Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
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Noir bazar :: Frigo
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Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Lucas vient d'avoir 17 ans. Il est sourd-muet. Cet handicape lui épargne l'éclat des cris en provenance de l'autre côté du mur de sa chambre, ceux de ses parents adoptifs. Le bruit des coups, aussi. Sur Internet, Lucas se fait appeler Thor. Il n'entend rien et ne dit jamais rien, mais sur un site de tchat, quelle importance ? Thor consacre ses nuits à dialoguer avec des amis, physiques ou virtuels. Des partenaires de jeux vidéo dangereux ou de simples complices insomniaques.
Mais une nuit quelque chose cloche : une inconnue demande à Thor de l'accepter sur son groupe de dialogues. Elle se prénomme Zora. Son premier message dira : "Lucas, mon petit Lucas, c'est maman."
Mais maman est morte il y a longtemps.
C'est une histoire de fantômes qui ne se manifesteront pas, c'est à dire ne prendront pas forme, ni humaine, ni monstrueuse, car les fantômes, ici, se trouvent de l'autre côté de votre écran. Ils sont en ligne. Ils se sont immiscés sur un site intitulé Plhate-forme. Des fantômes de pixels, peut-être, mais sans visage et sans corps ; il n'y a que des mots ; des mots qui attestent, progressivement, de l'identité de votre correspondant. C'est impossible, se dit-on, et l'on peut alors refuser de poursuivre et retourner à ses amis fidèles, connectés avec vous au coeur de la nuit. Mais si on ne refuse pas, si l'on persiste - parce que le phénomène est étrange et qu'il peut être amusant de soumettre ces nouveaux intrus à des tests - alors votre vie prend un autre tournant.
Non seulement les fantômes sont des êtres qui ont existé, mais vous ne les avez pas tous rencontrés. Votre mère, que vous n'avez jamais connue, ou un soldat mort en Irak plusieurs semaines auparavant ; une adolescente décédée le jour même de votre naissance ou un homme politique suicidé en 2001 qui vous raconte des choses que vous ne saisissez pas vraiment.
Votre vie prend un autre tournant, car non seulement ces fantômes vont vous révélez des choses que les vivants ont toujours pris soin de vous cacher, mais, de plus, certains sembleront vous connaître mieux que vous-mêmes et vous enseigneront des épisodes du siècle à la fin duquel vous êtes né. Il faudra alors faire un choix : faire confiance aux vivants ou faire confiance aux mystérieux intrus de la nuit. Se connecter ou pas, aux heures prescrites. Obéir ou non à ce que certains finiront par vous suggérer de faire.
Le premier danger qu'on pressent est celui de sombrer dans un trip horrifiant, avec scènes sanglantes et nombre de victimes croissant. Le second, c'est une narration bidon, prévisible, calquée sur n'importe quelle forme de narration qui marche ; qui n'exige pas d'effort pour suivre le récit (objectif) des expériences nocturnes (mais aussi diurnes) de Lucas. On redoute le gros paquet commercial qui a le vent en poupe, mais non. On n'y a pas droit. On est loin de ça. On est même à l'opposé. L'auteure impose un style rigoureux, coupant, concis. Abrupte par moments, mais elle peut se l'autoriser compte tenu de la qualité de son intrigue et de son organisation : le synopsis nous annonce l'intrusion de fantômes virtuel, et donc d'une certaine forme de leurre, mais ce n'est pas tout à fait ça. C'est un peu plus compliqué, et en même temps tellement plus simple. Et l'horrifiant se situe là où on ne l'attend pas : dans notre mémoire qui donne des signes de fatigue.
Mais une nuit quelque chose cloche : une inconnue demande à Thor de l'accepter sur son groupe de dialogues. Elle se prénomme Zora. Son premier message dira : "Lucas, mon petit Lucas, c'est maman."
Mais maman est morte il y a longtemps.
C'est une histoire de fantômes qui ne se manifesteront pas, c'est à dire ne prendront pas forme, ni humaine, ni monstrueuse, car les fantômes, ici, se trouvent de l'autre côté de votre écran. Ils sont en ligne. Ils se sont immiscés sur un site intitulé Plhate-forme. Des fantômes de pixels, peut-être, mais sans visage et sans corps ; il n'y a que des mots ; des mots qui attestent, progressivement, de l'identité de votre correspondant. C'est impossible, se dit-on, et l'on peut alors refuser de poursuivre et retourner à ses amis fidèles, connectés avec vous au coeur de la nuit. Mais si on ne refuse pas, si l'on persiste - parce que le phénomène est étrange et qu'il peut être amusant de soumettre ces nouveaux intrus à des tests - alors votre vie prend un autre tournant.
