Faits divers - Raymond Depardon (1982)
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Faits divers - Raymond Depardon (1982)
Evidemment, regarder Faits divers avec notre œil de spectateur gavé d’images de 2008, habitué aux reportages « au cœur de la police » ou au documentaire façon Strip-tease, ce n’est certainement pas comme le voir en 1982, date à laquelle Raymond Depardon a pris sa caméra pour suivre sans broncher les policiers de Police-secours du 5ème arrondissement, à Paris.
Il l’a appelé Faits divers, mais on est en-deça du fait divers dûment homologué qui mérite l’aura médiatique. On se situe plutôt, comme il le dit lui-même, dans le registre « main courante », celui des misères et des petites ou grandes violences quotidiennes, invisibles, d’une ville à ras du sol.
Donc, la caméra s’ immisce dans cette ville capitale, si belle, si ornée, et nous en montre l’envers. Paris se devine alors en creux, encastré dans les ouvertures du fourgon qui sillonne sans relâche l’arrondissement, d’un lieu clos à un autre (appartements, commissariat). On y distingue des lumières quand il fait nuit, quelques bouts de rues (très peu), des flux incessants de gens qui se croisent, indifférents. Parfois, se nouent des drames, parfois minimes ou tragi-comiques, parfois terribles, entre folie douce et désespoir.
On rit beaucoup ; puis on est saisi.
C’est par exemple cet homme dont on ne cesse de « chiper le portefeuille », dit-il, et qui précise au policier qu’il le met toujours dans sa poche, et « croyez-moi, je mets toujours ma poche là. » (en montrant la poche de son pantalon).
C’est cette chambre blanche où une femme est allongée sur un matelas posé à terre. Au-dessus, sont affichés la Tour Eiffel et une reproduction d’un tableau impressionniste, un couple enlacé. Un homme pleure, des policiers en noir enlèvent gauchement leur képis, les médecins en longue tunique immaculée n’ont pas pu la ranimer après une absorption massive de barbituriques.
Ce sont des bribes, sans dénouement, sans voix off, mais la caméra n’est pas gommée par Depardon. Il ne cache pas que les protagonistes la sentent : parfois ils la regardent furtivement, parfois ils l’évoquent directement. Il n’essaye pas de nous faire croire qu’elle n’existe pas, ou qu’elle ne change rien. En un sens, il ne nous dit pas voilà la réalité, nue, brute, intangible. Il saisit la matière qui s’offre à lui, mais la construit aussi, dans sa manière de filmer, dans son questionnement , qui pourrait peut-être se résumer à la place et au rôle de la police, à ce qu’on en attend, à ce qu’elle peut faire alors qu’elle recueille en bout de course tous les dysfonctionnements d’une société dure, âpre, où les êtres humains se débattent comme ils peuvent.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
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