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Les enfants du massacre - Giorgio Scerbanenco

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Les enfants du massacre - Giorgio Scerbanenco Empty Les enfants du massacre - Giorgio Scerbanenco

Message par Replay Dim 29 Juin - 12:00

Les enfants du massacre - Giorgio Scerbanenco Les-en10

L'institutrice qui prodigue des cours du soir dans un quartier populaire de Milan, en 1968, est retrouvée assassinée dans sa classe. Salement assassinée, avec une mise en scène qui tient du défoulement barbare. Chacun des onze adolescents présents nie toute participation: oui, il était là, mais les autres l'ont forcé, et puis il était ivre, et puis il n'a rien rien fait. On les colle dans une maison de correction, tant pis, tous coupables.

Il y a un truc qui ne colle pas, se dit Duca Lamberti, qui va demander qu'on les réveille un par un, qu'on les lui amène pour les cuisiner.

"C'étaient là les acteurs de l'horrible nuit du crime, les enfants du massacre. La gardienne du Cours, dont la bonne foi ne pouvait être suspectée, avait affirmé qu'ils étaient arrivés un peu avant sept heures du soir, et elle avait au reste signé le double de sa déclaration. On les avait interrogés : le système de défense de ces onze gredins avait été aussi simple que puéril, chacun d'eux affirmant qu'il n'avait rien fait, que ce n'était pas lui, que c'étaient les autres qui avaient molesté et frappé la maîtresse. Les services de l'Identité judiciaire avait relevé toutes les empreintes possibles et imaginables, et l'on ne tarderait guère à savoir dans quelles limites il conviendrait de circonscrire rationnellement les recherches. Mais avant que n'arrive, à dix heures du matin, le juge d'instruction, Duca voulait les interroger personnellement et, surtout, les bien regarder en face."

C'est un livre désespéré.

L'innocence est tuée. Par la maladie contre laquelle les hommes sont impuissants: la nièce de Duca, deux ans, meurt de pneumonie au début du roman; la tuberculose et la syphilis sont léguées dès le berceau aux enfants du massacre et les rongent de l'intérieur. C'est dit dans les dossiers. "13 ans - Carletto ATTOSO. Tuberculeux; père alcoolique. 16 ans Silvano Marcelli; hérédosyphilitique, père en prison, mère décédée". Ils n'ont pas grand chose pour eux, ces enfants abêtis, corrompus, pourris. Milan est une pieuvre qui étouffe ses pauvres et leur laisse peu de chances de s'en sortir. Tous les personnages du livre trimballent de lourdes valises de malheur, Duca Lamberti aussi, qui n'est pas tendre envers ces jeunes criminels. Pourquoi le serait-il ? Le meurtre est abominable et les gamins, à qui l'on peut trouver toutes les circonstances atténuantes, n'en sont pas moins des criminels effrayants. On les qualifierait aujourd'hui de "jeunes en grande difficulté sociale et affective de faible niveau intellectuel, sans cadre ni repères, alcoolodépendants, incapables de gérer la frustration et susceptibles de passage à l'acte très violents", lui les appelle "voyous, crapules". Duca les interroge comme si sa vie en dépendait, il en délaisse sa nièce mourante et sa soeur qu'il aime beaucoup pourtant. Il est persuadé que derrière la culpabilité des enfants se cache celle d'un adulte. Il a raison, mais l'adulte est-il plus coupable que les enfants? plus condamnable, plus écoeurant ? Duca Lamberti témoignera juste un peu de sympathie au jeune homosexuel dont il plaint la faiblesse et dont il prévoit la mort, et à Carolino qu'il héberge pour découvrir qui a tiré les ficelles de cet assassinat.

Quarante ans ont passé depuis l'écriture de ce livre. Pas de délayage émotionnel, pas d'humour ni de mise à distance. Pas d'explication psychologique, pas de harangue politique. Des dialogues et des interrogatoires terribles (je ne sais pas si j'en ai lu autant d'aussi bons dans d'autres polars), des personnage qui vivent comme ils peuvent, c'est à dire mal. Je pense à ces vers d'Aragon " Le malheur au malheur ressemble / Il est profond profond profond.

***


"En rien datés, les romans de Scerbanenco fournissent une clé de lecture plus que jamais actuelle de la société contemporaine et de sa dégradation, n’irritant peut-être que ceux qui conservent une vision naïvement progressiste de la perfectibilité infinie de l’être humain. Ce n’est pas pour autant qu’on doit lui attribuer l’étiquette infamante de réactionnaire, dont on abuse souvent afin de mettre sur la touche des auteurs par pur déni idéologique."

