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Toute la vie devant soi

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Message par Manuel Ven 24 Avr - 13:09

Toute la vie devant soi Toute_11

Je ne sais pas si je devrais raconter mon histoire. D'ailleurs, elle risque de n'intéresser personne. Mettons que je la raconte pour moi-même.

Tout de suite, je rencontre une difficulté : mon histoire, je ne sais pas exactement où elle commence. Peut-être au moment où j'ai embarqué à bord du Confiant. Je me trouvais sur une planète et je cherchais du travail. Plus d'argent, plus de logement, la police qui me regardait de travers : la situation était vraiment limite. À la limite de quoi, je ne le sais pas très bien, mais disons que je traversais une mauvaise passe.

C'est alors que le Confiant a fait escale. J'ai appris qu'il réclamait des employés, et je me suis présenté, en compagnie de quelques autres. Nous avons été quatre à être embauchés. Un travail exigeant. Et la paye était faible. Quand on se plaignait, la réponse était invariable : « Si vous n’êtes pas contents, on peut vous débarquer à la prochaine planète. »

Le Confiant était un de ces vieux astronefs qui se déplaçaient lentement. Il lui faudrait donc une bonne vingtaine d’années pour atteindre la galaxie vers laquelle il se dirigeait. Personne n’était obligé de rester aussi longtemps : si on trouvait du travail quelque part, on pouvait quitter l’équipage. Je savais déjà que ces astronefs, qui passaient de longues périodes isolés dans l’espace, étaient considérés comme des « zones extra-territoriales ». Autrement dit, pendant le voyage, ils n’obéissaient qu’à leur propre loi, faite généralement par un armateur quelconque. Ce détail est important pour la suite de mon histoire.

Parce que mon histoire commence réellement là. Nous étions en plein espace. Et moi, je me trouvais dans une grande salle, au cœur du vaisseau spatial. Devant moi, il y avait une longue table, et derrière cette dernière, il y avait plusieurs officiers alignés, avec le capitaine au milieu. Il me regardait d’un œil grave.

« Monsieur, dit-il, le tribunal vient de délibérer. Vous êtes déclaré coupable de meurtre avec préméditation. En conséquence, le tribunal vous condamne à la peine prévue dans ce cas : la mort. »

Il se tut un instant, avant de reprendre :

« En considérant l’aspect exceptionnel et nouveau de cette affaire, puisque c’est la première fois qu’un tel événement se produit sur ce vaisseau, le tribunal décide que la sentence ne sera pas exécutée dans l’immédiat. Le condamné sera reclus dans une cabine transformée en cellule, et ce jusqu’à ce que nous atteignions la galaxie, où un autre tribunal décidera si la peine de mort doit être ou non appliquée. »

En entendant cela, je dois avouer que j’étais envahi par le désespoir.

« Mon capitaine, voyons, vous m’aviez promis que si je plaidais coupable, la cour se montrerait clémente ! Que s’est-il passé ? »

Plus que l’entendre, je le sentis soupirer :

« Il s’est passé que je ne suis pas seul à décider. Il y a un tribunal, et je dois tenir compte de son avis. Son avis, c’est celui que je viens de vous livrer. »

« Vous m’avez menti, capitaine ! »

« Non, non, je vous en donne ma parole. Mais je vous le répète, je ne suis pas seul à décider. »

« Voyons, il nous faudra presque vingt ans pour atteindre la galaxie. Je vais passer ce temps enfermé dans une petite pièce ! Vous n’avez donc pas de pitié ? »

Un des hommes dit alors :

« Et vous, avez-vous eu de la pitié pour le malheureux que vous avez assassiné ? »

« Mais j’ai plaidé coupable, comme vous me l’aviez demandé ! Menteurs ! Vous êtes tous des menteurs ! »

« Gardes, emmenez-le », dit le capitaine, pour couper court.

