Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
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limbes
stalker
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Noir bazar :: Le bazar :: Films
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Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Sans doute un des plus beaux films de Melville. Disons l'un des plus remarquables en terme de photographie, mais aussi de mise en scène et de scénario. "Beau", ce n'est sûrement pas le mot juste, parce que toujours discutable, parce que insignifiant aussi.
Disons plastique.
Prétendre que c'est un chef d'oeuvre sera tout autant discutable, mais on est là pour discuter. Alors disons chef d'oeuvre. Non loin d'une telle perfection plastique, sur l'instant, je dirais Tarkovski pour Nostalghia ou Le sacrifice, et Antonioni pour Désert rouge. Par perfection, j'entends un soin apporté à chaque élément constituant, au détail près, sans que certains ne subissent les conséquences des autres parce qu'on les aurait trop soignés.
Ici, c'est un tout. C'est équilibré, dosé, savoureux.
L'histoire, c'est celle d'un tueur à gage incarné par Delon. Sur sa trajectoire, il croisera Nathalie Delon (une amante), François Perrier (un flic) et Cathy Rosier (une pianiste). Cette trajectoire sera souvent muette. Muette, car les images parviennent à en dire bien davantage que des mots, parfois. Les gestes, les yeux, les corps injectés dans des décors, puis la bande sonore, froide, humide, qui peut filer des frissons.
Un de ces films que j'aimerais ne pas avoir découvert encore, pour le découvrir ce soir.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Je ne l'ai pas encore découvert. J'attends un (le) moment propice.
limbes- Messages : 640
Date d'inscription : 05/06/2008
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Je crois que tous les films de Melville exigent des moments propices. Qu'on les ait déjà vus ou pas, pour les revoir et les revoir encore, je pense que c'est toujours une histoire de moment propice. Ailleurs, il est question du Cercle rouge ; c'est un autre exemple de moment propice. Une histoire de moments qui marquent et refusent de se détacher de la mémoire. Des images qui se cramponnent. Comme un paragraphe dans un livre dont on a oublié l'intrigue, mais il y a eu ce paragraphe, ou bien cette phrase ; ces instants qui font qu'on se souvient du livre. Qu'il s'est gravé profondément. Un ensemble qui s'évapore, mais des instants essentiels.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Mes parents n'arrêtaient pas de nous parler de ce film et un soir ils nous ont forcés à le regarder, mon petit frère et moi. On avait dans les dix douze ans et à chaque fois que Delon apparaissait à l'écan mon petit frère disait : regarde on dirait qu'il a fait caca dans sa culotte et on a pourri la soirée des ancêtres. Je l'ai revu récemment et, c'est con, mais je trouve que mon frère avait raison.
Hurlu- Messages : 20
Date d'inscription : 18/06/2008
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Le problème avec Delon, c'est qu'on ne parvient pas à l'oublier. Oublier l'acteur au bénéfice des personnages qu'il a pu incarner au cours de sa carrière. L'individu en soi, on pourrait s'en balancer à partir du moment où des réalisateurs - nombreux et souvent remarquables (mais qui connaît le nom des réalisateurs ?) - sont parvenus à le diriger, le mettre en scène, lui fermer sa grande gueule de petit voyou frimeur séducteur, pour tirer le meilleur de lui-même, c'est à dire un potentiel énorme de comédien (jusqu'à une certaine époque, nous sommes d'accord).
Mais, en France, on s'est accordé à dire depuis longtemps qu'Alain Delon était un individu détestable, alors on ne songe plus qu'à l'individu et on oublie le cinéma. C'est regrettable. Regrettable et stupide. Le coup du "caca dans sa culotte", c'est complètement puéril, mais bref. Ce n'est pas à partir de ce genre de remarque qu'on parviendra à parler de la carrière de Delon, pour essayer d'admettre que peu d'acteurs français peuvent se vanter d'avoir effectué un parcours pareil.
