Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
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Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Fabian, un petit escroc (R. Widmark) aux méthodes bien rodées veut jouer dans la cour des grands. Suite à une opportunité, il se lance dans l'organisation de combats de lutte dans le Londres des années 50. Il a pour caution, Grégorius, un ancien et illustre champion de luttre gréco-romaine mais doit affronter Kristo, le fils de Gregorius, qui a le monopole des combats, est qui lui est partisan de la lutte libre. Tres vite, Fabian va se trouver dépassé par les enjeux.
Superbe film noir sur le thème "faut pas jouer les riches quand on a pas le sou", sentence valable dans le monde des affaires qu'elles soient légales ou pas.
Aucune baisse de tension. Un scénario (tiré d'un roman de l'obscur Gérard Kersh, paru en série noire) bâti comme une partie d'echec et qui ne laisse aucun répit avec de multiples rebondissements dont le dernier cruel et mélodramatique.
Une scène anthologique de combat de lutte gréco-romaine. (avec un acteur qui fait penser à l'entraineur des frères Guenot pour ceux qui ont suivi les J.O.)
Des portraits de personnages des bas-fonds de Londres, mendiants, vendeurs à la sauvette, filles de joies, traités dans la plus pure tradition du roman noir.
Richard Widmark avec sa tête à figurer en 4° de couverture des premiers séries noires est parfait.
Après avoir vu "L'homme au bras d'or", "Justin de MArseille" "L'ultime Razzia" et "Les forbans de la nuit, j'en arrive à penser que l'avenir du film noir est derrière nous.
Je savais pas que le papa de Jo Dassin était un maître du genre.
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Je suis tout à fait d'accord avec toi. La trilogie des villes (The Naked City : New York, Night and the City : Londres et Rififi : Paris sont trois chefs d'œuvre du film noir, trois grandes cités filmées de façon très particulière par Dassin et dont se réclameront tant Melville que la Nouvelle Vague.
Proprement dit, le film noir - ses thèmes, son inventivité, ses lumières particulières - s'arrête en 1958. Pas mal de très beaux films à voir pour toute cette période. Les DVD commencent à arriver en médiathèque ou en collection petits prix...Après avoir vu "L'homme au bras d'or", "Justin de MArseille" "L'ultime Razzia" et "Les forbans de la nuit, j'en arrive à penser que l'avenir du film noir est derrière nous.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Le rififi passe dimache prochain sur FR3.
Pourquoi 1958?
Pourquoi 1958?
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
1958 est la date admise par les spécialistes de la spécialité. En fait le "cycle noir" du cinéma américain irait de 1944 avec Double Indeminity de Billy Wilder d'après James Cain et s'arrêterait, en 1958, avec Touch of Evil d'Orson Welles.
Guérif fait partir le "noir" avant 1944, intégrant par exemple This gun for hire de Frank Tuttle qui est de 1942, ou même The Roaring Twenties de Walsh qui est, lui de 1939. Si on le suit dans sa définition de cinéma rebelle, anti-social, le film noir archaïque commence avec les films de gangsters du début de la Dépression : Scarface, Little Caesar ou The Public Enemy, le premier étant de 30 mais sorti en 1932 et les deux autres de 1931. Noël Simsolo, dans son pavé des Cahiers du Cinéma, est très strict sur la date de 1944.
Par contre, il y a peu de doute sur la fin de ce cycle noir avec le film de Welles : pour des questions de thématique essentiellement avec une forte concurrence de la télévision qui commençait à aborder les mêmes thèmes : Dragnet est diffusé de 1951 à 1959 et c'est le tout début. Mais aussi parce que les grands studios sont en crise financière aigue...
Curieusement, Welles a fortement inspiré l'esthétique et la narration du genre Film noir via Citizen Kane (flashback, profondeur de cjhamp, cadres complexes, lumière, importance de l'enfance,...) et a clos le genre avec cette Soif du Mal, déjà pour certains uniquement un thriller policier.
Guérif fait partir le "noir" avant 1944, intégrant par exemple This gun for hire de Frank Tuttle qui est de 1942, ou même The Roaring Twenties de Walsh qui est, lui de 1939. Si on le suit dans sa définition de cinéma rebelle, anti-social, le film noir archaïque commence avec les films de gangsters du début de la Dépression : Scarface, Little Caesar ou The Public Enemy, le premier étant de 30 mais sorti en 1932 et les deux autres de 1931. Noël Simsolo, dans son pavé des Cahiers du Cinéma, est très strict sur la date de 1944.
Par contre, il y a peu de doute sur la fin de ce cycle noir avec le film de Welles : pour des questions de thématique essentiellement avec une forte concurrence de la télévision qui commençait à aborder les mêmes thèmes : Dragnet est diffusé de 1951 à 1959 et c'est le tout début. Mais aussi parce que les grands studios sont en crise financière aigue...
