Haas, Wolf - Silentium ! (1999 - Rivages 2004)

Un ancien directeur de conscience du prestigieux Marianum de Salzbourg proche d'une désignation épiscopale est accusé, dix huit ans après les faits, d'avoir expliqué un peu trop précisément les règles d'hygiène à Gottlieb, un jeune pensionnaire. Celui-ci est devenu depuis le gendre perturbé du Directeur-adjoint du festival. Brenner est chargé par l'Église de vérifier ou peut-être d'étouffer tout cela, il ne sait pas trop... Jusqu'à ce que l'on retrouve le cadavre de Gottlieb.

Le narrateur extérieur – symbole du style de l'Autrichien Wolf Haas – est plus discret ici, même s'il continue d'animer l'histoire par ses propos et son humour noir et non-sensique. L'affaire qui se présente est complexe, plutôt grave et l'auteur a sans doute trouver préférable d'être moins digressif qu'à l'ordinaire.

Wolf Haas s'attaque ici aux deux piliers de la vie salzbourgeoise, l'Église et le Festival, et il le fait avec une ironie vacharde. Quand je dis Festival, c'est plus de l'esprit provincial bourgeois qu'il suppose que de musique ou d'opéras. Car cette ville vit sur l'illusion d'une grandeur culturelle et impériale qui n'existe plus que les quelques jours où se tient son fameux festival... désormais menacé par celui de Baden-Baden, plus richement doté tout comme l'existence de la ville l'est par ces vulgaires et richards bavarois qui n'ont qu'à traverser la frontière pour y établir leurs résidences secondaires, dans les grandes maisons seigneuriales et bourgeoises délaissées par les natifs...

Église et Festival, main dans la main, ont leurs petites arrangements pour que Salzbourg reste Salzbourg et Brenner n'est pas le seul à faire les poubelles. Comme d'ordinaire, ne sachant trop comment procéder, il se laisse aller et écoute beaucoup jusqu'à ce qu'un squelette nommé Oswald le mette enfin sur la voie.

Un bon polar, féroce comme les précédents et drôle d'une façon plus subtile.

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