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L'étrange strangulation de Fried

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stalker
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L'étrange strangulation de Fried Empty L'étrange strangulation de Fried

Message par stalker Dim 29 Juin - 23:08

Suite à une réflexion sur les livres qu'on possède et qui nous entourent.
Le texte date de juillet 2006.




L'étrange strangulation de Fried Strang10



Fried vivait dans une ancienne chambre de bonne.

Un cube mal isolé, wc sur le palier, radiateur défaillant, loyer modique. La pièce comprenait un lavabo surmonté d’un miroir piqué, un matelas individuel, une plaque électrique, un fauteuil, une table basse, un placard minuscule et une ampoule 40 watts. Un peu de vaisselle, des bricoles, une cafetière, un cendrier.

Puis des livres.

Empilés, alignés, en colonnes, en rangées, plusieurs milliers de romans policiers.

Du sol au plafond, autour, Poe, Conan Doyle.

Leblanc, Leroux, dessus, dessous.

Chandler, Christie, Simenon, écornés, décolorés, Block, Vian.

Rafistolés, impeccables, Vautrin, Pouy, groupés, dispersés, Hammet, Izzo, Manchette, Fried en avait oublié la couleur des murs depuis longtemps. Etait-ce la même que celle du plafond avec ces fissures tendues sur un champ d’écailles vert-gris ?

Il l’ignorait car le plafond, contrairement aux murs, continuait de boire la lumière. Il l’ignorait et s’en fichait un peu, à vrai dire.

Fried lisait beaucoup de polars, donc.

Il en relisait certains aussi, parfois, lorsqu’une lecture l’orientait vers une relecture ; une page en cours vers une tranche perchée là-haut, qu’il fallait rechercher, dénicher parmi les autres, verticale ou horizontale, coincée dans la masse, scellée dans les parois, enfouie dans la mémoire stratifiée de Fried. Puis rebondir d’une tranche à un index, d’une page à un paragraphe, d’une citation à une référence précieuse.

Fried relisait donc, de temps en temps.

Quelque part dans l’antre austère, juchée au sommet d’une pile, une petite horloge diffusait un paresseux tic-tac sans résonance. Grâce à elle, Fried s’alimentait deux fois par jour et parvenait à ne pas oublier totalement qu’au-delà des polars, il y avait le monde.

Par ailleurs, dans ce rôle délicat de pense-bête, l’horloge était soutenue par une fenêtre carrée, poisseuse, incrustée dans les livres. Derrière les vitres, on pouvait apercevoir des toits hérissés de cheminées et d’antennes ; un vaste enchevêtrement d’ardoise, de tuile et de taule ondulée qui s’étirait jusqu’à l’horizon, mais aussi le ciel.

Le ciel que Fried, depuis son fauteuil, regardait beaucoup plus souvent que l’horloge.

Fried était seul.

Il ne s’en était jamais plaint et cet état lui convenait. Nul pour lui dire qu’il se nourrissait mal, qu’il aurait pu se laver plus souvent, qu’il négligeait ses yeux et ses poumons et ne ferait sûrement pas de vieux jours.

Sans doute persistait-il même à ignorer qu’on ait pu réellement souffrir d’avoir été seul et qu’ailleurs, d’autres aient pu éprouver le besoin de partager des territoires ou des choses, de concéder des pensées, d’échanger des regards et des paroles.

Et bien que les livres n’aient jamais cessé de raconter des histoires au sujet des besoins et des envies de ces êtres, Fried continuait de s’en tenir à distance et lisait beaucoup.

*

L’étrange phénomène se déclara un matin, en plein hiver.

Fried était dans son fauteuil et venait de terminer la lecture d’un Daeninckx. La situation et l’orientation du siège lui permettaient d’embrasser la pièce entière, ainsi qu’un extrait vertical de ciel blanc. L’espace respirait comme toujours la fumée de cigarette, le café, le vieux papier, peut-être un peu la sueur, tandis que la trotteuse exécutait des secondes.

Fried ne sursauta pas. Sans doute une part de lui-même, enfouie profondément, avait-elle depuis longtemps anticipé l’événement, tout en se gardant bien de ne pas en faire une montagne – pas tout de suite ; pas dans ces proportions.

Les tranches des livres l’observaient.