Non seulement les fantômes sont des êtres qui ont existé, mais vous ne les avez pas tous rencontrés. Votre mère, que vous n'avez jamais connue, ou un soldat mort en Irak plusieurs semaines auparavant ; une adolescente décédée le jour même de votre naissance ou un homme politique suicidé en 2001 qui vous raconte des choses que vous ne saisissez pas vraiment.
Votre vie prend un autre tournant, car non seulement ces fantômes vont vous révélez des choses que les vivants ont toujours pris soin de vous cacher, mais, de plus, certains sembleront vous connaître mieux que vous-mêmes et vous enseigneront des épisodes du siècle à la fin duquel vous êtes né. Il faudra alors faire un choix : faire confiance aux vivants ou faire confiance aux mystérieux intrus de la nuit. Se connecter ou pas, aux heures prescrites. Obéir ou non à ce que certains finiront par vous suggérer de faire.
Le premier danger qu'on pressent est celui de sombrer dans un trip horrifiant, avec scènes sanglantes et nombre de victimes croissant. Le second, c'est une narration bidon, prévisible, calquée sur n'importe quelle forme de narration qui marche ; qui n'exige pas d'effort pour suivre le récit (objectif) des expériences nocturnes (mais aussi diurnes) de Lucas. On redoute le gros paquet commercial qui a le vent en poupe, mais non. On n'y a pas droit. On est loin de ça. On est même à l'opposé. L'auteure impose un style rigoureux, coupant, concis. Abrupte par moments, mais elle peut se l'autoriser compte tenu de la qualité de son intrigue et de son organisation : le synopsis nous annonce l'intrusion de fantômes virtuel, et donc d'une certaine forme de leurre, mais ce n'est pas tout à fait ça. C'est un peu plus compliqué, et en même temps tellement plus simple. Et l'horrifiant se situe là où on ne l'attend pas : dans notre mémoire qui donne des signes de fatigue.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Oui, c'est un poisson d'avril que j'ai fait frire dans la nuit, mais qui avait fait un gros flop quand je me suis levé, alors je l'ai retiré, d'autant qu'il y a des chroniques plus intéressantes ces jours-ci sur le forum.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Excellent.
C'est une idée d'artiste, creer des fausses chroniques. Celle ci est particulièrement réussie. J'y ai cru et en plus je me suis dit que ce devait être un sacré bon polar.
C'est une idée d'artiste, creer des fausses chroniques. Celle ci est particulièrement réussie. J'y ai cru et en plus je me suis dit que ce devait être un sacré bon polar.
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Moi aussi j'y ai cru...
Maintenant il ne te reste plus qu'à l'écrire
Maintenant il ne te reste plus qu'à l'écrire
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Je voulais faire concorder cette fausse chronique avec un texte court que j'aurais posté dans les nouvelles du forum, mais je n'ai pas pris le temps de l'écrire. Je me suis également dit que les asiatiques avaient peut-être déjà exploité ce genre de synopsis : une plateforme virtuelle que les morts parviennent à investir pour créer des interférences sur le monde des vivants.
En tout cas merci à vous deux, j'ai un peu moins la sensation d'avoir passé deux heures à fabriquer un flop.
En tout cas merci à vous deux, j'ai un peu moins la sensation d'avoir passé deux heures à fabriquer un flop.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Et il y avait un clin d'oeil sur la couv' : éditions Jeanémarre (collection ultra noire). Mais c'est trop petit, on ne le distingue pas.
stalker- Admin
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Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Tu sais que comme Gropl je me suis dit il faut absolument que je lise ce bouquin, ça a l'air trop bien (j'avais bien vu ultra noire, mais pas Jeanémarre...)
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Je vous cède l'idée, si ça vous tente.
stalker- Admin
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Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Oui, mais difficile d'être à la hauteur de la chronique
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Détourne-la.