Francesco Magris dans le journal l'Humanité, février 2007
Le point de vue de Laurence, sur Biblioblog
Scerbanenco réactionnaire et homophobe ? sur Pol'Art Noir
Un entretien avec l'auteur sur le site de Roger Martin - écrivain


Dernière édition par Replay le Dim 29 Juin - 18:05, édité 1 fois
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Message par edmond Gropl Dim 29 Juin - 17:33

Très bien, C'est exactement ça. J'ajoute une chose. Est défini dans ce récit lquelque chose comme la vérité noire de l'enquêteur policier. Il n'est ni juge, ni assistant social, il doit trouver la verité et faire abstraction de tout le reste. Je ne vois pas d'autre livre ou cette nécessité de trouver la vérité (même si ça sert à rien d'un certain point de vue) est si urgente et poisseuse.

Pour ma part, ce livre est dans le top ten du polar.
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Message par Replay Dim 29 Juin - 18:33

edmond Gropl a écrit:Je ne vois pas d'autre livre ou cette nécessité de trouver la vérité (même si ça sert à rien d'un certain point de vue) est si urgente et poisseuse.

J'ai trouvé que Lamberti avait quelque chose du Capitaine Achab dans son obstination. Tout le reste passe après, il n'y a rien d'autre. Il est médecin; peut-être que s'il avait été au chevet de sa petite nièce, il aurait enrayé la pneumonie. Sa soeur n'arrête pas de l'appeler et lui, il va refuser; ce n'est pas qu'il perd la tête, il téléphone au pédiatre. Il ira voir la petite sur son lit de mort en prévenant qu'il n'a que quinze minutes de libre, et ce n'est pas de l'insensibilité. C'est un personnage de tragédie dans le sens ou il obéit à une motivation supérieure à laquelle il ne peut se dérober, quoiqu'il arrive.

Ce qui est éprouvant, quand on referme le livre, c'est qu'on ne parle plus des jeunes ou des homosexuels comme ça, ça fait mal et c'est mal. Il faut se rappeler que dans les années soixante en France une mère célibataire était une fille-mère, l'Aide Sociale à l'enfance l'Assistance Publique (on appelait les enfants "les assistés"), les homosexuels des invertis. Radcliffe Hall (écrivain anglais homosexuelle du siècle d'avant ) parle des "terribles crises nerveuses des invertis" et Proust, qu'on ne peut pas accuser d'homophobie, emploie ordinairement ce terme. Le taux de suicide chez les jeunes homosexuels était faramineux et n'a baissé que progressivement, leur vie était un calvaire d'indignité.
La situation a changé en Europe et la façon dont ces enfants sont présentés est gênante parce qu'il n'y a pas d'espoir, aucun ne s'en sort et ça contrarie notre fibre éducative et notre sens de la justice. On n'est pas dans Les Choristes. Juste une petite fenêtre d'espoir: Carolino ne retournera pas à la maison de correction. Ses yeux se sont un peu dessilés, il y a quelque chose qui s'est passé entre Duca, ses proches et l'adolescent, il a entrevu la possibilité d'une autre vie. J'aurais bien aimé retrouver Lamberti et Carolino dans un autre roman. Hélas, l'auteur a eu la stupide idée de calancher après celui-ci.

***

à part ça, j'ai cherché partout des renseignements sur l'anis lactescent (l'alcool le plus fort qui soit ?) et n'ai rien trouvé.
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Message par txoa Dim 29 Juin - 20:39

Le bouquin a été écrit en 1968, Replay, pas au tout début du siècle de Proust. Entretemps, Freud est passé et avec lui, on a découvert l'Inconscient. Mais pas Scerbanenco, apparemment. On a découvert l'Acquis aussi. Toujours pas Scerbanenco pour qui les jeunes sont pourris de naissance (dixit).
Sacré discussion, hein, on y revient !

C'est vrai que l'aspect sacrificiel du personnage (le parallelle avec Achab est bien vu) est impressionnant. Il tend à démontrer, selon moi, l'influence du catholicisme chez Scerbanenco. Le mythe du martyre, celui de Blandine qui sauve les premiers cathos grâce à son sacrifice. La rédeption au prix de la souffrance. Mia qui veut il sauver, Lamberti ? Un catholicisme originel et archaïque (pas au sens péjoratif).
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Message par edmond Gropl Dim 29 Juin - 21:14

[quote="Replay"]
edmond Gropl a écrit:

à part ça, j'ai cherché partout des renseignements sur l'anis lactescent (l'alcool le plus fort qui soit ?) et n'ai rien trouvé.