Plutôt, les tranches l’épiaient. Les tranches de polars avaient les titres rivés sur lui, sur son visage et sur son corps en mouvement – quoique sur l’instant, Fried évita de trop bouger. Les yeux seulement, les paupières inévitablement.

Il y en avait des milliers, Highsmith, Dostoïevski, Greene, des étages imbriqués, des piliers tassés. Devant, derrière, Dickens, Modiano, Cook, sous ses yeux ou plus loin. Stevenson, King, Dantec, immédiatement déchiffrables ou Vargas, Brussolo retranchés dans le flou, il le savait. D’ordinaire, les livres n’étaient que des choses immobiles, des matières sèches, des corps sans vie. Mais là, les tranches s’étaient brusquement mises à l’épier tandis qu’il refermait le dernier recueil en date.

L’évidence lui apparut alors aussi froide et tranchante que la lumière qui percutait les choses sous ses yeux : il était dorénavant la proie de milliards de milliards de mots noirs qu’il ne relirait probablement pas avant de mourir.

Au cours de l’heure qui suivit, Fried ne quitta pas son fauteuil. L’horrible sentiment le tenait par les tripes. Entre ses doigts, le roman qu’il venait de terminer s’écornait déjà, malmené par les ongles.

Qu’allait-il en faire de celui-ci ? L’abandonner au sommet d’une pile en cours ? Lui dénicher un intervalle dans une rangée ? Ajouter un titre à la liste déjà trop longue qui le cernait ?

Il en avait des sueurs froides et n’osait plus faire un geste, pas même allumer une cigarette. Et les tranches continuaient de hurler leur verdict : Fried, puisqu’il est évident que tu ne reliras plus jamais ces livres qui te cernent, à travers eux tu es déjà mort.

L’heure angoissante écoulée, il finit par se redresser et s’arracher du fauteuil. Il s’approcha de la fenêtre, interrogea le ciel et revint vers les livres. Ses yeux se mirent à rebondir parmi les tranches et il cita les titres à voix haute, un par un, systématiquement suivi de la mention : je te relirai forcément.

L’aiguille creuse, je te relirai forcément, La clé de verre, je te relirai forcément, Le chien jaune, je te relirai forcément, 1275 âmes, je te relirai forcément, Nada, je te relirai forcément, Les racines du mal, je te relirai forcément, Dans la tourbe…

C’était évident, il fallait tous les relire.

La vie lui permettait d’envisager une telle besogne, bien qu’elle fut immense : il avait lu son premier livre à l’âge de huit ans et approchait de la quarantaine. Trente années de lecture, calcula-t-il. Il suffisait de consacrer les trente prochaines à la relecture, et d’enrayer de cette façon son propre arrêt de mort.

Puis, afin que le phénomène ne se reproduise plus, à mesure qu’il relirait, il se débarrasserait des ouvrages. Ainsi, les livres relus ne le cerneraient plus et il vivrait en paix.

Mais, après deux heures d’énumération, il capitula et retomba dans le fauteuil.

D’une part, il était incapable de se résoudre à évacuer le moindre livre de cette chambre. Leur présence était nécessaire et vitale, car les milliers de livres attestaient qu’il avait vécu.

Une fois les livres disparus, que lui resterait-il ? La mémoire ? Mais la mémoire ne faisait que remiser les lectures au rang de souvenirs, bons ou mauvais, vivaces lorsqu’ils étaient récents, puis de plus en plus flous, incomplets, méconnaissables, et enfin nuls.

Il avait pu le vérifier au cours de l’énumération : certains titres ne lui disaient plus rien. Pas le moindre souvenir, la moindre trace de sentiment ou d’émotion.

Rien.

Les histoires s’étaient évaporées, les personnages désintégrés, mis en terre.

D’autre part, il faudrait bien qu’il lise de nouveaux livres et les ajoute à la liste de ceux qu’il faudrait ensuite relire. La nouveauté et la découverte, pour Fried, étaient non moins nécessaires et vitales. Car renoncer à découvrir des choses nouvelles signifiait démissionner du présent, s’en reporter au passé strictement, autrement dit se conforter sur des acquis, capituler face à son époque : se constituer mort-vivant.

