène d'autopsie ou d'interrogatoire...

La distribution par les Presses Universitaires de France est un gage de sérieux, son prix de 22 euros est élevé mais logique pour un ouvrage pédagogique à faible diffusion, et le tout constitue une source de référence récente (2006), plutôt exhaustive et de premier choix pour l'auteur de fiction à dimension policière.


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Cet ouvrage publié chez Encrage en 1999 est la traduction d'une édition américaine de 1956, revue en 1976. Les auteurs : rien de moins que les légendaires MWA, et des participations de noms aussi prestigieux que Frédéric Brown ou John D. MacDonald.

L'ouvrage est bien nommé : c'est un manuel d'écriture destiné aux auteurs souhaitant s'orienter vers les histoires criminelles. Les 33 chapitres vont de « Pourquoi écrire ? » à « Comment plaire aux éditeurs », en passant par « Créer une intrigue », « Créer un personnage » ou encore « Comment décider d'un point de vue ? ».

Là où l'ouvrage de King est très personnel et relève un peu de la mystique, Polar : mode d'emploi est extrêmement pragmatique et la multiplicité des auteurs et des avis tend à dépersonnaliser le discours et les conseils donnés.

Evidemment, certains conseils vous paraîtront aberrants, certaines recettes rebutantes, et l'objectif commun à tous est clairement annoncé : accrocher le lecteur, créer du rythme et du suspense.

Le mot gimmick n'est pas vu ici comme un gros mot, et le bestseller est un peu le but recherché.

L'ouvrage s'adresserait aujourd'hui plus aux auteurs de thriller que de roman noir et la question du style n'est abordée que sous l'angle de l'efficacité. Quant à l'originalité ou le talent, l'ouvrage n'en parle tout simplement pas, nous sommes clairement ici dans une approche très anglo-saxonne de la littérature (tant mieux direz-vous : c'est la conception qui s'est imposée aujourd'hui).

L'ouvrage, aujourd'hui épuisé, peut se révéler d'une grande aide pour les auteurs qui débutent et qui ont besoin de conseils pratiques, de petits trucs qui gagnent du temps, de méthodologie de travail, de fautes grossières à éviter (chapitre : « les clichés à éviter comme la peste »).

Si vous avez déjà fourbi quelques armes dans l'écriture, même en dilettante, et que vous avez déjà votre façon de travailler, le livre est sans doute plus dispensable, d'autant plus qu'il est clairement daté et très orienté sur ce que devait être la fiction criminelle populaire dans les années cinquante (on vous conjure ainsi d'éviter le style hardboiled, trop ringard en 1956).