Ainsi donc, ils m’emmenèrent. Avec effroi, je découvris « la prison ». C’était une cabine du deuxième pont, tout à fait à l’arrière de l’astronef. Je compris : on voulait m’oublier, m’empêcher de troubler l’équipage. En entrant, je faillis crier de terreur : la cabine mesurait trois mètres sur six. Dix-huit mètres carrés entre quatre murs. Et j’allais vivre là-dedans. Quand la porte se referma, je dus refouler un sanglot de désarroi.

· * * * * * * * *

· * * * *

La cabine n’avait même pas de hublot ! Avait-on peur que je me jette dans l’espace ? J’allais d’un mur à l’autre, puis en sens inverse. Je m’étendais sur le lit, me relevai. Il y avait le petit déjeuner, le déjeuner, le dîner. Il y avait les employés qui venaient nettoyer la « cellule ». Et l’heure de se coucher, et l’heure de se réveiller. Les premiers mois s’écoulèrent ainsi. Au mépris de la logique la plus élémentaire, j’espérais vaguement qu’on viendrait me dire qu’il s’agissait d’une erreur et que je pouvais sortir. Ensuite, ayant mentalement admis ma situation, je me mis à lire. Je passai des journées entières à dévorer des livres que j’avais négligés dans ma jeunesse. Je connus même des moments de bonheur grâce à la lecture. Cette dernière me mena à l’écriture. L’idée me vint de jouer à l’écrivain. Pendant des heures, dans la solitude et le silence de la cabine, j’écrivais. Je m’étais fixé pour but de rédiger un long traité de philosophie sur la place de l’homme dans le cosmos. Cela me passionnait vraiment.

Mais ensuite, en me demandant qui lirait ce traité, je revenais brutalement à la réalité et ma situation m’apparaissait telle qu’elle était. Alors, je sombrais dans la dépression. Des idées de suicide m’envahissaient. Seulement, on ne m’apportait aucun objet ayant pu servir à cela. Je haïssais ces murs, ce plafond, ce plancher. Je haïssais tout l’univers. Au dehors, l’astronef poursuivait son voyage. L’équipage vivait sa vie. Et moi…

À intervalles réguliers, je faisais des réclamations. Je demandais la permission de reprendre mon travail et une vie normale : je ne pourrais pas m’évader d’un appareil en plein vide intersidéral, c’était l’évidence. On me la refusa. Je demandais à être transféré dans une cabine plus grande et avec un hublot : on me le refusa. Je demandais le droit de faire une promenade par semaine. On me le refusa. On me refusait tout. En fait, on m’avait enfermé et tout le monde souhaitait m’oublier.

* * * * * * * * *

* * * * *

J’avais l’impression que chaque jour que je vivais serait le dernier. Je fus donc étonné de découvrir que quatre années s’étaient écoulées. Je me demandais ce qui pouvait bien se passer dans le vaisseau spatial. La réponse me fut apportée, en même temps que mon déjeuner, par un cuisinier :

« Le capitaine est décédé. Il a été remplacé par un autre… »

Mon cœur se mit à battre d’espoir. Après avoir mangé, j’appelai le garde :

« Je demande une révision de mon procès ! »

Il me fallut six mois pour l’obtenir. Enfin, on vint me chercher. Ce fut un moment étrange : pour la première fois depuis quatre ans, je sortais de la cellule. Entouré de gardes, je marchai dans les couloirs. Je croisais les membres de l’équipage et, avec surprise, je constatais que leurs cheveux grisonnaient. Ils avaient vieillis. Je me dis que j’avais dû vieillir aussi…

Le tribunal m’attendait. Le nouveau capitaine le présidait. Après un rappel du premier procès, il me donna la parole. Je me levai :