Il revint à la fenêtre et consulta le ciel, puis ses yeux tombèrent doucement jusqu’aux toits et s’y égarèrent. C’était évident : il lui faudrait relire tout en ne cessant pas de lire, c'est-à-dire réviser le passé tout en continuant d’affronter le présent. Il n’avait pas le choix, c’était inscrit dans sa nature et inéluctable. Quitte à ne jamais relire ce qu’il allait dorénavant découvrir de nouveau ; tant pis, il fallait bien se résoudre à mourir un jour.

La nouvelle mission de Fried débuta sur-le-champ.

Il n’y avait pas de temps à perdre.

Il quitta la chambre et se rendit dans la librairie la plus proche, au rayon nouveautés. Là, il s’empara de huit ouvrages et regagna sa chambre. Il déposa les livres neufs sur la table et se demanda dans quel ordre il allait procéder en s’attaquant aux anciens.

Alphabétique ? Chronologique ?

Il opta pour la chronologie, histoire de remonter le temps par la relecture des vieux ouvrages, tout en ne cessant pas de le poursuivre par la lecture des nouveaux.

En fin de compte, maintenant qu’il était organisé, le projet l’excitait terriblement. Car en décidant de vivre ces deux expériences du temps simultanées, et à l’idée de reparcourir son vécu tout en l’enrichissant toujours, il se sentait revivre.

.../...


Dernière édition par stalker le Mer 6 Mai - 17:56, édité 1 fois
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Message par stalker Dim 29 Juin - 23:08

.

Fried lisait très vite.

D’autant qu’il consacrait exclusivement son temps à cette activité, il était courant qu’il ingurgite quatre livres en vingt quatre heures, en fonction de leur volume et de la limpidité du style. Pour quatre livres lus, deux étaient neufs, en provenance de la librairie et du présent, tandis que les deux autres étaient exhumés des remparts de papier de son antre, en outre passablement jaunis et émoussés.

Au cours de l’expérience, il arrivait fréquemment qu’une relecture lui tire un sourire. Des instants du passé lui revenaient en mémoire et il n’était pas rare qu’il s’adresse à voix haute à l’ouvrage : « Je me souviens de toi, de cette énigme, de cette réplique même, de toi le personnage, de tes traits de caractère, de ton profil si habilement façonné par toi l’auteur, la plume défunte ou encore vigoureuse, toi le témoin de ton temps. »

Puis, l’ouvrage relu, il s’attaquait au nouveau. Il arrivait aussi que Fried consacre deux jours consécutifs à relire uniquement des anciens, et les deux suivants à en découvrir des nouveaux. Peu importait à partir du moment où la mission s’accomplissait de manière équilibrée.

*

Il y a des lieux qu’on a parcourus des dizaines ou des milliers de fois dans notre vie, jusqu’à ce que ce jour survienne : celui où l’on s’y rend pour la dernière fois, bien qu’on l’ignore sur le moment. Il y a ces êtres qu’on a côtoyés de même, de près, de loin, longtemps ou brièvement ; il y a ce jour où on les croise pour la dernière fois.

C’était inscrit dans les livres et démontré au cours de chaque instant de l’existence, Fried savait tout cela. Et à présent, bien qu’il n’ait fréquenté dans sa vie que fort peu de lieux et d’êtres différents, Fried consacrait précisément son existence à repousser au mieux ces instants ultimes où la mort se dresserait au milieu du chemin pour lui barrer la route. Chaque livre, chaque page qu’il reparcourait était un sentier possible où la mort était dorénavant contrainte de reculer pour surgir un peu plus loin, un peu plus tard.

Mais, au cours des années qui suivirent, à défaut de s’atténuer grâce aux résolutions de Fried, l’étrange phénomène décida de se manifester autrement.

Un matin, en se réveillant, Fried constata qu’il était en sueur et respirait très vite. De plus, cette sueur avait une odeur différente. Il ne s’attarda pas tout de suite sur ce détail et se précipita vers la fenêtre pour l’entrouvrir.

L’air était suffocant.

Etait-ce dû à un cauchemar horrible ? Un brusque sentiment d’étouffement mental qui se serait répercuté sur le corps et dans l’espace ? Fried ne conservait aucun souvenir des rêves qu’il avait pu faire cette nuit-là. De plus, en revenant bientôt à l’odeur anormale que sa peau dégageait, il réalisa qu’il s’agissait d’un mélange de sueur et de vieux papier.

Du vieux papier, s’étonna-t-il à voix haute.

