Noir bazar
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Manga Chainsaw Man : où acheter le Tome 17 ...
Voir le deal
19.99 €

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

4 participants

Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par stalker Dim 24 Jan - 15:56

Je ne sais plus où j'ai posté ce petit papier virtuel que j'avais écrit sur le forum Le coin polar, en d'autres temps, alors je le recolle ici. C'est une question qui me tient à coeur, cette persistance à si souvent relier la littérature noire à des références musicales à calvitie avancée.

J'en parle ce matin sur le blog d'Ecorce à une occasion précise qui ravive non pas ma colère, mais mon étonnement.

Ça ne fait généralement réagir personne, mais peu importe. Je m'y attache et j'y consacre quelques lignes afin de poser le doigt sur le sujet, puis pour le souligner encore, à chaque fois que l'occasion se présente. Et elle ne cesse pas de se présenter.

>

Tout récemment, un certain Peter Wüthrich, un plasticien résidant à Bern, m’expliquait sur un ton rêveur que les paroles de Smoke on the water, de Deep Purple, avaient été inspirées par les vapeurs se dégageant du lac Léman, de nuit (1970-1971 – pour l’écriture du morceau, car les vapeurs se dégagent toujours du lac suisse).
J’y repensais aujourd’hui en découvrant différents articles sur le web, liés au polar. Deux en particulier. L’un relatant une soirée prochaine qui se déroulera à l’Alcazar de Marseille, le 29 mars prochain, initiée par l’Ecailler du Sud ; l’autre lié à la collection Polar Rock, créée par Serguei Dounovetz, chez Mare Nostrum.
J’y repensais en découvrant les références données par les personnes qui sont à l’origine de ces initiatives. Deep Purple, Led Zeppelin, The Ramones, Sex Pistols, NOFX, New-York Dolls, les Doors, pour ne citer que les plus emblématiques de l’époque et du genre dont il est question.
Le polar semble donc, aux dires des instigateurs et des journalistes, se délier des ambiances jazzy pour gagner en décibels. Notons d’ailleurs qu’il est précisé plus loin que des projets risquent fort d’en venir à la mouvance gothique, dans le futur – on peut alors songer, rêveurs, à des polars qui impliqueraient Bauhaus ou Sisters of mercy (un bond de dix années vient ici d’être accompli, ce qui nous amène aux années 80).

Si je fais personnellement le point, je dirais que juste avant les vapeurs du lac, je fumais encore dans le ventre de ma mère, ce qui ne m’empêcha pas de remuer ma tignasse longue comme ça sur le morceau légendaire en question, environ 15 ans plus tard, ainsi que sur Stairway to heaven, mais en frottant plutôt qu’en remuant.
J’étais donc, pour en revenir au polar, environ haut comme ça lorsque Jean-Patrick Manchette (et non Jean-Pierre, comme il est dit dans un des articles lus) écrivait Nada, Fatale ou encore (un peu plus haut que ça j’étais) l’ébauche de La princesse du sang, qu’il n’acheva pas.
Juste pour situer…

A l’occasion d’un dossier consacré au devenir du polar, dans le numéro 2 de la revue Le magazine des livres (édité par Robert Lafont), en février-mars 2007, Frédéric H. Fajardie est cité. Il dit que « le polar du futur devra être ultraviolent, avec de l’humour, le tout sur fond social. »
(dans ce dossier aussi, d’ailleurs, Manchette s’appelle Jean-Pierre…).
En confrontant tout ça, je me questionne. Je me dis, en ce mois de mars 2008, par temps gris, froid et pluvieux, que ce « polar du futur » va nous brandir des formations musicales des années 90, au mieux. Au pire, il en sera toujours aux années 70-80, mais aura au moins découvert Kraftwerk, Throbbing Gristle, Cabaret Voltaire ou New Order.
Puisque le polar du présent nous cause de Led Zeppelin, des Doors et de Deep Purple…

Ça n’empêche pas de les apprécier, n’est-ce pas. Mais on souffle malgré tout les quarante bougies. Quarante bougies pour un genre littéraire sensé refléter son époque, ça commence à faire… Surtout à une époque où tout se transforme si rapidement et dont un philosophe (belge, bien vivant et lucide) dit qu’elle change à chaque seconde à notre insu et qu’il intitule « L’ère du vide ».

