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Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010)

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Message par Chewie Mer 10 Mar - 15:54

Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010) 51woCEOodgL._SL500_AA300_

Disons-le d’emblée, les deux Série Noire que j’ai acheté l’an passé ne m’ont guère convaincu (un Antoine Chainas et une réédition du Moisson Rouge de Hammet dans une nouvelle traduction). Pour le premier, c’était plein de gimmicks d’écriture, franchement bâclé sur la fin et grand-guignol à souhait, avec un côté un peu factice, pour le second si la qualité du texte n’était pas en cause, c’est plutôt la démarche de l’éditeur qui ne m’avait pas foudroyé par son côté innovateur…

Je tombe donc sur ce Quai des Enfers. J’hésite avec un Manotti juste à côté . Cool, il paraît que les femmes et le roman noir, c’est une idylle d’avenir. Là, premier réflexe idiot : je prends le plus lourd, promesse de plus de lecture et donc de plus de plaisir.

Une fois chez moi, bien installé, j’ai un choc. Le premier chapitre est une boursouflure apocalyptique, un condensé de faux pas, de sur-écriture et de métaphores creuses. On attaque par un dialogue au surréalisme pour le moins troublant et on enchaîne les formules bancales, les images idiotes. La non crédibilité du dialogue d’ouverture m’ayant déjà ruiné l’atmosphère une fois, je tombe sur une « lune ronde comme une meule » qui me sort une deuxième fois du récit. Moi, les meules, ça m’évoque la paille, les caves d’affinage ou les vieilles mobylettes, mais pas la lune, le soir, sur la Seine à Paris. On arrive vite à un climax dans le comique involontaire lorsque l’un des protagonistes, approchant une barque où l’on devine un cadavre, se met « à claquer des dents, mais pas que de froid ». Mouhahaha. Je ris mais ce n’est pas drôle, c’est même censé être le point de tension de ce premier chapitre.

Arrivé héroïquement au bout de ces quelques pages, je me pose des questions sur l’auteur. Après tout, elle est peut-être très jeune… Je Googlise vite fait : premier roman, auteur de bouquin de cuisine. Ah, ouais, et bé : je suis pas dans la m**de… Ah, 31 balais, quand même.

Melle Astier a bien de la chance d’être journaliste à Paris, parce que M. et Mme Dupont, en province, ce manuscrit, ils l’auraient pris dans la tronche s’ils avaient osé envoyer un premier chapitre pareil à n’importe quel éditeur…

Ne souhaitant pas faire mon mauvais critique et laisser une chance à cette demoiselle, je poursuis. Une représentante du parquet se pointe à trois heures du mat’, et l’auteur croit bon de nous préciser que c’est une « bombe » en talons aiguilles qui a déjà couché avec un des flics présents… Mouhahaha (ma femme va finir par croire que je lis un recueil d’histoires belges). Mais qu’est-ce que ça peut me faire, bordel ? Saloperie d’obsession du relationnel typiquement féminine. Je m’en tape le coquillard, de qui couche avec qui dans ma boîte, dans ma famille ou dans le cercle de mes amis, alors, Melle Astier, je m’en tape encore plus quand il s’agit de personnages fictifs d’un roman qui débute et dont les traits sont à peines esquissés, dont on se sait même pas encore si on va les apprécier ou les détester. Je suis en train de lire un roman noir, pas Cosmopolitan.

Allez, fouette cocher. Grâce à Dieu, le festival d’enfonçage de portes ouvertes finit par se tarir de lui-même et les chapitres qui suivent arrivent à se lire sans gloussement intempestif. Le problème, c’est qu’on s’ennuie ferme. L’auteur a beau s’appliquer, dérouler les scènes qu’elle doit croire obligatoires (l’autopsie, l’interrogatoire au 36, l’enquête de voisinage, etc.), tout ça passe sans relief. Après 100 pages, on est toujours dans le mou, on sait l’identité de la morte et que tel flic fait la différence entre une R1 et une GSXR. Wouhaou. Et un petit léchage de bottes au Monde en passant, et un portrait de journaliste tellement en carton pâte qu’on sourit une nouvelle fois…
Malgré tout, l’auteur arrive à tisser sa toile : celle d’un Paris onirique, un Paris « à l’ancienne » mais projeté dans le monde d’aujourd’hui. Le problème, c’est qu’on y croit pas, ce mélange de personnages issus des années 50, de lieux répertoriés par l’office du tourisme, de coins « typiques » et cette intrigue qui se veut moderne, enfin, façon de parler. La sauce ne prend pas, on dirait un roman noir spécialement écrit pour les touristes japonais.

