Happiness - Todd Solondz (1998)
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Happiness - Todd Solondz (1998)
Pas vraiment de storyline. La première scène montre clairement les intentions du cinéaste, qui s'était fait connaître par un premier film Welcome to the dollhouse où il réglait clairement ses comptes avec son milieu familial et son environnement de jeune américain des suburbs. Joy, genre femme enfant hippy perpétuelle insatisfaite annonce à son rendez-vous, un quadragénaire quelconque, qui l'a emmené dans le meilleur restaurant de la ville, qu'elle ne donnera pas suite à leur relation (sous-entendant qu'il n'est pas assez bien). L'homme semble accepter la décision et donne néanmoins à la jeune femme le cadeau qu'il lui avait apporté. Celle-ci le trouve très beau, s'émerveille, remercie l'homme qui, soudain, lui reprend violemment des mains en lui disant qu'elle n'en est pas digne et l'agonit dès lors d'injures plus ordurières les unes que les autres.
Sur un rythme et une structure subvertie de soap, Solondz trace le portrait acerbe de la middle-class américaine, passant de scène en scène d'un personnage à l'autre, en revenant toujours vers trois sœurs : Trish, une mère de famille «qui a tout», Helen, un écrivain imbue de sa propre personne et cette jeune femme du début, malheureuse par nature et looseuse. Autour gravitent mari, amants, enfants, tous ordinairement monstrueux. Tous ordinairement seuls, prisonniers de leur image, de leur égoïsme, de leurs névroses ridicules, à la trajectoire tendue vers un accomplissement dérisoire ou criminel (par exemple : le fils de Trish qui ne pense qu'à sa première éjaculation tandis que son père, psychiatre, sodomise ses petits camarades). Ça grince énormément, on rit beaucoup – au moins jaune – mais le regard que jette Solondz sur ses personnages est plus que sarcastique, il est volontairement méchant, condescendant et l'on est un peu malheureux de ne trouver personne à aimer, même un petit peu.
Solondz sait parfaitement installer le malaise en prolongeant les scènes jusqu'à ce que nous ressentions la même pesanteur, le même inconfort que les personnages et on peut y voir une forme particulièrement réussie d'humour noir, voire d'humour non-sensique. C'est essentiellement un cinéma de situation, de dialogues parfaitement ciselés et la caméra n'est pas très créative ni ré-créative sans que cela gêne. Les décors, tant dans le New Jersey qu'en Floride où se trouvent les parents névropathes des trois filles sont d'une neutralité glacée bien venue. La distribution est impressionnantes d'efficacité, la palme revenant à Dylan Baker interprétant le psychiatre – mari de Trish – honnête homme et citoyen et le pire des monstres.
Solondz tournera ensuite Storytelling dont je vous parlerai bientôt, qui est une réflexion sur son cinéma assez passionnante, où il tente justement de se libérer de cette accusation de méchanceté et de détestation de ses personnages.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Happiness - Todd Solondz (1998)
Je pense avoir vu un des films de Solondz que tu cites, mais pas Happiness. Le contenu détaillé de ta critique fait remonter des images. Je vais essayer de retrouver de quel film il s'agit. Je vais aussi me faire Happiness dès que possible.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
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