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Le chien de Solférino - Laurence Biberfeld (2004)

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Le chien de Solférino - Laurence Biberfeld (2004) Empty Le chien de Solférino - Laurence Biberfeld (2004)

Message par stalker Lun 22 Fév - 12:45

C’était pourtant parfait, cet accident, ils avaient mis la nature dans leur poche. Et puis c’était pour la bonne cause, pour être heureux, enfin, et cesser de jouer les potiches dans la vie des autres. Un peu fleur bleue comme programme, c’est sûr. Mais allez donc vous fier aux fleurs... toutes des donneuses.

Le chien de Solférino - Laurence Biberfeld (2004) Chien010

Cette histoire ne part pas sur les chapeaux de roues. L’auteur n’entend pas la vie de cette façon et prend son temps pour planter le décor. Le décor, en l’occurrence, c’est une galerie d’énergumènes : les ingrédients d’une recette. Chaque ingrédient va bénéficier d’un traitement particulier ; il sera mesuré, approché sous tous les angles, authentifié, on en saura la provenance exacte ; on ne le garantira pas pour autant sans graisse ni sucre. On le verra ensuite ajouté à un autre ingrédient, compatible ou pas, et à d’autres encore. Ils seront malaxés, dans un ordre déterminé, et on les laissera faisander le temps qu’il faut, jusqu’à ce qu’il soit temps de lancer la cuisson. Et là, ça décollera, et ça ne s’arrêtera plus.

Les personnages, pour Laurence Biberfeld, ne sont pas des prétextes à fabriquer une intrigue policière. Retournez plutôt le schéma. Les intrigues policières, pour Laurence Biberfeld, offrent un support solide sur lequel il sera aisé de malaxer les cerveaux et les corps, et leur histoire, et leurs envies, et leurs blessures qui ne cicatrisent pas, ou mal. Tous traîneront un fardeau redoutable qui s’intitule « vécu ». Il faudra vivre avec. Il faudra garder en tête qu’on ne peut pas s’en défaire et qu’il faudra apprendre à côtoyer autrui avec ce poids au ventre, tout le temps, qu’on le veuille ou non. On le subira, ou alors on en tirera profit. On deviendra un imposteur de première, ou bien un animal blessé, craintif, qui se défendra comme il peut – mordra dès qu’on l’approchera de trop près.

Ainsi va l’existence, et tous les individus, dans ce roman, apparaissent comme des paysages complexes que l’auteur va prendre soin d’explorer, mètre carré par mètre carré ; y dénicher des voies praticables, dont des passages escarpés ; des landes désertiques et des points d’eau au teint douteux. Elle y détectera aussi des galeries souterraines par où s’introduire. Elle nous invitera à la suivre dans la descente en rappel. Elle dénichera encore des brèches intérieures, parfois dangereuses, saillantes et glissantes. Et on la suivra sans la moindre réticence, parce que c’est une histoire écrite, et pas simplement racontée. Parce qu’on en prend pour notre grade de lecteur désabusé, ou au contraire friand de mots. De ces écritures qui nous rendent exigeants et nous poussent à regarder de travers les textes à venir qui n’auront pas bénéficié d’un tel savoir-faire. On devient gourmand, mais pas de n’importe quelle friandise gavée de colorants industriels.


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