J’arrive presque à la page 200 pour découvrir un autre grand moment de bravoure : un flic va visiter un artiste, évidemment excentrique, qui le reçoit de dos, après avoir été introduit par un majordome nain. On nage en plein retour d’acide, bad trip crossover de l’inspecteur Gadget et de Mike Myers. C’est pour rire, diront les hypocrites, c’est un hommage diront les plus indulgents. C’est surtout pitoyable.

Je veux bien voir au rabais mes exigences littéraires (après tout, la SN, c’est populaire) mais pas passer pour un con (à 17,50 la bonne blague).

Après les chimpanzés tueurs à gages de Chainas, voilà le Pr. Mad d’Astier. Gallimard ferait mieux de biffer le « Noire » des couvertures pour y mettre un gros Z.

Série Z. Bienvenue à l’enterrement de première classe de la collection la plus mythique du roman noir français.

Le pire, c’est qu’au-delà du style (et de son appréciation subjective), au-delà la mollesse de la narration, au-delà l’application laborieuse qu’on peut toujours prendre pour du respect envers un genre, c’est l’échec total de l’auteur à intéresser le lecteur à son « histoire ».
Après 200 pages, je me fous bien de ce cadavre de mannequin, de son petit ami musicien ou de son pote parfumeur… Je n’ai même pas envie de savoir qui l’a tué, ni pourquoi, ni le comment du rituel idiot avec la barque et les roses…

Faisant défiler rapidement sous mes doigts les 200 pages qui restent et que je ne lirais pas (mon héroïsme a ses limites), je tombe sur un feuillet de « special thankx » (sic). Aux premiers rangs desquels figurent, tiens, tiens, Aurélien Masson et Charlotte Gallimard.

Au moins vous n’êtes pas une ingrate, Melle Astier. Vous savez ce que vous devez, et à qui. Merci en tous cas de m’avoir convaincu de ne plus jamais acheter de Série Noire jusqu’au prochain changement majeur de la « politique éditoriale ».
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Message par edmond Gropl Mer 10 Mar - 17:43

c'est vrai que moi aussi, la nouvelle serie noire ne me fait pas fantasmer.
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Message par Ernest Kurtz Mer 10 Mar - 18:26

Oumpfff ! Dans le genre dissuasif, c'est envoyé !! De fait, je pense que je ne vais pas me ruer l'acheter tout de suite !!
Mais de là à balancer toute la SN ! Moi, je vais continuer à lire Nesbo et Bruen, par exemple. A moins que Chewie, à propos de la politique éditoriale de la SN, n'en parle ici qu'à propos des auteurs français ?
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Message par stalker Mer 10 Mar - 18:53

Chewie, ce qui me questionne, c'est que tu as autant d'arguments pour critiquer cette Série noire, qu'Aurélien Masson pour défendre sa collection. Entre les deux, il y a les livres. Ça me rend curieux, précisément parce que c'est la Série noire, mais je ne lirai certainement ce roman d'Ingrid Astier.

Dans la série, je parlerai prochainement de Caryl Ferey.
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Message par txoa Mer 10 Mar - 20:00

Un des gros problèmes de la SN (M?) actuelle est évoqué par Chewie sur le côté popu du truc. Popu mon luc... La SN a toujours publié des bouquins très moyens mais bon, on pouvait perdre 35 balles au regard des pépites publiées dans la dite collection. Mais 17,5O euros, ça fait du presque 120 francs la daube, à ce prix là, mieux vaut encore un tasseau pour caler son armoire. Colonel Kurtz, tu parles de Nesbo et de Bruen, ce sont des auteurs qui n'ont pas été découverts par le Masson, mais par Gaïa pour le premier et par Raynal pour le second avec feu-la SN. Gallimard a reporté le côté popu sur Folio polar que j'aime bien mais qui n'est que la seconde main de la SN devenue collec prestige. Mais si on veut du prestige, encore faut il s'en donner les moyens avec des textes de valeur. "Jeux d'enfants" est la dernière réussite de la SN (conseillée par Gropl), sinon, mieux vaut consommer son deuil et voir ailleurs, chez Rivages, par exemple. A ce propos, il serait bon de rappeler l'entreprise débutée ici et un peu en sommeil, hélas.
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Message par Chewie Mer 10 Mar - 21:16

A moins que Chewie, à propos de la politique éditoriale de la SN, n'en parle ici qu'à propos des auteurs français ?

