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Les nouvelles fourches caudines du cinéma

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Les nouvelles fourches caudines du cinéma Empty Les nouvelles fourches caudines du cinéma

Message par Varg Lun 6 Avr - 20:05

Un article illustrant les circuits et les intervenants dans le financement d'un film en France :

Les nouvelles fourches caudines du cinéma

Bonne lecture !
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Message par stalker Mer 8 Avr - 3:19

Je serais tenté de parler de résumé développé, après lecture de cet article.
Résumé d'une situation qui dépasse largement la sphère cinématographique, je pense, et la touche de plein fouet. La comparaison finale avec le film Coco est parlante. Bienvenue chez les ch'tis se trouve juste derrière. Je ne serais pas étonné qu'on nous annonce une partouze dans quelques mois, intitulée Bienvenue chez les cocos, assurément rentable.

Les financeurs exigent des acteurs bankables, pourquoi ? Parce que c'est une valeur sûre pour le public à qui on va infliger la campagne promotionnelle du film, et qui se ruera les yeux fermés (le porte-monnaie ouvert) dans les salles. Le public exige donc des acteurs bankables. Le serpent se mord la queue, mais il me semble que deux éléments nourrissent ce processus vicieux : l'économie et la culture du divertissement. Les deux confondus rendent cet état déplorable dans lequel se trouvent les champs culturels à ce jour.

L'économie, parce qu'elle régit tout ici bas, y compris les relations humaines. La culture du divertissement parce qu'elle permet de passer l'éponge sur ce qui nous réduit les têtes au quotidien ; nous autorise à respirer, ou à en avoir l'impression, en se plantant la tête dans des abîmes comme Coco.
C'est ce que veut le peuple ? On va le financer et lui offrir.
Est-ce bien cela que voulait le peuple ? On ne le saura jamais, puisqu'il n'avait rien d'autre à se mettre sous l'oeil à cet instant.
Le peuple sait-il exactement ce qu'il voudrait, au fond ?
Mais voyons, il ne faut pas lui laisser le temps de se le demander, ça pourrait ne pas être rentable (ça viderait les salles et ça remplirait les rues - encore que...).
Etc.

Merci pour ce lien, Varg.

Il y a des types comme Luc Besson qui tentent de nous faire la morale : télécharger illégalement des films sur Internet menace l'économie du cinéma, dit le monsieur.
L'économie du quoi ?

Dans un état pareil, bordel, je n'ai pas de scrupules.

Je crois que ça ne me dégoûte même pas. Je trouve de l'intérêt dans l'observation de cette société bizarre qui nous brandit des mots vidés de leur sens depuis des lunes. Qui nous clame de la communication par-ci et de la culture par-là, pour mieux vendre de la marchandise. Qui fait le compte des entrées payantes tout en niant le nombre de victimes de cette même économie. Qui s'efforce de combler les cerveaux à coups de serpes divertissantes, tout en considérant les individus comme de simples morceaux de charbons qui produisent et consomment à l'aveuglette (et se plaignent un peu, quand même, par moments, mais tout va bien, ça se calme au bout de quelques jours, puisqu'ils ont des crédits sur le dos).

Le quotidien qu'on nous offre est une très habile combinaison de vrais problèmes et de faux.

Il y a un philosophe qui offrait deux possibilités : Vouer son existence à tenter de ralentir la chute ou se maintenir à l'écart du spectacle et observer la chute, de loin, le moins près possible en tout cas.

Je vais aller planter mes salades.
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Message par stalker Mer 8 Avr - 3:37

Presque entièrement récupérée par l'économie, la culture devient le principal ennemi de la culture.
Je ne cesserai jamais d'appeler un chat un chat.
Ceux qui détiennent aujourd'hui les rênes du financement du cinéma ont cessé depuis longtemps de parler du cinéma lui-même. Et quand je vois les files d'attentes devant les salles, je me dis : tiens, ils sont vachement à l'heure pour pointer.
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Message par Varg Mer 8 Avr - 10:38

stalker a écrit:
Est-ce bien cela que voulait le peuple ? On ne le saura jamais, puisqu'il n'avait rien d'autre à se mettre sous l'oeil à cet instant.
Le peuple sait-il exactement ce qu'il voudrait, au fond ?
Mais voyons, il ne faut pas lui laisser le temps de se le demander, ça pourrait ne pas être rentable (ça viderait les salles et ça remplirait les rues - encore que...).