« Mon capitaine, Messieurs, Mesdames, voilà quatre années que je suis enfermé dans une cabine minuscule. Cela m’a donné le temps de réfléchir, de faire un retour sur moi-même. Oui, je m’aperçois aujourd’hui que j’ai été quelqu’un de méchant, et pas seulement à cause du meurtre que j’ai commis à bord de ce vaisseau. J’ai fait beaucoup de mal dans ma vie. Je mérite mon châtiment. Mais j’ai changé. Je vous demande de me croire : j’ai changé. Je ne veux plus causer du tort aux autres. Je ne vous demande qu’une chose : donnez-moi une seconde chance. Je veux reprendre mon travail et redevenir un membre de l’équipage. Je vous promets que je n’essaierai pas de m’évader. Quand nous atteindrons la galaxie, la justice de là-bas décidera de mon sort. Mais en attendant, je vous en supplie, donnez-moi une seconde chance. »

Jamais je n’avais été aussi sincère. Mais je compris à l’instant que ma cause était sans espoir. Le nouveau capitaine me répondit sur un ton sec.

« Monsieur, je n’ai jamais compris pourquoi mon prédécesseur avait montré une telle mansuétude à votre égard. Vous êtes un meurtrier et vous devez être traité comme tel. Je trouve inconcevable qu’on dépense de la nourriture, de l’eau et de l’oxygène pour un individu de votre espèce, alors que nous en avons à peine pour l’équipage. Cette situation est intolérable et je ne la tolérerai plus. Vous avez été condamné à mort : vous devez donc être exécuté, et cesser d’être une charge pour ce vaisseau. Je confirme votre exécution et la date est fixée à la semaine prochaine. Avez-vous quelque chose à dire ? »

« Oui. Mon capitaine, je suis en train d’écrire un livre de philosophie. Promettez-moi qu’il sera ajouté à la bibliothèque du vaisseau. Je voudrais que des gens puissent le lire. »

« Oui, oui, je vous le promets. Ramenez-le dans la cellule. »

On m’enferma à nouveau. Je dois avouer que je me sentais presque soulagé. Certes, j’allais mourir. Mais je ne verrais plus ces murs maudits et ce plafond maudit. Enfin, j’allais m’échapper, quoique grâce à la mort. Mon calvaire touchait à son terme.

Il ne me restait plus qu’à attendre l’exécution. Je m’étendis sur le lit et essayai de dormir.

· * * * * * * * *

· * * * *

L’événement se produisit quelques heures plus tard. Je sentis le vaisseau, tout le vaisseau, qui tremblait. Il ne s’agissait pas d’un choc, mais d’une vibration longue et soutenue.

Un travailleur de l’espace comme moi devait comprendre rapidement, et je le compris : un orage électromagnétique. En général, ce sont des astéroïdes qui se heurtent, qui explosent, et qui produisent une « barrière » : une ligne électromagnétique longue de centaine de kilomètres et qui se déplace à grande vitesse. Si un astronef se trouve sur le trajet et s’il est touché, ça peut être grave. Et dans ce cas précis, c’était grave. Je le sentais. Et je ne me trompais pas. Tout de suite après, la cellule fut secouée, avec violence. Et moi, parcouru par une onde de douleur, je m’évanouis.

Je repris connaissance vingt minutes après. J’avais encore mal, mais c’est surtout la surprise qui me saisit : la porte de la cellule était ouverte ! Sans doute l’orage avait-il déconnecté le mécanisme de fermeture. J’allai jusqu’au seuil : le couloir était plongé dans l’obscurité.

« Garde, garde, vous êtes là ? »

Personne ne me répondit. Tant pis, je décidai de reprendre les bonnes vieilles techniques de nos ancêtres : je tirai de quelque part une archaïque lampe-torche et je glissai deux piles à l’intérieur. Ensuite, je sortis. Oui, je sortais de la cellule. Et je ne m’évadais pas ! À la lumière de la lampe, je trouvai le garde. Par terre, mort. Pas besoin de l’examiner : il avait été électrocuté.

Je dois reconnaître que la peur m’envahit. À présent, plus de doute : tout le vaisseau avait été parcouru par une décharge électrique d’une intensité incommensurable. Je savais ce que cela signifiait : il devait y avoir beaucoup, beaucoup de morts parmi l’équipage. Je me devais d’aller aider les survivants.