Sceptique et encore étourdis par le réveil brutal, il décida d’oublier cette anecdote et de la mettre sur le compte du lieu lui-même. Vieux papier, tabac, sueur, café, poussière n’étaient-ils pas les ingrédients caractéristiques de l’odeur ordinaire de la chambre ?

Il prépara du café, fit sa toilette, s’habilla, alluma une cigarette et s’installa comme de coutume dans le fauteuil près duquel une pile de livres à lire et à relire l’attendait.

Entre le jour de la grande résolution et ce matin-là, la surface respirable et praticable de la chambre avait considérablement diminuée. Forcément, les nouveaux polars qui continuaient de déferler dans le lieu avaient formé de nouvelles piles, exigé d’autres rayonnages, formé des blocs supplémentaires de papier à stocker quelque part.

Entre temps, la table basse et le matelas avaient été évacués, et le petit radiateur était depuis longtemps dissimulé derrière une nouvelle façade d’ouvrages. De même, l’encadrement de la fenêtre avait rétrécis, tandis que l’accès au lavabo devenait périlleux. La lenteur du processus faisait que Fried ne s’apercevait de rien ou ne s’en affolait tout simplement pas. Il aimait les livres et jouissait constamment de cette invasion de tranches qui, tout en se resserrant dangereusement autour de lui, avaient cessé de l’épier de trop près.

Ainsi, ce matin-là, Fried oublia vite qu’il avait transpiré du vieux papier et plongea sans tarder dans les pages du jour. Et le plaisir procuré par ces nouvelles lectures, comme celui généré par ses relectures, lui firent négliger d’accorder de l’importance aux difficultés qu’il éprouva à s’endormir la nuit suivante.

Négliger aussi de s’inquiéter lorsqu’il se réveilla le lendemain, en sueur.

Mais l’être humain possède cette formidable faculté à s’adapter au fil du temps à certaines transformations des conditions de vie, aussi dégradantes et intolérables puissent-elles paraître lorsqu’on les considère d’un point de vue extérieur ou depuis un temps éloigné.

Aussi, bien que le phénomène n’alla pas en s’améliorant, la diminution de l’oxygène finit-elle par ne plus importuner Fried autant que le premier matin, et l’odeur de papier, bien que s’intensifiant de façon alarmante, par ne plus l’inquiéter du tout.

Ceci étant, ces contraintes croissantes exigèrent quelques sacrifices : Fried cessa de fumer et de boire du café, puis limita son alimentation au strict minimum. L’essentiel étant de toujours être en mesure d’accéder à la porte pour aller se ravitailler en nouveaux bouquins et de disposer d’un espace relativement confortable où s’installer pendant des heures et lire.

Lire, relire, accumuler, grouper, aligner, ériger, consolider, se débarrasser au fur et à mesure des accessoires étrangers devenus encombrants ; économiser les gestes devenus par là-même inutiles et se concentrer sur l’essentiel.

Et les années passèrent.

A l’approche de la soixantaine, Fried prit une seconde grande résolution.

En vingt années, il était parvenu à relire la totalité des polars qu’il possédait, tout en en découvrant de nouveaux chaque jour. Mais ces nouveaux étaient à présent en mesure de l’épier comme avaient fini par le faire les anciens.

Alors, vu son âge avancé, Fried estima que le moment était venu pour lui de cesser de lire des nouveautés et de consacrer les années qu’il lui restait à vivre à la relecture des polars des vingt dernières années. Avec un peu de chance, en admettant que son état de santé et son endurance le lui permettent, il relirait le tout en dix ans et pourrait par la suite se remettre à fréquenter les librairies et rattraper le retard.

Depuis plusieurs années, son lieu de vie se limitait à deux mètres carrés situés dans les parages du lavabo où il pouvait se désaltérer de temps en temps. Le fauteuil avait disparu, ainsi que la plupart des ustensiles quotidiens et des vêtements déjà peu nombreux qu’il possédait. Fried ne se lavait quasiment plus et il arrivait même qu’il économise un détour par le palier en urinant directement dans le lavabo. La fenêtre étant condamnée depuis belle lurette par les piles de romans policiers, l’ampoule seule éclairait le périmètre.

De plus, cette seconde grande résolution n’obligeait plus Fried à sortir chaque jour de la chambre pour aller chercher de nouveaux livres. Aussi décida-t-il de limiter les sorties consacrées à ses achats de nourriture.