J'admets bien volontiers le côté excessif de mon refus, mais voilà : sur trois derniers achats à la SN, je me suis fait escroquer deux fois, et deux fois pour des auteurs francophones. Donc, non désolé pour les autres auteurs, mais il n'y a pas que les droits d'auteurs qui rentrent en compte, il y a aussi la marge bénéficiaire de l'éditeur et je n'ai nullement envie de continuer à financer une collection qui me prend pour un con... Dommage de jeter le bébé avec l'eau du bain ? Bah, oui, mais ce ne sont pas les éditeurs de polars qui manquent.

Chewie, ce qui me questionne, c'est que tu as autant d'arguments pour critiquer cette Série noire, qu'Aurélien Masson pour défendre sa collection

M. Masson a parfaitement le droit de croire que l'avenir du roman noir français se trouve dans la série Z, le grand-guignol et la bobo-attitude. De mon côté, j'ai parfaitement le droit de ne pas être d'accord avec lui sur ce point, mais de croire justement tout l'inverse : qu'à l'heure où nous vivons, avec un contexte social qui n'a jamais été aussi problématique depuis des décennies, c'est dans la réalité et dans la ré-injection des problématiques quotidiennes que ce situe l'avenir du roman noir hexagonal.

Mais si on veut du prestige, encore faut il s'en donner les moyens avec des textes de valeur.

Txoa a parfaitement résumé le problème.

D'ailleurs je tiens à préciser que je me suis censuré sur la chronique de cet ouvrage, et que si la seule méchanceté m'avait motivé, j'en avais encore pas mal sous la semelle...C'est dire.
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Message par edmond Gropl Jeu 11 Mar - 12:04

ben il faut quand même dire et répéter que:
- Que Gallimard décide d'arrêter la série noire en format poche, c'est leur affaire mais ce qui est tres con, c'est de nous avoir vendu l'histoire comme s'il s'agissait de littérature alors qu'il s'agissait de marketing (ce doit être un première dans l'histoire de l'edition du polar, une opération purement marketing car au niveau des textes, rien ne singularise particulièrement la série noire aujourd'hui, les auteurs vont et viennent au gré des divers mercato), une opération purement marketing accompagnée, et avec l'aide de journalistes blogueurs inféodés, d'une dérisoire pipolisation de son directeur dont le discours sur la nouvelle dimension qu'il espere donner à la série noire releve de la communication. La série noire a publié de tres bons auteurs, elle continue à en publier, tant mieux. Elle a publié Chandler, hammet, Thompson, ADG, Manchette, Harry Crews, Dantec et des centaines d'obsurs plumitifs (le tout , s'il vous plait en édition originale (ce qui n'est pas le cas des folios ou tout est mélangé)), et à un prix abordable, donc les Chainas, DOA, Ferey et Ingrid Astier auraient tout à fait pu être édité à leurs suite, ils ne révolutionnent rien par rapport à cet héritage, c'était leur place.

Bref, le jour de l'avènement de cette nouvelle collection est quand même un jour funeste pour le polar.

(c'est vrai que j'aurais révé, dans ma petit carrière de scribouillard d'être publié dans la série noire d'origine, ç'aurait été le summum..bon heureusement, j'ai trouvé l'écorce)
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Message par pangloss2 Jeu 11 Mar - 12:21

Impossible

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Message par edmond Gropl Jeu 11 Mar - 12:55

Milles excuses à Pangloss, j'ai effacé ton message par inadvertance, je suis sincerement navré,
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Message par stalker Jeu 11 Mar - 15:33

Je pensais t'avoir supprimé certains super-pouvoirs sur le forum, Gropl. Je vais vérifier ça.
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Message par Chewie Jeu 11 Mar - 16:03

(...) que Gallimard décide d'arrêter la série noire en format poche, c'est leur affaire mais ce qui est tres con, c'est de nous avoir vendu l'histoire comme s'il s'agissait de littérature alors qu'il s'agissait de marketing (...)

Tout-à-fait d'accord.

C'est pas une honte, d'ailleurs, de faire de la com' ou du marketing, il faut juste l'assumer et pas prendre les gens pour des imbéciles.