Txoa, il doit connaitre..
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Message par edmond Gropl Dim 29 Juin - 21:19

txoa a écrit:
. Il tend à démontrer, selon moi, l'influence du catholicisme chez Scerbanenco. Le mythe du martyre, celui de Blandine qui sauve les premiers cathos grâce à son sacrifice. La rédeption au prix de la souffrance. Mia qui veut il sauver, Lamberti ? Un catholicisme originel et archaïque (pas au sens péjoratif).

Mais pourquoi pas simplement une histoire de flic qui fait son boulot?
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Message par Replay Dim 29 Juin - 21:41

Non, je ne te suis pas, Txoa. Je ne crois pas qu'il y ait de démonstration dans ce livre. Duca n'a pas de considérations sur l'enfance délinquante en général. Il trouve qu'on a eu tort d'envoyer au casse pipe une jeune fille idéaliste et sans défense mais il a de l'admiration pour son engagement. Il ne veut pas éliminer les adolescents délinquants, il dit que la société les élimine en les corrompant.
Si le livre était écrit maintenant avec ces mots, oui, je te donnerais peut-être raison, mais il y a quarante ans, il y avait encore des prisons d'enfants. (En France, la dernière maison de correction a fermé ses portes en 1979) Et Freud, oui, Freud... c'était un peu comme le père Noël qui passe partout et qui aux plus pauvres n'apporte que des tout petits cadeaux.
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Message par limbes Dim 29 Juin - 22:33

C’est vraiment intéressant les différentes perceptions et lectures d’un même livre, et de celui-là en particulier (…ça a sûrement à voir avec ce fameux "d’où on parle", comme dit Varg).

J’ai été extrêmement marquée par cette lecture.

Peut-être d’abord parce qu’ici, c’est tout le contraire de la mise à distance de la mort, ou de la mort "divertissante" dont parle Stalker. Impossible de s’extraire de la scène du massacre proprement dite, même après avoir refermé et rendu le bouquin (dans les temps) à la bibliothèque.

Le titre est évocateur, je trouve. Les enfants du massacre. Parce qu’il y a le massacre commis par les enfants, malgré tout, même s’ils n’en sont pas les initiateurs ; parce qu’on peut aussi l’entendre, il me semble, comme les enfants "produits" d’un massacre social et/ou psychologique. En ce sens là, je n’ai pas ressenti ce que tu dis Txoa, que Scerbanenco les stigmatiserait comme par essence, par nature, mauvais.
Disons que pour moi, paradoxalement, c’est parce que Duca Lamberti ne verse pas dans la compréhension globale préalable, qu’on ne nous indique donc pas comment juger les faits, ou les expliquer, que la question de la violence, et de la culpabilité se pose encore plus, et de manière plus complexe.

J’ai trouvé qu’on était au cœur de l’humain, en fait, dans ce roman.

(petite précision: Replay, un des liens que tu as mis renvoit vers un entretien fictif)
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Message par Replay Dim 29 Juin - 23:13

Limbes: ah, oui, C'est pour ça que les phrases sont les mêmes que celles de la préface des enfants du massacre, pardon.
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Message par Replay Lun 30 Juin - 13:23

Txoa
Je comprends ce que tu dis dans une autre discussion :
"Pourrais je travailler avec ces enfants là avec un tel postulat ? La réponse est non. Je ne pourrais même pas travailler avec un collègue qui tient de tels raisonnements."
Oui, s'il s'agissait d'un éducateur de maintenant qui parle d'adolescents qui vivent maintenant dans un foyer de jeunes placés là par le Juge des Enfants, en France.

Mais c'est un flic d'il y a quarante ans, qui parle.
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Message par edmond Gropl Lun 30 Juin - 15:18

Replay a écrit:Txoa

"Pourrais je travailler avec ces enfants là avec un tel postulat ? La réponse est non. Je ne pourrais même pas travailler avec un collègue qui tient de tels raisonnements."
Oui, s'il s'agissait d'un éducateur de maintenant qui parle d'adolescents qui vivent maintenant dans un foyer de jeunes placés là par le Juge des Enfants, en France.

