Jeux d'enfants - Jonathan Trigell (2006)

Ca se passe en Angleterre, du coté de Manchester et d'un patelin pourri .
A. Et B. agés d'une douzaine d'années ont commis un crime qui a horrifié l'Angleterre.
B. se suicide en prison, C'était le seul à pouvoir témoigner du rôle de A. Sa disparition rend impossible toute vérité. A. est liberé quelques années plus tard.

A sa sortie, il bénéficie d'un programme de réhabilitation et d'une nouvelle identité, il choisit le prenom Jack. Il est accompagné de Terry, un travailleur social chargé de veiller sur lui.

Le jour de sa sortie, une violente campagne du "Sun" et du "Star" de déchaiîne contre sa libération sur le thême "vous avez le droit de connaitre votre nouveau voisin". Ils offrent une récompense pour tout renseignement permettant de localiser celui qu'ils avaient baptisé "le monstre".

On va suivre A. puis Jack sur le chemin du crime, de la prison et de la redemption.


Roman terrible. Entre Ken Loach et David Peace. Roman intelligent et noirissime.

L'auteur est moniteur de ski à Chamonix, et je comprend qu'il ait besoin de l'air des montagnes.

A un moment, on suit l'expert psychologue. Elle s'interroge sur le crime. Elle s'interroge en regardant son fils de 5 ou 6 ans en train de jouer au bord de l'eau. IL joue avec des fourmis. Sa mere s'apercoit qu'il tue méticuleusement les fourmis. Elle le regarde, fasciné puis lui dit:
- Chéri, il ne faut pas tuer les fourmis.
- Mais Maman, je croyais que tu me dirais d'arrêter!

Je viens de terminer la lecture de ce livre que je n'ai lâché que par obligation.
Je suis d'accord en tous points avec la critique de Gropl. C'est un livre moral, qui traite de la rédemption et de la paternité. Il y a des enfants qui ne pèsent pas lourd sur cette terre, les victimes innocentes (comme Angela, la petite fille assassinée) et des victimes nocentes, comme les enfants tueurs. La société les punit, les enferme et tente des les éduquer, de les soigner. Enfin, un peu, pas très bien.
Jack a pris sept ans et a eu la chance de rencontrer un éducateur qui croit en lui et qui l'aime. La relation entre Jack et Terry est très bien décrite dans le livre. Hélas, si Terry est un excellent père pour Jack, un vrai sauveur, il rate complètement son fils comme on rate un train, et le fils en conçoit de l'amertume et de la jalousie. Rien n'est simple.
Qu'est-ce qui fait qu'on peut être un père défaillant pour son fils, et pour un étranger le substitut paternel idéal, consistant, constructeur ?
Est-ce qu'on peut se remettre d'un crime qu'on a commis enfant, échapper à la presse ogresse, est-ce qu'on peut refaire sa vie en changeant d'identité avec la menace des journalistes à l'affut d'un scoop ?

Ce roman ressemble beaucoup à L'affaire Jennifer Jones, d'Anne Cassidy, qui a eu le prix du meilleur livre ado en 2004 et lui est donc antérieur. Les similitudes sautent aux yeux, c'est peut-être le sujet qui veut ça. Dans l'affaire Jennifer Jones, le meurtrier est une fille et la personne bienveillante qui la protège est une femme, sinon, les deux intrigues sont quasiment semblables. Le style, non, puisque L'affaire J.J est un "roman pour ados" écrit avec un style plat, phrases courtes faciles à comprendre et grande économie de vocabulaire.

C'est un roman superbe qui n'assène rien sur ce thème difficile. L'auteur refuse de juger qui que ce soit (sauf peut être les tabloïds) sans pour autant être distancié avec ses personnages qui se débattent.
A lire et à méditer pour tous ceux qui souhaitent foutre des minots de 12 ans en prison.

A présent Txoa, je te conseille "les enfants de Dracula" de Richard Lortz (Rivages noir), et après ça devient difficile de trouver quoi lire ou quoi écrire sur l'enfance criminelle.

Jonathan Trigell est moniteur de ski à Chamonix. Il a mérité de respirer l'air sain des montagnes, ne trouves -tu -pas?

Je vais tenter ces enfants de Vlad Dracul, après tant de bouquins sur ma PAL.