Curieusement, Welles a fortement inspiré l'esthétique et la narration du genre Film noir via Citizen Kane (flashback, profondeur de cjhamp, cadres complexes, lumière, importance de l'enfance,...) et a clos le genre avec cette Soif du Mal, déjà pour certains uniquement un thriller policier.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
"Dragnet", ça fait un moment que j'ai envie de voir la première série. (la dernière série, diffusée en boucle sur TMC, est pas mal, c'est écrit ( enfin, c'est ma série préférée).
Killer kiss
peur sur la ville.
Voila qui me semble illustrer l'influence dont tu parlais.
Mais alors qu'est-ce qui se passe après 58?
Pourquoi cette impression que les films policiers ou noirs ne vont plus à l'essentiel ?
Killer kiss
peur sur la ville.
Voila qui me semble illustrer l'influence dont tu parlais.
Mais alors qu'est-ce qui se passe après 58?
Pourquoi cette impression que les films policiers ou noirs ne vont plus à l'essentiel ?
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
En effet !
Ce serait plutôt un clin d'oeil à ce niveau-là d'évidence, non ?
Ce serait plutôt un clin d'oeil à ce niveau-là d'évidence, non ?
stalker- Admin
- Messages : 3379
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : un hameau paumé
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
stalker a écrit:En effet !
Ce serait plutôt un clin d'oeil à ce niveau-là d'évidence, non ?
Oui, ça parait évident.
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Pourquoi Chase plutôt que Thompson ? Je crois que la question est similaire concernant roman noir et film noir. Le goût du public a évolué (et/ou on a fait évoluer le goût du public). C'est un peu le constat que fait finalement Aldrich dans Kiss me Deadly et qui annonce le héros futur, adapté au cinémascope couleur (début en 1953) et à ce besoin d'action permanente et d'artificielle d'évasion touristique : James Bond (premier livre de Fleming 1953, premier film : 1962) et ses différents avatars et même si l'un des très beaux derniers film-noir est en couleurs (Party girl de Nicholas Ray avec la somptuuuuuuuuuuueuse Cyd Charisse)edmond Gropl a écrit:Mais alors qu'est-ce qui se passe après 58?
Pourquoi cette impression que les films policiers ou noirs ne vont plus à l'essentiel ?
Problème d'auteurs aussi, sans doute... De gens qui avaient tous, peu ou prou, une vision engagée du monde, une vision politique et qui ont laissé leur place à des faiseurs ?
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Je vois pas tres bien l'opposition que tu soulignes entre Chase et Thompson, à part que Chase serait le Thompson du pauvre (je parle du thompson ecrivain de polar) ou alors que Chase serait à Thompson ce que Lolo Ferrari est à Marylin Monroe. Enfin je vois pas tres bien par rapport au cinéma, ni par rapport au polar.
Ces vieux films me paraissent simple, une bonne histoire, Des techniciens et des acteurs doués, on filme et hop, ça marche. Ces vieux films noirs (enfin, le peu que j'ai vu)ne me paraissent ni politisés ni esthétisés, ni porteur d'autre chose qu'une bonne histoire des bas-fonds. Bon, mais j'ai pas tellement de culture cinématographique.
Un évenement est peut-être à noter dans la fin de "l'âge d'or", c'est Stanley Kubrick qui ne veut plus travailler avec J. Thompson, le jugeant certainement trop "vieille école".
Ces vieux films me paraissent simple, une bonne histoire, Des techniciens et des acteurs doués, on filme et hop, ça marche. Ces vieux films noirs (enfin, le peu que j'ai vu)ne me paraissent ni politisés ni esthétisés, ni porteur d'autre chose qu'une bonne histoire des bas-fonds. Bon, mais j'ai pas tellement de culture cinématographique.
Un évenement est peut-être à noter dans la fin de "l'âge d'or", c'est Stanley Kubrick qui ne veut plus travailler avec J. Thompson, le jugeant certainement trop "vieille école".
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Non, Chase n'est pas le Thompson du pauvre, c'est une façon particulière d'écrire, un récit sans arrières-pensées et sans à côtés (ou alors il faut les trouver à la marge, dans les interstices entre personnages), direct au foie et point final. Ça va à toute blinde, tu débandes pas de la lecture et puis ? C'est un peu cela qu'est devenu à un certain moment le cinéma policier ou de gangster, sans la contrepartie "sociale" de l'histoire, sans la recherche de profondeur psychologique, ce genre de chose quoi...