Je suis pas tout à fait d'accord, je dis bien, tout à fait. JE travaille avec à peu près les mêmes que dans le livre. Personne ne tient des propos du genre "que des fripouilles dégénérées" en public (quoique!, on assiste à une certaine sarkosition des esprits), mais dans le rapport au jeune dans des situations extrêmes, la "duca Lamberti Attitude" (en gros"Ecoutes moi bien, je vais pas pleurer sur ton sort, je sais exactement d'ou tu viens") a quelques vertus.
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Message par txoa Lun 30 Juin - 21:00

Replay a écrit:Non, je ne te suis pas, Txoa. Je ne crois pas qu'il y ait de démonstration dans ce livre. Duca n'a pas de considérations sur l'enfance délinquante en général. Il trouve qu'on a eu tort d'envoyer au casse pipe une jeune fille idéaliste et sans défense mais il a de l'admiration pour son engagement. Il ne veut pas éliminer les adolescents délinquants, il dit que la société les élimine en les corrompant.
Si le livre était écrit maintenant avec ces mots, oui, je te donnerais peut-être raison, mais il y a quarante ans, il y avait encore des prisons d'enfants. (En France, la dernière maison de correction a fermé ses portes en 1979) Et Freud, oui, Freud... c'était un peu comme le père Noël qui passe partout et qui aux plus pauvres n'apporte que des tout petits cadeaux.

Ah non, Replay ! GS/DL dit qu'ils sont pourris de naissance. Il l'affirme même si je n'ai plus la citation en tête et même si il entrouve la porte à une "corruption" par l'environnement. Et quant à Freud, j'ai bien l'impression (et ce n'est que ça) que GS leur nie un inconscient.

Je ne parle pas de démonstration de l'auteur. Je pense qu'il voit en DL un héros sacrificiel et non un fonctionnaire zélé, Gropl. Il y a une part mystique de DL dans ce bouquin que l'on ressent moins que dans "à tous les rateliers", par ex. Et l'instit, n'est pas l'image même de l'oie blanche, si pure ? N'essaye t il pas de la rétablir dans cette iconographie ?
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Message par txoa Lun 30 Juin - 21:05

edmond Gropl a écrit:
Replay a écrit:Txoa

"Pourrais je travailler avec ces enfants là avec un tel postulat ? La réponse est non. Je ne pourrais même pas travailler avec un collègue qui tient de tels raisonnements."
Oui, s'il s'agissait d'un éducateur de maintenant qui parle d'adolescents qui vivent maintenant dans un foyer de jeunes placés là par le Juge des Enfants, en France.

Je suis pas tout à fait d'accord, je dis bien, tout à fait. JE travaille avec à peu près les mêmes que dans le livre. Personne ne tient des propos du genre "que des fripouilles dégénérées" en public (quoique!, on assiste à une certaine sarkosition des esprits), mais dans le rapport au jeune dans des situations extrêmes, la "duca Lamberti Attitude" (en gros"Ecoutes moi bien, je vais pas pleurer sur ton sort, je sais exactement d'ou tu viens") a quelques vertus.

Oui, ça a quelques vertus dans le sens de la responsabilisation de l'enfant, j'en suis convaincu. Il n'y a rien de pire qu'un individu qui lie son identité à sa blessure. Je le soutiens d'ailleurs à l'échelle d'une nation mais c'est une autre histoire. Tu n'es pas ta blessure.
Néanmoins, on ne peut nier cette blessure et les ravages qu'elle a fait jusque dans l'inconscient. La nier est aussi catastrophique.

Ce bouquin est passionnant, au final, car il permet une discussion de tenue très correcte même quand je pensais en avoir fini. Et même si je ne suis pas d'accord avec l'auteur.
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Message par Replay Mar 1 Juil - 10:50

Je repense à une interview de Fred Vargas dans Telerama:
"L'essentiel est d'inventer une histoire qui débouche sur une résolution, une avancée, pas sur un cul-de-sac et le découragement. L'essentiel est de ne pas amener le lecteur dans un état de sidération, mais de le ramener nourri d'une expérience, d'une connaissance qui lui permettent de faire face à ce qu'il a vu."
Et là, avec les enfants du massacre, je crois qu'on est dans le découragement et la sidération.
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Message par Irène A. Mar 1 Juil - 19:22

J'avais lu beaucoup de Scerbanenco il y a une quinzaine d'années, j'avais beaucoup aimé. Et j'ai relu Les enfants du massacre en fin d'année dernière.