Je me mis donc à marcher. Tous les couloirs étaient dans le noir. Manifestement, l’orage avait fait sauter les circuits d’éclairage. Soudain, ma lampe éclaira deux cadavres. Électrocutés, comme le garde. Un peu plus loin, je montai une échelle : un cadavre s’y trouvait accroché. Ce n’était pas terminé. Je regardai dans des corridors, dans des cabines : partout, la lumière de la lampe découvrait des corps sans vie, électrocutés. Je me sentais horrifié. Peu importait désormais ce que j’avais pu penser de ces hommes et de ces femmes : ils étaient morts dans des conditions affreuses. Je mesurai enfin la violence de l’orage : ce dernier avait vraiment semé l’épouvante dans tout le vaisseau. Combien de survivants devait-il rester ? Bien peu, je le craignais.

Je montais un par un les niveaux. L’obscurité régnait partout. Enfin, et presque avec incrédulité, j’atteignis la salle des commandes. La lampe éclaira quelques consoles, quelques cadrans.

« Capitaine, capitaine ! appelai-je. Je suis venu pour vous aider. Ma cellule s’est ouverte toute seule. Je veux vous aider. Où êtes-vous ? »

Grâce à ma lampe, je trouvai les commandes d’éclairage. J’appuyai sur les boutons correspondants. Aussitôt, la lumière revint dans la grande pièce, et dans tout l’astronef. Je me retournai. L’horreur me souleva, et je faillis vomir. Dans la salle, il n’y avait que des cadavres. Sur les sièges, par terre, derrière les consoles, devant les cadrans. Partout, des cadavres. Des corps électrocutés.

Le cœur battant, je compris enfin l’incroyable réalité, que mon cerveau n’avait pu concevoir auparavant. TOUT l’équipage était mort. TOUS avaient été tués par l’orage électromagnétique. Personne n’avait survécu.

Personne ? Eh bien, si. Moi. Mais je compris cela aussi, et vite : le système d’alarme qui entourait ma cellule, pour m’empêcher de m’évader, avait amorti l’onde électrique. Voilà pourquoi j’avais survécu. Parce que j’étais en cellule, tout simplement. Les autres n’avaient pas eu cette « chance ».

Un moment d’horreur, et de panique. Et puis, soudain, et malgré moi, je sentis un rire qui me parcourait. Un rire nerveux. Un rire dément. Je regardais les cadavres et je riais. Ils étaient TOUS morts, et j’avais survécu. Quelle incroyable ironie du sort ! Dans l’astronef peuplé de cadavres, on n’entendait plus que mon rire pathétique.

· * * * * * * * *

· * * * *

Dans les jours qui suivirent, je larguai les corps dans l’espace, comme le préconise le règlement spatial. Un par un, je les projetai dans le vide, où ils allaient voguer pour l’éternité.

Quand ce fut terminé, je réalisai que le vaisseau était désormais à moi, et à moi seul. Je m’offris une promenade à travers tout le grand appareil. Je le parcourus à pas lents, comme si je prenais une revanche inconsciente sur ces années de réclusion. La cale était à moi. La salle des machines était à moi. Toutes les cabines, tous les couloirs étaient à moi. La belle bibliothèque était à moi. Tout l’astronef était à moi.

Je rejoignis la salle des commandes et je pris le tableau de contrôle. Lentement, je changeai de cap. Plus question d’aller vers la galaxie. Je bifurquai vers l’espace, immense et vide. Là où personne ne me retrouverait.

