Nous ne sommes rien soyons tout - Valerio Evangelisti
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Nous ne sommes rien soyons tout - Valerio Evangelisti
Dans l’Amérique troublée des années vingt s’est développé un puissant mouvement syndical. Eddie Lombardo, jeune Italo-américain d’abord tenté par le proxénétisme, entame une carrière de mouchard au service du patronat. Violent, totalement dépourvu de morale, Eddie – qui se fait appeler Florio pour rompre avec sa famille « communiste » – gravit rapidement les échelons de l’International Longshoremen’s Association, organisation du port de New York bien connue pour ménager les intérêts des armateurs plutôt que ceux des dockers. Maître ès chantage et extorsion, aussi doué pour déclencher une grève que pour y mettre fin, il n’hésite jamais à rendre « service » à ses puissants protecteurs mafieux ni à utiliser les femmes pour satisfaire ses pulsions perverses, quitte à s’en débarrasser ensuite le plus cyniquement du monde.
Mais avec la guerre, l’Amérique change, et le syndicat du crime avec elle. Eddie a beau avoir passé sa vie à étouffer les « rouges », le délire maccarthyste ne le sert pas. Devenu encombrant, trop voyant du fait de ses moeurs effrayantes, il perd la confiance des parrains. Or dans ce monde-là, mieux vaut ne pas se retrouver seul…
Les salauds sont un élément essentiel du roman noir. Eddy Lombardo en est un que l'on suit pendant une trentaine d'années d'un siècle tumultueux. Mais Evangelisti a le mérite de ne pas le juger, se contentant de le suivre pas à pas, presque cliniquement, au fil d'une carrière "up and down". Nul romantisme ne se dégage de ce personnage comme ça peut être le cas du tueur de "Vendetta" de Ellory (ici chroniqué). L'homme est violent, fourbe, pervers, rusé et à chaque page, il nous fait horreur. Ainsi, c'est avec une sacré impatience que l'on attend son inéluctable chute. La qualité du roman tient en ce que le parcours de cet homme est réaliste, tant au niveau psychologique (c'est un homme tout en pulsions, totalement dépourvu de surmoi ) que vis à vis du contexte dans lequel s'inscrit son parcours, tant est si bien que l'on ne sait plus ce qui appartient à la fiction, ce qui appartient à l'Histoire. Car il s'agit bien là de l'autre grande qualité de cette fresque; son réalisme. Valerio Evangelisti fait presque oeuvre d'historien nous décrivant par le menu une histoire documentée du syndicalisme américain, son lien avec le patronat et la mafia, la corruption, la collusion, le délire anticommuniste et c'est tout naturellement que le nom de Jimmy Hoffa arrive à la fin du roman.
Si le livre tarde un peu à démarrer à cause de quelques longueurs et peut être de la priorité donnée à l'Histoire au détriment du roman, Evangelisti parvient peu à peu à nous accrocher à sa fresque passionnante en dépit d'un dernier chapitre inutile et un trop appuyé.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Nous ne sommes rien soyons tout - Valerio Evangelisti
Assez tentant, d'après ce que tu en dis. Evangelisti s'est-il spécialisé dans les romans dont le héros est, si ce n'est un salaud, du moins un personnage discutable et ambivalent ? J'avais lu la série des Eymerich qui était déjà un personnage salement ambigu. Noté celui-ci, en tout cas.
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