Carcasse - Hillary Waugh (1954)

Une reconstitution macabre pour un chef-d’œuvre de la « procédure policière », est-il indiqué en quatrième de couverture de ce petit roman tout à fait captivant, dont le titre original est A rag and a bone.

En bordure de Colby Park, un cadavre méconnaissable est découvert par un adolescent. Tout au plus peut-on dire qu’il s’agit d’une fille de vingt-cinq ans environ, de race blanche. La première mission pour le capitaine Danaher et son équipe va donc consister à identifier cette fille défigurée, et c’est sur cet aspect-là de l’enquête que l’auteur se concentre principalement.

C’était il y a cinquante-quatre ans. De toute évidence, en 2008, une telle affaire n’aurait pas exigé un mois et un jour pour être réglée. Et c’est là l’un des intérêts de ce roman. Un autre repose dans l’écriture même.
A la page 67, j’ai refermé le livre en me demandant ce qui pouvait bien faire que je le dévore de cette façon, à cette vitesse-là. La qualité de l’intrigue ? L’approche des personnages ? L’envie de savoir à tout prix et le plus tôt possible (la langue pendante) qui est le coupable ?
Toutes ces raisons-là conjuguées, assurément.
Mais le style de l’auteur et les choix qui font la narration l’emportent. Le fond et la forme ne font qu’un. C’est délicat lorsqu’on constate au final que ce petit bouquin se situe sans doute entre le rapport judiciaire froid et la littérature de genre, ou qu’il parvient à ne négliger ni les exigences de l’un, ni celles de l’autre.

Carcasse n.f. Squelette d’un animal.
La chair et les organes se composent de 188 pages.

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J'ai lu ce qu'en disait Manchette, pas seulement du bien, surtout son côté Amérique blanche...n'empêche que j'avais lu la série des Fred Fellow, une des premières série "police procedural", et que je les avait trouvés rudement bien fichus.

J'ai acheté ce roman dans un dépôt-vente, pour son titre, une semaine avant de découvrir une allusion de Manchette au sujet de Hillary Waugh (citée quelque part par là). J'ai lu le roman une semaine plus tard.
J'ai été ravi par l'écriture, immédiatement. Les idées que déplore Manchette ne sont pas évidentes du tout dans cet ouvrage, par ailleurs. Quoi qu'il en soit, je pense qu'il serait regrettable et maladroit de ne pas lire certains auteurs sous prétexte que leurs idées sont éloignées des nôtres, voire radicalement opposées (ou qu'elles froissent, tout simplement). Ne pas les lire ne nous aide pas à les saisir.

Je relirai certainement Hillary Waugh, à l'occasion. Il y a dans ce dépôt-vente un secteur blindé de bouquins du Masque, plus ou moins anciens. J'aime bien fouiller dans cet endroit quand il pleut dehors. La pluie fait du boucan sur le toit de taule, juste au-dessus de ma tête, et les bouquins jaunes deviennent tout marron.