Griffu - Manchette / Tardi

Monsieur Griffu, cousin germain de monsieur Tarpon, lui même héritier de monsieur Marlowe ?
Possible.
Monsieur Griffu, détective privé, porte un imperméable ficelé selon la tradition, fume des clopes qui marquent l'époque, s'envoie des alcools forts et pose des bâtons dans les roues des flics officiels. Monsieur Griffu se prend aussi quelques gnons, brandit son flingue à l'occasion et apprécie les femmes. Il vit seul dans un appartement blindé de 33 tours que Manchette énumère au fil de son oeuvre complète, jusqu'à son dernier roman, inachevé, La princesse du sang, qui regorge de références en la matière.

La tentation peut nous effleurer de comparer Monsieur Griffu à Tintin. Elle m'a effleuré lorsque j'ai relu cette bande dessinée réalisée par deux maîtres dans leur registre respectif. Mais pas pour dire qu'ils se ressemblent ; plutôt pour dire que l'un pointerait l'autre dans sa mire et envisagerait d'en débusquer les faiblesses.

Monsieur Tintin, reporter, porte un imperméable ficelé selon la tradition.
Bien.
Tintin ne fume pas, ne boit pas et ne touche pas une seule femme au cours de sa longue carrière. Tintin se prend bien quelques gnons, mais les séquelles ne durent jamais plus de deux pages, tandis que Griffu va les porter jusqu'à la fin de l'album. Tintin possède un flingue, parfois, mais ne tue jamais personne. Ses références musicales sont inexistantes et son appartement, plus vaste que celui de Griffu, est désespérément dépouillé, à l'exception d'une table, de chaises et d'une bibliothèque peuplée de livres (bien qu'on ne voit jamais Tintin ouvrir un seul bouquin dans ses aventures).

Griffu aurait une gueule de Tintin à qui on aurait greffé une paire de couilles.

Je n'aime pas les BD polar, sauf celles de Tardi.
Entièrement d'accord avec ton avis, rien à ajouter.