Thrillermania, ce n'est pas fini

J'avais causé dans un fuseau que je n'ai pas retrouvé du concours Thrillermania qui promettait au gagnant un prix fantastique dont j'ai oublié la nature. Une gentille dame de chez evene, co-organisateur du concours, me demande d'informer la multitude de gens que je connais sur l'internet que, eh bien, l'impitoyable sélection continue et qu'ils ne sont plus que cinq. Leur petit cœur d'auteur doit cogner très fort...

gentille correspondante de chez evene a écrit:
5 auteurs sont toujours en compétition : le frisson continue !

Makandal, Henry, Oliviou, GauthierR et SiliganS7 ont encore besoin de vous pour rester dans la course jusqu'au 17 juin. N'oubliez pas que, grâce aux votes des internautes, un auteur pourra publier son Thriller aux éditions Pocket et devenir, peut-être, LE nouvel auteur de Thriller à succès !

Pour que le maximum d'internautes participent, pouvez-vous relayer cette information sur votre blog s'il vous plait ?

Ah, je me rends compte que son communiqué nous indique la nature du premier prix. Mazette, il ne se mouche pas avec le pied chez Thrillermania. Donc, si vous aimez voter pour ou contre l'auteur du thriller du futur, vous voilà prévenus.

Le site : Thrillermania

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On n'est pas très loin de la starac.
A vos votes, prêts ? partez.
Vous allez contribuer à élire une star et vous n'en serez pas peu fiers.

Jaloux !

Je critique ce stupide processus artificiel. Pas le bénéfice qu'en tirera l'auteur élu.
Et d'abord, p'tit père, je serais jaloux si j'avais participé sans terminer dans les finalistes.

Non, jaloux (et donc en colère) sur le principe parce qu'il dénature ta propre expérience d'auteur (qui ne se fond que sur le mérite).

Si "un" est édité sur un procédé aléatoire (tirage au sort, concours...) que valent ceux qui le sont sur leurs seuls écrits ?

La question serait plutôt : selon quels critères va donc être choisi le thriller en question ?

Ma propre expérience n'a rien à voir là-dedans. Je ne vois pas le rapport. J'essaye précisément de la mettre en veilleuse pour mieux considérer le sujet en cours, et beaucoup d'autres, ici et ailleurs, avec un peu de recul. Je me serais exprimé autrement si j'avais dû mettre en scène mon MOI-JE.

Il sera choisi selon le goût du public qui aura participé au concours ce qui n'est effectivement pas un critère de qualité optimale mais plutôt médiane : on fait plaisir au plus grand nombre et ainsi, on se rassure sur les ventes possibles...

Rappelle-moi comment sont choisis les livres publiés autrement ? Le goût indéfinissable de l'éditeur reconnaissant seul ou en petit comité l'incommensurable talent d'un auteur ? Le pari industriel que le livre choisi se vendra au plus grand nombre ?

Pour avoir à lire désormais AUSSI des mauvais livres, je me pose la question...



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Pour l'éditeur, je dirais "choix", au lieu de "goût". Mais ça revient peut-être au même.
Il y a des éditeurs qui décident de défendre des textes parce qu'ils sont convaincus de leur(s) qualité(s) et aussi parce que ces textes répondent à une ligne éditoriale définie, une direction choisie et nourrie d'arguments. Cette direction peut être multiple (on le voit très bien à travers le travail de François Guérif et Rivages/noir, par exemple) ou plus étroite.
Rien d'indéfinissable, ni d'incommensurable dans ce cas-là. Une direction est choisie et l'éditeur s'y tient ; il défend les ouvrages ; il est en mesure de dire pourquoi tel texte figure dans sa collection. Le fait que le livre puisse faire un succès commercial n'entre pas nécessairement en jeu dans ce cas précis. C'est du texte qu'il s'agit, et non du produit livre à code barre. Mais le fait qu'un bon livre, au sens littéraire, puisse se vendre correctement ne gâche évidemment rien.

C'est en cela que je critique le principe thrillermania (le nom lui-même peut prêter à rire, il me semble, non ? Ou bien à s'attrister). Faire plaisir au plus grand nombre revient, il me semble, à offrir au public ce qu'il aime déjà. C'est rassurant, c'est sans risque. Puis ne nous voilons pas la face : les goûts du grand nombre, on sait très bien sur quoi ils reposent. Il suffit d'ouvrir les yeux et les oreilles ; de parler avec les autres, d'observer, de lire. Et je ne vois pas où se situe le travail éditorial dans ce schéma là. Il n'y a qu'une industrie qui fabrique des produits de consommation à la demande.

Disons qu'il y a quelques directeurs de collection qui font un travail éditorial, y compris en publiant de mauvais livres (ce qui arrive chez rivages) pour une foultitude d'éditeurs qui, soit ne savent pas comment trouver finalement un bon livre, soit veulent à tout prix gagner de l'argent où ne pas trop en perdre sur un livre ou un auteur. Dans tous ces cas, un concours style starac ou un comité de lecture qui se verra de toute façon guider son choix final par le marketing (le plaire au plus grand nombre, même dans une niche dûment identifiée), ne présente guère de différences à mon sens.

Mais je comprends que défendre la position qu'il existe encore des éditeurs ou des directeurs de collection qui font un vrai travail éditorial soit important et rassurant, même s'ils ne sont plus nombreux, qu'ils sont également soucieux de rentabilité (influant sur leurs choix) et qu'on ne sera sans doute jamais publié chez eux. Cela veut dire que, quelque part, le livre reste un objet culturel particulier plutôt qu'un produit industriel (et aussi que, si on est un jour publié, c'est parce qu'on a finalement du talent).