L'art du suspense - Patricia HIGHSMITH

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« Si ce livre existe, c'est parce qu'une maison américaine, The writer, Inc,m'en a proposé le sujet. Que pensais-je du « roman à suspense » et de son processus ». Je montrai une certaine réticence » au début, ne me considérant pas comme une professionnelle indiscutable en ce domaine...
Ce livre n'est pas un manuel. Il n'existe pas de recette pour écrire un bon roman- c'est à dire un roman digne d'être lu. Mais c'est l'éventualité permanente de l'échec qui fait de l'écriture un métier passionnant.
Mes échecs tiennent donc autant de place que mes succès dans cet ouvrage, car ils sont une source certaine d'enseignement. En décrivant comment pourquoi j'ai souvent perdu ma peine et mon temps, peut-être épargnerai-je à d'autres les mêmes épreuves. [...]

Ainsi commence L'art du Suspense.



Ce livre a été écrit en 1966. Patricia Highsmith n’y donne ni recettes ni conseils, mais essaie de décrire ce qu’est pour elle le processus créatif, de la naissance d’une idée jusqu’à la fin du travail, et comment ce travail prend corps dans un roman au-delà de la dernière page du manuscrit, avec les exigences éditoriales, les remaniements, les coupures, les réécritures.

Les titres des chapitres et des paragraphes sont explicites. L’auteur suit ce plan pour analyser et commenter un de ses livres, La cellule de verre, dans les deux derniers chapitres

1. Le germe d'une idée
Développer le germe d’une idée
L’imagination de l’écrivain
Reconnaître les idées
Avoir des antennes invisibles

2. Sur l'usage des expériences
Elan et conviction
Consigner l’expérience émotionnelle
Le départ d’une histoire
Emotions positives ou négatives
Réceptivité et conscience

3. La nouvelle et le suspense
Comparée au roman…
Le roman « court »

4. Développement
Donner du corps à l’intrigue
Questions primordiales
Une impression de vécu
Des criminels sympathiques
Dérangements, et comment les surmonter.

5. Bien mener une intrigue
Les points forts
A la limite de l’invraisemblable
Le tempo
Se surprendre et surprendre son lecteur

6. Le premier jet
La première page
Longueur et proportions
Rythme et ton
En accord avec le livre
Talent et habileté
Le sens du contact

7. Les problèmes
Problèmes abstraits et concrets
Quel point de vue
Sentir une histoire sur le plan émotionnel
L’utilisation des sens
Les autres professions

8. Le deuxième jet
Attirance et intérêt
Parfaire avec profit

9. Les révisions
Le cas du policier

10. Le dossier d’un roman : La cellule de verre
11. quelques réflexions sur le suspense en général



Patricia Highsmith parle à la première personne tout au long de cet ouvrage. Tous les manuels d’écriture se rejoignent sur l’essentiel, les petits trucs et les conseils pratiques. Ceux qui prétendent, en les disséquant, isoler « ce qui marche » pour en concocter un sérum perfusable à tout auteur débutant, incertain et avide d’efficacité sont comme les voyantes qui prédisent le passé. « Ce qui marche », c’est d’abord une bonne « boite à outils », comme dit Stephen King dans « Ecritures », puis du travail, et le reste. Le reste : le talent, la personnalité de l’auteur, sa petite musique de fond, l’indicible.
Avec les livres traitant d’écriture composés par de grands écrivains, on apprend davantage sur eux que sur l’art d’écrire.
Ce qui fait l’intérêt de celui-ci est le point de vue de l’auteur, sa sincérité et sa modestie, le continuel aller et retour lecteur/écrivain dans lequel elle engage son lecteur dans une relation sérieuse et amicale à la fois.s

Allez hop, une petite commande chez le libraire s'impose ! J'ai l'impression qu'à part le personnage de Ripley, on a un peu oublié les créations de Patricia Highsmith, mais je me trompe peut-être. Je garde un souvenir fabuleux d'un recueil de nouvelles, L'amateur d'escargots, que j'avais emprunté à la bibliothèque et que je ne parviens plus à trouver en librairie.