Mais à vrai dire, depuis plusieurs mois, une partie de la nourriture de Fried se composait déjà de pages de livres, notamment celles demeurées blanches à la fin des éditions. Tout d’abord des petits morceaux mêlés à la nourriture, puis des fragments plus importants, jusqu’à ce que les pages entières y passent, que ses excréments prennent une nouvelle et étrange consistance, et que la texture de sa peau soit identique à celle des pages.

*

A soixante cinq ans, Fried était rachitique et absolument dégoûtant.

La porte de sortie était barrée par les montagnes de livres qu’il lui avait fallu déplacer pour organiser la seconde grande résolution, et la crasse maculait l’ultime mètre carré de surface praticable. Le robinet gouttait un peu et, péniblement, Fried y portait de temps en temps ses lèvres afin de diluer la matière ingurgitée.

Il ne bougeait quasiment plus, dormait assis ou recroquevillé, mâchait du papier à longueur de temps et n’avait plus aucun contact avec le monde extérieur depuis une éternité. Autour de lui, les livres formaient un épais caisson insonorisant à l’intérieur duquel, miraculeusement, l’oxygène parvenait encore à se faufiler.

Etant parvenu à limiter ses heures de sommeil à quatre ou cinq par jour, à une vitesse surprenante, Fried n’en finissait pas de relire les polars qui l’entouraient. Certains pour la troisième fois, tandis que d’autres, devenus inaccessibles et invisibles, avaient cessé de le menacer de mort. Et plus l’espace se refermait autour de lui, plus le nombre de tranches qui l’épiaient diminuait. La victoire était proche et, dans le silence de sa cellule, Fried se sentait renaître un peu plus à chaque instant.

Il n’avait pas tout à fait terminé sa deuxième relecture du Dahlia noir le jour où l’ampoule claqua et plongea l’antre dans l’obscurité complète. Saisi à la gorge par l’événement, Fried ne sursauta pas, ne protesta même pas. Il demeura figé dans l’ombre et attendit que ça l’étrangle suffisamment, sans opposer la moindre résistance au phénomène.

On ne retrouva jamais son corps.

Simplement, au creux du ventre de l’inconcevable masse de bouquins, on remarqua cette forme volumineuse de papier mâché desséché qui, vue de loin et sous un certain angle, aurait pu évoquer un fœtus.


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Message par Replay Dim 29 Juin - 23:26

Ah!
C'est quasiment un mythe, cette histoire, avec ses variantes. (le sang devient encre). J'aime bien les histoires de bibliothèques hantées ou d'hommes-livres. Bravo...
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Message par Irène A. Jeu 17 Juil - 20:50

C'est bon. Avec un côté mythe effectivement. Dans la veine d'un Jean Ray...
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Message par fredgev Sam 26 Juil - 16:48

ah, que de souvenirs...
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Message par stalker Sam 26 Juil - 20:15

Je ne te le fais pas dire...
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Message par Hurlu Sam 20 Sep - 12:25

J'aimerais bien en lire d'autres, mais où ?
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L'étrange strangulation de Fried Empty Re: L'étrange strangulation de Fried

Message par Ernest Kurtz Mer 14 Avr - 10:26

stalker a écrit:
Désolé pour l'auto-promotion, mais la phrase du colonel m'a aussitôt évoqué cette sale histoire
Non, non, au contraire : content de lire ce conte qui résonne bien en moi. Moi aussi, tout un tas de bouquins appellent à la relecture tandis que ceux de ma PAL cherchent à me charmer avec l'attrait de la nouveauté. Et le temps file... Un jour, la technologie me permettra-t-elle de me cloner ? Une fois devenu double, je pourrai alors lire et relire en même temps !!
Bref, j'ai bien aimé ce texte, rien ne m'est venu à redire quant à la forme, tant j'étais pris par le fond.
Cela m'a aussi évoqué deux choses pas totalement sans lien: les polars de Manuel Vazquez Montalban dans lesquels son héros, Pépé Carvalho brule systématiquement ses livres; le très bon et assez cinglé roman de Timothy Findley, "Le chasseur de têtes", dans lequel les personnages du roman de Conrad "Au coeur des ténêbres" (dont le colonel Kurtz !!!!) sortent du roman pour venir se mêler à la vie réelle (enfin, réelle... disons pas mal barrée, perçue par une femme schizo et un rien SF du roman de Findley)
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