Je partage toute ton indignation et veux simplement revenir sur ce passage de ton intervention.

Je me demande si le fond du problème n'est pas exactement la phrase mise en gras dans ton commentaire. Il ne faut pas sous-estimer, dans tout ceci, la profonde angoisse qui anime les gens (qu'ils s'en rendent compte ou pas) à ne pas savoir exactement ce qu'ils veulent. A l'incapacité de faire un choix qui puisse se révéler un choix non conforme. Il y a une certaine sécurité alors à accepter la promotion permanente déversée par les médias s'agissant des produits culturels parce que le choix est fait par ailleurs, et validé par les pairs (en tant qu'égaux) qui regardent les mêmes programmes, lisent les mêmes critiques et consommeront de la même façon que soi.

Je pense que l'industrie joue pleinement sur cette angoisse et sur cette incertitude et c'est pour cela qu'elle consacre tant d'argent à la promotion de ses produits via des canaux qu'elles contrôlent. L'enjeu des nouveaux modes de partages numériques, serait alors la perte relative de ce contrôle. Mais il ne faut pas se leurrer non plus, les gens téléchargent encore beaucoup les merdes dont ils ont entendu parler à la télé ou par leur cercle proche parce qu'il reste le souci que le choix unique (qu'on estime libre) soit validé par le plus grand nombre (pour que l'on sache que l'on avait bien fait un bon choix).

Je sais, cela parait contradictoire mais qui a dit que la vie ne l'était pas ?
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Message par stalker Mer 8 Avr - 17:43

D'où cet argument si souvent utilisé : ce film a fait beaucoup d'entrées, donc c'est un bon film.
Rien de nouveau dans cette remarque, et ce n'est pas l'opinion des spectateurs qui compte, mais bien le nombre de spectateurs. C'est "bon" avant qu'on aille voir, et on n'ose pas en douter par la suite, puisque les chiffres parlent ; ils interdisent en quelque sorte le doute.

En littérature, le phénomène se répète, même si bien sûr, le coût de production d'un best-seller est loin de celui d'un film, même en y ajoutant les frais de promotion ; les méga campagnes publicitaires déployées afin de désigner ce qu'il faut lire, là, maintenant.
Le phénomène est le même, d'autant que beaucoup de films découlent de livres. Façon d'exploiter mieux encore le filon que représente le public - sa crédulité. Même si des gens ne sont pas dupes, on le sait bien, de ci, de là. Il y a des gens qui savent bien que ces battages médiatiques sont de vastes pièges à cons, au même titre que n'importe quelle publicité qui voudrait nous faire croire qu'une automobile conçue pour la famille va rendre la vie meilleure et les vacances extraordinaires, ou qu'un yaourt sans sucre va vous redonner le moral.
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Message par novi Mer 8 Avr - 18:03

Dans un état pareil, bordel, je n'ai pas de scrupules.

N'est-ce pas ; la délinquance restant la seule grande et vraie aventure de ce siécle; ( ce n'est pas du Novi mais du Brecht, il me semble ).

Vouer son existence à tenter de ralentir la chute ou se maintenir à l'écart du spectacle et observer la chute, de loin, le moins près possible en tout cas.

J'y revendique pour ma part, un certain dandysme Lupinesque de bon aloi...

voudrait nous faire croire qu'une automobile conçue pour la famille va rendre la vie meilleure

Parce qu'enfin, mieux vaut : sur une autoroute vouée au farniente d'un soleil décadent, Lupiner avec le dandysme qui convient, derriére les vitres teintées et le cuir climatisé d'une limousine, pour se ruer vers la luxure et le stupre des plages bétonnées...

Le phénomène est le même, d'autant que beaucoup de films découlent de livres. Façon d'exploiter mieux encore le filon que représente le public - sa crédulité

Ma foi sans crédulité excessive, point de ces bonnes escroqueries qui fournissent si bien la matiére polardeuse ( uniquement pour l'amateur éclairé, l'esthète ).
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Message par Varg Mer 8 Avr - 19:47

stalker a écrit:D'où cet argument si souvent utilisé : ce film a fait beaucoup d'entrées, donc c'est un bon film.
Rien de nouveau dans cette remarque, et ce n'est pas l'opinion des spectateurs qui compte, mais bien le nombre de spectateurs. C'est "bon" avant qu'on aille voir, et on n'ose pas en douter par la suite, puisque les chiffres parlent ; ils interdisent en quelque sorte le doute.