Killer's Kiss, Kiss me deadly, Double indemnity sont des films violemment esthétisés et c'est le cas d'un très grand nombre de réalisations de ce cycle noir. Crime wave d'André de Thot, film de série B tourné avec des bouts de ficelle, pose la question de la seconde chance dans la société américaine (qui croit dur comme fer que cela existe) sous l'apparence d'un hymne à l'efficacité de la police (c'est une vision "politique").
Le Rififi de Dassin réussit à être un chef d'oeuvre à partir d'une histoire totalement médiocre aussi parce que - en plus de la vision tragique qu'il adopte - Dassin joue le rôle de celui qui "donne" ses complices alors qu'il est blacklisté depuis cinq ans suite aux dénonciations devant la commission des activités anti-américaines...
Oui, tout la question est c'est quoi une bonne histoire ? c'est quoi une bonne direction d'acteur ? c'est quoi un bon directeur photo ?Ces vieux films me paraissent simple, une bonne histoire, Des techniciens et des acteurs doués, on filme et hop, ça marche. Ces vieux films noirs (enfin, le peu que j'ai vu)ne me paraissent ni politisés ni esthétisés, ni porteur d'autre chose qu'une bonne histoire des bas-fonds.
Killer's Kiss, Kiss me deadly, Double indemnity sont des films violemment esthétisés et c'est le cas d'un très grand nombre de réalisations de ce cycle noir. Crime wave d'André de Thot, film de série B tourné avec des bouts de ficelle, pose la question de la seconde chance dans la société américaine (qui croit dur comme fer que cela existe) sous l'apparence d'un hymne à l'efficacité de la police (c'est une vision "politique").
Le Rififi de Dassin réussit à être un chef d'oeuvre à partir d'une histoire totalement médiocre aussi parce que - en plus de la vision tragique qu'il adopte - Dassin joue le rôle de celui qui "donne" ses complices alors qu'il est blacklisté depuis cinq ans suite aux dénonciations devant la commission des activités anti-américaines...
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Une bonne histoire, c'est celle qui intéresse et captive. Un type (conteur) , un livre ou un film te distrait du monde , tu ne penses à rien d'autre quand tu l'entends, la vois ou la lis; tu la reçois et tu la bois. Une bonne histoire est bonne même quand tu ne connais rien de la vie de l'auteur, du contexte politique et social, même si tu n'as aucune idée de ce qu'est un bon style, un bon plan, une bonne photo. Elle est bonne au premier degré, au premier niveau, au premier étage.
Replay- Messages : 528
Date d'inscription : 03/06/2008
Localisation : Bretagne
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Oui, d'accord, mais au cinoche justement, cela ne fonctionne pas de la même façon. D'où l'exemple de Rififi qui a une histoire plutôt médiocre mais qui est un film fabuleux... Parce que le cinoche c'est encore autre chose où, justement, ce qui fait la spécificité de l'écriture cinématographique a une importance : lumières, bande son, musique, grain de la photo, qualité du montage, échelle des plans, etc.Replay a écrit:Une bonne histoire, c'est celle qui intéresse et captive. Un type (conteur) , un livre ou un film te distrait du monde , tu ne penses à rien d'autre quand tu l'entends, la vois ou la lis; tu la reçois et tu la bois. Une bonne histoire est bonne même quand tu ne connais rien de la vie de l'auteur, du contexte politique et social, même si tu n'as aucune idée de ce qu'est un bon style, un bon plan, une bonne photo. Elle est bonne au premier degré, au premier niveau, au premier étage.
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
Varg a écrit: Ça va à toute blinde, tu débandes pas de la lecture et puis ?
Et puis ça va bien. C'est un peu ça que j'aime dans ces vieux films. (et je ne parviens pas a faire d'opposition entre Thompson (dans sa production polardeuse) et Chase, des differences oui)
Parmi les raisons de la disparitions des dinosaures du film noir, je retiens donc:
- L'apparition de la télévision ( ce qui a du générer une baisse de la qualité et une production à la chaine)
- L'apparition de la couleur?
- Le maccarthysme qui a fait taire les plus engagés.
What Else?
Re: Les Forbans de la nuit - Jules Dassin (1950)
edmond Gropl a écrit:
- L'apparition de la couleur?
- Le maccarthysme qui a fait taire les plus engagés.
La couleur oui, mais surtout le scope qui allait mieux au western, au film de guerre ou au peplum et moins au film noir (ce qui expliquerait aussi la reconversion vers le format télé).
En vrac, l'épuisement des thèmes, l'éloignement des figures du gangstérisme (qui reviendront au début des années 70 sous la forme que l'on sait), la peur, l'insouciance, la montée d'une génération d'auteurs pouvant plus encore s'exprimer dans le drame, le film métaphysique, le film social, le tragique...edmond Gropl a écrit:What else ?
Varg- Messages : 1263
Date d'inscription : 15/06/2008
Localisation : Paris
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