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La route - Cormac McCarthy (2006)

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Message par limbes Ven 16 Jan - 18:28

La route - Cormac McCarthy (2006) 20090103couvmccarthy

Un roman qui trace dans l’épure de l’existentiel ; une longue métaphore filée sans chapitres, en courts fragments, comme la vie.

Sur la route, il n’y a plus de couleurs, plus de temps chronologique, plus de noms
propres. On peut à peine nommer les choses dévastées (ou les écrire si on est Dieu ?).
Sur la route, le choix est radicalement limpide : soit on avance, soit on meurt. Tout dépend du degré d’espérance, en fin de compte, sur ce qui existe après le « vers », dans « aller vers »… le Sud, plus de chaleur, une mer peut-être bleue, un reste d’humanité ?...

En ce sens, ce roman est presque la version optimiste d’une pièce de Beckett, Fin de partie, où quatre personnages – certes beaucoup moins véloces que l’homme et l’enfant du roman -, dans le même genre d’apocalypse réelle ou hallucinée, se terrent dans un espace clos en attendant que ça finisse (« Fini, c’est fini, ça va finir, ça va peut-être finir »).
Optimiste aussi, peut-être, l’idée de la nature humaine – comme un reste de foi. En faisant de l’enfant le seul être véritablement capable de compassion et de bonté, et ce alors qu’il n’a pas connu la civilisation antérieure, l’auteur semble nous dire (mais c’est peut-être une erreur d’interprétation de ma part) que ce n’est pas l’état de nature dans lequel ils se trouvent qui produit la barbarie des survivants, mais bien leur ancienne condition pervertie par la culture, par la société. Seul l’enfant, complètement vierge, complètement innocent, parvient à se voir dans l’autre et à considérer autrui. Seul l’enfant est porteur du feu et d’un avenir meilleur.
Ou peut-être pose-t-il plus largement la question du choix, donc de la responsabilité totale et ultime de l’homme ; même aux confins de la barbarie, on peut choisir de ne pas survivre à n’importe quel prix – ou alors on survivra, mais on ne sera plus ni vivant, ni humain. Peut-être y aura-t-il toujours des hommes pour dire non (c’est en cela aussi que le roman n’est pas si sombre, il me semble).

Mais il y a certainement plusieurs façons de lire ce livre, plusieurs interrogations possibles, et c’est ce qui participe de sa puissance.

Une première façon, toute simple mais très forte, et entièrement due à l’écriture remarquable de McCarthy, consiste à marcher aux côtés du père et de son fils, dans la cendre. Les descriptions à la fois minutieuses, épurées et imagées du monde décomposé, et des moindres actions de ces personnages – qui montrent bien que tout devient très important, le moindre acte, quand il n’y a plus rien - nous plonge dans ce voyage, auprès d’eux, non loin. En ce sens microscopique, il ne se passe pas rien, au contraire (j’ai lu ici ou là qu’il n’y avait pas d’intrigue…), et d’ailleurs le ressort dramatique fonctionne terriblement bien : les personnages vont-ils mourir?
On pourrait presque dire qu’il s’y passe l’essentiel.

Une autre façon est peut-être de se positionner comme une sorte de vieux satellite rouillé encore dans l’espace et de considérer ce monde de plus loin, un peu en hauteur, et de réfléchir au monde tel qu’on le perçoit quand on lève les yeux du livre, et tel qu’il pourrait devenir. On peut y penser aussi bien après, à des moments incongrus, par exemple lorsqu’il arrive de pousser un caddie dans un supermarché.
D’autres façons encore, rechercher des sens, des explications, la route comme une direction possible que nous indiquerait McCarthy.

Puis il y a cette lecture intime, juste pour soi (la route comme cheminement, parcours intérieur), qui fait se refléter notre propre existence, dépouillée des artifices qui la sous-tendent, sous nos yeux plus ou moins ahuris.

Je crois que ce que j’ai préféré c’est marcher sur la route avec le père et le fils (sans le saint-esprit).

(Je m'aperçois que j'occulte plein de thèmes, l'amour filial, les références bibliques, etc., tant pis)
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Message par stalker Mar 20 Jan - 3:11

Je me dis qu'on peut contourner les références bibliques à la lecture de McCarthy, quand il y en a, sans pour autant passer à côté de son oeuvre, et en particulier de son écriture. Dans son rapport à la nature, à la fois contemplatif et cruel, il y a comme un goût de Jim Harrison, mais différent, autrement vécu et autrement peuplé. Je viendrai à La route prochainement. Je vais terminer L'obscurité du dehors. Il y a des auteurs, comme ça, de temps en temps, qui vous collent des baffes dans le cerveau et les tripes.
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Message par dahud Ven 30 Jan - 20:35

Deuxième roman que je lis de lui et deuxième baffe. J'adore sa manière de me maltraiter! lol Je vais tout lire de lui, c'est certain. J'en ai même fait des cauchemars et ça c'est plutôt rare. Je me lasse pas non plus de sa poésie unique, à la fois enivrante et brutale.
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Message par suttree Mer 25 Mar - 12:37

Mc Carthy nous dit de "faire gaffe", que les leçons ça sert à rien, mais qu'un vieux bonhomme peut se permettre de raconter une histoire qui fera son chemin dans nos têtes... ou sa route.
J'aime ce style hérité de Faulkner, comme si Mc Carthy l'avait pressé dans ces mains d'homme, pour qu'il en sorte ce jus troublant qui nous happe dans son univers et nous rejette avec quelque chose de changé.
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Message par stalker Lun 11 Mai - 18:14

La route vient de sortir en Poche, chez Points.

La route - Cormac McCarthy (2006) 9782757811610

Donc....
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Message par stalker Dim 15 Nov - 18:16

La bande annonce de La route, adapté par John Hillcoat, également réalisateur de Ghosts... of the civil dead (1990).
Je n'ai pas trouvé la date de sortie du film...
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Message par txoa Dim 15 Nov - 23:56

J'avais cru Scorcese...
J'ai peur que ce film s'attarde plus sur le décorum du roman, le côté SF post apocalyptique, que sur ce qui en fait sa moëlle. Et ce que je vois des bandes annonces semble me donner, hélas, raison. Mais pas de procés d'intention, on verra...
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Message par stalker Lun 16 Nov - 3:07

La bande annonce me fait redouter les mêmes choses que toi, dans la veine Je suis une légende.
De toute façon, je ne vois pas comment on pourrait retranscrire, interpréter, traduire le grain McCarthy avec des images.
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Message par txoa Mar 17 Nov - 1:21

Les frères Coen n'ont pas trop mal réussi mais le bouquin (No country) était peut être plus cinématographique que "La route" dans la forme mais surtout dans le fond.
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