Là par contre, je pense que parfois certains doutent. Ils peuvent aller voir un film recommandé par toutes les radios et télés et sortir du cinoche en disant "C'était pas très bon" ou "Je ne comprends pas ce que les gens ont trouvé à ce film. N'importe, ils continueront malgré tout à faire confiance à ces référents extérieurs, peut-être même en culpabilisant eux-mêmes de ne pas avoir perçu dans le film ce que les autres avaient apparemment vu. Et c'est là le pire, à mon avis.
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Message par novi Mer 8 Avr - 20:16

Mouai, indubitable !

Exemple: - Le premier Cercle - acteur plus que banckable, grosse promo en salle et téloche, qui a débouché sur un semi bide...

Je trouve d'ailleurs que le cinéma noir commence à peiner sérieusement en France, alors même que la production, globalement, n'est pas mauvaise du tout.

Et puis, le problème du livre : c'est qu'on peut toujours, le jour où l'on est ecoeuré par la grosse promo et le formatage des éditeurs, se tourner vers des solutions alternatives ; tout petits éditeurs ou auto-édition. Idem du point de vue de l'auteur (tout dépendant de son égo).

Tandis que pour le cinéma, c'est quasi impossible !
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Message par stalker Mer 8 Avr - 21:40

Ah, il fallait bien que tu nous replaces le principe de l'auto-édition quelque part.
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Message par novi Mer 8 Avr - 22:43

stalker a écrit:Ah, il fallait bien que tu nous replaces le principe de l'auto-édition quelque part.

Entre nous soit-dit et d'un point de vue commercial ; trés petit éditeur et auto-édité : je me demande s'il ne s'agit pas du même combat. ( L'on pourrait rajouter les éditeurs en coopératives d'auteurs et les boites d'auto-édition qui commencent à s'organiser dans ce sens).

Trés bizarrement, j'ai connu il y a quelques années, ce même type de scénario au niveau du bizness de la téléphonie, la fameuse bagarre des anciens ( les téléphonistes) et des modernes ( la voix sur IP) : or aujourd'hui l'on sait qui a gagné...la nature ayant horreur du vide comme on dit !

Mais bon présentement, l'on peut retirer le terrifiant mot ""automachin" et ne garder que petit éditeur, vu que cela ne changera rien à la nature du vide culturel en cours.

Finalement, bien que nous passions tous deux par des voies différentes et divergentes, nous sommes assez d'accord sur le fond du sujet - étonnant, non ! ou alors, il y a une réalité encore cachée, mais émergente, que nous touchons du doigt chacun à notre façon...
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Message par stalker Jeu 9 Avr - 1:37

Je suppose volontiers qu'on est d'accord sur pas mal de points, mais le principe de l'auto-édition me paraît plutôt être une conséquence qu'une solution alternative.
Les petits éditeurs me semblent plus en mesure de fournir des solutions que des individus isolés qui s'auto-produisent. Des solutions, ou plutôt des propositions. Car, à mon sens, des solutions il n'y en a aucune. L'adversaire est beaucoup trop puissant. Il mange ou écrase tout sur son passage. La seule chose qu'on puisse faire, c'est se prostituer et, en ayant un peu de chance, parvenir à glisser des grains de sable en s'introduisant dans le système médiatique. Des types comme Dantec ou Houellebecq y sont parvenus.
Ou bien on se crée un petit réseau, délimité, sans se faire d'illusion dans un monde pareil (sans y laisser sa peau), et faire du mieux qu'on peut avec ce qu'on possède de potentiel et de moyens. C'est à dire canaliser son énergie et sa passion dans une entreprise conçue à notre échelle, histoire de sauver les meubles dans un périmètre défini qui ne dépendrait pas du marché officiel.
Un éditeur qui se lance aujourd'hui sur le marché national, s'il ne dispose pas d'un capital conséquent au départ, c'est du suicide. Il me semble que les producteurs, pour revenir au cinéma, rencontrent les mêmes difficultés. Combien s'aventurent encore à produire des courts métrages, par exemple, comparé à il y a dix ans ?
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Message par stalker Jeu 9 Avr - 5:00

Au sujet de cette angoisse dont tu parles, Varg, on doit pouvoir supposer que l'industrie du cinéma (et du livre) s'efforce de la canaliser, de la tempérer, en proposant au public des produits calculés à cette fin : compenser l'angoisse (l'éloigner, la diluer) ? Divertir le sujet angoissé ?