D'ailleurs, Stalker, je précise que je ne connais rien du dir'lit' de la SN, si ce n'est son nom lu ici ou là... Si tu as des liens sur sa politique éditoriale ou comment il voit sa collection, ça m'intéresse, vu que pour l'instant on n'est pas franchement sur la même longeur d'ondes...

Concernant Astier, je ne suis pas le seul à avoir trouvé son truc assez insipide :

http://tournezlespages.wordpress.com/2010/01/21/ingrid-astier-quai-des-enfers-gallimard-thriller/

http://www.lelitteraire.com/article3930.html

(J'ai rien contre elle non plus, on peut-être quelqu'un de bien et n'avoir aucune affinité pour le roman noir, il faut peut-être juste qu'à un moment donné, un proche lui suggère un autre genre où elle excellera peut-être).

c'est vrai que j'aurais révé, dans ma petit carrière de scribouillard d'être publié dans la série noire d'origine

Ayant lu Retour à la Nuit, je peux dire sans flagornerie que c'était meilleur et plus intéressant que Quai des Enfers (ça te fait une belle jambe, tu me diras).
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Message par stalker Jeu 11 Mar - 16:17

Aurélien Masson parle de la Série noire, mais dans un cadre assez spécifique, qui avait donné lieu à un débat plutôt houleux sur le forum : ICI
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Message par Chewie Jeu 11 Mar - 20:22

Merci pour le lien Stalker !

Très instructif : je comprends désormais beaucoup mieux un certain nombre de choses...

Définitivement convaincu, pour le coup.

Ce qui est drôle, quand même, c'est en quoi le roman de Melle Astier est en pleine contradiction avec certains points soi-disant rédhibitoires pour son éditeur (dans Quai des Enfers, l'enquêteur écoute du classique et attend de rentrer chez lui pour se taper la bonne blanquette de sa femme, hé,hé, sans parler du côté thriller lisse qui ne remet pas en cause la société, etc.).

Comme quoi, le copinage, c'est pas aussi drôle que certaines hystériques du ouèbe veulent bien le faire croire : l'éditeur passe pour un menteur et la protégée se fait étriller de tous les bords, ce qui, pour un premier roman, n'est pas génial...
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Message par edmond Gropl Jeu 11 Mar - 21:11

Par une malheureuse manipulation (heureusement que je ne travaille pas à Tricastin), j'ai donc effacé une critque differente, oeuvre de Pangloss2 (a qui je présente toutes mes excuses).
Critique qui s'attachait à démontrer que certains aspects du livre méritaient un regard different, notemment de mémoire, une scène d'autopsie extraordinaire?
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Message par Chewie Jeu 11 Mar - 23:05

(...)une scène d'autopsie extraordinaire?

Euh. Oui, il y a bien une scène d'autopsie, au début. Je me souviens surtout de la figure du légiste, très surfaite ?

Quitte à parler de scène d'autopsie, celle d'Anêsthaisia lue il y a 6 mois m'a laissé plus de souvenirs que celle d'Astier lue il y a 48 heures, comme quoi.

Pour ceux qui s'intéressent à la figure du légiste, il y a un excellent roman noir des 70's: Necropolis, de Liebermann (ou un truc du genre). L'auteur avait tout simplement trente ans d'avance sur toutes les séries actuelles, en moins niais évidemment.

Tiens, ça pourrait faire une idée de chronique...
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Message par txoa Jeu 11 Mar - 23:24

En voilà un auteur un peu oublié, Liebermann. Je n'en ferais pas des chroniques, lectures trop anciennes. Necropolis est un bijou qui met en scène un légiste, effectivement. Je peux suggérer la nuit du solstice, la huitième case (très étrange) ou la maison près du marais. Mais ce n'est pas le sujet.
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Message par Ernest Kurtz Ven 12 Mar - 0:10

Ah ouais, Lieberman. Moi aussi, j'avais trouvé ces premiers romans très très bons : "Nécropolis" bien-sûr, mais aussi "La traque", "Le train vert", "La nuit du solstice", même jusqu'à "Le tueur et son ombre", c'était très intéressant. J'ai lu ce qu'il a fait ensuite et je dois avouer que ses quatre derniers romans publiés en France ne m'ont laissé pratiquement aucun souvenir (Si, "Le concierge" était peut-être pas trop mal). Je ne sais pas ce que devient cet auteur, d'ailleurs, son dernier publié en France c'était en 2003.
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Message par pangloss2 Lun 22 Mar - 12:33

Voilà mon message de nouveau, mais à vous lire je crains de ne pas partager beaucoup de vos valeurs ... Je suis sensible au tissage de la poésie de ce roman avec son incroyable ancrage dans la réalité. Voyez son interview sur http://www.bibliosurf.com/Interview-d-Ingrid-Astier et vous allez comprendre ce que je veux dire. Voilà un bel écrivain en devenir.