Cela dit, se voir forcé de regarder un film, Hurlu, n'est pas un bon départ pour espérer être en mesure de l'apprécier. Ni l'acteur principal, ni le film en soi. Tout est faussé à la base. Ce n'est pas un film de Melville que tu as vu, c'est une punition que tu as subie.
Mais, en France, on s'est accordé à dire depuis longtemps qu'Alain Delon était un individu détestable, alors on ne songe plus qu'à l'individu et on oublie le cinéma. C'est regrettable. Regrettable et stupide. Le coup du "caca dans sa culotte", c'est complètement puéril, mais bref. Ce n'est pas à partir de ce genre de remarque qu'on parviendra à parler de la carrière de Delon, pour essayer d'admettre que peu d'acteurs français peuvent se vanter d'avoir effectué un parcours pareil.
Cela dit, se voir forcé de regarder un film, Hurlu, n'est pas un bon départ pour espérer être en mesure de l'apprécier. Ni l'acteur principal, ni le film en soi. Tout est faussé à la base. Ce n'est pas un film de Melville que tu as vu, c'est une punition que tu as subie.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Stalker, je ne suis pas d'accord. Au delà de la personnalité de Delon, dont on peut se foutre, j'estime qu'il est un acteur moyen. Son registre est très limité. Plutôt que caca culotte, on pourrait dire marmoréen mais, au final, ça revient au même.
Mais dans son registre, aussi limité soit il, il est assez bon.
On peut faire une énorme carrière en étant un acteur moyen, il en est l'incarnation.
Mais dans son registre, aussi limité soit il, il est assez bon.
On peut faire une énorme carrière en étant un acteur moyen, il en est l'incarnation.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Mouais... C'est toujours la même question, au fond : qu'est-ce qui est bon ? qu'est-ce qui est mauvais ?
Le tout est d'argumenter, c'est la moindre des choses. Là, ce n'était pas le cas, avec le coup du caca, etc. C'est un peu limite.
Le tout est d'argumenter, c'est la moindre des choses. Là, ce n'était pas le cas, avec le coup du caca, etc. C'est un peu limite.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Hurlu racontait une anecdote, pas plus...
Ce qui est bon et mauvais....
Il me semble que plus un acteur est capable de diversifier son jeu, meilleur il est. Prends un mec comme Gamblin, par exemple, il est capable de tout jouer, comédie, drame, ce que tu veux. Il peut faire passer un nombre infini de nuances de sentiments par son visage ou son corps (Duris est très fort dans ce domaine).
Delon, il a, me semble t il, un jeu très binaire et j'avoue que cette expression de constante lassitude me lasse.
Ce qui est bon et mauvais....
Il me semble que plus un acteur est capable de diversifier son jeu, meilleur il est. Prends un mec comme Gamblin, par exemple, il est capable de tout jouer, comédie, drame, ce que tu veux. Il peut faire passer un nombre infini de nuances de sentiments par son visage ou son corps (Duris est très fort dans ce domaine).
Delon, il a, me semble t il, un jeu très binaire et j'avoue que cette expression de constante lassitude me lasse.
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Impression, aussi, que Delon se promène, identique, d'un film à l'autre. Et pourtant, il est parfait dans Le guépard et dans d'autres films.
Hurlu: tes parents n'auraient pas du te forcer, sur ce coup-là.... C'est une expérience qui a du être mortellement ennuyeuse pour des enfants, je ne vois pas ce qu'on peut comprendre à ce film à dix ans.
Hurlu: tes parents n'auraient pas du te forcer, sur ce coup-là.... C'est une expérience qui a du être mortellement ennuyeuse pour des enfants, je ne vois pas ce qu'on peut comprendre à ce film à dix ans.
Replay- Messages : 528
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : Bretagne
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
Voyons Txoa,
Alain Delon c'est aussi Monsieur Klein et Rocco et ses frères. Il est éblouissant.
Alain Delon c'est aussi Monsieur Klein et Rocco et ses frères. Il est éblouissant.