Je ne sais pas si l'angoisse est due au fait qu'un individu ne soit pas en mesure d'affirmer ce qu'il voudrait exactement. Peut-être que oui. Peut-être que l'angoisse est aussi due au fait qu'il ne sait pas où donner de la tête au milieu de ce champ d'abondance en matière de causes à défendre, de divertissements à consommer, de valeurs à préserver, de produits à posséder à tout prix.
Il faut bien garder en tête que le nombre de personnes qui accordent un intérêt à la culture reste minoritaire : ceux qui lisent au moins un livre par an et ceux qui vont au cinéma une fois de temps en temps.
Cinq ou sept millions de personnes, au mieux ?

Reste la télévision, bien entendu, et les ravages qu'elle produit plusieurs heures par jours.
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Message par Varg Jeu 9 Avr - 7:23

stalker a écrit:Au sujet de cette angoisse dont tu parles, Varg, on doit pouvoir supposer que l'industrie du cinéma (et du livre) s'efforce de la canaliser, de la tempérer, en proposant au public des produits calculés à cette fin : compenser l'angoisse (l'éloigner, la diluer) ? Divertir le sujet angoissé ?

Ne pas oublier non plus que l'industrie du cinéma, celle du livre, sont composées également d'hommes et de femmes en plein doute sur ce qu'il faut aimer ou pas, tout aussi angoissés donc. Peut-être y en a-t-il des cyniques, qui "sauraient" et donc volontairement agiraient dans le sens que tu décris (celui du calcul, de la canalisation), mais j'en doute parce qu'ils ont bien trop à faire avec leur propre peur. Je crois qu'ils sont premiers à devoir se persuader de la qualité de ce qu'ils disent ou font pour éloigner l'angoisse et, en reproduisant du même, ils sont au moins sûr de cela.

Même le critique drapé dans le rejet de l'unanime regarde par dessus son épaule pour savoir s'il est quand même suivi, parce que nous sommes des animaux sociaux et qu'une vraie solitude est intenable. Regarde ceux qui hurlent qu'ils rejettent le monde et qu'ils peuvent vivre, penser, créer seuls et qui passent leur temps finalement à demander notre attention pour qu'on puisse confirmer la justesse (et la réalité) de leurs choix (les adolescents, certains écrivains auto-produits, etc.).

stalker a écrit:Je ne sais pas si l'angoisse est due au fait qu'un individu ne soit pas en mesure d'affirmer ce qu'il voudrait exactement. Peut-être que oui. Peut-être que l'angoisse est aussi due au fait qu'il ne sait pas où donner de la tête au milieu de ce champ d'abondance en matière de causes à défendre, de divertissements à consommer, de valeurs à préserver, de produits à posséder à tout prix.
Tu mets le doigt dessus. L'angoisse est due au fait qu'il voit des gens (par exemple qu'on lui montre, mais comme disait Jean-Pierre Dupuy, la publicité ne sert qu'à confirmer ce qu'il sait déjà) qui semblent heureux avec telle chose alors que lui ne l'est pas et, quand il attrapera cette chose, quand il l'achêtera, quand il la défendra, il n'en sera pas plus heureux pour autant. Alors il regardera à nouveau autour de lui et un autre objet obscur du désir présentera derechef cet attrait, etc. L'angoisse ne vient pas du trop plein, elle vient de l'incertitude à choisir bien et de la déception à avoir choisi sans le résultat escompté.

stalker a écrit:Il faut bien garder en tête que le nombre de personnes qui accordent un intérêt à la culture reste minoritaire : ceux qui lisent au moins un livre par an et ceux qui vont au cinéma une fois de temps en temps. Cinq ou sept millions de personnes, au mieux ?
Comme tu l'as dit aussi, le produit culturel est (devenu) un produit comme un autre. Ceux qui ne lisent pas ou ne vont pas au cinéma calment leurs angoisses sur d'autres produits.[/quote]

stalker a écrit:Reste la télévision, bien entendu, et les ravages qu'elle produit plusieurs heures par jours.
Oui dans le domaine culturel mais finalement pas plus, en terme de ravages, que le travail (abrutissant et aliénant) et l'immense solitude individuelle de la modernité.
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Message par novi Jeu 9 Avr - 11:11

Je suppose volontiers qu'on est d'accord sur pas mal de points, mais le principe de l'auto-édition me paraît plutôt être une conséquence qu'une solution alternative.
Les petits éditeurs me semblent plus en mesure de fournir des solutions que des individus isolés qui s'auto-produisent. Des solutions, ou plutôt des propositions. Car


Le serpent qui se mordrait la queue; quoique...