Qu’allai-je faire ? J’avais le temps d’y penser. J’avais toute la vie devant moi.
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Message par stalker Ven 24 Avr - 18:40

Manuel a écrit:Je ne sais pas si je devrais raconter mon histoire. D'ailleurs, elle risque de n'intéresser personne. Mettons que je la raconte pour moi-même.
Une nouvelle en guise de présentation ? Bonne idée.
Salut Manuel.
Je te lis prochainement.
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Message par txoa Ven 24 Avr - 19:33

Salut Manuel. Pas de nouvelle et une bonne nouvelle.
18 métres carré, il s'en sort pas mal, le gars. Chez nous, en France, sur terre, au XXI° siècle, c'est la moitié à partager avec un, deux ou trois codétenus.
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Message par Manuel Ven 24 Avr - 20:04

stalker a écrit:
Une nouvelle en guise de présentation ? Bonne idée.
Salut Manuel.
Je te lis prochainement.
Ben, j'ai cherché un endroit pour les présentations et n'en ai point trouvé.
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Message par novi Ven 24 Avr - 21:02

Quel plaisir de revoir Manuel !

Hormis le prénom, je me disais bien qu'il y avait un petit quelque chose qui me rappelait quelqu'un dans le theme et le style - et puis les petites étoiles là, presque une signature...
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Message par stalker Dim 26 Avr - 19:15

Habile renversement moral, ce texte. Le méchant y triomphe de la justice.
Serait-ce subversif ?
Il manque toujours quelque chose à ton écriture, à mon sens. Je dis ça pour avoir lu bon nombre de tes textes, ailleurs, sous d'autres galaxies. Il manque peut-être précisément une écriture. Je trouve que ta narration est très conventionnelle ; tes formules, le choix du vocabulaire, l'usage que tu en fais, la syntaxe, la ponctuation. Quelque chose d'assez lisse qui fait qu'on risque d'oublier cette histoire assez rapidement.
Point de vue tout personnel.

Bienvenue à toi dans le vaisseau bazardeux.
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Message par Manuel Dim 26 Avr - 19:29

stalker a écrit:
Il manque toujours quelque chose à ton écriture, à mon sens. Je dis ça pour avoir lu bon nombre de tes textes, ailleurs, sous d'autres galaxies. Il manque peut-être précisément une écriture. Je trouve que ta narration est très conventionnelle ; tes formules, le choix du vocabulaire, l'usage que tu en fais, la syntaxe, la ponctuation. Quelque chose d'assez lisse qui fait qu'on risque d'oublier cette histoire assez rapidement.
Eh bien, tu as sans doute trouvé l'explication de mon échec éditorial !
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Message par Manuel Dim 26 Avr - 19:32

stalker a écrit:Habile renversement moral, ce texte. Le méchant y triomphe de la justice.
Serait-ce subversif ?

Oui, c'est Novi qui exerce une influence négative sur moi !
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Message par stalker Dim 26 Avr - 19:43

Pourquoi négative ?
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Message par novi Dim 26 Avr - 20:45

Il manque peut-être précisément une écriture. Je trouve que ta narration est très conventionnelle ; tes formules, le choix du vocabulaire, l'usage que tu en fais, la syntaxe, la ponctuation. Quelque chose d'assez lisse qui fait qu'on risque d'oublier cette histoire assez rapidement.

Je trouve justement que c'est ce qui en fait l"etrangeté - vous me direz pour un gars qui fait dans l'ésotérisme et les sociétés secretes - bref lire du Manuel Ruiz : c'est comme une ballade dans le Acapulco des années 50. Au départ, c'est déconcertant surtout si l'on est client de club Med, puis au fil des pages, y a un espéce de truc désuet qui opére son charme, entre James Bond et OSS 117.

Bon forcément vu l'univers dans lequel j'écris et mes lectures habituelles, me suis tout d'abord retrouvé dans la position du héros de sa nouvelle ci-haut, puis ça m'a vite rappelé les premiers polars de ma jeunesse qui dataient eux mêmes des années 50. Autant j'ai bien aimé à ce niveau le premier de la série parce qu'il se situe agréablement vers la Suisse ( je suis né pas loin ), que l'histoire tient assez bien la route malgré la difficulté du truc ( raconter un casse en Suisse n'est pas évident ), autant j'ai été déconcerté dans l'autre sens avec ""le chaud et le froid"" qui à mon sens n'est pas assez mature dans son ambition internationale.