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
C'est précisément parce que Delon parvient à ne pas tout jouer (tout et n'importe quoi) que je le trouve très fort, authentique, intègre. Le cinéma consisterait-il à passer son temps à démontrer qu'on est capable de jouer aussi bien le truand ténébreux que l'imbécile heureux qui amuse les foules ?
Les comédiens qui mangent de cette façon à tous les rateliers, je les trouve sans consistance, sans personnalité, sans âme en fin de compte.
Les comédiens qui mangent de cette façon à tous les rateliers, je les trouve sans consistance, sans personnalité, sans âme en fin de compte.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
En parlant d'imbécile heureux susceptible d'amuser les foules, j'avais quelques visages en tête. Je songeais à Daniel Auteuil, à Gérard Depardieu ou à Jean Reno, par exemple, du côté de l'hexagone. Toujours du côté de l'hexagone, il y a un comédien que j'apprécie beaucoup : Benoît Magimel. Le gros problème, même si on le retrouve souvent dans des rôles assez proches, cohérents, qui peuvent laisser penser que cet acteur n'envisage pas de tourner une comédie pour arrondir ses fin d'années et conquérir un nouveau public - le gros problème, c'est que les réalisateurs susceptibles de révéler de tels comédiens se font rares. Mais les réalisateurs, on n'en parle presque pas. Il est fréquent qu'on ignore leur nom lorsqu'on parle d'un film (qu'on a aimé ou pas), ou qu'on ne le mentionne pas. Pourtant, c'est eux qui font le cinéma. C'est eux qui mettent en scène les acteurs et les dirigent. C'est eux qui les révèlent, aussi.
Pour en revenir à Delon, je crois qu'une belle bande de réalisateurs a su détecter son talent. C'est un parcours remarquable pour un comédien. Il n'y a pas de hasard. Son seul soucis, c'est qu'il a cru, à une certaine époque, après un parcours pareil, qu'il était capable de produire, de réaliser et d'incarner - les trois en un - pour donner des navets. Ce qui n'a pas empêché Godard de revenir sonner à sa porte pour lui rappeler que c'était avant tout un grand comédien, mais surtout pas un réalisateur.
Pour en revenir à Delon, je crois qu'une belle bande de réalisateurs a su détecter son talent. C'est un parcours remarquable pour un comédien. Il n'y a pas de hasard. Son seul soucis, c'est qu'il a cru, à une certaine époque, après un parcours pareil, qu'il était capable de produire, de réaliser et d'incarner - les trois en un - pour donner des navets. Ce qui n'a pas empêché Godard de revenir sonner à sa porte pour lui rappeler que c'était avant tout un grand comédien, mais surtout pas un réalisateur.
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
C'est un mystère pour moi, ce qui passe dans l'acteur quand il incarne le personnage. Et pourquoi tant de grands rôles ne transforment pas davantages les acteurs, qui sont parfois si peu éveillés dans la vie ordinaire..
Replay- Messages : 528
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : Bretagne
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
C'est quand même un film extraordinaire, le samouraï. Et Delon le porte entièrement.
Replay- Messages : 528
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : Bretagne
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
stalker a écrit:C'est précisément parce que Delon parvient à ne pas tout jouer (tout et n'importe quoi) que je le trouve très fort, authentique, intègre. Le cinéma consisterait-il à passer son temps à démontrer qu'on est capable de jouer aussi bien le truand ténébreux que l'imbécile heureux qui amuse les foules ?
Les comédiens qui mangent de cette façon à tous les rateliers, je les trouve sans consistance, sans personnalité, sans âme en fin de compte.
Gamblin, Gourmet, Raimu, Pacino, des imbéciles heureux qui amusent les foules ?....
txoa- Messages : 1108
Date d'inscription : 11/06/2008
Localisation : To lose ou presque
Re: Le samouraï - Jean-Pierre Melville (1967)
"Imbécile heureux" pour l'opposer à "truand obscur".
Quelque chose me dit que tu as très bien compris ce que je voulais dire...
Quelque chose me dit que tu as très bien compris ce que je voulais dire...
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
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