Le petit éditeur n'a aucune chance à moins de se fédérer à d'autres et l'on peut supposer qu'étant donné sa structure capitaliste du départ ( organisation pyramidale ), son seul avenir programmé sera d'étre racheté, sans parler de se faire piquer les auteurs qui auraient fait son succés- bref englouti par un consortium du marché ( 40% des parts de Rivages sont chez Flammarion). L'auto-édition est jeune, je veux dire en tant que boite à dimension nationale et humaine ( on excluera LULU, donc ) et il semble qu'elle évolue à une vitesse folle, que ses mutations à venir sont déjà visibles.

Cela dépasse cette angoisse dont vous parlez avec raison et dont je suis d'accord avec l'analyse. Tout est lié, le statut social de l'auteur et la position du consommateur-lecteur.

Regarde ceux qui hurlent qu'ils rejettent le monde et qu'ils peuvent vivre, penser, créer seuls et qui passent leur temps finalement à demander notre attention pour qu'on puisse confirmer la justesse (et la réalité) de leurs choix (les adolescents, certains écrivains auto-produits, etc.).

C'est justement le manque de résistants, même individuels, qui fait que le troupeau avance vers son destin sans imaginer que l'on puisse en changer.

Moi, je ne suis pas aussi pessimiste, les exemples de contre-culture ayant émergées ne manquent pas historiquement, le Rock, les surréalistes, Warhol : qui aurait parié sur leur peau au tout départ...

Au contraire, je pense toujours à cette nature qui a horreur du vide et qui fait que lorsque que quelque chose est sclérosé, du neuf émerge toujours.

Je ferai un exemple térrifiant, avec cet ouvrier à la téloche hier soir, futur licencié avec trois momes et la maison à crédit qui va avec- qu'allez vous faire ? je vais me battre, une formation peut étre et Pole-emploi...

Super, c'est là qu'on se dit que ca va étre trés trés dur de passer du statut de consommateur à celui d'acteur.

Lorsque je regarde mes ex camarades d'Actuchomage.org avec le recul des années, je me dis que l'on a vécu grosso modo, le même contexte qu'aujourd'hui entre l'auteur qui attend un hypothétique éditeur, donc le chomeur qui attend encore un salariat tout aussi hypothétique et ceux qui ont claqué la porte à l'époque pour les chemins de traverse des petites boites de la crise, on les a traité de fous...sauf qu'aujourd'hui, lorsque celui-là regarde ses ex-collégues encore en poste chez ce qui est devenu pour lui le client ou le fournisseur - Ben...

Trois possibilités donc, étre un futur chomeur qui l'ignore, étre un chomeur qui attend de revenir à la case départ, ou tenter une fois pour toute l'aventure alternative ( en attendant qu'elle devienne relativement collective d'ailleurs )

Idem pour la culture, l'art...

Je n'ai pas l'impression de m'étre éloigné du sujet, la culture ...juste rajouté la dimension sociale parce que c'est lié.
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Message par Varg Jeu 9 Avr - 12:04

novi a écrit:Je n'ai pas l'impression de m'étre éloigné du sujet, la culture ...juste rajouté la dimension sociale parce que c'est lié.
Si, comme d'hab en ce qui concerne ta réponse à ce que je disais, mais je suppose qu'il me faut en prendre mon parti désormais.

Invoquer Warhol ou même les surréalistes comme exemple de contre-culture me fait pouffer. Dada, oui, éventuellement, mais qui portait en son sein même sa propre destruction. Le reste est une aventure commerciale, comme le rock.