Impossible d’aimer ce roman si l’on ne laisse pas résonner en soi une part d’humanité, si l’on n’accepte pas de s’ouvrir à la poésie du quotidien, des « petits riens ». Un polar qui jette son territoire d’emblée : « L’imaginaire et le réel sont deux lieux de la vie. » La Seine, vers deux heures du matin. Le roman s’ouvre en hiver, lors d’une patrouille de la brigade fluviale. Ambiance glaciale du fleuve, découverte d’un cadavre de femme dans une barque, sous les fenêtres du 36, quai des Orfèvres. Débute une enquête qui nous fait traverser des mondes très différents, de cette brigade du fleuve que je n’avais jamais croisée dans les polars, jusqu’aux pêcheurs des bords de Seine, toujours prêts à jeter l’hameçon pour partager les nouvelles et faire avancer l’enquête.
J.-B. Pouy, disait à propos de La Récup’ que « dans un roman noir », il appréciait « parler de tous les quotidiens ». C’est ce que j’ai aimé dans Quai des enfers : l’impression de se glisser dans tous les milieux, comme si l’on dépliait l’éventail de la société. Pour un premier roman, on peut être surpris de l’extrême précision de l’auteur, qui jongle du monde des parfums à celui des plongeurs du fleuve avec la même dextérité. On pourra être sensible au style, baroque et poétique sans être figé et surtout, me semble-t-il, à la construction d’un imaginaire très personnel (Ingrid Astier renouvelle par exemple l’incontournable scène de l’autopsie). Au sortir de la lecture, demeure une rémanence. Les lieux parisiens, du pont National au bois de Boulogne, en passant par la morgue ou le 36, prennent une autre teinte — du romanesque indélébile. Une belle surprise. À suivre.

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Message par Bibelou Lun 13 Sep - 11:27

Bonjour à tous je viens de m'inscrire après avoir lu vos commentaires ô combien jubilatoires sur ce bouquin.

Sans vouloir en rajouter une couche, il faut comprendre la stratégie de Gallimard. Jusqu'à présent, pas d'auteurE : pas de lectrices. Et vous savez bien que la lectrice profession intermédiaire (ou CSP+) vivant en région parisienne, c'est LA cliente type des librairies.
Du coup, on cherche de la bonne femme. Cela dit sans aucun sexisme. De la bonne femme qui écrit sur une histoire de mannequin et " l'enfer de la mode, c'est vraiment super sympa" c'est encore mieux.

Laissez cette collection pour ce qu'elle est. Le pire est encore de lire les blogs et/ou les entretiens de ses auteurs (francophones). Ces gens n'ont vraiment aucune modestie...

A côté de ça, des éditeurs moins connus font du vrai travail éditorial. A noter deux jeunes auteurs qu'on ne publie pas pour des quotas paritaires...
Cécile Coulon, chez Viviane Hamy, "Méfiez-vous des enfants sages". Un petit livre bien senti, un peu court mais au moins bien écrit.
Sophie Di Ricci chez Moisson Rouge, "Moi comme les chiens". Pas encore paru pour l'instant, mais les bruits courent et ce serait du lourd de chez lourd.


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Message par stalker Lun 13 Sep - 17:07

Salut Bibelou

N'hésite pas à poster sur le forum tes commentaires au sujet des deux romans que tu cites précédemment.
J'ai entendu parler d'un premier roman que Viviane Hamy s'apprêtait à éditer, d'une (très) jeune auteure ; peut-être est-ce celui dont tu parles ? Cette éditrice sait prendre des risques et c'est pour cette raison qu'elle est éditrice. Plusieurs "locomotives" le lui permettent, et tant mieux.

Quant à la Série noire et notamment le roman d'Ingrid Astier, j'en ai reçu des échos très contradictoires. Des personnes dont l'avis critique m'importe l'ont défendu, et paradoxalement d'autres l'ont cassé. Je vais attendre sa sortie chez Folio policier pour me le procurer.