Plus sur le fond, j'ai la nette impression que notre ami détient une belle matière ( le plus important, le vital pour un auteur à mon sens ) avec ses histoires de sociétes secrètes, de sectes et j'aurai bien imaginé un Christian Dalleray dit le Bateleur avec un coté plus Comte de Monte Christo dit Joseph Balsamo ( notre époque s'y préte aussi ), d'autant que le style de narration s'y préterait trés bien.

On connait la dureté de ma critique envers la plupart des auteurs de polar actuels qui sévissent à l'ombre d'une édition formatée politiquement et socialement parlant. Ils écrivent beaucoup mieux d'un point de vue littéraire,donc du style, que leurs prédécèsseurs des débuts du roman populaire, mais ils sont pour la plupart totalement dépourvus d'une matiére crédible et intéréssante. Manuel Ruiz est un anachronisme contemporain, il est plus proche des Rouletabille, des OSS 117 et c'est sans doute ainsi qu'il faut approcher sa production.

J'ai prété mon exemplaire ( Manuel fait parti des gens les plus adorables que j'ai pu rencontrer sur le web, il est comme sa littérature et je me suis promis qu'il serait l'un des premiers à qui j'adresserai sous peu la suite de ""l"épopée - Les fréres de la côte - ) ..... à ma maman !

Elle me dit avoir retrouvé certaines lectures de sa jeunesse, de son époque, lorsqu'elle prenait le train ou allait sur le bord du lac - c'est tout dire.
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Message par Manuel Dim 26 Avr - 22:06

novi a écrit:
Je trouve justement que c'est ce qui en fait l"etrangeté - vous me direz pour un gars qui fait dans l'ésotérisme et les sociétés secretes - bref lire du Manuel Ruiz : c'est comme une ballade dans le Acapulco des années 50. Au départ, c'est déconcertant surtout si l'on est client de club Med, puis au fil des pages, y a un espéce de truc désuet qui opére son charme, entre James Bond et OSS 117.

Bon forcément vu l'univers dans lequel j'écris et mes lectures habituelles, me suis tout d'abord retrouvé dans la position du héros de sa nouvelle ci-haut, puis ça m'a vite rappelé les premiers polars de ma jeunesse qui dataient eux mêmes des années 50. Autant j'ai bien aimé à ce niveau le premier de la série parce qu'il se situe agréablement vers la Suisse ( je suis né pas loin ), que l'histoire tient assez bien la route malgré la difficulté du truc ( raconter un casse en Suisse n'est pas évident ), autant j'ai été déconcerté dans l'autre sens avec ""le chaud et le froid"" qui à mon sens n'est pas assez mature dans son ambition internationale.

Plus sur le fond, j'ai la nette impression que notre ami détient une belle matière ( le plus important, le vital pour un auteur à mon sens ) avec ses histoires de sociétes secrètes, de sectes et j'aurai bien imaginé un Christian Dalleray dit le Bateleur avec un coté plus Comte de Monte Christo dit Joseph Balsamo ( notre époque s'y préte aussi ), d'autant que le style de narration s'y préterait trés bien.

On connait la dureté de ma critique envers la plupart des auteurs de polar actuels qui sévissent à l'ombre d'une édition formatée politiquement et socialement parlant. Ils écrivent beaucoup mieux d'un point de vue littéraire,donc du style, que leurs prédécèsseurs des débuts du roman populaire, mais ils sont pour la plupart totalement dépourvus d'une matiére crédible et intéréssante. Manuel Ruiz est un anachronisme contemporain, il est plus proche des Rouletabille, des OSS 117 et c'est sans doute ainsi qu'il faut approcher sa production.
Eh bien, j'ai dû patienter pour avoir enfin la chronique de Novi sur mes bouquins ! J'ai même dû m'inscrire sur Noir Bazar pour ça.