En tout cas, je persiste : il faut que le roman noir se grouille d'investir Internet, sinon il va prendre du retard. Il y a là la matière de très bon thriller, à condition de ne pas tomber dans les pièges. Je risque de reparler encore de cette question sur le forum, de persister, de me répéter.
En tout cas, je persiste : il faut que le roman noir se grouille d'investir Internet, sinon il va prendre du retard. Il y a là la matière de très bon thriller, à condition de ne pas tomber dans les pièges. Je risque de reparler encore de cette question sur le forum, de persister, de me répéter.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Oui, mais il y a deux questions dans ce que tu dis: internet (et ses prolongements dans les changements qu'il induit) comme thème de roman, et internet comme possibilité d'intégration d'autres formes d'écritures, au sein même du roman (les deux étant cumulables bien sûr).
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Oui, je suis d'accord. Si Internet n'est qu'un thème, ce sera raté. Mais si le roman en question intègre effectivement les codes propres aux nouveaux modes de communication, ça peut donner un roman noir contemporain. A condition aussi qu'il ne se résume pas à une intrigue bidon, qui ne serait qu'une transcription des intrigues classiques sur un support nouveau (comme pas mal de films l'ont déjà fait). Si les comportements humains ne suivent pas, ce sera un échec, juste divertissant et bon pour les têtes de gondoles. Un roman qui intègre Internet, je ne pense pas qu'il puisse faire les têtes de gondoles. Il sera probablement incompris, ou simplement refusé par la majorité des lecteurs, car imbibé de trop de codes et de rythmes qui n'appartiennent pas à la littérature noire courante, qui se boit comme du petit lait le soir avant de s'endormir. Et il faudrait que ce roman-là interroge son époque, avant toute chose. Internet n'y serait qu'un prétexte, un outil, et non un thème justement.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Ce qui était surprenant dans la chronique, c'était qu'au départ, on se dit, bon ça va encore être une daube, malgré une intrigue intriguante puis après on se dit que le texte passe bien entre les gouttes et à la fin, on se dit que ça a l'air d'un foutu bon livre. (tu devrais d'ailleurs te depecher de l'ecrire). Je me demandais simplement comment tu l'avais déniché.
Ca pourrait être une série artistiques. Des faux livres, des vrai-faux livres. Je vois bien ça
Ca pourrait être une série artistiques. Des faux livres, des vrai-faux livres. Je vois bien ça
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Pourquoi pas, on pourrait faire une collection de romans qui n'existent pas, avec une ligne graphique spécifique, etc. Si je ne m'abuse, tu grouilles d'idées, Gropl, en matière de synopsis. D'ailleurs, ça me remet en tête une histoire qu'on voulait écrire à deux, suite à une virée sur l'île de Vassivière...
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Je m'en rappelle plus trop. Il me semble qu'un type trouble échouait sur l'île, l'idée n'était elle pas qu'il se transfigure au contact des oeuvres d'art?
j'aime bien l'idée de Miss Bug. Ca pourrait être un fantomas des temps modernes.
j'aime bien l'idée de Miss Bug. Ca pourrait être un fantomas des temps modernes.
Re: Miss Bug - Alexandra Kan (2010)
Moi, ça me fait furieusement penser à du Stephen King.
Dans l'intention d'abord, avec cette volonté de sortir goules et fantômes des landes et des manoirs hantés pour les projeter dans la modernité, y compris jusque dans les derniers gadgets technos.
Dans la thématique ensuite, avec ce personnage pas-tout-à-fait comme tout le monde (cf. le handicap), et son rapport à l'enfance et à un vieux trauma ("maman est morte il y a longtemps").
Tu devrais lui envoyer un synopsis, en réclamant juste 5% des droits, et tu seras bientôt très riche !
Dans l'intention d'abord, avec cette volonté de sortir goules et fantômes des landes et des manoirs hantés pour les projeter dans la modernité, y compris jusque dans les derniers gadgets technos.
Dans la thématique ensuite, avec ce personnage pas-tout-à-fait comme tout le monde (cf. le handicap), et son rapport à l'enfance et à un vieux trauma ("maman est morte il y a longtemps").
Tu devrais lui envoyer un synopsis, en réclamant juste 5% des droits, et tu seras bientôt très riche !
Chewie- Messages : 240
Date d'inscription : 13/01/2010
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