Tu dis : Laissez cette collection pour ce qu'elle est. Le pire est encore de lire les blogs et/ou les entretiens de ses auteurs (francophones). Ces gens n'ont vraiment aucune modestie...
La Série noire est dans le collimateur de beaucoup de gens depuis plusieurs années. Plusieurs auteurs s'en sont fait "virer" (je reprends le terme employé) et d'autres non. Et d'autres encore sont apparus sur la scène du roman noir par l'intermédiaire de cette collection. Des traductions continuent d'y être éditées ; je songe à James Sallis ou Ken Bruen, ou rééditées, comme Moisson rouge de Hammet. Des romans cartonnent et d'autres non, ou moins. Il me semble que la collection se faisait du mouron lorsqu'on a confié sa direction à Aurélien Masson, et qu'il a fallu revoir son fonctionnement, son orientation ; adopter des nouvelles stratégies (combien de lecteurs ont donc cessé de lire la Série noire depuis ses deux changements successifs de format ?). Sans tous ces choix et ces nécessités, il n'y aurait peut-être plus de Série noire. Et contrairement à ce que j'entends souvent autour de moi ces derniers temps, tous les bébés ne sont pas à jeter avec l'eau du bain. Je trouve ces critiques un peu expéditives, basées la plupart du temps sur deux ou trois exemples bien pratiques. Il existe aussi des arguments pour dire que la collection demeure solide et pertinente, mais ceux-là je les entends peu.

On peut casser la Série noire en s'appuyant par exemple sur les romans de Caryl Férey. Je le fais volontiers, je l'ai fait moi-même sur le forum (je ne dirais pas avec plaisir, car j'estime que lire ces romans implique une perte de temps, mais avec colère, oui). Je crois qu'il s'agit d'une proue commerciale et on peut s'acharner dessus pour avancer qu'en terme littéraire ces romans n'ont aucune consistance. Mais si on aborde l'oeuvre de James Sallis, en revanche, le vent change de direction, radicalement. Alors sans doute s'agit-il d'une question de cohérence et d'identité de la collection ? Mais ça a toujours été le cas, depuis sa création, que je sache.


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Message par edmond Gropl Lun 13 Sep - 17:11

Bibelou a écrit:Pas encore paru pour l'instant, mais les bruits courent et ce serait du lourd de chez lourd.


Je ne demande qu'a le croire, mais d'ou vient cette rumeur?
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Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010) Empty Re: Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010)

Message par Chewie Lun 13 Sep - 17:30

Tu as levé le loup, Stalker.

Il ne viendrait à personne l'idée de contester ici la grande majorité des traductions étrangères de la Série Noire.

Caryl Ferey, Ingrid Astier, Marin Ledun, Antoine Chainas ont en commun d'être "jeunes", français et... assez contestés quant à leurs qualités respectives et leur apport au roman noir. L'un place ces intrigues à l'autre bout du monde (toujours très pratique pour raconter n'importe quoi et éviter les sujets qui fâchent ici), l'autre nous parle d'un Paris onirico-kitsch (qui n'existe que pour les touristes en mal de sensations variété-goth autour de Notre-Dame), un autre fait du sous James Ellroy et le dernier balance régulièrement du sous Dantec aseptisé (du Dantec-pas-facho).

Alors soit les auteurs français de roman noir de moins de quarante-cinq ans sont tous des merdes et les auteurs pré-cités sont le top du panier, et on doit s'en contenter, soit Gallimard n'a plus les couilles et/ou l'envie de faire du roman noir, c'est-à-dire décrypter le réel via des fictions sociales habillées dans des intrigues policières pour proposer un aperçu sans concessions de la société française actuelle dans ce qu'elle a de plus noir. Et là on rejoint bien l'analyse de Bibelou sur la cliente type de librairie...