Et là, je suis d'accord avec Txoa, le livre m'a laissé mal à l'aise (jusque là, plutôt normal) et Duca Lamberti m'a laissé mal à l'aise. J'avoue lui avoir trouvé des relents un peu nauséabonds. Le côté : ils sont nés comme ça...et un point de vue où la compréhension a bien peu de place.

Faut que j'en relise d'autres...
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Message par txoa Mer 2 Juil - 9:39

Je te remercie Irène car, jusqu'à présent, j'avais l'impression d'être le seul à avoir ressenti ce roman comme je l'ai dit. A douter de mes capacités d'analyse.
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Message par Replay Mer 2 Juil - 10:32

Douter de ses capacités d'analyse... En quoi l'opinion de l'autre peut-elle modifier la nôtre, quand on a tourné la dernière page ?

Sur ce livre-là, si on me demandait comment je vois Lamberti politiquement, si ça revenait à "puisque tu trouves que c'est un type correct, humain et sympa, c'est que tu es sacrément réac", je serais un peu embêtée. Si Duca Lamberti sortait de son livre et s'incarnait en travailleur social, est-ce qu'il participerait au projet Sarkozyste consistant à dépister les tendances à la violence (et par là même, au crime futur) chez les enfants de trois ans et à consigner ces résultats sur un carnet "scolaire" suivant les enfants tout au cours de leur vie ?
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Message par txoa Mer 2 Juil - 12:29

Même si cet exercice est un peu tiré par les cheveux, je dirais que, effectivement, on retrouverait notre Lamberti du côté de ceusses qui proclament le dépistage des "troubles de la conduite" dès la maternelle, pour la bonne et simple raison qu'il les juge pourris de naissance. Le suivi de ces troubles tout au long de la scolarité par l'incroyable "base élève" semble procéder de la suite logique.
La "base élève" est un suivi informatique des enfants tout au long de leur scolarité avec, à l'intérieur, tout ce qui concerne l'enfant au niveau scolaire, bien sûr, mais aussi s'il bénéficie du RASED (et tend à mettre en évidence ses difficultés), son comportement, mais aussi la langue employée à la maison, se signes religieux, etc... Merci qui ?

Pour en revenir au bouquin, DL n'est pas un gars sympa mais ce n'est pas un signe de qualité humaine évidente, d'être sympa. Par contre, de là à dire que si tu n'es pas d'accord avec moi, t'es réac, allons...évidemment non.
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Message par Replay Mer 2 Juil - 12:56

Dans les enfants du massacre, il est évident que cette pourriture, elle vient du milieu, même si certains parents sont "honnêtes". L'hérédité joue aussi avec la syphilis et l'alcoolisme. Il y a dans des grandes villes (Afrique, Amérique Latine mais pas seulement) des bandes d'enfants très dangereux. On ne va pas dire qu'ils sont pourris de naissance, mais que le milieu (l'absence de tout, les catastrophes, la folie ambiante) les abime et les conditionne si salement et ça, dès les premiers instants de leur vie parfois, que ça prend presque une force de destin pour eux. On est très sensible, en tant que lecteur, à la présence d'un personnage positif, de quelqu'un qui s'en sort grâce à l'amour, à la justice, à la foi dans ce que l'homme a de bon et de sauvable, même si le monde s'écroule autour de lui. Ce roman là ne joue pas ce jeu, il est très pessimiste.
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Message par txoa Mer 2 Juil - 13:23

Non, Replay, ce n'est pas évident. GS, je le répéte, parle d'enfants pourris de naissance, c'est dans leur nature. Implicitement, dans leurs gènes. Ce n'est pas aussi clair, parce que DL reconnait à demi-mot, une "corruption" (dixit) par l'environnement.
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Message par edmond Gropl Mer 2 Juil - 13:49

Je ne trouve pas que G.S énonce des théories sur la délinquance. Par contre, si il dit qu'ils sont pourris de naissance, je le comprend comme un argument pour appuyer la méthode Duca Lamberti qui pourrait s'illustrer comme "si je commence à m'apitoyer sur leur sort, à leur trouver des excuses, je ne parviendrais jamais à la vérité" et là, grande force du livre, apparait une sorte de définition possible du roman noir.

Sur le même sujet (l'enfance assassine), "jeux d'enfants", de Jonathan Trigell avec certainement un point de vue plus txoesque ( tres bon polar à la nouvelle serie noire)
et surtout, "les enfants de Dracula" de Richard Lortz, qui devrait tous nous mettre d'accord.
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