C’est quand, le futur ?
Je pose cette question comme ça, car après les Deep Purple et les Ramones, il y en a encore une sacrée flopée que le polar devra découvrir et à qui il faudra bien consacrer des collections et des conférences argumentées. Et on frôlera peut-être le présent, ici et maintenant, en direct, connecté aux moyens de l’époque et à ses proues encore discrètes – mais le futur ?
En lisant ces articles, j’ai trouvé que le polar avait pris des rides. Et c’est regrettable. D’autant que des thrillers qui se vendent à des centaines de milliers d’exemplaires, dont certains issus de l’hexagone, ont moins de retard en matière musicale. Ne me dites pas que c’est la littérature de Papa, je vous en prie.

Fajardie, contemporain de Jean-Pierre, a dit « ultraviolent ».
Alors j’espère qu’un polar digne de cette « putain » d’époque en cours va finir par nous causer de Pan Sonic, de Merzbow ou de Murcof, avant que je crève. Nom de Dieu…


13 mars 2008


Dernière édition par stalker le Dim 24 Jan - 16:08, édité 1 fois
stalker
stalker
Admin

Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par stalker Dim 24 Jan - 16:07

Et, depuis, Pan Sonic a fini par investir la bande originale d'un film, français : Le premier cercle, de Laurent Tuel. Pan Sonic et Vitalic. Rien que ça.
On aime ou on n'aime pas, vous me direz, mais la question n'est pas là, si vous lisez bien le texte ci-dessus.

Dernièrement, j'étais agréablement surpris de trouver dans la B.O. de Pigalle la nuit des morceaux de Ladytron. Cela dit, j'aurais mal vu Emma faire un strip tease sur Stairway to heaven...
stalker
stalker
Admin

Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par edmond Gropl Lun 25 Jan - 12:18

En vrac:

Dans "the Chaser", film coréen, il y a un tres bon passage dans la B.O, un duo Basse/batterie à un tempo de malade.

Dans les polars, chaque fois qu'un auteur juge bon de preciser quelle musique écoute un personnage, ca me perturbe, soit je connais pas et j'ai l'impression de passer à coté d'un truc, soit je connais et j'aime et alors je ne suis pas dans le texte (sauf si le morceau a vraiment un rôle, une importance majeur (y'avait une nouvelle de Paul Colize ou je ne sais plus quel morceau avait un rôle criminogène).

De tous les polars que j'ai lu, un seul mérite vraiment la qualification de polar rock, c'est "dieu est mort " de J.J. Busino. Le rock et sa folie, la folie du son, le son qui pousse au crime, c'est le thême de ce roman.
Il faut le lire (sauf Txoa, parce que dans la première scène, le gars brise en deux, methodiquement, tous ses vynils, il commence par les Clash)
edmond Gropl
edmond Gropl

Messages : 1434
Date d'inscription : 04/06/2008
Localisation : Marseille

http://monsite.orange.fr/edmond-gropl

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par txoa Mer 27 Jan - 23:48

Ben justement ça me donne envie de le lire. Je peux donner les références d'un très bon roman rock' roll, il s'agit de Cardiff dead de Williams (le prénom, je ne m'en souviens plus). On peut aussi signaler "Last exit to Brest" de Claude Béthany. Mais pour donner raison à Stalker, l'un comme l'autre revêtent un côté nostalgique d'une époque passée (le début des 80's) sur fond d'une époque proclamée dorée par les auteurs avec deux villes comme décor important pour le récit.
txoa
txoa

Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par stalker Jeu 28 Jan - 1:52

Ben oui, l'âge d'or c'est tout le problème.
Chacun le sien aujourd'hui.
Et encore heureux que l'or ne rouille pas, sinon ce serait une belle décharge qu'on aurait là.