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Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010) Empty Re: Quai des Enfers - Ingrid Astier (2010)

Message par stalker Lun 13 Sep - 19:20

Dans le domaine de l'argumentation, "couille" et "merde" me paraissent un peu limite.
Et je ne pense pas que l'usage systématique de référents soit l'unique façon de percevoir ce qui se fait aujourd'hui, dans différents domaines. Sous-Ellroy, sous-Dantec, comme on pourrait dire sous-Clash ou sous-Led Zeppelin, aussi. Cette chanson me paraît rouillée.
Internet, c'est du sous-télégraphe ?
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Message par limbes Lun 13 Sep - 21:21

Moi, franchement, je ne sais pas ce qu’elle veut, la cliente-type de librairie CSP + (et je ne suis pas persuadée qu’Aurélien Masson le sache, non plus). Mais c’est un vieux débat, sinon (l’offre ou la demande de merdes, qui est responsable de quoi). J’aurais tendance à penser que si on raisonne en termes de cible marchande, on fantasme souvent, et que, finalement, il vaut mieux tenter d’éditer (ou d’écrire) ce auquel on croit plutôt que ce qui est supposé marcher (car publier de la merde qui ne marche pas, c’est quand même la loose, finalement, comme une sorte de cynisme raté).

Quant aux auteurs français de la série Noire, pour les deux que j’ai lus récemment (Ledun et Chainas), il me semble qu’ils ne méritent ni la groupisation et l’encensement ultime qu’on accorde au Renouveau intégral, ni la détestation qui en ferait des « sous ». Ils creusent un sillon à eux, pas inintéressant à mon sens, même si on peut ne pas tout trouver pertinent. Ce qui m’interroge plus, au plan de l’écriture, c’est cette impression latente d’une « forme » Série noire, qui serait une sorte de passage obligé pour décrire la société d’aujourd’hui : urgence donc phrases courtes, ce genre de choses, comme s’il n’y avait qu’une seule façon, qu’un seule prisme, pour ça. Cette impression diffuse de contraintes, pour ces auteurs-là (mais peut-être que je me trompe complètement). Je me demande alors qu’elle est la part de l’éditeur et de l’auteur, dans cette affaire-là. Y a-t-il oui ou non un formatage « Série noire », au-delà d’une ligne éditoriale ? (mais la nuance est peut-être ténue)

Il faut absolument que je lise Astier, ça devrait me plaire. Je suis une fille et je déteste la réalité.
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Message par Chewie Lun 13 Sep - 22:58

Dans le domaine de l'argumentation, "couille" et "merde" me paraissent un peu limite.
Dans le domaine de l'argumentation ??? Mais Stalker, on parle ici de marketing, à savoir : "comment vendre notre produit ?" (trad : cette merde) "à notre coeur de cible" (trad : cette bande de cons). D'où l'utilisation de ce vocabulaire grossier tout-à-fait adapté à la vulgarité du procédé.

Et je ne pense pas que l'usage systématique de référents soit l'unique façon de percevoir ce qui se fait aujourd'hui, dans différents domaines.
Tout-à-fait. Mais ce n'est pas de ma faute si quand je lis certains auteurs, la très forte influence d'un autre auteur me saute alors au visage, et que, tout-à-fait fortuitement sans doute, les éléments les plus dérangeants de l'auteur influent ont subitement disparu chez l'influencé. Mystère de la création, sans doute...

Internet, c'est du sous-télégraphe ?
Non, c'est du supra minitel. Invention des ingénieurs français de Matra (qui n'ont pas pu pousser le concept jusqu'à son terme et ont vu les ricains rafler la mise quinze ans plus tard).

il vaut mieux tenter d’éditer (ou d’écrire) ce auquel on croit plutôt que ce qui est supposé marcher (car publier de la merde qui ne marche pas, c’est quand même la loose, finalement, comme une sorte de cynisme raté).
Je ne peux croire à autant de naïveté de ta part.

Produire et vendre ce qui est supposé être le plus en adéquation avec le marché, c'est le b-a-ba du marketing auquel n'échappe pas un groupe moderne et influent comme le groupe Gallimard (6 filiales d'éditions, 3 filiales de diffusion et de distribution, 4 filiales à l'étranger...).

On ne parle pas ici des Editions du Libre Marais Poitevin ou de Poème Céleste, célèbre fanzine de poésie du CROUS de Bergerac-sur-Tarzonne. On parle d'un mastodonte de l'édition française, une entreprise qui a pour objectif de vendre du livre dans tous les domaines et dont les actionnaires veulent chaque année tirer des bénéfices conséquents. A la revue de direction annuelle chez Gallimard, on s'en branle de l'avenir du roman noir francophone en tant que genre littéraire porteur d'interrogation sociale, on veut juste savoir si le directeur de la collection a rempli ses objectifs annuels, aux premiers rangs desquels figurait une meilleure pénétration des marchés représentés par les femmes CSP+...

A un moment donné, faut arrêter de prendre les gens pour des cons.


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