L'entrée en résistance que tu évoques n'a rien à voir avec ce que je disais ou plutôt si, me semble l'exacte illustration de cette mise en scène de toi dont tu raffoles. La grégarité atteint tout autant les révolutionnaires ou les résistants (en peau de lapin ou pas) – ou ceux qui ont choisi un jour l'alternatif et qui maintenant regarde de haut tous les autres imbéciles* – que ce troupeau (dont tu sembles donc t'exclure) qui avancerait vers son destin.

* Je suppose que ce modeste portrait était le tien, naturellement ?
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Message par novi Jeu 9 Avr - 13:22

Je suppose que ce modeste portrait était le tien, naturellement ?

Non, tout simplement parce que je ne suis venu que trés tard à m'intéresser ...à ce qui n'intérésse pas ou si peu, l'immense pourcentage des gens, comme disait Stalker, qui ne lisent pas ( qui ne lisaient plus, avaient arrété de lire pour mon cas ).

Invoquer Warhol ou même les surréalistes comme exemple de contre-culture me fait pouffer. Dada, oui, éventuellement, mais qui portait en son sein même sa propre destruction. Le reste est une aventure commerciale, comme le rock.

Non je parle de culture populaire, d'ou même Warhol et surtout Dada sont exclus, l'élitisme n'étant pas que commercial - d'ailleurs le milieu culturel français est post soixante-huitard d'où son malaise vis à vis du populaire, quant à la marginalité...
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Message par edmond Gropl Jeu 9 Avr - 17:15

- au vu de cet article sur le business, je crois qu'il vaut mieux lire John Cheever plutôt que d'aller voire une adaptation cinématographique. J'ai lu deux livres de cet auteur qualifié souvent de précurseur de Raymond Carver (ou entre Fitzgerald et Updike, ais-je lu sur la toile), un grand. Je vous conseille "Falconer", Un univesitaire se retrouve condamné à une longue peine pour meurtre ou tentative sur sa femme (je ne me souviens plus). Il va raconter ses années de prisons, un vrai regard d'écrivain ( je ne parviens pas à savoir si il est réellement allé en prison, je ne crois pas mais..) et surtout une évocation sans chichis de l'amour en prison et une évasion que les scénaristes de prison break n'ont pas imaginé. Un tres grand livre, j'aurais aimé assister à une discussion entre E. Bunker et J. Cheever.

Bref, je comprends qu'un réalisateur veuille adapter Cheever, ça coute 3 millions d'euros.
Comment rester intègre avec une telle somme en jeu? (d'autant plus qu'adapter Cheever exige une intégrité absolue, on est dans queqlque chose de difficile). Est-ce possible d'allier l'artistique et l'économique? On voit bien avec l'article que le réalisateur va sans cesse devoir corrompre sa vision artistique. Le film sera un compromis. Pour qu'il ne le soit pas, il faudrait que le réalisateur ait tous les moyens. Je suppose que cette liberté d'action doit quelquefois se produire, ça peut donner "Coco" (film capricieux) et ça doit donner aussi de grandes oeuvres "hollywoodienne" ou "soviétiques".

Voila une petite digression groplienne sans grand interêt, si ce n'est pour souligner qu'on a encore la possibilité de lire John Cheever et là, le film se fait tout seul.
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Message par novi Jeu 9 Avr - 22:17

Raconter des années de prison sans jamais n'y avoir mis les pieds , cela peut se concevoir sur un mode psychologique, axé sur des personnages, mais cela est malgré tout hautement acrobatique - la curiosité me pique déjà...

Il faut avoir connu le monde carcéral de l'intérieur avec ses sens, les odeurs, le bruit de son silence et de ses hurlements - même le policier, l 'avocat, le visiteur qui ne dépasseront jamais le ront-point ne peuvent en étre imprégnés, le médeçin et les infirmiéres un peu quoique, les bonne-soeurs à Noel en visite des cellules...

Déjà celui qui ne connait qu'une maison d'arrét aurait bien de la peine à écrire sur une centrale, d'autant que chaque centrale est unique.

Bon vous me direz, je suppose que des tas d'auteurs de polar hexagonaux ne se génent pas - les cuistres - pour nous parler de carcéralité avec la complicité d'éditeurs qu'on sait peu scrupuleux quant à l'authenticité.

Falconer,vous dites ?
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Message par edmond Gropl Jeu 9 Avr - 22:41

Falconer: John Cheever. En poche. Satisfait ou remboursé.
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