Je ne suis pas du tout surpris qu'il ait préféré le premier, qui raconte un casse chez un banquier suisse. Je m'y attendais. Moi, je préfère le deuxième, dans lequel j'ai vraiment retrouvé la veine des polars noirs de la grande époque. Oui, James Bond, OSS 117, Rouletabille, Bob Morane, les Fleuve Noir des années 60, c'est l'univers que je prétendais ressusciter. Pour le décor de fond, j'ai choisi les sociétés secrètes, à cause de mon passage dans des revues ésotériques. Oui, je persiste à penser que j'avais une matière passionnante et que les aventures du Bateleur auraient pu devenir une saga digne d'OSS 117, ce qui était mon but. Hélas, le public n'a pas suivi. Pourquoi, je l'ignore. Anachronique ? Mais Star Trek est anachronique et on s'apprête à le relancer. Il y a beaucoup de choses anachroniques qui marchent.

Je ne regrette rien. J'ai passé des années fabuleuses à partager la vie du Bateleur, auquel je resterai toujours reconnaissant. Peut-être pourrai-je un jour adapter ses aventures à la radio, ou au théâtre, ce qui serait une belle revanche. En tout cas, je suis fier d'avoir écrit ça.

P.S. : Joseph Balsamo ? Tu ne crois pas si bien dire : le quatrième tome (que je n'écrirai sans doute jamais) montrait le Bateleur à la recherche d'un document signé par Cagliostro!
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Message par novi Dim 26 Avr - 22:40

Eh bien, j'ai dû patienter pour avoir enfin la chronique de Novi sur mes bouquins ! J'ai même dû m'inscrire sur Noir Bazar pour ça.

Heuh, c'est que Novi ne peut plus passer certaines frontiéres autrement que clandestinement, vu qu'il est réfèrencé par la police(secréte ) de l'édition comme terroriste ( résistant vu de mon coté ). Tentez donc mon ami, de seulement citer mon pseudo et vous verrez ce que c'est qu'une alerte niveau V ...

Hélas, le public n'a pas suivi. Pourquoi, je l'ignore.

Le public, c'est comme un troupeau de mouton bélant ; le berger siffle et les chiens lui indique le chemin. Ne pas suivre le chemin des honnètes gens de Brassens, c'est devenir le loup.

Joseph Balsamo ? Tu ne crois pas si bien dire : le quatrième tome (que je n'écrirai sans doute jamais) montrait le Bateleur à la recherche d'un document signé par Cagliostro!

Il le faut !!!

Je suis persuadé ( une force intérieure ) que celui qui a quelque chose à dire ne doit pas se préoccuper du succés immédiat, ni même du lectorat ( qui n'existe pas en tant qu'entité ) mais qu'il doit penser à l'oeuvre globale, intemporelle sans se soucier du vent, de la pluie, du soleil mais garder le cap tel un navigateur solitaire.
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Message par Manuel Dim 26 Avr - 23:00

novi a écrit:

Je suis persuadé ( une force intérieure ) que celui qui a quelque chose à dire ne doit pas se préoccuper du succés immédiat, ni même du lectorat ( qui n'existe pas en tant qu'entité ) mais qu'il doit penser à l'oeuvre globale, intemporelle sans se soucier du vent, de la pluie, du soleil mais garder le cap tel un navigateur solitaire.
C'est ce que je fais. "Les Chroniques de l'Etrange", que je fais aujourd'hui, sont une continuation quasi-logique des aventures du Bateleur, de mon travail dans des revues ésotériques, et de tout ce que j'ai fait dans ma vie. Quelque chose me dit que Christian Dalleray n'est pas mort et qu'il reviendra, sous une forme et sur un support différent.
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Message par edmond Gropl Lun 27 Avr - 16:10

l'histoie est bonne, donc je suis pas géné par le style (sur lequel je rejoins néammoins les considérations de stalker).
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