Personnellement, il m'arrive d'écouter les références que je trouve dans les programmes que je critique ci-dessus. J'en écoute même des plus anciennes, dans d'autres registres, ou pas, et des plus récentes, mais surtout des actuelles, que diable. Et toi aussi Txoa, je le sais. Et même Gropl (qui a bien été obligé de se taper Nine inch nails et Amon Tobin au cours de l'été dernier...).

Les uns n'empêchent pas les autres à titre intime, mais dans le cadre d'un roman sensé refléter une époque, ça me hérisse le poil de trouver des momies au programme, et uniquement des momies. Parce que c'est le cas. Et le problème, c'est que les instigateurs en question ne s'en tiennent qu'à leurs propres goûts. Ils oublient l'époque qui les cerne. S'ils veulent la refléter, il faut qu'ils se détachent un peu d'eux mêmes, de leurs goûts, de leurs couleurs, et qu'ils se renseignent un peu. Sinon c'est du polar à Papa, et ça fait un peu pitié. Même dans le cas où Papa est encore en vie, il est dépassé depuis longtemps et il est tout rouillé.

La pire des insultes à venir, c'est : "Tu sonnes siècle dernier".
stalker
stalker
Admin

Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par txoa Jeu 28 Jan - 21:25

C'est un peu vrai ce que tu dis, en tous cas je le comprends. Néanmoins, un héros, antihéros ou narrateur peut être comme toi et moi. J'écoute de la musique d'aujourd'hui mais aussi les Doors ou les Clash. Disons que c'est plutôt la figure imposée qui est pénible, comme le vieil imprimeur gauchiste rescapé de la guerre d'Espagne (qui écoute du Luis LLach, "segur que tomba, tomba, tomba..."). Disons qu'à l'inverse, un "name dropping" de musique récente (même technoïde) ne fait pas la modernité d'un roman.
txoa
txoa

Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par limbes Ven 29 Jan - 1:49

La question, finalement, c'est ça: c'est quoi la modernité d'un roman? Les thèmes abordés? L'écriture elle-même? Les références (musicales ou autres)? Qu'est qui fait qu'on se dit ah tiens ça, c'est moderne? Une façon (mais laquelle?) de saisir un présent?
limbes
limbes

Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par stalker Ven 29 Jan - 18:33

D'accord avec toi Txoa quand tu dis : (...) à l'inverse, un "name dropping" de musique récente (même technoïde) ne fait pas la modernité d'un roman.

Et les références musicales, c'est un détail. C'est juste un point abordé, volontairement isolé des autres dans un fuseau. Il me tient à coeur, car il peut permettre de révéler pas mal de choses néanmoins.

La modernité d'une roman c'est un peu tout ce que vous dites, il me semble. C'est aussi des codes usés qui sautent et qu'on remplace par d'autres codes. En particulier dans la forme d'écriture, mais aussi dans la façon d'envisager une intrigue (faut-il absolument se tenir à une intrigue ?). Les thèmes abordés seront toujours un peu les mêmes, de toute façon, mais en les abordant, l'essentiel c'est qu'ils n'aient pas l'air de résulter d'un paysage social vieux de deux ou trois décennies.
Après, il y a la question de la narration. Vaste sujet, mais il me paraît vraiment central. Qui raconte, comment et pourquoi ? Les points de vue qu'un auteur choisit aujourd'hui peuvent-ils être les mêmes que ceux qu'on choisissait il y a 20 ou 50 ans pour raconter ?
On s'éloigne un peu, mais tant mieux.
stalker
stalker
Admin

Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé

Revenir en haut Aller en bas

Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire) Empty Re: Polar et rock n'roll (pour le meilleur et pour le pire)

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser